• Shine bright like a diamond, partie 3/3: Le trident de Poséidon (ft. MilenaWenham)

    [ILLU QUI VIENDRA PROCHAINEMENT!!!]

    Vilde Landvik naquit en Norvège. C’était une fille de bonne famille. Elle vivait avec ses parents, Ruth et Edvard Landvik, et son frère aîné, Pawel, ainsi que la femme de ce dernier, Georg, et les enfants de ce couple: Ulla (la première), Stefan (le deuxième) et Melian (la benjamine). Tout comme ses parents l'avaient fait avec son frère, Vilde avait été préparée dès son plus jeune âge pour son mariage. Et son promis était le fils d'une riche famille espagnole qui était amie avec les Landvik: Armando Salazar. Les Salazar étaient une famille dans laquelle s'engager dans la marine et lutter contre les pirates se faisait de père en fils. Le grand-père d'Armando y avait été, avant que des pirates ne le tuent, et le sort fut le même pour le père d'Armando, lorsque celui-ci était enfant.

    Vilde était donc préparée depuis petite à ce futur mariage, mais on l'avait également obligée à apprendre les lettres, et on lui avait enseigné l'espagnol, langue maternelle de son promis, ainsi que l'anglais. On lui avait également appris le français, mais elle le connaissait bien moins que le norvégien, l'espagnol, ou même l'anglais. Néanmoins, il y avait une seule chose qui permettait à Vilde de se détendre, et sa famille fut ravie qu'elle s'y intéresse d'elle-même: la musique. Vilde avait assisté à un récital lorsqu’elle était toute petite et avait découvert le plus bel instrument de musique à ses yeux: la harpe. Elle apprit donc très vite à jouer de cet instrument, qui était pour elle tout ce qu'il y avait de plus précieux. On lui enseigna également le chant au passage, permettant ainsi à la jeune fille d’allier ces deux domaines. Elle était très talentueuse en musique, et chaque fois que les Landvik invitaient les Salazar, Vilde avait la possibilité de chanter et jouer devant eux.

    En plus d'être douée dans cette discipline artistique, Vilde était une ravissante jeune femme. Elle avait de très longs cheveux blonds, et avait pour habitude de faire tresser deux mèches de chaque côté de sa tête pour les faire se rejoindre en une seule. Ses yeux étaient gris. Elle avait de longs cils fins. À ses oreilles pendaient des boucles d'oreilles qui étaient de grosses perles noires bien voyantes, une par oreille. Et elle portait le plus souvent des robes bleues. Elle avait l'air d'un ange, surtout quand elle était à côté de sa harpe, et pourtant, son caractère en était l'opposé. Bien qu'elle accepta d'apprendre les lettres et les langues, car elle jugeait cela utile, elle était bien souvent en désaccord avec sa famille et ses proches sur de nombreux points, notamment sur ce qui touchait aux "traditions". Elle ne se laissait jamais marcher sur les pieds, elle n'était pas "docile", disait ce qu’elle pensait et n'hésitait pas à tenir tête même aux hommes. Ce fut notamment le cas avec son mariage arrangé, mais ses parents parvinrent à la convaincre, en lui disant que tout irait bien, qu'Armando était le meilleur choix pour elle, et que si Vilde avait des problèmes, elle pouvait compter sur sa famille. Les Landvik étaient respectueux des traditions, mais aimaient leurs enfants plus que tout et souhaitaient réellement ce qu’il y avait de mieux pour eux et leur avenir. Donc, d’après eux, Armando était l’époux qu’il fallait à leur fille.

    Le caractère de Vilde, en revanche, dérangeait beaucoup la famille Salazar, en particulier la mère d'Armando, Maribel, qui avait choisi Vilde pour sa beauté, mais aussi, par amitié avec Edvard, dans le but de réunir leurs familles. Il y avait également une autre raison pour laquelle Maribel avait effectué ce choix à la fois rapide et opportuniste : les Landvik étaient ses amis, Armando avait été promis à cette femme, et il fallait bien assurer une descendance aux Salazar, sans compter que le fils de Maribel n'avait ni frère ni sœur. La fille Landvik était la première dame à la portée des Salazar, c’était une occasion parfaite qui permettait de gagner du temps quant à la recherche d’une fille de bonne famille. Maribel se disait aussi que peut-être l'après-mariage permettrait de "discipliner" cette femme, sans compter que Vilde, une fois mariée, viendrait s'installer en Espagne, et là, ses parents ne seraient plus ceux qui décident. Ainsi Maribel pourrait "rééduquer" et remettre Vilde à sa place de femme.

    Entre les deux promis, la relation était souvent assez tendue. Lorsque c'étaient les Salazar qui venaient en Norvège, Vilde passait surtout du temps à jouer de la musique et chanter. Bien souvent les parents laissaient leurs enfants seuls, afin qu'ils passent du temps ensemble, cependant ils échangeaient peu entre eux. Armando regardait et écoutait Vilde pratiquer la harpe et le chant pendant un certain temps, avant de la laisser. Parfois, quand il restait jusqu'à ce qu'elle cesse, ils se promenaient, mais n’échangeaient pas beaucoup.

    Lorsque c'étaient les Landvik qui se déplaçaient en Espagne, Vilde n'avait pas sa précieuse harpe à ses côtés, elle devait donc passer du temps avec Armando. Ils discutaient un peu, se promenaient, mais là encore, ils ne se disaient pas grand-chose.

    Avec le temps, la froideur qu'il y avait entre les deux s'était dissipée, mais ils n'éprouvaient pas de sentiments amoureux l'un envers l'autre. Ils conservaient toujours une certaine distance, et se considéraient comme de bons amis, malgré de fréquentes disputes dues à la personnalité des deux fiancés.

    Mais vers leurs vingt ans, Armando et Vilde commencèrent à développer de l'affection, et ce sentiment se transforma très vite en amour. Bien qu'Armando ne soit pas un homme démonstratif, il fit sa demande en mariage en bonne et due forme, lors d'une balade en bord de mer. Il offrit à Vilde une bague incrustée d'une magnifique perle noire. C'est ainsi qu'il voyait Vilde : aussi belle qu'une perle mais aussi noire et dangereuse, c'est ce qui lui plaisait chez elle, son côté redoutable et son caractère affirmé. Vilde, de son côté, avait appris à aimer le côté froid et autoritaire d'Armando, elle aimait les gens sûrs d'eux et déterminés. Ils avaient appris à se connaître parfaitement et à apprécier la présence l'un de l'autre. Vilde accepta de venir vivre en Espagne aux côtés d'Armando, comme le devait une femme mariée, sa seule condition était de pouvoir embarquer sa précieuse harpe avec elle. La famille Salazar accepta cette condition.

     

    Une fois arrivée en Espagne, la vie devint compliquée pour Vilde et son caractère de feu, elle ne s'entendait absolument pas avec sa belle-mère qui elle aussi avait une très forte personnalité. Maribel Salazar était une femme de grande taille, mince, et froide comme la glace. Elle portait tous les jours des robes de couleur sombre comme le pourpre, le bleu marine ou le vert bouteille. Ses cheveux noirs de jais étaient attachés en chignon serré. Ses ongles et ses cils étaient longs, ce qui lui donnait un petit air de sorcière. C'était une femme redoutable à tous les égards qui n'avait qu'une idée en tête : dompter sa désobéissante belle-fille... Mais ce n'était pas chose facile.
    Le mariage devait bientôt avoir lieu dans la ville natale d'Armando, pour cette occasion la famille Landvik et la famille Salazar s'étaient réunies afin de tout organiser pour les deux tourtereaux qui n'étaient pas censés avoir leur mot à dire.

    La cérémonie allait se dérouler dans la plus belle et prestigieuse église de la ville, puis la réception allait avoir lieu dans le jardin de l'immense résidence de la famille Salazar, où Vilde allait bientôt vivre avec son époux. Les invités allaient être très nombreux, comprenant les hommes d'Armando, la famille Landvik au grand complet, et le reste de la famille Salazar.

    Les parents des mariés avaient convenu que les décorations, le buffet, la musique, soient liés à leurs racines respectives. La Norvège et l'Espagne allaient être omniprésentes, c'était quelque chose d'unique pour ce mariage.

    Enfin la cérémonie eut lieu. Vilde arriva dans sa magnifique robe de mariée, qui était dans des tons bleus très doux, avec de bien jolies broderies. Armando quant à lui, et comme le protocole l'exigeait, avait été vêtu dans son uniforme de la marine espagnole, l'air droit et froid, comme à son habitude, mais aujourd'hui une étincelle différente brillait dans son regard aussi noir que les abysses, l'étincelle d'un homme fier de se marier à une femme qu'il appréciait et respectait. Les drapeaux représentant leurs deux familles si différentes étaient présents, du rouge pour les Salazar, et du bleu pour les Landvik. Des têtes brunes pour les espagnols et des têtes blondes pour les norvégiens. Les deux clans, bien que différents de par leurs origines, se retrouvaient dans leurs valeurs : fierté, droiture, conservation du sang pur tel que l’exigeait la haute société aristocratique.

    Vilde avançait pas à pas vers lui, sous les yeux de tous les invités et de son promis. Elle aussi se tenait droite et avait l'air impassible, mais au fond d'elle, elle se sentait heureuse d'épouser l'homme qui l'attendait devant l'autel. Les filles qui étaient présentes, en particulier les nièces de Vilde, étaient impressionnées par la majesté qui se dégageait de la jeune mariée. Elles la trouvaient magnifique dans cette robe, avec ce voile, ces fleurs,  les longs cheveux blonds de la jeune femme... On aurait dit un véritable ange descendu du ciel.

    Vilde était à présent devant Armando. Ils se faisaient face et se regardaient dans les yeux. Ils échangèrent les anneaux, prononcèrent leurs vœux avec toute la sincérité du monde malgré l'air froid qu'ils arboraient tous les deux, jusqu'à ce qu'enfin, le moment fatidique arrive :

    -Vous pouvez embrasser la mariée, dit le curé.

    Et c'est ce qu'ils firent, sous les applaudissements des invités.

    La fête se passa sans encombre, le vin rouge et l’hydromel coulèrent à flot, des chants vikings traditionnels furent chantés et de la salsa fût jouée. Les convives rirent aux éclats, chantèrent et dansèrent jusqu'à une heure avancée de la nuit. À un moment donné, Armando et Vilde s’éclipsèrent pour aller se coucher dans leur chambre, épuisés par cette longue journée. Ils n'avaient qu'une envie : se débarrasser de leurs vêtements encombrants et se reposer. Ils s'étaient de toute façon mis d'accord au préalable : même s'ils s'aimaient et éprouvaient de l’affection l'un pour l'autre, ils ne souhaitaient pas pour le moment consommer leur mariage. Ils sauteraient le pas lorsqu'ils seraient prêts et qu'ils éprouveraient du désir l'un pour l'autre, ce qui n'était pas encore le cas. Ils passèrent donc quelques heures à discuter calmement de leurs plans pour le futur, de leur vision du mariage et du couple et finirent par s'endormir dans les bras l'un de l'autre, sereins.

    Mais dès le lendemain du mariage, les choses commencèrent déjà à se corser. En effet, comme le voulait le protocole, les servantes allèrent récupérer le drap ayant servi de couche au jeune couple pour sa nuit de noces pour vérifier que l'union avait bien été consommée.

    -Madame, je suis désolée, mais il n'y a pas de tâche sur le drap... Je crois que... Que votre fils et votre belle-fille n'ont pas... bredouilla la servante.

    -Cette espèce de petite... Comment ose-t-elle ?! s’indigna Maribel.

    Folle de rage, la matriarche espagnole s'en alla trouver sa belle-fille qui déjeunait avec son mari et sa famille avant que celle-ci ne retourne en Norvège.

    La famille était installée dans la luxueuse salle à manger. Tout était calme jusqu'à présent, on n'entendait que quelques chants d'oiseaux en provenance de l'extérieur, mais tout fut rompu par les pas bruyants de Maribel, qui arriva telle une furie dans la pièce en se précipitant vers sa belle-fille.

    -COMMENT OSES-TU COMMETTRE UN TEL AFFRONT ?! cria Maribel, si fort que cela effraya la jeune Melian, qui alla se réfugier dans les bras de son père.

    -De quoi parlez-vous? répondit Vilde sur un ton glacé en regardant sa belle-mère droit dans ses yeux de vipère.

    -ET EN PLUS TU FEINS D'IGNORER CE QUE TU AS FAIS ! SALE PETITE...!

    -Mère, pourrions-nous savoir ce qui vous met dans une telle colère ? demanda Armando dans le plus grand des calmes.

    Le ton de Maribel baissa légèrement, mais elle était toujours dans une colère noire.

    -Mon fils ! Tu sais très bien ce qu'elle a fait ! Comment peux-tu la défendre ? Pourquoi ne lui as-tu pas fait faire ce qu’elle se devait de faire ?! lui dit-elle.

    Les adultes commencèrent à comprendre que la discussion allait devoir exclure les jeunes oreilles, aussi on emmena à l'écart les enfants de Pawel et Georg.

    -Ruth, Edvard, votre fille a refusé de consommer son mariage hier soir! dit alors Maribel une fois les plus jeunes éloignés, toujours avec son ton rempli de colère.

    -On n'avait pas envie, rétorqua Vilde sur un ton à la fois froid et agacé.

    -PETITE EFFRONTÉE ! C'EST TOI QUI N’AVAIS PAS ENVIE ! lui cria de nouveau sa belle-mère.

    -Maribel, mon amie... commença Edvard pour essayer de défendre sa fille.

    -Non Edvard, votre fille n'a pas rempli son devoir ! C'est inacceptable ! coupa Maribel.

    - Mon DEVOIR ?! s'écria Vilde, sûre d'elle. Je n'ai aucun devoir à part celui d'être moi-même et de vivre ma vie comme je l'entends. Armando et moi sommes heureux ainsi et nous prendrons notre temps. Ce n'est pas parce que vous avez scrupuleusement suivi ce protocole ridicule pendant votre jeunesse que nous devons en faire de même ! Les temps changent, mettez-vous à la page Maribel.

    -Mère, calmez-vous, finit par intervenir Armando, jusqu'à maintenant silencieux. Vilde dit vrai, nous étions tous deux d'accord pour ne pas consommer notre union tout de suite.

    Vilde eut un sourire machiavélique et Armando continua de manger son plat de paëlla comme si de rien n'était. Maribel fulminait d'avoir été ainsi rabaissée devant sa belle-famille et ses nombreux servants. Elle s'en alla, couverte de honte, mais ne désirant plus qu'une chose à présent : faire payer sa belle-fille pour ce qu'elle avait fait.

    -Vilde, ça va aller ? demanda Ruth, inquiète à propos de sa fille.

    -Oui  mère, ne vous en faites pas pour moi. Je n'ai pas peur de cette vieille sorcière, répondit Vilde.

    -Fais tout de même attention, lui dit son frère.

    -Arrêtez de vous inquiéter pour moi, je suis grande maintenant. Vous me connaissez, je peux me débrouiller toute seule.

    Et avant que son père ne prenne la parole, la jeune mariée anticipa :

    -Et non je n'oublie pas que je vous ai vous, si jamais j'ai des soucis.

    Les parents de Vilde lui sourirent, et le repas reprit comme si aucune dispute n'avait éclaté.

    Les Landvik firent leurs au revoir à Vilde. Ruth pleurait, elle craignait de laisser sa fille seule si loin d'elle malgré le fait qu'elle était débrouillarde. Vilde et Armando les regardèrent embarquer et partir au loin, retournant vers la froide Norvège.

    La jeune blonde n'avait effectivement pas sa langue dans sa poche et cela créa plusieurs situations cocasses au cours des mois qui suivirent. Maribel épiait tous les faits et gestes de sa belle-fille, à l'affût de la moindre erreur pour lui tomber dessus. Malheureusement pour elle, Vilde était assez intelligente pour faire attention, donc les occasions n'étaient pas nombreuses. La plupart du temps, elle prenait des cours d'histoire espagnole avec un professeur particulier, s'entraînait à la harpe ou discutait avec Armando lorsqu'il était disponible. Le soir, les deux jeunes mariés parlaient beaucoup des affaires de la famille Salazar. Armando apprenait à sa femme les subtilités de tenir des comptes, ou encore de la politique. Petit à petit, voyant à quel point Vilde semblait apprécier la gestion des affaires, il décida de lui donner des tâches diverses à effectuer en secret, du moins au début. Le but étant qu'elle ait un rôle important dans la gestion financière et politique de la famille. Cela plaisait beaucoup à Vilde qui se sentait utile et écoutée par son mari.

    Côté romantique, les deux tourtereaux se rapprochaient petit à petit. À force de se côtoyer, beaucoup de tendresse avait émergé et il n'était pas rare que Vilde dépose un baiser sur la joue de son mari de temps à autre, ou qu'ils se tiennent la main, lorsqu'ils étaient seuls. Cependant ils n'étaient toujours pas prêts à aller plus loin. Leur relation évoluait très doucement, bien qu'ils entretiennent un amour profond l'un envers l'autre. Néanmoins, cela leur convenait. De plus, Vilde ne souhaitait pas être mère, cela ne faisait pas du tout partie de ses projets. Armando de son côté n'avait pas non plus l'instinct paternel, il ne voyait pas l'intérêt de faire un enfant et de ne pas l'élever. En effet, avec son travail, il n'aurait que peu de temps à passer avec sa progéniture. Il avait souffert de l'absence de son père et ne voulait pas faire subir la même chose à un enfant.

    Vilde finissait par apprécier de vivre en Espagne aux côtés de son mari, malgré la présence de sa belle-mère. Elle avait Armando et sa harpe, mais également ce pays à découvrir, si différent de sa Norvège natale. Ses cheveux blonds attiraient beaucoup l'attention lorsqu'elle se promenait en ville, en effet, les femmes avec pareille chevelure ne couraient pas les rues en Espagne. Parfois quelques hommes essayaient de lui faire la cour, mais elle repoussait leurs avances, plus ou moins poliment selon la manière dont elle était abordée. Même si certains savaient parfaitement qu’elle était de la famille Salazar, il y en avait que cela ne rebutait pas. C'était agaçant pour Vilde, à force, et elle savait que sa belle-mère pourrait trouver de quoi dire, en l'accusant d'être celle qui les aguichait par exemple. Mais Vilde savait qu’elle n’avait rien à se reprocher, et elle et son mari se faisaient confiance. Il savait qu’elle ne le trahirait jamais.

     

    Un matin, alors qu'Armando s'apprêtait à se rendre au port et à s'absenter quelques mois à cause de son activité dans la marine espagnole, Vilde lui demanda après l'avoir vu prendre son épée :

    -Armando, tu ne voudrais pas m'apprendre à manier les armes ?

    Après un court temps d'hésitation, il accepta la requête de sa femme. Il resta comme toujours froid en apparence, mais au fond de lui était impatient de lui apprendre.

    Armando enseigna donc à Vilde à manier le sabre, ils allèrent aux écuries de la demeure des Salazar, prétextant une balade à cheval. Ils se munirent tous deux d'un sabre en bois pour cette première leçon. Armando lui expliqua en premier lieu comment parer et esquiver les attaques. Au début, Vilde fût surprise par la rapidité et la puissance de son mari, mais au bout de quelques heures, elle apprit à anticiper les coups et à parer et esquiver correctement.

    À la fin de la matinée, Vilde, essoufflée, remercia son mari.

    - Merci, Armando.

    Elle lui fit un sourire sincère.

    -Avec plaisir, Vilde.

    Il hocha la tête et poursuivit :

    -Je serais absent pendant plusieurs mois, je compte sur toi pour t'entraîner au sabre et pour exécuter les tâches que je t'ai confiées concernant la comptabilité de la famille. La prochaine fois, je t'apprendrais comment donner des coups.

    -Tu peux me faire confiance.

    Ils ne se le dirent pas clairement mais ils savaient qu'ils allaient se manquer, comme toujours lorsqu'Armando partait en longue mission.

    Ainsi, pendant ces longs mois, Vilde exécutait en cachette son entraînement au sabre et accomplissait son petit devoir de femme d'affaires. Elle était ravie de s'être trouvé une nouvelle activité, et se disait au fond d'elle qu'apprendre à se battre pouvait toujours être utile, tout comme savoir manier les mots ou parler plusieurs langues.

    Armando finit par revenir, avec une promotion. Il avait en effet éliminé beaucoup de pirates en écumant les mers lors de sa mission, ses efforts allaient donc être récompensés une fois de plus. Sa réputation commençait à réellement croître au vu de ses exploits. Il avait gagné le surnom "El Matador del Mar", et la famille Salazar en était fière. Vilde l'était aussi, bien évidemment.

    Lorsqu'il revint enfin, Maribel avait organisé une fête en son honneur, mais Armando ne festoya pas longtemps, épuisé par les événements, et ne désirant qu'une chose: retrouver son épouse. Ils allèrent donc dans le jardin, à l'écart du reste de la famille, profitant de l'air frais et du calme offerts par le soir.

    - Alors, comment s'est déroulée ta mission ? demanda Vilde à son mari.

    Ce n'était pas simplement pour faire la conversation qu’elle posait cette question, elle s’intéressait sincèrement aux activités de son mari.

    Armando n'était pas un homme très expressif, mais il lui était facile de se détendre avec Vilde qui le connaissait si bien, ainsi il commença à lui raconter son périple sur les mers :

    - Le Roi nous a envoyés nettoyer les mers de ces racailles de pirates, qui pillent sans relâche les bateaux marchands de sa majesté. Cette fois, nous étions au niveau des Indes, nous avons pu intercepter bon nombre de pilleurs, et nous n'avons pas fait de quartiers, bien sûr. Sa majesté était très satisfaite, et m'a envoyé un courrier pour me féliciter.

    - J'ai entendu parler de ce petit sobriquet dont tu as hérité, il semblerait que tu sois vraiment sans pitié, Armando. Félicitations.

    Armando était très heureux que sa femme soit fière de lui, même s'il n'en laissa rien paraître.

    - Je te remercie, mon épouse. Que dirais-tu de continuer ton entraînement prochainement ? J'ai du temps avant ma prochaine mission.

    - J'en serais ravie. Et je n'ai pas lambiné durant ton absence, dit-elle avec un petit sourire.

    - Fort bien, je te propose que nous allions à la rencontre de mon équipage demain, nous en profiterons pour nous entraîner avec eux. Nous verrons si tu as retenu tes leçons.

    Satisfaite, Vilde posa un baiser sur la joue de son mari en guise de réponse et d'approbation.

     

    Le lendemain, en début d'après-midi, Armando et Vilde se rendirent au port. Une bonne partie de l'équipage était déjà là, et en voyant Madame Salazar, ils la saluèrent respectueusement.

    La jeune blonde était impressionnée par le navire de son époux, le Silent Mary. Armando l'invita à monter à bord.

    -Absolument époustouflant, dit-elle en parlant du bateau.

    Armando présenta notamment son fidèle lieutenant à Vilde : Lesaro. Armando et Lesaro avaient fait l'armée ensemble, se connaissaient depuis l'enfance et partageaient la même aversion pour les pirates. Vilde l'avait rencontré quelques mois plus tôt lors du mariage. C'était un homme silencieux et dévoué à son capitaine et ami.

    Armando se plaça sur le pont et lança un sabre à Vilde avant de se munir du sien. L'équipage était heureux de pouvoir assister à leur entraînement et se placèrent autour d'eux, impatients que le combat commence.

    - Nous allons voir si tu as fait des progrès.

    Et les deux lames s'entrechoquèrent. Vilde avait certes fait des progrès, mais son mari aussi, avec tout ce temps passé en mer à affronter des pirates. Les deux adversaires étaient tout de même très habiles, et Vilde se débrouillait relativement bien. L'équipage du Silent Mary était impressionné par son jeu. Malgré le clair avantage d'Armando, Vilde parvenait à s’en sortir.

    Puis Armando, avec l'aide de Lesaro, fit une démonstration à Vilde tout en expliquant chaque coup afin qu'elle sache comment les utiliser. Attaques rapides et attaques lourdes furent les leçons du jour. Au fur et à mesure de la journée, Vilde progressa beaucoup. Chaque membre de l'équipage lui donna un petit conseil pour qu'elle puisse s'améliorer.

    L'après-midi avait été épuisant pour Vilde, mais elle était ravie de son apprentissage, ainsi que du fait que les hommes de son mari lui aient apporté leur soutien.

    -J'ai moi-même quelque chose pour toi, mon cher époux.

    Armando suivit Vilde jusqu'au salon, où se trouvait la magnifique harpe en bois de saule noir laqué de la jeune femme. Vilde se mit en position de jeu, Armando en position d'écoute, et la harpiste se mit à pincer les cordes... Puis à chanter une chanson connue sous le nom de "My jolly sailor bold", dans un anglais parfait, et sans la moindre faute.

    -Je l'interprète à chaque fois que tu es loin de moi, dit-elle après avoir étouffé les notes.

    Armando se sentit ému par la beauté de la voix de sa femme et de son talent à la harpe, mais ne sachant pas comment exprimer ses sentiments, il se contenta de se lever, pris le visage de sa femme en coupe et déposa un chaste baiser sur ses lèvres.

    Le temps passa. Vilde continuait à apprendre l'escrime, et à faire affaire pour la famille Salazar. Armando finit par lui annoncer qu'elle n'aurait bientôt plus besoin de faire ça "en secret", au vu de l'efficacité de sa femme dans ce domaine.

    Un soir, alors qu'Armando et Vilde discutaient dans le grand salon au coin du feu d'une potentielle opportunité commerciale à saisir pour renflouer les caisses de la famille, ils furent interrompus par la marâtre Maribel qui déboula dans le petit salon comme une furie.

    - Je le savais, cracha-t-elle à l'encontre des jeunes gens.

    Suite aux regards surpris de son fils et de sa belle-fille, elle continua :

    - Mon fils, tu es tombé bien bas si tu fais confiance à cette... Étrangère, pour régler nos affaires. Tu ne devrais faire confiance qu'à ta famille.

    - Je crois que cette phrase s'adresse à moi alors je vais prendre la peine de vous répondre, lui dit Vilde dans un espagnol parfait. Que cela vous plaise ou non, je fais partie de cette famille en tant que femme d'Armando, il est donc normal que j'apporte mon aide dans les comptes et les affaires.

    Elle poursuivit d'un air un peu plus hautain :

    -Et quand on voit comment vous avez géré la chose pendant l'enfance d'Armando, il y a du travail...

    Maribel fulminait littéralement, son visage devint rouge et sa voix plus aiguë.

    - Profite, tant que tu le peux, chère belle-fille. Mais viendra le jour où tu apprendras où est ta place et tu cesseras de te pavaner telle une princesse, j'y veillerais !

    Armando semblait agacé de la situation, il n'avait pas de liens particuliers avec sa mère hormis ceux du sang, car cette femme avait toujours été froide et dénuée de toute forme de tendresse. Il n'appréciait pas comment elle traitait son épouse, alors que c'était elle qui l'avait choisie. Il garda le silence, car il savait que Vilde savait se défendre seule.

    -Si vous n'êtes pas contente que je sois là, vous n'aviez qu'à demander à Armando qu'il me suive en Norvège. Mais comme cela semble entrer en opposition avec ce qu'on vous a "appris", il n'en était pas question bien sûr... En revanche, rien ne vous empêche de partir. Vous n'avez qu'à profiter de vos jours restants en allant à l'étranger, dit la blonde sur un ton moqueur.

    -Si quelqu’un doit s’en aller ici, c’est toi et pas l’inverse, lui rétorqua sa belle-mère.

    Armando se contenta de lever les yeux des feuilles où il était en train d’écrire depuis tout à l’heure et de fixer sa mère calmement. Cette dernière sembla comprendre qu’elle dépassait les bornes, soupira bruyamment et tourna les talons sans un mot de plus.

    Vilde, malgré son calme, était tout de même en colère que sa belle-mère vienne une fois de plus lui faire des reproches. La blonde s'était mise à serrer les poings, son époux le remarqua. Néanmoins, aucun des deux ne se prononça, Vilde n'en laissant pas le temps à son partenaire. Elle marcha d'un pas décidé jusqu'à sa harpe, s'assit, inspira profondément et se mit à jouer. On pouvait s'attendre à ce que Vilde interprète une mélodie traduisant son agacement, mais ce n'était pas le cas. Elle jouait quelque chose visant à la détendre.

    Au fur et à mesure que la musique retentissait, Vilde se relaxait et Armando aussi. Après ce petit concert improvisé, les époux se détendirent dans le grand canapé, une tasse de thé à la main pour l'une et de café noir pour l'autre.

    Armando entama la conversation sans plus attendre :

    -Vilde, tu sais à quel point exterminer tous les pirates m'importe, n'est-ce pas ?

    Sa femme hocha simplement la tête, le laissant poursuivre.

    -J'ai aujourd'hui l'opportunité de venger mon père et mon grand-père, dit-il avec une étincelle dans les yeux. J’ai été de nouveau appelé pour exécuter une longue mission dans les Caraïbes où ces satanés pirates sont omniprésents. C'est une occasion en or pour moi.

    -Je comprends, répondit simplement Vilde, déçue de devoir à nouveau dire au revoir à son mari, mais heureuse qu'il puisse réaliser son objectif qui, elle le savait, lui tenait à cœur.

    - À mon retour, nous discuterons de ta place dans la famille et du rôle que j’aimerais te confier. Je souhaiterais que tu deviennes la trésorière officielle de la famille Salazar, tu te débrouilles extrêmement bien avec les comptes et je te fais confiance à ce sujet, plus qu'à ma mère qui a toujours été très dépensière.

    Il était rare qu’Armando fasse de tels compliments alors Vilde se sentit satisfaite et privilégiée.

    La blonde embrassa son mari, puis tous deux sirotèrent leurs boissons tranquillement, tout en discutant de choses et d'autres. Ils finirent par s'endormir côte à côte dans le divan où ils étaient installés, devant le feu chaleureux qui se trouvait face au couple.

     

    Le jour du départ arriva trop vite au goût de Vilde. Elle dissimulait sa peine aux yeux de tous, mais au fond elle s'inquiétait de savoir son mari si loin d'elle pendant un très long moment, qui plus est sans savoir lorsqu’il reviendra. Au moins il lui restait sa précieuse harpe pour lui tenir compagnie. Elle pouvait aussi aller visiter sa famille en Norvège, mais pour cela il lui faudrait prendre son instrument, et elle ne voulait pas lui faire refaire un si long voyage, aller puis retour, par peur qu'elle s'abîme. C'était la seule chose qui lui permettrait de supporter sa belle-mère pendant aussi longtemps.

    Depuis ce jour, le temps passait comme au ralenti. Des mois s'écoulèrent. Puis une année. Suivie d’une deuxième. D’une troisième. De temps en temps des lettres parvenaient à la famille Salazar, donnant des nouvelles d'Armando. Jusqu'à ce qu'au terme de la troisième année, un courrier annonçant une tragique nouvelle arriva en Espagne: le capitaine Salazar et l'équipage du Silent Mary avaient disparu en mer dans le Triangle du Diable. Vilde fut effondrée en apprenant cela. Elle qui était habituellement si forte et si fière, il n'en était plus rien. Elle ne pouvait pas y croire. Ce qu'elle avait lu ne pouvait pas être vrai. Au-delà du déni et de la tristesse, la jeune norvégienne sentait au fond d'elle, comme une intuition, que son mari n'était pas mort.

    À peine quelques jours après la disparition d'Armando, Vilde eut droit à une lettre glissée sous la porte de sa chambre (la jeune femme n'était pas sortie depuis la terrible nouvelle, préférant pleurer seule). Elle n'y prêta au début pas attention, puis finit par l'ouvrir, le lendemain.

    C'était une lettre officielle signée des armoiries des Salazar indiquant que Vilde sera déshéritée de tous les titres et biens la reliant à cette famille. Vilde vit rouge... Cette sorcière de Maribel... Profiter de la mort de son fils pour lui faire ça... Cette femme n'avait-elle donc pas de cœur ?!

    Vilde alla voir immédiatement sa belle-mère. Le visage de la blonde était humide à cause des larmes, mais une grande colère l'animait.

    -Espèce de vieille sorcière! lui cria Vilde en brandissant la lettre. Comment osez-vous faire une chose pareille?

    Maribel fut d'abord offusquée par l'insulte de son ex-belle-fille, mais ensuite un sourire sadique se dessina sur ses lèvres. L'espagnole jubilait littéralement, elle allait enfin avoir sa vengeance contre sa belle-fille détestée, et elle allait la savourer.

    -Et bien, vas donc vivre ta vie comme tu l'entends, toi qui, il y a quelques années, était si fière d’être une femme indépendante. Voilà chose faite !

    -Vous êtes un monstre Maribel, et si vous croyez que vous allez gagner cette guerre, vous vous trompez lourdement !

    Malgré sa peine infinie et le fait qu’elle se retrouvait sans rien, Vilde avait pris une décision : elle allait partir à la recherche d’Armando.

    Elle écrivit en premier lieu une lettre à sa famille en leur expliquant tout :

    "Ma chère famille,

    Je vous écris ce courrier pour vous informer des choses suivantes : une lettre nous est parvenue et d'après elle, Armando est mort. Il a disparu avec ses hommes dans le Triangle du Diable, dans les Caraïbes. Et les Salazar m'ont déshéritée en apprenant cela. Cependant j'ai l'intime conviction que mon mari n'est pas mort. Je pars à sa recherche. Je reviendrai avec lui, ou je mourrai là-bas. Je vous fais rapatrier ma précieuse harpe, prenez soin d'elle.

    Je vous aime.

    Adieu.

    Votre fille, Vilde."

    Ensuite, la blonde troqua sa robe contre quelque chose de plus masculin. Se travestir allait lui simplifier la tâche. Cependant, elle risquait de tomber sur des personnes peu scrupuleuses, alors elle retira ses bijoux et ce qu'elle avait de précieux sur elle, à l'exception de deux bijoux qu’elle cacherait en mettant des mitaines : son alliance, et sa bague de fiançailles. Ensuite, elle se coupa les cheveux et les attacha, puis les cacha dans un chapeau. Elle parvint également à trouver un sabre, mais prit aussi comme arme quelque chose de plus discret, par précaution. Enfin, une fois prête, elle se rendit dans la salle où se trouvait son instrument de musique. Elle posa la main dessus et la contempla.

    -Adieu ma jolie... murmura-t-elle à la harpe.

    Dès le lendemain, la harpe et la lettre partirent en direction de la Norvège, tandis que Vilde s'engageait pour un voyage dans les Caraïbes.

     

    Mais nous allons pour le moment laisser Vilde de côté pour nous intéresser à un autre coin des océans. À bien des lieues de ce coin-là, sous un agréable soleil d'automne, un bateau aussi usé que majestueux voguait paisiblement avec à son bord tous ses occupants profondément endormis.

    - Poulpapaaaaa !

    Enfin, presque tous. C'était une voix exigeante de petite fille qui vint briser cet instant si paisible. Dans la plus grande chambre du bateau, deux silhouettes étaient enchevêtrées dans des couvertures.

    - Hm, ton tour, ronchonna une voix masculine.

    -Il semblerait que c'est toi qu'elle appelle très cher mari, lui rétorqua une voix féminine encore à moitié endormie.

    - ...

    - Papaaaaaaaa, mamaaaaan !

    La furie entra en trombe dans la chambre des deux adultes en hurlant et se mit à sauter sur le lit de ses parents.

    - Saphira, il est cinq heures du matin, la sermonna sa mère.

    - MAIS ! Je n'ai plus sommeil, et Poulpapa m'a promis de me faire utiliser la barre aujourd'hui ! Il paraît même qu'on va aller voir tante Marina et mes cousins sur le Pearl.

    - Comment sais-tu cela, petite insolente ?! la gronda son père.

    - Pas la peine de faire ta grosse voix papa, ça ne fonctionne plus sur moi, rétorqua la petite d'un air suffisant. Je vous ai entendu vous disputer à ce sujet hier soir.

    La mère de l'enfant explosa alors d'un rire chantant, cette petite était beaucoup trop intelligente pour son âge, songea-t-elle.

    Si vous aviez dit il y a quelques années à Davy Jones, terreur des mers, grand passeur des morts, capitaine maudit du célèbre Hollandais Volant, se ferait remettre à sa place par une petite fille de cinq ans.... Par SA fille qui, de plus, osait lui affubler un surnom ridicule, il vous aurait tranché la gorge sans pitié. Et pourtant le voici aujourd'hui.

    Le capitaine du Hollandais Volant fut donc contraint de se lever, au vu de la situation. Sa partenaire le fit également, pour l'aider à s'habiller, puis elle se recoucha, laissant le père et sa fille se rendre tous deux sur le pont.

    L'aube était en train de poindre sur l'océan, créant de très beaux reflets colorés dans l'eau. La petite Saphira ne tenait pas en place une seconde, excitée comme une puce.

    - Un jour, je serai Capitaine du Hollandais moi aussi.

    - Quand je serai mort, lui répondit son père.

    - Mais, enfin tu ne vas pas mourir !

    Davy Jones haussa un sourcil.

    - Et pourquoi ça ? demanda-t-il, presque amusé.

    - Parce que les poulpapas ça ne meurt pas, c'est maman qui me l'a dit, que tu es immortel.

    - Et bien, si tu continues à m'appeler comme ça, il se pourrait que je disparaisse plus tôt que prévu.

    - D'accord, poulpapa, rétorqua sa fille d'un petit air taquin.

    La journée allait être longue, très longue, songea son père en soupirant.

    Il tint cependant la promesse qu'il avait faite à sa petite fille, c'est-à-dire lui apprendre à se servir de la barre du navire. La petite Saphira était absolument ravie, enchantée, de pouvoir effectuer cela.

    Lorsque les tons orangés de l'aube commencèrent à s'évanouir, le reste de l'équipage, ainsi que la compagne du capitaine, arrivèrent au compte-gouttes sur le pont, se rendant à leurs postes respectifs. Ils trouvèrent tous très mignon la scène entre Saphira et Davy, qu'ils observaient discrètement du coin de l’œil, sachant que le capitaine n'apprécierait pas la moindre plaisanterie ou le moindre commentaire à ce sujet, se souciant toujours de son air froid et autoritaire.

    Saphira avait fini par comprendre comment la barre marchait, son père la laissa un peu seule avec, avant de confier le poste à sa femme.

    -Béryl, c'est à ton tour, lui dit-il.

    Le capitaine du Hollandais Volant s'éloigna, et Saphira lui emboîta le pas, tandis que Béryl s'occupait de la barre. Leur prochaine destination était une plage de Tortuga, où elle avait donné rendez-vous à "tante Marina".

    Il était évident que le terrible Capitaine du Hollandais Volant adorait passer du temps avec sa fille et sa femme, mais bien sûr, aucun de ses matelots ne s'était jamais aventuré à lui faire remarquer qu'il devenait un peu trop tendre.

    Béryl, de son côté, songeait à tout ce chemin parcouru avec Davy et elle était pleinement satisfaite de sa vie de femme et de pirate. Aujourd'hui, elle était d'humeur particulièrement joyeuse car elle allait revoir sa meilleure amie Marina.

    Le Hollandais Volant accosta en milieu d'après-midi au niveau d'une petite plage de Tortuga. Béryl, en descendant du bateau, fit un baiser sur la joue de son mari :

    - À plus tard Cap'tain, lui dit-elle.

    Les tentacules qui servaient de barbe à Davy se mirent à s'agiter dangereusement. Il n'aimait pas les effusions d'amour en public... Sa femme le savait pourtant bien, mais il la soupçonnait de le faire exprès. Vu son petit air satisfait, c'était sûr qu’elle le faisait.

    Alors qu'il s'énervait tout seul, il sentit une petite main tirer la sienne. Il baissa le regard et plongea dans deux orbes similaires en tout point aux siennes, à l'exception d'une tache noisette dans l'œil gauche.

    - Et moi ?! s'énerva sa fille, impatiente. Allez, poulpapa ! exigea la petite autoritaire, digne fille de son père.

    Le capitaine râla et ses tentacules s'agitèrent encore plus, mais il n'eut pas d'autre choix que de se baisser devant l'insistance de sa fille. Chose très peu aisée avec une jambe semblable à une patte de crustacé. Saphira embrassa la joue de son père, satisfaite, et lui fit un clin d'œil avant de suivre sa mère sur la plage.

    La bouche de Davy s'ouvrit et se referma plusieurs fois, signe de sa colère. Quand il se retourna et qu'il vit tout son équipage sans exception le regarder avec un petit sourire aux lèvres, il hurla :

    - Remettez-vous immédiatement au travail, bande de fainéants !!!

    Et il alla s'enfermer dans sa cabine en marmonnant des paroles incompréhensibles.

    Béryl et Saphira scrutaient l'horizon et virent au loin le Queen Ann's Revenge arriver. Saphira se mit à sautiller de joie sur place en secouant la main de sa mère.

    -Maman ! Ils sont là ! Ils sont là !

    Béryl lui fit un sourire, tandis que le bateau se rapprochait. L'ancre fut jetée, et bientôt, une femme rousse aux yeux bleus, accompagnée de deux enfants âgés d'un an de plus que Saphira, descendirent pour mettre pied sur le sable.

    -Béryl ! dit la rousse avec un grand sourire.

    -Marina ! répondit la brune.

    Toutes deux s'enlacèrent de joie.

    -Tatie ! dit la petite Saphira, qui alla à son tour enlacer sa marraine.

    Les deux enfants accompagnant Marina saluèrent Béryl et Saphira. Les enfants et les mères étaient observées depuis le pont par l'équipage du Queen Ann's Revenge, qui comprenait l'époux de Marina : Hector Barbossa. Celui-ci avait l'air impassible, et à vrai dire, il n'était pas très content que Davy Jones et Béryl soient à proximité. Il se méfiait du capitaine maudit, le sachant dangereux et redoutable. Et il n'avait plus confiance en Béryl depuis qu'il avait appris qu'elle était liée à lui.

    Il y a presque six ans, Marina et Béryl avaient été contraintes de se séparer à cause de cela, bien que cela leur ai déplu. Elles avaient tout de même gardé contact ensemble, Béryl envoyant des lettres à son amie, et celle-ci les faisait lire par son époux, puisque Marina ne savait ni lire ni écrire, c'est pourquoi c'était Hector qui s'occupait de rédiger les réponses de Marina. Néanmoins, ne pas pouvoir se revoir en vrai leur manquait beaucoup. Toutes deux avaient tenté de convaincre leurs partenaires respectifs. Au tout début ils étaient très réticents, mais ils finirent par accepter : les deux femmes avaient pris leurs distances avec leurs maris, Béryl en n'adressant plus la parole à Davy, Marina en restant éloignée d'Hector avec son habituel air maussade quand elle n'allait pas bien. Les deux hommes avaient fini par céder, et de toute évidence ils n'allaient aucunement se parler entre eux. Puis, quand les enfants de chaque couple devinrent amis, il fut plus simple pour les femmes de se voir. Leur argument était "Fais-le pour notre progéniture, si tu ne le fais pas pour moi.". Béryl avait recommandé à Marina de faire usage de cette technique, et bien que la rousse n’aimait guère l'employer, elle arrivait à convaincre Hector grâce à cela.

    Il ne restait plus aux filles que de profiter de l'instant présent. Leurs enfants allaient jouer ensemble, sous la surveillance des adultes.

    -On joue à quoi aujourd'hui ? demanda le petit Sirius à sa sœur Andromeda et à Saphira.

    - Bon, je propose de jouer aux pirates, moi je serais une princesse-capitaine pirate, s'exclama Saphira de son habituel air autoritaire.

    - J'aimerais bien... Être une sirène, dit timidement Sirius.

    - Parfait, tu peux être ce que tu veux, ne t'inquiètes pas on accepte tout le monde sur mon navire ! Et toi, Andromeda ? demanda Saphira.

    - Je serais le terrible Barbe Noire, il faut bien un méchant dans cette histoire, répondit Andromeda, sûre d'elle.

    - C'est parfait ! s’exclama Saphira.

    Les trois enfants profitèrent du fait que leurs mères avaient le dos tourné pour s'éclipser près de l'eau...

    Ils coururent tous les trois dans la mer. Sirius plongea dedans la tête la première puis essaya de nager comme s'il avait une queue de poisson, pataugeant dans l'eau salée et éclaboussant sa jumelle et son amie au passage.

    -Ha ha ! Je suis Barbe Noire ! Je vais kidnapper la princesse pour en faire ma femme ! dit Andromeda en essayant de prendre une voix intimidante.

    -Je ne te laisserai pas faire, je vais chanter avec mes sœurs sirènes et tes pirates seront hypnotisés et ton bateau coulera ! répondit Sirius. Comme ça tu ne pourras pas te marier avec la princesse-capitaine!

    Saphira se percha sur un rocher  surélevé un peu plus loin de la plage.

    - Je ne deviendrais la femme de personne, je n'ai pas le temps pour ces bêtises, je dois trouver tous les trésors du monde ! s'écria Saphira, complètement dans son rôle.

    Ne faisant pas attention, elle gesticula un peu trop et tomba à la renverse dans l'eau.

    Andromeda et Sirius accoururent tout de suite pour aller l'aider. Heureusement, Saphira n'avait aucune blessure, rien de cassé. Elle était tombée juste devant le rocher, qui contenait une ouverture sombre dans l'eau. La main de Saphira se trouvait juste devant. C'est alors qu'Andromeda remarqua quelque chose.

    -Attention Saphira !

    Et par réflexe, Andromeda attrapa la main de son amie pour la faire se lever, mais exactement à ce moment-là, une murène sortit de sa cachette et attrapa la main de la jumelle de Sirius jusqu'en haut du poignet, ce qui lui fit pousser un hurlement de douleur. Si Andromeda n'était pas intervenue, l'animal aurait attrapé Saphira, mais c'était la main gauche de l'enfant qui était à présent prise au piège. La murène se débattit un peu et s'en alla en arrachant au passage la main de la petite, qui continuait à crier. Le sang avait teint l'eau en rouge et Sirius et Saphira criaient de terreur à leur tour, ce qui alerta les adultes, qui arrivèrent en courant.

    Saphira et Sirius, malgré la panique, aidèrent Andromeda à sortir de l'eau tant bien que mal. La pauvre se tenait le moignon en pleurant, en effet, la murène avait emporté sa main. Béryl et Marina accoururent.

    - Andromeda ! s'écria sa mère, choquée, avant de prendre sa fille sur elle, comme pour la protéger.

    - Que s'est-il passé ? demanda Béryl, affolée.

    - Je... Ne comprends pas... J'étais sur ce rocher, et j'ai senti comme une force invisible m'attirer vers ce trou... Il y avait une murène et... Andromeda m'a protégée.

    La petite Saphira éclata en sanglots, s'en voulant à mort.

    - Bon, nous allons nous en occuper, ne t'inquiètes pas.

    Les adultes tentèrent de garder leur calme pour ne pas faire encore plus peur aux enfants qui pleuraient tous. Marina versait des larmes en silence en berçant sa fille et Béryl enleva sa ceinture pour faire un garrot à la blessée. Une fois le garrot en place, la pauvre Andromeda s'évanouit de douleur.

    - Il vaut mieux qu'elle soit inconsciente pour ce qui va suivre... Il faut cautériser la plaie, annonça gravement Béryl.

    À peine eut-elle dit ça que deux barques étaient en chemin, l'une avec le capitaine Davy Jones à son bord, l'autre avec le capitaine Barbossa.

    -Hector..! gémit Marina qui avait toujours le visage ruisselant de larmes et la petite Andromeda dans ses bras, dont le sang avait taché les vêtements de la femme rousse.

    -Qu'est-il arrivé? demanda le père des jumeaux sur un ton un peu inquiet.

    -Une mur... R... R... Rène... A... A voulu m... M... Mordre Saphira mais An... An... Andro l'a... Prot... Protégée... dit Sirius qui hoquetait à cause des sanglots.

    Béryl était allée inspecter le trou qui était censé abriter la murène. Une cavité avec une seule issue, celle par laquelle l'animal était sorti.

    -C'est vide, elle s'est sûrement enfuie, conclut la brune.

    C'était comme si la bête s'était volatilisée.

    Davy Jones observait la scène à quelques mètres de là, dans sa barque, ne pouvant pas mettre pied à terre. Béryl alla le voir.

    - Saphira n'a rien ? demanda-t-il inquiet.

    - Non, mais Andromeda a...

    - Cela m'importe peu, la coupa-t-il.

    - Elle a sauvé ta fille je te signale, espèce de goujat ! lui hurla Béryl.

    La brune retourna d'un pas décidé vers l'attroupement pour prendre des nouvelles d'Andromeda mais Barbossa lui sauta à moitié dessus.

    - Je savais bien que rien de bon n'allait présager que mes enfants traînent avec la progéniture de ce monstre !

    Apparemment, la colère lui était vite montée au nez.

    -Hector, ce n'est pas le moment de remettre cela sur le tapis, tenta de temporiser Béryl. Pour le moment nous devons nous concentrer sur la santé de votre fille.

    Marina s'était levée en portant sa fille dans ses bras, toujours avec l'air triste et inquiet, les yeux sur son enfant. Elle s'avança vers Béryl, qui la regardait d'un air désolé.

    -Ce n'est pas de ta faute, Béryl... Ce n'est de la faute de personne... C'était un accident... murmura-t-elle.

    La rousse monta dans la barque aux côtés de son mari.

    -Sirius? appela-t-elle.

    L'enfant était resté planté devant la cavité où s'était trouvée la murène, comme intrigué, néanmoins, à son prénom, il réagit et alla retrouver ses parents.

    Avant que les deux équipages ne se séparent, Marina murmura très bas à l'oreille de son amie:

    -On se reverra Béryl, je te le promets...

    Elle lui adressa un léger sourire. Sirius dit au revoir à sa marraine et à Saphira.

    - Prends soin de toi et de tes enfants, Marina... Je t'écrirai prochainement, promit Béryl à sa meilleure amie.

    Puis la brune regarda la rousse retourner sur le Queen Ann's Revenge à bord de l'embarcation, qui se hâtait de rentrer pour aller soigner Andromeda tant qu'elle était encore inconsciente.

    Les capitaines Jones et Barbossa échangèrent un dernier regard noir mais ne dirent rien, par respect pour leurs femmes respectives. Chacun rentra de son côté, encore sous le choc du malheureux événement.

    Saphira était inconsolable, elle s'estimait responsable du malheur de son amie et n'était pas sortie de sa chambre depuis deux jours. Sa mère lui avait apporté à manger mais elle n'avait pas touché à ses repas.

    Béryl faisait les cent pas sur le pont du Hollandais, soucieuse. Davy et elle ne s'étaient pas parlé depuis leur dispute de la dernière fois, la brune lui reprochant son manque d'empathie.

    Davy Jones s'approcha de sa femme de son pas claudiquant, il n'avait rien perdu de sa superbe durant ses cinq années depuis la bataille du maelstrom.

    Béryl s'était posée et regardait l'horizon, perdue dans ses pensées.

    -Qu'est-ce qui te trotte dans la tête, petite ?

    Il insista sur ce dernier mot, Davy avait conservé cette habitude de surnommer Béryl ainsi, vestige de leur passé commun lorsqu'ils se voyaient en rêve.

    Sa femme ne parvint pas à cacher son petit sourire, car même si elle lui faisait la tête, ce surnom lui rappelait trop de bons souvenirs.

    - Je songe à notre fille... Saphira s'en veut terriblement et s'estime responsable du sort de son amie, même toi tu peux comprendre cela non ?

    - Tu sais bien que je suis sans-cœur, indiqua son mari en levant un sourcil.

    Béryl lui fit un regard noir, la blague était de très mauvais goût sachant que le cœur de son époux était toujours scellé dans un coffre.

    - Davy... Je m'inquiète pour elle, mais j'ai autre chose en tête. Saphira m'a clairement dit qu'une force l'avait attirée vers le fond de l'eau... Tu ne penses quand même pas que...

    - Calypso... murmura le capitaine du Hollandais Volant, l'air réellement inquiet. Cette sorcière est capable de tout, poursuivit-il, cela ne m'étonnerait pas qu'elle s'en prenne à notre fille par jalousie...

    Le couple était à présent convaincu que la déesse devait être responsable de tout cela. Il allait falloir veiller de très près sur Saphira dès à présent. Le danger pouvait la guetter à tout instant, et il n'était pas impossible que Calypso réessaie à l'avenir de s'en prendre à la petite.

    Du côté de Marina, depuis l'accident, la blessure d'Andromeda avait été soignée, mais elle était toujours triste d'avoir perdu sa main, et elle faisait des cauchemars, où elle revoyait cette murène, mais sous une forme plus monstrueuse, et qui la dévorait avec son frère et son amie, avec du sang de partout. Elle dormait donc avec ses parents et Sirius, et la journée elle restait avec sa mère et son frère, tandis que Barbossa dirigeait l'équipage. Lui et sa femme étaient par ailleurs en froid depuis ce jour-là.

    -Je t'avais prévenue que c'était une mauvaise idée que nos enfants fréquentent l'équipage du Hollandais!

    -Hector, ça n'a rien à voir ! répondit la rousse sur un ton qui était certes dépourvu de colère, mais contenait l'assurance qu'elle avait gagnée avec le temps, mêlé à un peu de tristesse, comme toujours. Ce n'est la faute de personne, c'était un accident ! Le fait que Saphira soit la fille de monsieur Jones ne change rien !

    -Je ne veux plus que vous approchiez les Jones. Imagine ce que ça donnerait la prochaine fois !

    -Béryl est comme une sœur pour moi, que ça te plaise ou non. Je ne couperai pas les ponts avec elle pour te faire plaisir. Tu n'es pas le seul adulte à bord de ce bateau, Hector.

    Il y a quelques années, l'assurance dont Marina faisait actuellement preuve aurait beaucoup étonné le capitaine Barbossa. Il était fier qu'elle ait pu évoluer ainsi au fil du temps, et sans doute tenir un rôle de mère avait permis de jouer là-dedans. Aujourd'hui c'était devenu tout à fait normal pour tout le monde, que Marina parle normalement et sans hésiter sur ses mots, avec moins de timidité, sauf avec les gens qu'elle ne connaissait pas, évidemment.

    Et même lorsqu'elle se disputait avec son mari, elle ne faisait jamais preuve de colère. Elle gardait un certain calme mais parlait d'un ton triste lorsque ça arrivait. C'était naturellement le cas ici.

    -Je fais confiance à Béryl, et tant pis si c'est le contraire pour toi... ajouta-t-elle avant de s'éloigner de son époux.

    La rousse alla sur le pont. Andromeda était assise en boule dans un coin, avec Sirius assis à côté d'elle. Marina alla les rejoindre.

    -Andromeda... murmura Marina.

    La petite ne répondit pas tout de suite.

    -Maman...

    Elle soupira bruyamment avant de continuer:

    -Je ne pourrais jamais devenir pirate comme toi et papa... J'ai perdu ma main alors que je suis gauchère...

    -Ne dis pas ça, Andro, lui dit Sirius sur un ton de réconfort.

    -On trouvera une solution, lui dit sa mère en écartant une mèche de cheveux de sa fille.

    -Laquelle ? demanda la petite.

    -Nous verrons, répondit la rousse avec un petit sourire.

    -Tu es sûre ? Parce qu'avec papa vous vous êtes encore disputés à cause de moi...

    La voix d'Andromeda était en train de se casser et elle était au bord des larmes. Marina la prit dans ses bras.

    -Non Andromeda, ce n'est pas de ta faute, d'accord? Ce n'est pas de ta faute, ce n'est pas celle de Sirius, ni de Béryl, Saphira ou qui que ce soit... lui dit-elle doucement en l'embrassant sur la tête.

    Sirius vint lui aussi faire un câlin à sa sœur et à sa mère. Tous les trois regardèrent ensuite le ciel, dans lequel volait un petit groupe de mouettes.

    Quelques jours après, Marina et Hector cessèrent d'être distants l'un envers l'autre. Andromeda faisait moins de cauchemars, mais elle dormait encore avec ses parents.

    Et, un matin, alors qu'elle jouait sur le pont aux osselets avec son parrain et celui de Sirius, respectivement Pintel et Ragetti, ses parents et son frère vinrent la voir.

    -Andro… dit Sirius avec un grand sourire.

    Andromeda regarda sa petite famille d'un air intrigué. Son père sortit quelque chose de derrière son dos pour le donner à sa fille, qui ouvrit grand les yeux.

    -Un... Un crochet..?

    -En bois, pour ne pas te blesser. Mais quand tu seras plus grande, tu en auras un vrai, lui dit Marina.

    -Et c'est pas tout, regarde! dit Sirius en montrant sa main droite dans laquelle il tenait un bois recourbé qui ressemblait à un crochet. Comme ça tu ne seras pas toute seule!

    -Oh... Merci beaucoup papa, merci beaucoup maman, merci beaucoup Sirius!

    Elle les enlaça et les embrassa tous les trois, puis son père lui attacha le faux crochet de bois à l'ancienne place de sa main gauche.

    -Tonton et tonton, comment vous me trouvez? dit l'enfant à Pintel et Ragetti.

    Ceux-ci sourirent.

    -Tu feras une parfaite pirate! lui dit Ragetti.

    -Tu seras redoutable en combat, quand tu en auras un vrai, ajouta Pintel.

    Andromeda fit quelques moulinets avec son crochet, très contente de ce cadeau qui lui avait été offert. Marina regardait sa fille d'un air doux, elle était impressionnée par sa capacité d'adaptation face à cette nouvelle situation. La rousse était reconnaissante que la vie lui ait donné une fille aussi forte qu'Andromeda.

    Le capitaine Barbossa regardait sa femme discrètement, sa fierté lui empêchait d'avouer qu'elle avait raison, que l’incident n'était de la faute de personne. Mais il n'y avait pas que sa fierté en jeu, son instinct également lui criait d’éloigner sa famille des Jones. Il avait beau être un impitoyable pirate, il protégerait sa famille à n'importe quel prix.

     

    De retour sur le Hollandais Volant, quelques semaines après le drame qui fit perdre sa main à Andromeda, Béryl et Saphira étaient en train de rédiger une lettre à l’attention de leurs amis les Barbossa.

    « Ma chère amie Marina,

    Je t'envoie cette lettre afin de prendre des nouvelles d'Andromeda, nous espérons qu'elle s'est remise de ce terrible accident. J'aimerais beaucoup que l'on se revoit prochainement, je dois te parler de quelque chose. Que dirais-tu de se voir à La Havane le mois prochain ? Il parait que ce sera la saison des fêtes là-bas, cela nous permettrait de changer un peu d'air et de se retrouver.

    Saphira tenait à faire passer un mot à son amie alors j'écris de sa part la suite de cette lettre, je t'embrasse.

    Andromeda, je veux te dire que je te trouve très courageuse et je te serais reconnaissante à jamais de m'avoir sauvé la vie. J'ai hâte que l'on se revoit et que l'on joue encore ensemble toi, moi et Sirius.

    Ta princesse-pirate,

    Saphira. »

    - Tu penses que ça ira ? demanda Saphira, la mine soucieuse à sa mère.

    - C'est parfait ma chérie, je suis sûre que cela fera très plaisir à Andromeda. Je vais faire tout mon possible pour que tu puisses la voir prochainement.

    Béryl fit un sourire sincère à sa fille et la prit dans ses bras, espérant qu'Hector ne s'oppose pas à cette sortie. Pour ce qui était de Davy, elle en ferait son affaire.

    La lettre mit deux bonnes semaines avant d'arriver à destination. Marina la fit lire par son époux, et Sirius et Andromeda écoutaient attentivement.

    -Hector... murmura Marina après la fin de la lecture.

    Son mari restait de marbre, silencieux et méfiant.

    -Nous serons sur la terre ferme... Sur le bord de la mer, tout au plus... enchaîna-t-elle.

    -On promet de ne pas échapper à la surveillance des grands cette fois, dit Sirius.

    -Allez papa, s'il te plaît! insista Andromeda.

    -... Dans ce cas, il vous faut de quoi vous défendre, finit-il par déclarer.

    Il alla chercher deux petits poignards, un pour chaque jumeau, mais ne leur donna pas tout de suite.

    -Et vous resterez près de votre mère quoi qu'il arrive. Marché conclu?

    -Marché conclu, capitaine Barbossa, répondirent en chœur les enfants.

    Un petit sourire discret se dessina sur le visage d'Hector, sourire qui n'échappa point à son épouse, et il confia les armes aux enfants.

    -Merci, mon Hector... lui dit-elle avec toute la reconnaissance du monde avant de l'enlacer.

    -Je préfère prendre des précautions...

    -Hector, tu as raison, mais... Les Jones ne peuvent pas nous faire de mal... Béryl est là...

    Il préféra ne rien ajouter.

    Un peu plus tard, Marina dicta à son époux la réponse au courrier de Béryl.

    « Chère Béryl,

    J'ai la joie de t'annoncer que nous pourrons nous retrouver à La Havane pour les fêtes. Sirius et Andromeda sont tout excités rien que d'y penser. Hector leur a tout de même confié de quoi se défendre au cas où il y en aurait besoin, un poignard chacun... Et en parlant de ça: Andromeda va mieux, nous lui avons offert un substitut: un crochet en bois (elle en aura un vrai quand elle sera plus grande). Elle en est ravie.

    On se retrouve très vite.

    Marina. »

    La petite Saphira sautillait sur le pont du Hollandais Volant juste après que sa mère lui ait lu la lettre de sa marraine. Elle allait bientôt revoir ses amis. Elle alla trouver son parrain pour lui annoncer la bonne nouvelle, ce dernier n'était autre que le premier lieutenant de l'équipage, Maccus. N’importe quelle autre petite fille aurait été morte de peur devant un homme-requin-marteau de presque deux mètres, mais pas Saphira qui avait grandi entourée de visages monstrueux. Pour elle, c’était juste normal.

    De l'autre côté du bateau, l'ambiance n’était pas la même.  Béryl tapait du pied rapidement pour montrer son énervement alors que son mari était assis derrière son bureau.

    - Tu n'as pas le droit de nous interdire de les voir !

    - Tu as vu cette lettre, ils seront armés, rétorqua Davy Jones.

    - Ce sont des enfants et Marina ne ferait pas de mal à une mouche !

    - Je m'en fiche, je reste ton capitaine et tu dois écouter mes ordres.

    - Sérieusement Davy ? Tu sais très bien qu'avec ou sans ton accord nous irons, je te tenais juste au courant par respect.

    - Raaaah !!! Ton passe-temps préféré est donc de me compliquer la vie, petite ?! s’énerva-t-il.

    - C'est toi qui rends les choses compliquées alors qu'elles sont simples. Notre fille a besoin d'avoir des amis autres que des hommes-poissons immortels, et je veux voir ma sœur de cœur.

    - Comme tu voudras, mais ne viens pas pleurer s’il se passe quoi que ce soit.

    Davy se renfrogna et ne dit plus rien. Béryl roula des yeux et décida de ne pas surenchérir. Davy ne changeait décidément pas d'un tentacule, mais elle avait eu ce qu'elle voulait.

    Quelques jours plus tard, un peu avant le départ des filles, Davy alla trouver Saphira dans sa chambre pour lui offrir lui aussi un cadeau. Si les autres enfants étaient armés, alors sa fille le serait aussi, avait-il dit à sa femme.

    - Tiens, je sais que tu aimes les pierres précieuses, prends-en soin, lui dit-il.

    Il déposa dans ses petites mains une jolie dague en argent incrustée de saphirs, en référence à son prénom.

    - Merci poulpapa ! s'écria la fillette.

    Saphira prit son père dans ses petits bras, manquant de le faire tomber à la renverse à cause de sa jambe de crabe. S'il n'avait pas eu ce visage à moitié animal, il aurait sans doute rougit de gêne, mais il se racla juste la gorge et tapota le dos de sa fille avec sa main tentaculaire. Béryl, qui avait vu toute la scène depuis le couloir, ne put s'empêcher de sourire jusqu'aux oreilles. Malgré tout ce temps passé ensemble et tout cet amour reçu d'elle et de leur fille, son mari ne savait pas comment réagir face à la tendresse, ce qui était assez mignon en soit, mais elle se garderait bien de lui dire.

    Le Queen Ann's Revenge et le Hollandais Volant avaient jeté l'ancre. Les épouses mirent pied à terre avec leurs enfants. Ce fut une accolade collective, la joie était omniprésente, tout le monde était content de se retrouver, ils allaient passer du bon temps tous ensemble. Andromeda montra, toute fière, son joli crochet de bois. Son frère montra le faux crochet qu'il possédait lui aussi.

    -C'est pour pas qu'Andro se sente seule, dit-il tout sourire.

    Saphira sourit à son tour, et montra la splendide dague offerte par son père. Andromeda, Sirius et même Marina, furent ébahis par la beauté de ce trésor.

    -Trop belle! dit Sirius. Nous aussi on en a, mais c'est moins joli.

    -C'est l'efficacité qui compte, dit Andromeda. Comme ça, on pourra se défendre contre les méchants!

    - Cela te va bien Andromeda, tu vas être une vraie capitaine pirate avec cela ! la complimenta Saphira.

    La facilité qu'avaient leurs enfants à voir le positif même dans les situations les plus tragiques étonna Béryl et Marina. Les deux mamans étaient très heureuses de pouvoir passer du temps entre femmes.

    Le petit groupe longea le bord de mer où se trouvaient toutes sortes de stands: nourriture locale, souvenirs, bibelots. Puis, ils s’arrêtèrent devant des musiciens itinérants qui jouaient un air entraînant. La musique faisait danser les enfants sur place, tout en restant près de leurs mères, et Béryl profita de la distraction de ceux-ci pour aborder le sujet dont elle voulait parler à Marina, qu'elle avait évoqué dans sa lettre.

    -Marina, commença Béryl, visiblement soucieuse. Je dois te parler de quelque chose. Cela concerne l'accident de la dernière fois. Davy et moi pensons que ce n'était pas un accident et que Calypso y serait pour quelque chose...

    Marina écarquilla les yeux, ébahie par ce qu'elle venait d'entendre.

    -Maintenant que tu le dis... Il est vrai que je n'y avais pas pensé... C'est terrible... Calypso a voulu... dit la rousse d'une voix tremblante et terrifiée.

    - Oui, elle a voulu se venger en tuant Saphira... Après toutes ces années, et même si elle a été affaiblie, j'ai peur qu'elle retrouve un jour sa force d'antan... J'ai également peur de ne pas parvenir à protéger ma fille face à une déesse en colère…

    -Hector lui avait rendu sa forme originelle, mais en effet, elle ne doit pas encore avoir recouvré tous ses pouvoirs... Oh Béryl, je ferai tout ce que je peux pour t'aider! Mais j'ignore ce que nous pourrions faire... ... Hector possède beaucoup de connaissances, mais monsieur Jones est celui qui connaît Calypso mieux que quiconque, n'est-ce pas ?

    - Certes, mais nous ne parlons pas souvent d'elle. Tu sais, c'était son premier amour après tout... J'aurais aimé qu'elle tourne juste la page, mais cela n'a pas l'air de l’intéresser. Elle est maléfique et rancunière. Mais… Merci d'être là. Nous verrons bien...

    -C'est triste pour elle... Mais oui, je comprends qu'avec ton mari vous n'en parliez pas beaucoup... ... Hector et moi ne parlons pas beaucoup de son premier amour non plus. Il m'en avait parlé il y a fort longtemps... Ainsi que... Sa première fille.

    - Sa fille ?! demanda Béryl, surprise. Je ne savais pas qu'il avait déjà été papa avant les jumeaux ! Étaient-ils mariés lui et cette femme ?

    -Non. Margaret et lui n'étaient pas mariés. Et... Elle est morte quand l'enfant est venue au monde... Hector ne voulait pas que sa fille soit dans la piraterie, alors il l'a confiée à un orphelinat.

    - Je vois, je ne m'attendais pas à ça... Mais tant que cela ne te pose pas de problème alors tant mieux. Les jumeaux sont-ils au courant de l’existence de leur grande sœur ?

    -Non... Hector préfère attendre qu'ils soient un peu plus grands pour que ce soit plus clair pour eux…

    - Je peux comprendre, mais tu n'as pas peur qu'ils vous en veuillent plus tard ? chuchota Béryl.

    -Je ne sais pas... dit Marina en regardant les enfants qui continuaient à s'amuser et à danser autour des deux mères.

    Béryl tendit la main à Marina pour l'inviter à danser.

    - Je te propose que nous profitions du moment présent.

    La brune fit tourner la rousse plusieurs fois au rythme de la musique et celle-ci afficha un grand sourire. Les trois enfants faisaient des danses étranges autour des deux femmes et tout le monde riait.

    Le petit groupe partit ensuite manger un bout dans une petite cahute, la nourriture fruitée et épicée et leur ravit les papilles.

    Cette journée avait été un moment d'insouciance et de divertissement absolument exquis pour le petit groupe. Ils n'allaient pas l'oublier de sitôt. Heureuses, les filles se saluèrent avant de se séparer, leurs enfants firent de même, et les familles retournèrent chacune de leur côté sur leurs navires respectifs, rayonnantes de joie et de bonheur.

    De retour sur le Hollandais Volant, Béryl alla coucher Saphira et partit dormir dans le lit conjugal. Pas de trace de Davy. Elle soupira et se mit en chemise de nuit avant de s'allonger, épuisée par cette journée bien remplie. Une silhouette bien connue passa à travers la porte de la chambre, la faisant sursauter.

    - Tu as encore peur de moi après tout ce temps ? la taquina son mari.

    - Je n'ai pas peur, rétorqua Béryl un peu honteuse.

    Après tout, Davy Jones restait Davy Jones et sa présence en imposait, même quand on passait toutes ses nuits en sa compagnie.

    - Comment s'est passé cette journée ? lui demanda-t-il finalement alors qu'elle l'aidait à se dévêtir.

    - Personne n'a été gravement blessé ou poignardé dans le dos si c'est ce que tu insinues.

    La brune ne manqua pas d'ajouter une bonne dose d'ironie, ce qui lui valut un regard noir de son capitaine.

    - Bien.

    Le fait que son mari ne surenchérisse pas étonna Béryl. D’habitude ils étaient toujours en train de se chamailler, c'était leur petit train-train quotidien.

    - Quelque chose te tracasse, Davy ?

    - Hmpf.

    Béryl, qui connaissait son mari, comprit qu'il était contrarié à cause de quelque chose. Elle décida de lui masser doucement les épaules pour essayer de le détendre. Ses muscles étaient contractés.

    - Parle-moi, insista-t-elle.

    - Je songe au moment où tu finiras par mourir, ainsi que Saphira, et que je me retrouverai de nouveau seul. Je ne sais pas si je suis prêt à vivre ça. Mais quand je pense que je risque de vous perdre prématurément, cela me met hors de moi.

    Béryl eut le souffle coupé pendant un moment, elle ne s'attendait pas à quelque chose d'aussi direct.

    - Davy, murmura-t-elle en stoppant tout mouvement, c'est donc cela que tu as dans la tête... Tu devrais savoir que je ne meurs pas si facilement, mon cher et tendre ! Et je compte bien protéger notre fille.

    - Même si nous parvenons à venir à bout de Calypso, ce qui ne sera pas chose aisée, vous finirez par vieillir toutes les deux...

    - Je...

    Béryl n'y avait pas vraiment songé, que l'immortalité de son mari pouvait lui peser autant. Sa plus grande peur était d'être à nouveau seul, et elle ne pouvait rien faire pour le rassurer, car au fond il avait raison, il était destiné à affronter le temps, en solitaire, et à voir mourir sa famille. La brune, ne sachant pas quoi faire d'autre, se plaça en face de son mari et l'embrassa sur la bouche avant de le prendre dans ses bras. Elle lui donnerait tout l'amour qu'elle pourrait dans le temps qui lui était accordé par dame nature et ferait en sorte de ne rien regretter.

    Du côté du Queen Ann's Revenge, les enfants ainsi que Marina, épuisés par cette journée de divertissement, allèrent rapidement se coucher. La rousse était très heureuse, et voir ainsi sa femme rendit Hector heureux à son tour.

    -On s'est bien amusés... Merci Hector... dit-elle d'une voix gagnée par le sommeil.

    Barbossa lui fit un sourire, embrassa son épouse sur les lèvres, puis dans le cou, avant de la serrer contre lui et de la rejoindre au pays des rêves.

    Pendant la nuit, Marina songeait à cette journée passée avec Béryl et les enfants, revoyant notamment lorsque, tous ensemble, ils avaient dansé. Et la discussion à propos de Calypso lui revint. "Davy et moi pensons que ce n'était pas un accident et que Calypso y serait pour quelque chose...", "Elle a voulu se venger en tuant Saphira... Après toutes ces années, et même si elle a été affaiblie, j'ai peur qu'elle retrouve un jour sa force d'antan... J'ai également peur de ne pas parvenir à protéger ma fille face à une déesse en colère…", "Elle est maléfique et rancunière", ces bribes de dialogue se manifestaient dans l'esprit de madame Barbossa, qui ouvrit les yeux à une heure très avancée de la nuit. Son époux était toujours blotti contre elle. Il dormait à poings fermés. Marina le regarda, puis elle prit sa décision.

    -Hector... chuchota-t-elle.

    Pas de réponse. Elle posa une main sur son épaule et la secoua très doucement.

    -Hector... Réveille-toi...

    Il grogna très légèrement, mais Marina continua jusqu'à ce qu'il sorte de son sommeil.

    -Qu'y-a-t-il, Marina? Tu as fait des cauchemars? demanda-t-il d'une voix encore somnolente.

    -Non. Mais... J'ai à te parler... C'est très important...

    Les deux époux se redressèrent sur leur lit et allèrent chercher de quoi éclairer la pièce. Sans plus attendre, Marina lui rapporta la discussion qu'elle avait eue avec Béryl concernant Calypso, puis ajouta:

    -Hector... Toi qui es un érudit... Sais-tu s’il est possible de faire quoi que ce soit?

    Barbossa sentait toute la détresse de Marina dans sa voix, ainsi que l'envie profonde d'aider son amie. Il ne pouvait résister à cela. Hector prit la main de Marina comme pour la rassurer, et se mit à réfléchir. Au bout de quelques minutes, le capitaine du Queen Ann's Revenge rouvrit la bouche.

    - Il y aurait bien cette ancienne légende, celle du trident de Poséidon... dit-il, songeur.

    -Le... Le trident de Poséidon..? répéta Marina.

    -Oui. Ce trésor permet de mettre fin à toutes les malédictions. Mais même s'il existait, il est impossible à trouver.

    Marina posa son autre main sur celle de son mari et la serra.

    -Je suis sûre qu'il existe. Après tout, les dieux existent bien, Calypso en est la preuve! Mais... Comment le trident pourrait... Aider les Jones? demanda la rousse. Certes il mettrait fin à la malédiction du Hollandais Volant... Mais ensuite?

    - Ensuite tous les pirates et créatures maudites des mers se déchaîneraient, car enfin libres... Dont la déesse Calypso. C'est une très mauvaise idée Marina.

    Marina relâcha la main de son mari et baissa les yeux, l'air triste.

    -Alors... Il n'y a rien qui puisse aider les Jones..? Ou même, qui pourrait protéger contre la déesse elle-même...?

    -J'ai bien peur que non, répondit Hector.

    Marina se mit à pleurer silencieusement. Son mari la prit dans ses bras. Barbossa, même s'il se sentait impuissant face à la tristesse de sa femme, avait été honnête. Personne ne connaissait la localisation du trident, et cela n'était pas prêt de changer selon lui...

     

    Vilde était partie à l'aventure, elle qui n'avait rien vu d'autre que les murs du château des Landvik où elle avait grandi, puis du manoir des Salazar, et quelques paysages de Norvège et d’Espagne. Elle avait vécu et été élevée dans l'unique but de devenir une fille de bonne famille. Le moins que l'on puisse dire était que cette vie était loin d'être trépidante. Sa première étape en tant que "jeune matelot" était d'intégrer un équipage de marins. Elle avait su par le biais d'Armando que de nombreux bateaux commerçants ou de pêche embauchaient des jeunes sans trop regarder leurs antécédents, car tout le monde ne se précipitait pas pour partir en périple sur l'océan, vu la dangerosité de celui-ci. Elle avait fini par être acceptée sur le  Mantarraya (autrement dit la "raie manta") qui était un bateau de pêche de taille moyenne et peint en vert et blanc. Ce bateau n'était pas de dernière jeunesse, mais le capitaine, Señor Tiburón, un homme musclé arborant une moustache et un béret vert usé, n'était pas très exigeant concernant son équipage. Il reluqua simplement Vilde de haut en bas, la trouvant sans doute gringalette, mais ne fit aucun commentaire et l'embaucha sur-le-champ, visiblement en manque de moussaillons. Le travail de la norvégienne sur ce bateau était très basique : effectuer le nettoyage du pont, la plonge, vider les pots de chambres, réparer les filets de pêche. C'était assez dur et physique, mais personne ne l'embêtait, et surtout personne n'avait découvert son secret. Chacun exécutait ses tâches quotidiennes sans broncher et sans trop déranger ses collègues, l'ambiance idéale pour notre blonde. De fil en aiguille, le capitaine, satisfait de son travail, lui donna un peu plus de responsabilités, et il lui laissait même parfois utiliser la barre quand l'eau était calme. Il avait un peu pris Vilde sous son aile, même si cette dernière ne parlait pas beaucoup d'elle, de peur que son secret soit découvert. Elle était un matelot discret mais efficace, et effectuait même les tâches les plus pénibles sans se plaindre. Elle allait devoir faire preuve de beaucoup de patience pour pouvoir atteindre son objectif. Et chaque soir, quand elle allait dormir, elle retirait le gant de sa main gauche pour admirer discrètement, à la lueur des étoiles et de la lune qui étaient filtrée par le bois du bateau, son alliance. Un petit sourire triste se dessinait sur son visage lorsqu'elle faisait cela, mais elle reprenait vite courage, en se répétant "Armando, attends-moi... J'arrive".

    L'espoir de pouvoir retrouver son mari disparu l'animait, sa détermination était ainsi sans failles. Mais un jour, alors que le Mantarraya voguait paisiblement dans l'océan Atlantique, son doux rêve se transforma en cauchemar, cauchemar qui avait pris la forme d'un effrayant Jolly Roger noir avec un crâne de corbeau dessiné dessus. Des pirates les attaquaient. Ils furent sans pitié et tranchèrent la tête du capitaine Tiburón. Tous ceux ayant protesté ou ayant tenté de se rebeller avaient instantanément connu le même sort. Vilde serra les dents et les poings à s'en faire saigner les paumes des mains. Cette injustice la mettait hors d'elle, mais elle n'avait pas le choix, elle devait continuer de faire profil bas. Pour son rêve, pour Armando.

    La vie sur le bateau pirate était un véritable enfer, ils les avaient enfermés, elle et le reste des survivants du Mantarraya, dans la cale, remplie de rats et sentant le moisi. Le capitaine avait parlé d’aller les vendre en tant qu’esclaves. Il évoqua plusieurs endroits, notamment le tristement célèbre marché aux esclaves du Petit-Canal en Guadeloupe, mais il changea d’avis lorsqu’un de ses hommes lui proposa un autre endroit qui pourrait leur rapporter encore plus, ce que le capitaine accepta. Le voyage allait donc être plus long que prévu. Même si cette destination allait directement emmener Vilde vers son objectif (les Caraïbes), elle avait peur que sa vie prenne un tournant très différent une fois là-bas...

    Il lui fallait élaborer un plan, quelque chose pour s'évader. Elle ne pouvait pas laisser les choses aller ainsi. Dès lors qu'ils poseraient le pied sur terre, il n'y aurait probablement plus d'échappatoire. Elle passait son temps à réfléchir, à tenter d'échafauder une évasion, elle se torturait la cervelle à en devenir presque folle. Pendant de longues semaines, alors que le bateau pirate naviguait en mer, Vilde devenait obsédée par cette envie de trouver un moyen de quitter cet endroit et de se remettre en quête des retrouvailles avec son cher époux.

    Après cette pénible et interminable traversée, les pirates posèrent enfin pied à terre. Vilde et ses camarades étaient épuisés par le voyage et par les mauvaises conditions dans laquelle ils s’étaient trouvés durant celui-ci. Un ou deux avaient péri, mais les autres étaient encore vivants. Hélas, la norvégienne n’avait trouvé aucune idée durant son voyage, mais elle ne se laissa pas abattre, et décida d’analyser tout ce qui se trouvait autour d’elle afin de saisir la moindre opportunité. Son sabre et son petit couteau lui avaient été confisqués quand elle avait été capturée, et elle n’allait pas les revoir de sitôt.

    Tandis que les prisonniers marchaient péniblement sur le sable, assommés par la fatigue, la faim, la soif, mais aussi, par le soleil qui était plus brûlant qu’en Espagne, Vilde observait tout ce qui se tramait autour d’elle. Et c’est là qu’elle eut enfin une idée.

    En effet, un soir de pleine lune où tous les autres prisonniers étaient endormis et qu'il ne restait qu'un garde somnolant devant leur cellule, Vilde tenta le tout pour le tout.

    - Psst, appela-t-elle vers leur gardien.

    - Qu'est-ce que t'as, minus ?! la gronda-t-il.

    - "Minus" ? Ce n'est pas ce que tu dirais si tu savais...

    La blonde employa volontairement sa voix de femme, ce qui fit tiquer le garde. Elle enleva ensuite son chapeau et son gilet sans manches, laissant deviner ses attributs de femme sous sa chemise blanche tâchée. Voyant l'air ébahi du pirate qui ne devait pas avoir vu une femme depuis des mois, elle lui fit un petit sourire qui se voulait charmeur.

    - Tu es une...

    - Une femme oui, et tu es le seul à le savoir, ajouta-t-elle avec un clin d’œil. Si tu m'ouvrais, je pourrais t'en montrer plus...

    La norvégienne, bien qu'un peu dégoûtée par faire du charme à cet homme, finit par se prendre au jeu et cela l'amusait beaucoup. Bien sûr, elle ne lui donnerait pas ce qu'il voulait, elle se respectait bien trop pour cela et elle aimait son mari. Le garde, complètement aveuglé par la beauté et le petit numéro de Vilde, chercha son trousseau de clés frénétiquement, comme hypnotisé par son charme. La blonde avait du mal à cacher son sourire malicieux, c'était presque gagné...

    Dès que la jeune femme put sortir et fut suffisamment proche du pirate, elle lui donna un  coup de pied dans l'entrejambe aussi violemment que possible. Cela fonctionna parfaitement: le pirate tomba à genoux à cause de la douleur, mais Vilde ne s'arrêta pas là. Il fallait s'assurer qu'il n'aille pas donner l'alerte, alors elle profita de sa faiblesse pour lui dérober son sabre et elle le transperça avec.

    -Maudit pirate... lui cracha-t-elle tout en lui jetant un regard noir.

    Elle récupéra ensuite le trousseau de clef et alla libérer ses camarades ainsi que les autres prisonniers. Ces derniers s'enfuirent à toutes jambes en remerciant au passage Vilde. Les compagnons de la blonde furent étonnés de voir le vrai visage de celle-ci.

    -Moussaillon Landvik, s'écria l'un d'eux (c'est ainsi que le reste de l'équipage surnommait Vilde qui ne leur avait jamais donné son prénom ou même son nom de femme), nous te sommes redevables, tu nous as sauvés, qu'est-ce qu'on peut faire pour toi ?

    - Maintenant que tu le dis, il y aurait bien quelque chose... lui répondit la blonde d'un air songeur. Je vous propose que l'on s'empare de ce vaisseau... Et que vous me serviez comme mes pirates à son bord, je vous promets milles richesses et une grande gloire... Mais d'abord nous devons terrasser ces pirates. Qu'en dites-vous ?

    Un cri de victoire lui répondit, ses anciens collègues devenus ses hommes étaient fin prêts à en découdre.

    Même si cette idée la débectait au plus haut point et que devenir pirate équivalait à trahir son mari d’une certaine façon, elle n'avait plus trop le choix, elle devait se faire une raison. C'était son seul moyen d'en apprendre plus au sujet de celui-ci,  car personne ne connaissait mieux les mers que les pirates. Vilde et ses hommes se dirigèrent donc vers la réserve dans l'espoir d'y trouver des armes pour leur révolte et la blonde s'empara d'un sabre rouillé, cela ferait l'affaire.

    Totalement prêts, Vilde et ses compagnons éliminèrent tous les pirates, prenant ainsi leur revanche sur eux et vengeant le Señor Tiburón. Ils volèrent ensuite leur navire et quittèrent la terre ferme. S'en suivit un voyage qui dura plusieurs années durant lesquelles Vilde avait cherché à se renseigner sur la disparition de son époux. Elle se souvenait qu'il avait disparu dans un lieu appelé "Triangle du Diable", elle apprit donc des choses concernant cet endroit qui ne portait pas son nom pour rien. On le disait maudit... Et personne n'osait s'y aventurer. Cependant Vilde ne croyait pas à ces histoires de malédiction. Le lieu était certainement dangereux pour naviguer, pour diverses raisons, rien de plus, à part, sans doute, des personnes qui aimaient en rajouter afin de le rendre plus effrayant et dissuasif. Et si son époux était bel et bien là-bas, il y avait forcément une raison qui l'a conduit à s'y rendre.

    Pendant tout ce temps passé à en savoir plus sur le Triangle du Diable et la disparition d'Armando, Vilde et son équipage gagnèrent une petite réputation dans les mers des Caraïbes. Personne ne connaissait le vrai nom de Vilde, on disait juste qu'il s'agissait d'une femme d'origine espagnole, magnifique, aux cheveux et au visage d'ange, mais qui était redoutable, si bien qu'elle gagna le surnom d' "Ángel de la Muerte".

     

    Mais Vilde, après avoir perdu trop souvent des membres de son équipage, devait se rendre à l'évidence : ils ne pourraient pas se rendre dans le Triangle sans un équipage digne de ce nom. Elle fit donc voile vers Tortuga, où elle recruta des racailles en tout genre qui lui serviraient bien pour leur prochain voyage.

    Une fois à Tortuga, elle put se constituer un équipage plus nombreux, réparer son bateau, mais elle apprit également la localisation du fameux Triangle du Diable, plus communément appelé Triangle des Bermudes, dont les trois angles se trouvaient respectivement en Floride, à Porto Rico et sur l’île des Bermudes. Il lui avait fallu débourser une somme importante de pièces d'or pour obtenir cette information, mais cela en valait la peine.

    Le moment fatidique allait bientôt arriver. Le cœur de Vilde battait la chamade dans sa poitrine. Elle allait bientôt retrouver son mari bien-aimé. Certains hommes de Vilde essayèrent de la dissuader de se rendre là-bas, mais elle ne voulait rien entendre.

    -Des années que je ne désire qu'une chose, me rendre à cet endroit précis. Je suis proche de mon objectif, je ne ferai pas demi-tour! dit-elle à son équipage.

    -Mais... Vous nous conduisez aux portes de la mort, capitaine! dit un des pirates qu’elle avait recrutés sur Tortuga.

    Vilde le menaça en pointant son sabre sous sa gorge.

    -Si vous êtes trop peureux pour vous y rendre, vous n'avez rien qu'à partir tout de suite. Qui d'autre s'oppose à ma décision?

    Aucun ne se prononça.

    -C'est maintenant ou jamais. Si vous ne voulez pas y aller, allez-vous en immédiatement, leur dit-elle froidement.

    Mais personne ne bougea d'un pouce. Elle rengaina son arme.

    -On met les voiles! ordonna-t-elle.

    Le navire fit cap en direction du Triangle. Pour Vilde le temps passa vite malgré la longueur du trajet, sans doute car sa patience allait être bientôt récompensée. L'équipage croisa notamment quelques intempéries sur le trajet, mais la destination était à portée de main. Le lieu où son mari avait disparu pointait enfin à l’horizon.

    -Capitán! s'écria affolé un des rares survivants du Mantarraya qui était au poste de vigie.

    -Que se passe-t-il, Pablo?

    -Un navire de la marine nous rattrape! répondit-il.

    -Quoi?! C'est pas vrai... HOMBRES!

    Tout l'équipage de Vilde l'écouta.

    -Notre destination est droit devant nous, mais la marine est à nos trousses. Armez les canons, préparez-vous au combat, et on fonce DANS le Triangle! Aucune objection admise! On s'y met tout de suite! ordonna-t-elle.

    Tous obéirent sans discuter. Bientôt le navire anglais fut à la hauteur de celui de Vilde. Les coups de canon retentirent, de même que les coups de feu des pistolets des pirates. Ceux-ci et les marins croisaient le fer tandis que les deux navires voguaient en direction de l'intérieur du Triangle.

    "Ils ne vont vraiment pas nous lâcher ceux-là!" pensait Vilde tandis qu'elle combattait les marins anglais aux côtés de ses compagnons.

    Les deux navires commencèrent à s'engouffrer dans une sorte de grotte sombre, emplie de brume. On n'y voyait plus rien, à part en contrebas quelques stalagmites appartenant à des récifs, qui étaient en train d'abîmer la coque de chacun des deux navires. La brume était si épaisse que l’on aurait cru qu’il faisait nuit alors qu’en réalité, c’était le milieu de l’après-midi. L’ambiance était lourde, glauque au possible.

    Soudain, le bateau de la marine anglaise cessa le feu. L’équipage de Vilde se demanda alors pourquoi. Le brouillard était si épais que l’on ne voyait pas à dix mètres. Ils parvinrent juste à entendre des coups d’épées et des cris désespérés. Qu’est-ce qui pouvait bien se passer ? Un monstre marin ? Des sirènes ?

    Puis plus rien, le calme plat… Même Vilde, qui n’était pourtant pas peureuse et que les années en mer avaient endurcie, fut parcourue d’un frisson incontrôlable.

    Un craquement de planches de bois vint troubler le calme plat et presque aussitôt, le bateau fut rempli de marins monstrueux. Il manquait à certains des bouts de bras, de jambe, ou même de torse. Quelques-uns des hommes de Vilde se firent abattre sauvagement sans aucun avertissement. Malgré la terreur qui grandissait dans ses entrailles, Vilde trouva le courage de crier :

    - Que votre capitaine se montre, bande de lâches ! Cessez d’abattre mes hommes dans le dos !!!

    Presque aussitôt, une silhouette sombre se trouva juste en face d’elle, comme si elle avait volé jusqu'ici.

    - Qui me demande ? dit un homme avec un fort accent espagnol et une voix erratique.

    La voix de la créature en face d’elle lui disait quelque chose, mais ce fut quand il montra enfin son visage que Vilde ouvrit de grands yeux et manqua de lâcher son sabre… C’était son mari, Armando. Mais tout était si différent chez lui : sa peau était blanche comme celle d’un mort, son visage était comme craquelé de marques noires étranges, ses cheveux flottaient autour de sa tête, comme ensorcelés, son uniforme était abîmé. Mais le plus choquant restait tout le côté gauche de son visage qui était arraché, comme s’il avait pris un boulet de canon en pleine figure. Il ne restait plus grand chose de l’Armando de ses souvenirs...

    Une fois le choc passé, la norvégienne parvint à retrouver l’usage de sa voix :

    - Armando… Qu’est-ce que… Tu es devenu ? demanda Vilde au bord des larmes.

    - La mort, lui répondit-il. Sa voix était glaciale, sèche… Morte.

    Jamais Vilde n'avait été aussi bouleversée de toute sa vie… Retrouver son bien-aimé dans cet état, elle ne parvenait pas à le croire. Il ne paraissait même pas la reconnaître, ou alors peut-être qu’il s’en fichait ? Quelle que soit la réponse, cela brisa le cœur de Vilde en mille morceaux. Ainsi c'était vrai: les malédictions, les rumeurs sur le Triangle… Tout s'avérait être une réalité. Vilde retira tout de même son chapeau, afin qu'il puisse voir son visage, espérant qu'il finisse par la reconnaître malgré ses cheveux blonds coupés.

    Elle avait du mal à contenir ses larmes, mais elle soutenait le regard du fantôme qui se trouvait face à elle. Rapidement, elle défit un de ses gants qu'elle laissa tomber au sol juste après son sabre, et montra le dos de sa main gauche à son époux: à l'annulaire se trouvait son alliance, qu’elle n’avait jamais quittée. Les quelques survivants de l'équipage de Vilde n'en finissaient pas d'être surpris, et les hommes d'Armando l'étaient également, en assistant à la scène.

    -Armando... C’est moi, Vilde… Ne me dis pas... Que tu m'as oubliée... dit-elle d'un ton désespéré sans cesser de regarder son mari mort dans les yeux et de lui montrer son anneau.

    L’espagnol la regardait d’un air furieux, sans comprendre où voulait en venir sa prochaine victime. Il l’attrapa par le cou et la plaqua contre le mât du bateau. À quelques secondes d’en finir avec cette capitaine pathétique, les yeux du terrifiant capitaine Salazar s'écarquillèrent finalement. Au dernier moment, il avait reconnu cette nuance si spéciale de gris dans le regard de la femme blonde. Vilde.

    - Mi esposa… Vilde… chuchota-t-il.

    Il la relâcha instantanément et s’éloigna, comme si ce contact l’avait brûlé.

    - Armando…

    Cette fois, les larmes coulaient sur le visage sale de la norvégienne, il l’avait enfin reconnue…

    - Ne m’appelle pas comme ça, je suis le capitaine Salazar maintenant, répondit-il d’un ton sec.

    Il semblait agité, choqué lui aussi, mais bizarrement encore plus en colère, comme s'il n'arrivait pas à gérer cette situation qui soulevait une surcharge d'émotions bien trop longtemps enfouies au fond de lui.

    Tout le monde restait ébahi devant la scène, les hommes d'Armando comme ceux de Vilde, qui au passage étaient toujours pris en otage par les fantômes.

    -Que fais-tu ici? demanda Armando sur le même ton.

    -Quelle question! Je suis venue te chercher... répondit son épouse.

    -Tu aurais dû rester où tu étais. Surtout si c'était pour t'entourer de ces forbans.

    Vilde n'aimait pas la façon dont Armando lui adressait la parole. Pendant bien longtemps elle a fait tout son possible pour retrouver son époux bien-aimé, elle a parcouru tout ce chemin… Tout ça pour être accueillie ainsi? Elle avait imaginé leurs retrouvailles autrement. Certes elle ne s'attendait pas à ce qu'elles se déroulent sans accroc, mais elle ne s'attendait pas non plus à être reçue de la sorte par son mari.

    -Tu crois que j'ai eu le choix? J'aurais préféré ne pas devenir pirate mais je n'ai pas pu faire autrement! J'ai erré à travers les Caraïbes pendant des années en n'espérant qu'une chose: te retrouver! Je ne pouvais pas accepter le fait que tu étais mort, et j'étais convaincue que tu ne l'étais pas! répondit-elle en reprenant petit à petit son assurance d'antan.

    Le capitaine Salazar semblait tourmenté. Il fit quelques allers-retours de son pas inégal sur le pont et fini par hurler en espagnol :

    - Devenir une pirate ?! C'est tout ce que tu as trouvé ?! Tu sais que c'est à cause de l'un d'eux que je suis coincé ici !?

    Il était fou de rage rien que d'y penser.

    -Tu crois vraiment que c'était mon objectif premier, de devenir pirate pour te retrouver ? J'étais engagée sur la voie de l'honnêteté figure-toi! Mais j'ai été contrainte de faire autrement ! cria à son tour Vilde.

    La norvégienne n'en revenait pas qu'Armando la traite ainsi après tout ce qu'elle avait vécu pour en arriver là. Était-il vraiment devenu un monstre consumé par la haine ou restait-il une trace de son bien-aimé quelque part ? Rien n'était plus sûr...

    - Cela me semble bien facile...

    - Pardon ?! s'énerva finalement Vilde. Me faire capturer par des esclavagistes et me faire une place dans le rude milieu de la piraterie en tant que femme, facile ?! Quel ingrat tu fais, mon très cher mari !

    - Tu n'as qu'à partir si cela ne te sied guère, femme, cracha-t-il. Mais en échange, ton équipage doit périr.

    Le regard de Vilde était empli de colère suite à ces paroles.

    -Si tu tues mes hommes alors tu devras me tuer aussi. Ce sont certes des pirates, mais sans eux je ne serais pas arrivée jusqu'ici. De toute façon, tu comptais bien me mettre à mort tout à l'heure, n'est-ce pas? lui dit-elle amèrement.

    "Tu n'es plus l'Armando que j'ai connu autrefois..." se disait-elle tristement en elle-même, bien qu'elle ne démontre rien de tout cela.

    Le capitaine Salazar semblait de plus en plus énervé, sa respiration se fit plus erratique et il vint se poster pile devant sa femme.

    - Je peux peut-être me montrer clément, mais il y aura une contrepartie... Trouve-moi Sparrow, petite capitaine, dit-il d'un air mauvais.

    -Sparrow ? répéta-t-elle en levant un sourcil.

    Un étrange liquide noir avait commencé à couler de la bouche du capitaine Salazar lorsqu’il avait énoncé ce nom.

    -Jack Sparrow. Son compas est la clef pour sortir du Triangle, poursuivit Armando. Et délivre-lui également un message de ma part: dis-lui que je reverrai la lumière du jour, et à ce moment-là... La mort viendra le poursuivre.

    Au fur et à mesure qu'il prononçait ses paroles, de plus en plus de liquide noir se mettait à couler de sa bouche. Mais Vilde ne se focalisait pas sur cela, écoutant les directives du fantôme.

    -Pourquoi un compas serait la clef de ta liberté ?

    -C'est un compas  spécial. Unique. Connu à travers les mers, répondit le capitaine Salazar.

    Vilde fut un peu surprise d'entendre cela, mais c'était tout de même moins étonnant que de découvrir que les légendes des mers et les malédictions étaient réelles.

    -À tout hasard... Ta mission dans les Caraïbes, au-delà de nettoyer les mers, n'était-elle pas également... De récupérer ce compas ? demanda Vilde.

    -Entre autres, oui, répondit sèchement son époux qui commençait à s’impatienter, las de ces questions.

    Vilde sentait l’agacement de son mari à cause de ses demandes, mais il lui fallait bien un minimum d'informations sur ce qu'elle devait chercher.

    -Tu auras ce que tu voudras... dit simplement Vilde avant qu'elle ne se baisse pour ramasser ses effets personnels qu'elle avait fait tomber au sol.

    Salazar ordonna ensuite de libérer les compagnons de Vilde (bien que ce fût à contrecœur), de même que celle-ci, et les pirates suivirent leur capitaine sur leur navire, qui heureusement n'avait pas été trop endommagé. Ils voguèrent jusqu'à l'extérieur du Triangle. Il faisait encore jour. La lumière du soleil était rassurante, après ces sombres événements auxquels la blonde et ses hommes avaient eu affaire.

    -Capitàn Vilde, ça va ? demanda un des pirates en remarquant la mine basse de la blonde.

    Vilde se mordit les lèvres et abaissa son chapeau sur ses yeux. Elle était au bord des larmes à cause de tout ce à quoi elle venait d’assister, mais surtout, ce qui la bouleversait, c’était le changement de son mari. La haine et la rancune envers ce Jack Sparrow l’avaient totalement transformé, et à présent elle se demandait si accomplir ce qu’Armando avait demandé valait bien le coup.

    -On... Met les voiles vers la terre ferme... Et là... Je me mettrai en quête de ce fameux Jack Sparrow et de son compas... dit Vilde d'une voix qui se voulait assurée mais qui tremblait tout de même.

    -Mais, vous ne pouvez pas y aller toute seule! dit un second pirate.

    -Vous êtes sûre de vouloir faire confiance à ce fantôme? demanda un troisième.

    -Mon objectif était de retrouver mon époux... J'ignorais que les choses allaient se dérouler ainsi... Mais maintenant ma quête est toute autre. Je dois l'accomplir seule. Je vous autorise tous à quitter mon équipage dès que nous mettrons pied à terre, dit la capitaine.

    -Vous avez besoin de nous, capitàn ! dit Pablo.

    -Il a raison, vous ne pourrez pas y arriver toute seule! dit un autre ancien camarade de Vilde.

    -Je ne veux pas que ça tourne mal de nouveau... Je vous ai menés droit à la mort. Je ne mérite pas votre aide pour ce qui suivra.

    -Ne dites pas de bêtises... dit un cinquième.

    -Vous nous avez été incroyablement loyale tout à l'heure, dit un sixième sur un ton admiratif. Alors que votre... Mari ? Votre mari déteste les gens comme nous, et vous avez sous-entendu que vous aussi...

    -C'est bien pour ça que je dois continuer toute seule, coupa Vilde. Vous savez ce que je pense des pirates, vous n'avez donc aucune raison de continuer à me suivre, et j'adresse en particulier cela à ceux que j'ai recrutés à Tortuga, dit Vilde.

    La norvégienne se sépara à contrecœur de ses fidèles hombres, comme elle se plaisait à les appeler. Dire qu'elle n'avait pas apprécié cette vie de pirate serait mentir, elle aimait être au pouvoir et cette vie lui avait apporté son lot d'aventures.

    Une fois que tout le monde eut quitté le bateau, la blonde s'autorisa à s’asseoir sur un tabouret... Elle enleva son chapeau, passa sa main dans ses cheveux et soupira, puis les larmes coulèrent toutes seules sur ses joues... La pression redescendait et maintenant elle était seule avec sa tristesse, et sa crise de larmes dura un petit moment. La norvégienne pensait avoir perdu toutes les années de sa vie pour un mari devenu fantôme qui ne la reconnaissait qu'à moitié... Mais maintenant qu'elle était arrivée là, elle ne pouvait plus faire demi-tour, il fallait qu'elle retrouve ce satané Jack Sparrow, c'était sa dernière chance de renouer les liens avec son mari.

    Une fois calmée, elle reprit la route, à la recherche de ce pirate et de son compas, pendant un long moment. Mais malheureusement elle finit par se faire capturer par la marine anglaise, fiers d'avoir enfin pu attraper l'Ángel de la Muerte, et elle fut emprisonnée à Saint-Martin pour y être pendue. Ses espoirs faillirent être réduits à néant, mais on lui envoya une compagne de cellule peu de temps après son emprisonnement. Cette jeune fille aux cheveux noirs était accusée de sorcellerie, ce à quoi elle ne cessait de répondre qu'elle était une "astronome" et non une sorcière. Dans un premier temps, Vilde ne voulait rien avoir à faire avec cette demoiselle qu'elle considérait comme une enfant (au vu de la différence d'âge entre les deux), mais la jeune fille, depuis sa cellule qui se trouvait face à celle de la blonde, lui proposa de collaborer pour s'échapper, et la blonde accepta. De plus, cette jeune enfant avait l'air d'être une personne forte et déterminée, en plus d’être intelligente, ce qui était quelque chose que la norvégienne appréciait, c'est pourquoi Vilde finit par se laisser convaincre.

    Cette jeune fille s'appelait Carina Smyth, et elle était vraiment passionnée par les étoiles et l'astronomie. Elle était même parvenue à intéresser Vilde au sujet, notamment lorsqu’elle avait dessiné sur le mur de leur cellule des indications qui se trouvaient dans un livre qu’elle conservait, qui était la seule chose lui restant de son père qu’elle n’avait jamais connu. Carina parlait d’étoiles, de constellations, de lune de sang, et Vilde écoutait comme s’il s’agissait d’histoires. Bien que la blonde ne saisisse pas toujours tout (puisqu’elle n’était pas astronome), elle demeurait attentive et essayait de comprendre le plus possible.

    Quand la jeune demanda à son aînée son histoire à elle, la blonde répondit simplement qu'elle était à la recherche d'un pirate, et que seul celui-ci allait pouvoir l'aider à retrouver son mari. Vilde préférait garder secrètes ses réelles motivations, par sécurité.

    Quelques temps plus tard, alors que Vilde faisait un petit somme, son chapeau rabattu sur le visage, elle fut réveillée en sursaut par la voix d’un homme. En ouvrant les yeux, elle se rendit compte que cet homme était un prêtre, tenant une bible dans les mains, et en pleine discussion avec sa voisine de cellule, Carina.

    - Carina Smyth, tu es orpheline, née du démon, avant de mourir est ce que tu as quoi que ce soit à confesser ? lui dit-il sur un ton de reproches.

    - Je confesse que je ne suis pas une sorcière mais une femme de science, rétorqua la brune, je confesse que j’ai survécu par mes propres moyens, armée du seul journal d’un père que je n’ai jamais connu et d’une quête, la recherche de mon identité, je confesse que je mourrais plutôt que d’abandonner mes recherches.

    Vilde écouta plus attentivement les dires de Carina. Elle semblait déterminée et cela lui plaisait beaucoup. Elle lui rappelait un peu elle plus jeune.

    - ...Et je confesse, que pendant que je vous parlais, j’ai forcé la serrure, termina la brune tout en bousculant le prêtre à l’aide de la porte de prison en acier trempé. Celui-ci tomba à la renverse, sous le choc.

    La blonde s’était levée, soudainement très intéressée par le déroulement inattendu des événements.

    - Je te propose un marché, tu me fais sortir d’ici comme nous l’avions convenu et je t’aide dans ta quête de recherche d’identité, qu’en penses-tu ? tenta Vilde, le tout pour le tout.

    - J’accepte, mais je veux au moins savoir ton nom.

    - Vilde… Juste Vilde, cela ira très bien.

    - Marché conclu, Vilde, lui sourit Carina.

    L’astronome s’affaira ensuite à déverrouiller la cellule de la norvégienne et les deux femmes s’élancèrent ensemble dans le couloir, s’échappant avant que quelqu’un ne remarque leur absence.

    Alors qu’elles parvinrent à se rendre à l’extérieur, elles durent se cacher derrière une calèche afin d’éviter de croiser la marine. Les deux femmes bougèrent par la suite pour aller trouver refuge dans une maison, dont l’entrée était ornée d’un écriteau indiquant "Pas de chiens, pas de femmes". C’était apparemment celle d’un astronome car l’intérieur regorgeait de globes terrestres, de livres, de cartes et d’un immense télescope. Le regard de Vilde se mit à briller d’intérêt, tandis que sa camarade se dirigeait vers le télescope. Carina regarda à l’intérieur avant de le régler correctement.

    Le propriétaire des lieux arriva, et en la voyant faire, il prit la parole, outré :

    -Aucune femme n’a jamais touché mon télescope !

    - Monsieur, j'ai réglé l'azimut astronomique, de 2° nord, votre relevé sera beaucoup plus précis, mais il faudra tout reprendre, lui répondit Carina.

    - Tu es une sorcière ! s'exclama l’homme à la perruque poudrée. Et toi… Tu es une pirate ! dit-il en désignant Vilde et sa tenue vestimentaire.

    - Non, absolument pas ! Suis-je une sorcière pour avoir répertorié plus de 200 étoiles ? rétorqua la brune, tandis que Vilde préférait ne rien ajouter.

    - Sorcière !

    Carina soupira, Vilde aussi. Décidément, les hommes d’ici étaient apparemment bien bêtes et peu modernes, se disait même la norvégienne. La plus jeune des deux femmes changea alors de sujet :

    - Il y aura bientôt une lune de sang, je veux seulement me procurer un chronographe, dit-elle en se munissant d'une sorte de montre en argent sophistiquée, et je paierais double puisque je suis une femme...

    - À moi ! Une sorcière et une pirate dans mon échoppe !

    L'homme avait sorti un pistolet, qu’il pointait tantôt sur Carina, tantôt sur Vilde, complètement paniqué et toujours persuadé que la première était une sorcière.

    Un homme brun à la dégaine étrange et un tricorne sur la tête débarqua à ce moment-là dans la pièce...

    - ... Et un autre pirate ! s’exclama de nouveau le propriétaire.

    - Bah, c'est ton jour de chance, lui répondit le pirate, est-ce que par hasard l'un de vous six a vu ma banque ?

    Vilde le regarda de haut en bas. Ce pirate avait une très mauvaise mine, et il était visiblement sous l’emprise totale de l’alcool.

    - Jack Sparrow, enchantées mesdames, vous êtes deux paires de jumelles ? J'ai connu des jumelles une fois...

    Soudain, un immense coffre-fort défonça la façade de l'échoppe, les interrompant. Jack se mit à lui courir après. Vilde prit la main de Carina et les deux femmes s'élancèrent à sa poursuite. Derrière eux, les talonnant, se trouvaient des officiers de la marine anglaise armés et en colère.

    Vilde n'en revenait pas, parvenir à trouver ce fameux Jack Sparrow ici sur cette petite île par le plus grand des hasards, c'était sa chance !

    Cependant il n'était pas encore le moment de s'en occuper. Pour l'instant, elle et Carina devaient s'enfuir, mais il ne fallait pas que la blonde quitte des yeux le pirate. Il était l'homme qu'elle recherchait, et il possédait la clef pour qu'elle retrouve enfin Armando. Jamais elle n'en avait été aussi proche, et dès la première occasion, elle se saisirait de son compas.

    Les gardes leur hurlaient de s'arrêter, mais les trois protagonistes n'en firent rien, ils grimpèrent une échelle à la place et continuèrent à cavaler sur les toits de la ville.

    - On est pris au piège, qu'est-ce qu'on va faire ?! demanda Carina à Jack.

    Jack attrapa Carina par les épaules et lui dit solennellement :

    - Un cri serait le bienvenu.

    Il poussa ensuite la jeune femme dans le vide (qui lâcha effectivement un cri de frayeur), puis il se tourna ensuite vers Vilde et lui fit un clin d’œil. Un bruit de paille se fit entendre ainsi qu'un hennissement de cheval.

    -Qu'est-ce que..!

    Mais elle n'eut pas le temps de finir sa phrase, Vilde fut poussée à son tour dans le vide en l'espace d'à peine quelques secondes et elle atterrit à son tour sur le foin d'une charrette sur laquelle Carina avait atterri. Vilde manqua de lui tomber dessus, heureusement il y avait pile assez de place pour elles deux, et juste après la chute de Vilde, les chevaux se mirent à tirer tous seuls la calèche à toute allure.

    -Vous n'êtes qu'un immonde pirate! lui cria Carina de toutes ses forces.

    -Comme ça, ça m'évite de me présenter, lui lança Jack.

    Tandis que le véhicule filait à travers la ville, Vilde ne put se retenir de lâcher un juron à voix haute, chose qu'elle ne faisait pour ainsi dire jamais.

    "Si près! J'étais si près! Si seulement il n'y avait pas eu ces maudits...!" fulminait-elle intérieurement. Mais elle refusait de perdre son temps à être en colère, il fallait aller de l'avant.

    Les deux femmes finirent par reprendre le contrôle des chevaux, et une fois qu'ils furent calmés, elles se stoppèrent et descendirent. Maintenant il allait leur falloir faire profil bas. Elles se cachèrent à l'abri des regards dans une ruelle. Vilde se mit à réfléchir. Il fallait absolument qu'elle retrouve le pirate qu'elles venaient de croiser, et vite. Cependant il fallait qu'elle avertisse Carina à ce sujet, mais la norvégienne n'allait pas rompre le marché qui avait été conclu avec sa camarade. Elle tiendrait sa promesse. Tout ce que Vilde avait à lui demander était un léger détour. Mais alors que la blonde s'apprêtait à formuler sa phrase, elles virent au loin des soldats de la marine, et ils venaient droit dans leur direction. Et manque de chance: les filles étaient dans une ruelle à sens unique. Elles ne tardèrent pas à se faire à nouveau capturer et ramener en prison. Vilde se débattait comme un diable, mais elle prit un coup de poing dans l'estomac, ce qui la calma tout en la faisant cracher au passage.

    Ce soir-là, Vilde et Carina étaient donc de retour à la case départ, c'est-à-dire dans leurs cellules respectives, en prison, et leur exécution allait avoir lieu dès le lendemain matin.

    La blonde fulminait intérieurement, pourquoi avait-il fallu que ces maudits marins anglais se mettent en travers de sa route alors qu'elle tenait ce fameux Sparrow qui intéressait tant son mari ! Cette fois-ci c'en était trop pour la norvégienne qui n'arrêtait pas de frapper la porte de sa cellule jusqu'à se faire saigner les mains.

    - Vilde ! Qu'est-ce qui t'arrive? Calme-toi ! implora Carina, inquiète au sujet de la manière dont sa camarade se comportait.

    - Si proche du but, ce n'est pas possible d'être si malchanceuse ! s'énerva la blonde, folle de rage en faisant maintenant les cent pas dans sa cellule.

    - De quoi parles-tu ?

    - Je dois absolument retrouver ce maudit Jack Sparrow, c'est tout ce que je peux te dire.

    - Je te promets de t'aider à le faire, mais pour l'instant je dois m'occuper de quelque chose d'autre... Essaye de ne pas te blesser plus pendant ce temps s'il te plaît.

    Vilde grommela quelque chose espagnol et s’assit par terre par dépit. Elle observa la brune dans la cellule d’à côté pour se changer les idées. Carina était en train de graver sur le mur des symboles étranges, elle avait également un livre orné d’un rubis dans l'autre main (le journal laissé par son père inconnu). Soudain, une forte lumière rouge illumina la prison, on pouvait observer par la fenêtre une lune parfaitement pleine et rouge luire dans le ciel. Le rubis présent sur le livre de l’astronome se mit à briller intensément et Carina le décrocha, se rendant compte que des inscriptions apparaissaient, elle lut à voix haute :

    - Pour libérer le pouvoir de l’océan, tout doit se diviser… C’est une île, les étoiles mènent à une île Vilde ! s’écria la jeune femme.

    - Libérer le pouvoir de l'océan... Qu'est-ce que cela signifie ?

    -Cela signifie... Qu'en suivant les étoiles, en se rendant sur cette île, il sera possible de trouver le trident de Poséidon!

    -Et… À quoi sert-il, ce fameux trident ? demanda Vilde.

    -Selon la légende, si celui-ci est détruit, toutes les malédictions de l'océan seraient alors rompues.

    La norvégienne ouvrit grand les yeux.

    -Toutes… Les… Malédictions… De l’océan ? répéta-t-elle.

    -Oui.

    Une lueur d’espoir finit par s’allumer dans les yeux gris de la femme aux cheveux blonds.

    "Ce n’est pas le compas qu’il faut… C’est ce trident. Et un moyen de sortir d’ici…" pensa Vilde.

    -Bien entendu, je ne crois pas à toutes ces histoires de malédiction.

    -Tu ne devrais pas prendre les malédictions ou les fantômes à la légère, ma chère enfant.

    -Tu y crois ?

    -Plus que ça. Je les ai vus de mes propres yeux.

    Carina écarquilla les yeux à son tour, et observa Vilde comme si elle était complètement folle.

    -Je ne t'oblige pas à me croire. Mais si le trident du dieu des mers existe, ça veut dire que les dieux existent aussi, et par conséquent, les fantômes et les malédictions, ajouta la blonde, sûre d'elle.

    Il y eut un petit moment de silence.

    -Changeons de sujet. Reparle-moi de ta carte et de tes étoiles, dit Vilde en souriant à Carina pour l'encourager.

    La jeune fille se remit à parler astronomie avec la norvégienne, jusqu'à une heure avancée. C'était la dernière nuit en cellule que les deux femmes allaient passer. Vilde, cependant, dormait à moitié. Demain elle allait être exécutée, à moins d’un miracle. Au pire, peut-être aura-t-elle l'occasion d'improviser? Si elle parvenait à s'échapper avec Carina (car elle n'allait pas la laisser tomber), elle se mettrait en quête de ce fameux trident, sûre à 100% que c'était ce qu'il fallait pour qu'Armando redevienne normal.

    Le lendemain à l’aube, Vilde et Carina furent menottées et entassées dans une calèche à barreaux avec d’autres femmes prisonnières, apparemment des sorcières, des voleuses ou encore des femmes coupables d’infidélité. Sur le trajet, les villageois leur lançaient des légumes pourris et les insultaient de tous les noms.

    Vilde et Carina, les plus proches de la porte, furent les premières à être emmenées sur le peloton d'exécution. En effet, deux cordes avec des nœuds au bout les attendaient sur l’estrade.

    Les deux femmes aperçurent Jack de l'autre côté de la place sur une autre estrade qu’on était en train d’attacher à une guillotine.

    On avait accordé à Carina, Vilde et Jack d’exprimer leurs dernières volontés. Vilde, ne trouvant pas d’intérêt particulier à le faire et préférant garder ses secrets pour elle, laissa Carina parler. Ainsi, l’astronome et Jack finirent par se disputer puisque le pirate ne cessait de lui couper la parole.

    Alors que tout espoir semblait perdu et que le bourreau commençait visiblement à perdre patience, un jeune homme se balança sur une corde depuis le clocher et vint interrompre la scène. Il atterrit au beau milieu de la foule et échangea des coups avec les soldats anglais avant de se faire maîtriser.

    - FEUUUU ! s’écria-t-il soudain, visiblement satisfait d’avoir été attrapé.

    Un boulet de canon vint détruire les pieds de l’estrade où se trouvait Jack et ce dernier se mit à tournoyer dans les airs, toujours accroché à sa guillotine avec la lame qui menaçait de lui couper la tête.

    -Je préférerais être lapidé ! hurla-t-il.

    D’autres coups de canon retentirent, semant la panique sur la place. Les villageois commencèrent à s’éparpiller dans tous les sens. Plusieurs hommes (visiblement des pirates) s’attaquaient aux militaires anglais.

    Le jeune homme qui avait fait diversion un peu plus tôt se retrouva en face de Vilde et Carina, toujours perchées sur leur estrade. Il croisa le fer avec le bourreau censé les exécuter, presque deux fois plus grand que lui. Le plus petit se retrouva bien vite en mauvaise posture à cause de la différence de force entre les deux. Son action eut cependant pour effet de détourner l’attention du bourreau. Carina en profita pour lui faire un croche-pied et ce dernier tomba de l’estrade.

    Le jeune homme détacha les deux femmes et se présenta.

    -Henry Turner, et à qui ai-je l’honneur ?

    -Merci Henry, je suis Carina Smyth et voici Vilde… Juste Vilde.

    La brune se tourna vers la blonde et lui sourit :

    -Tu te rends compte, nous allons finalement pouvoir trouver le trident, c’est notre jour de chance !

    -Le trident ? s’exclama leur sauveur. Tu parles du trident de Poséidon ?

    -Oui, pas le temps d’expliquer, le coupa Vilde, nous devons d’abord songer à nous échapper.

    -Exact, nous en parlerons plus tard, approuva Carina, tout en esquivant un militaire anglais qui lui fonçait dessus.

    Vilde en profita pour se battre à main nues avec le militaire, enchaînant de vifs coups de poings en visant les endroits sensibles, avant de réussir à le mettre K.O., et elle lui prit ses armes.

    La bagarre continuait sur la place, la foule se dispersait au milieu des coups de feu et des pirates qui se battaient à l'épée, mais la marine finit par perdre et battit en retraite.

    Jack Sparrow était lui aussi libre, et il s'avérait que les hommes qui se tenaient là étaient ceux de Jack. Henry était allé les chercher car ils s'étaient séparés de leur capitaine, et les avait payés pour qu'il puisse les aider à le sauver. Le jeune homme ajouta également ce pourquoi il était venu porter secours à Jack car il avait besoin de lui pour trouver le trident de Poséidon, afin de libérer son grand-père de la malédiction du Hollandais Volant.

    -Je suis le petit-fils de Bill le Bottier, ajouta Henry.

    -Tu es donc le fils Turner, n'est-ce pas ? demanda Jack.

    -Oui.

    -Navrée de vous interrompre mais on ne devrait peut-être pas rester plantés ici, dit Vilde sur un ton autoritaire. Ils pourraient revenir et je ne tiens pas à retourner derrière les barreaux.

    -Elle a raison, partons, dit Carina.

    Le groupe se rendit sur une plage où se trouvait un navire en piteux état, le Dying Gull, et pendant le trajet, la discussion avait continué. Henry et Jack avaient fini par parler de la mère du jeune homme, qui avait l'air de plaire au capitaine pirate, puis le sujet de conversation redevint le trident de Poséidon. C'est là que Carina a parlé de ses compétences en astronomie et de la démarche à suivre pour se rendre près de ce trésor, tout en ajoutant qu'il y avait bien entendu besoin d'un navire pour cela. Mais Vilde n'écoutait pas. Elle réfléchissait de son côté.

    "Il faut mettre la main sur le trident... Mais Armando m'a demandé le compas... Je lui ai promis de le lui ramener... Ce serait bête de passer à côté de l'occasion qui m'est enfin accordée..." se disait la blonde, toujours déterminée à vouloir sauver son cher époux.

    Les pirates firent ensuite monter à bord Henry, Carina et Vilde, mais ils furent attachés au mât, par mesure de sécurité selon les pirates. Le Dying Gull finit par rejoindre la mer, puis les pirates se rendirent à leur poste.

    "Il n'y a plus qu'à être patiente maintenant..." pensait Vilde avec le sourire aux lèvres.

     

    De l'autre côté de la mer, à des kilomètres de Saint-Martin, sur le Queen Ann's Revenge, le capitaine Barbossa se détendait avec son épouse. Ils étaient tous deux en train de profiter d'un bon bain, assis dans la même bassine, Marina adossée contre lui, les bras de son époux lui cernant le corps. Ils étaient tous les deux sereins et se reposaient tranquillement, quand soudain un énorme vacarme vint interrompre tout cela. C'étaient Pintel et Ragetti qui frappaient à la porte.

    -Capitaine! On a reçu un message urgent! dit Pintel.

    -Tonton, on peut peut-être attendre qu'ils aient fini? demanda timidement le petit Sirius qui était venu accompagné de sa sœur.

    -Papa n'aime pas qu'on le dérange quand il prend son bain avec maman... ajouta Andromeda.

    Mais les deux adultes ignoraient ce que les enfants disaient, et Pintel enchaîna en couvrant les dires des jumeaux d'une voix forte:

    -On doit vous le transmettre tout de suite! On peut entrer? demanda Ragetti.

    Le moment de tranquillité ayant été brisé, Barbossa était à présent de plutôt mauvaise humeur.

    -À votre avis? cria-t-il.

    La porte s'ouvrit d'un coup, les pirates débarquant tout aussi rapidement dans la pièce, suivis derrière par les deux enfants. Barbossa cacha les attributs de sa femme aux yeux des intrus et s'adressa à ses hommes avec colère:

    -Qu'est-ce que vous faites là!?

    -Hector, ils ont dit que c'était urgent, laisse-les dire... dit tranquillement Marina qui n'était pas dérangée par cette soudaine irruption dans l'intimité du couple.

    -Nous sommes désolés de vous déranger, capitaine et Madame, mais... commença Pintel.

    -On nous a fait savoir que la moitié de vos navires ont été coulés... enchaîna Ragetti.

    -Quoi ? dirent en même temps Hector et Marina.

    -L'œuvre est celle d'un capitaine espagnol... Un certain Alcazar... continua le pirate blond.

    -Ou Baltazar... dit à son tour Pintel.

    -Salazar... murmura le capitaine Barbossa en prenant soudainement un air effrayé que Marina remarqua tout de suite.

    Les jumeaux et leurs parrains respectifs remarquèrent également très vite l'inquiétude d'Hector.

    -Sortez d'ici tout de suite, ordonna-t-il d'un ton ferme à ses hommes.

    Pintel et Ragetti s'en allèrent.

    -Vous aussi, les enfants, dit le capitaine à Sirius et Andromeda, qui obéirent sans discuter.

    Barbossa commença à se lever pour sortir de la bassine, Marina fit de même et lui donna un coup de main, son époux étant handicapé par sa jambe manquante.

    -Hector... chuchota la rousse.

    Marina observa Hector d'un air inquiet. Elle lisait en lui que ce qui se passait était très grave. Le couple s'habilla, puis le capitaine Barbossa ordonna un cap pour aller rendre visite à une sorcière. Il demanda à sa femme de rester sur place, ce qu'elle fit, et lorsqu'il revint, il la mit de suite au courant: le capitaine Armando Salazar, aussi appelé "El Matador del Mar", était en train de massacrer tous les pirates qu'il rencontrait. Il était un homme de la marine espagnole, réputé extrêmement efficace, et il avait disparu en mer avec son équipage et son navire il y a des années. Maintenant il était de retour, et cela voulait dire que tous étaient en grand danger, sans compter qu’ils étaient revenus sous forme de fantômes, et donc, étaient invincibles.

    Mais Hector avait également ramené de chez la sorcière le compas de Jack Sparrow, qui s’en était débarrassé, et avait expliqué à sa femme que c'était parce que Jack s’en était séparé que Salazar était revenu d'entre les morts.

    Marina fut horrifiée en apprenant tout cela.

    -Sirius et Andromeda ne seront pas épargnés parce qu'ils sont des enfants... Ils se feront tuer... avoua Barbossa, la mine basse.

    -Il faut les cacher... dit la rousse, plus inquiète que jamais.

    -Il faut qu'on s'en occupe sans plus tarder... Ils sont très rapides...

    -... Plus rapides que le Black Pearl? Ou le Hollandais Volant ?

    Hector observa sa femme dans les yeux.

    -Marina... Tu sais que je ne fais pas confiance aux Jones... Mais l'équipage du Hollandais est immortel. Les enfants et toi, vous y serez en sécurité... Si ton amie accepte et convainc le capitaine...

    -Hector... Je ne veux pas te laisser... Je resterai avec toi.

    -Au risque que les enfants soient eux aussi orphelins? Ils ont besoin d'un parent.

    -Ils ont autant besoin de toi que de moi.

    -Je me dois de vous protéger tous les trois.

    -Mais j'ai aussi mon mot à dire. ... On devrait déjà commencer par retrouver Béryl. Ensuite on avisera.

    Hector lui fit un faible sourire en guise de réponse. Les Barbossa se mirent donc d'accord : au vu de la dangerosité de la situation, Marina et les jumeaux rejoindraient l'équipage du Hollandais Volant temporairement pour se mettre à l'abri de la folie du terrible Matador del Mar. La rousse savait pertinemment que le moyen le plus simple et le plus rapide d'entrer en contact avec Davy Jones était de mourir en mer. Même si elle y était parfaitement préparée, l'idée de perdre ses enfants lui était insupportable. Un boulet fut donc attaché aux  chevilles de chacun des jumeaux ainsi qu'à leur mère. Andromeda trouvait cela très amusant et voyait cette expérience comme une nouvelle aventure et Sirius était mi-figue mi-raisin, d'un côté il était impatient de rencontrer des hommes-poissons qui le fascinaient et de l'autre il avait un petit peu peur d'y rester. Alors que l'ombre inquiétante d'un bateau délabré se dessinait à l'horizon, le trio fut vite envoyé au large à bord d'une petite barque, sans avoir eu le temps de dire au revoir à l’équipage du Queen Ann's Revenge. C'était sans aucun doute Salazar qui avait pris en chasse Barbossa. Marina regarda ses enfants dans les yeux, et tenta de les rassurer avant le moment fatidique.

    - Ne vous inquiétez pas les enfants, ayez confiance en votre père, il s'en sortira très bien et nous serons en sécurité avec les Jones.

    Andromeda se jeta à l'eau avec son boulet dans les bras sans la moindre peur, Sirius eut besoin de l'aide de sa mère mais en fit de même et pour terminer, Marina les rejoignit au fond de l'eau. Au moment où ses poumons se remplirent d'eau et que sa vision devint floue, elle espéra ne pas s'être trompée...

     

    Tout était devenu noir et silencieux, mais Marina finit par entendre une voix lui demandant de se réveiller. Elle se releva d'un coup et recracha énormément d'eau. Sirius et Andromeda étaient à côté d'elle, et la petite famille était cernée par l'équipage du Hollandais Volant. Béryl sortit précipitamment de la foule pour se jeter sur son amie.

    -Marina! Qu'est-ce qui vous a pris de vous jeter à l'eau comme ça? C'est de la folie! Vous avez failli y passer! Heureusement que Davy vous a trouvés! lui dit la brune sur un ton de reproche.

    -Je... Je suis vraiment désolée Béryl... Mais il fallait qu'on vous retrouve au plus vite... C'est urgent.

    -Pourquoi tu as fait subir ça à tes enfants ?

    -Béryl... Hector... N'avait pas le choix... Il nous fallait vous trouver au plus vite... Pour qu'on soit à l'abri...

    -À l'abri de quoi ? demanda la voix de la petite Saphira qui se trouvait près de ses deux amis.

    -De Salazar, un militaire espagnol ayant pour but d'éradiquer tous les pirates, lui répondit Andromeda qui avait apparemment écouté aux portes.

    Davy, qui jusqu'à maintenant était resté silencieux en se contentant de froncer ce qui aurait pu être des sourcils, prit la parole :

    - Nous devons avoir une discussion entre adultes. Maccus ! aboya-t-il à l'attention de son premier lieutenant, occupe-toi des enfants.

    Il se tourna ensuite vers sa femme et l’amie de celle-ci :

    - Béryl et toi... Marina -rectifia-t-il quand il vit le regard noir de Béryl- suivez-moi !

    Le trio se retrouva donc dans la cabine du capitaine et Davy s'assit à son bureau tout en allumant sa pipe.

    - Le Capitaine Salazar… dit-il l'air songeur. Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas entendu ce nom. Que veut-il à ton mari ?

    - Je... ne sais pas, bredouilla la rousse, un peu intimidée. J'espère simplement... qu'il ne lui fera pas de mal...

    Marina dû s'arrêter de parler, trop émue pour continuer.

    - Ça va aller Marina, tenta de la réconforter Béryl, en posant une main amicale sur son épaule. Davy... Nous devons les aider, implora la brune.

    Le capitaine du Hollandais Volant sembla perdu dans ses pensées pendant quelques minutes, il ne fit que tirer quelques bouffées de tabac, puis il finit par reprendre la parole. Il était étrangement calme.

    - Je vous autorise, toi et ta progéniture, au nom de l'amitié entre ma femme et toi et celle entre nos enfants, à rester à bord de mon navire aussi longtemps que cela sera nécessaire. Cependant, si votre présence ici venait à mettre ma famille en danger, vous devrez partir, compris ?

    - C'est bien compris... Merci Monsieur Jones.

    Marina lui fit un petit sourire timide ainsi qu'une révérence, et Béryl fit un grand sourire de remerciement à son mari, très touchée par l'effort qu'il venait de faire par amour pour elle et Saphira.

    Les deux femmes quittèrent ensuite la pièce, et Béryl fit visiter le Hollandais Volant à son amie tout en discutant avec elle. Les hommes-poissons étaient des êtres effrayants, mais finalement pas plus que l'équipage de morts-vivants que Marina avait eu pour habitude de côtoyer il y a des années. La rousse s'habitua plutôt vite à leur apparence monstrueuse.

    Les enfants, eux, jouaient et discutaient, surveillés par le fameux Maccus, bien que Sirius fût moins concentré. Il observait avec intérêt les hommes de Davy Jones qui les entouraient de partout, dans leurs moindres détails. L'un d'entre eux croisa son regard, et le petit détourna les yeux en rougissant. Il n'avait pas osé prendre la parole ni trop regarder celui qui gardait un œil sur eux, préférant observer de loin.

    Le pirate qui avait croisé le regard de Sirius s'approcha de lui. Il avait l'air plutôt âgé, il était recouvert de varechs et de coquillages, comme tous les autres, mais celui-ci avait une étoile de mer incrustée sur le côté droit de la tête, et il avait du corail sur ses épaules.

    - Comment t'appelles-tu petit ?  demanda Bill le Bottier à Sirius.

    - Je suis Sirius... Barbossa, bredouilla le petit garçon, intimidé.

    - Barbossa... Comme le Capitaine Barbossa ?

    -O... Oui monsieur... répondit Sirius. C'est mon papa...

    -Je vois, répondit l'adulte.

    Bill le Bottier remarqua que l'enfant le scrutait avec un intérêt timide, qu'il observait d'un air intrigué ce qui avait poussé sur son corps. Sirius inspira profondément, avant de se prononcer:

    -Est-ce que.... Est-ce que ça fait mal, d'avoir des plantes et des coquillages qui poussent ? demanda Sirius.

    -Non. Ça vient avec le temps, petit à petit, à force de rester sous la mer.

    -Et ça fait quoi de pouvoir respirer sous l'eau?

    -Sirius, arrête un peu d'embêter le monsieur avec tes questions! lui lança Andromeda.

    -Mais j'ai toujours voulu rencontrer des hommes-poissons et des sirènes, Andro! Je veux savoir! rétorqua Sirius.

    Bill le Bottier eut un petit sourire et répondit tout de même au petit garçon curieux :

    - Je ne suis pas un vrai homme-poisson tu sais. Comme tous les autres membres de l'équipage, je suis maudit. Je donnerais tout pour ne plus l'être... Et retrouver ma famille.

    Son sourire avait disparu définitivement, laissant place à un air maussade.

    -Je... Je suis sûr que vous ne serez plus maudit un jour monsieur, et que vous pourrez la revoir, votre famille! dit le petit garçon en essayant de réconforter le vieil homme.

    Bill le Bottier jeta un dernier regard triste à Sirius, avant de s'en aller. L'enfant le regarda partir, et une fois qu'il se fut éloigné, il se mit en boule.

    -Tu penses à quoi Sirius? lui demanda sa sœur.

    -Je réfléchis, répondit le garçon.

    -Et à quoi tu réfléchis? demanda à son tour Saphira.

    Sirius ne voulait apparemment pas répondre.

    -Je crois que la présence du monsieur qui nous surveille le gêne... Et que c'est pour ça qu'il ne veut pas nous le dire... chuchota très bas Andromeda à Saphira.

    -Tu penses à ton papa, Sirius ? demanda Saphira tout doucement, inquiète pour son ami et le père de celui-ci.

    Sirius hocha doucement la tête de manière positive. Sa sœur et son amie posèrent chacune une main sur ses épaules en signe de réconfort.

    -T'inquiètes pas! Notre papa est futé, on ne doit pas s'en faire pour lui! lui dit Andromeda d'un air fier.

    Cela fit esquisser un petit sourire au garçon, qui essaya de se convaincre avec ces paroles.

    -Je suis sûre que ça va aller, tenta de le rassurer à son tour Saphira.

     

    Le miteux Dying Gull continuait sa route sur la mer. Vilde, Carina et Henry étaient toujours attachés au mât, sous les yeux des pirates qui les observaient. Vilde tâchait de garder le peu de patience qu'il lui restait, celle-ci étant usée par l'entrave qui la maintenait, et tentait d'établir un plan pour dérober à Jack le compas. C'est alors que Henry prit la parole :

    -Carina, le temps presse. Les morts font voile vers nous.

    -Q... Quoi? Qu'est-ce que tu dis, gamin? demanda Vilde.

    -Vous n'êtes pas au courant? Des fantômes parcourent les mers en ce moment-même et ont mis à mort beaucoup de pirates. Je l'ai appris juste avant de venir vous porter secours...

    "Alors... Est-ce que ça voudrait dire... Qu'Armando...? Mais comment...?" Les questions se bousculaient dans la tête de la norvégienne, tandis que Carina, elle, répondait qu'elle ne croyait pas à ces histoires et se moqua un peu de lui, et ce malgré ce que Vilde lui avait raconté plus tôt lorsqu'elles étaient emprisonnées. Néanmoins ils finirent par trouver une entente en parlant de leur but commun qui était de retrouver le Trident de Poséidon. Carina consentit alors à lui révéler ce qu'elle avait découvert concernant le trésor.

    Et c'est alors que Jack vint voir Carina en lui montrant son journal, qu'il avait pris lorsque le trio avait été attaché au mât du bateau.

    -C'est une carte sans carte, lui dit-il.

    -Rendez-moi mon journal, répondit calmement la jeune fille.

    -La carte qu'aucun homme ne peut lire?

    -Si vous le pouviez, elle ne le serait plus.

    -Par pitié ne la contrariez pas, dit Henry.

    -Mes hommes ne savent pas lire, dit Jack en ignorant les dires du jeune homme. Toutes les cartes sont donc illisibles.

    -Et vous alors? Vous êtes capitaine, de ce que j'ai cru entendre, non? Vous n'êtes pas capable de la déchiffrer? demanda Vilde sur un ton moqueur.

    - Toi j't'aime bien, rétorqua Jack à l'attention de Vilde, c'est quoi ton petit nom déjà ma jolie ? insista-t-il en s'approchant et en lui souriant de toutes ses dents à moitié pourries.

    La blonde en revanche, fit une moue quelque peu dégoûtée : elle n'avait pas le moins du monde envie de lui rendre son sourire, ce pirate la dégoûtait.

    - Vilde... Salazar, ajouta-t-elle d'un ton aussi glacial que son regard.

    - Haha, elle est bien bonne tu as failli m'avoir, lui répondit-il.

    Voyant que la norvégienne affichait toujours le même air, le grand Jack Sparrow perdit immédiatement son sourire et son visage afficha d'abord l'interrogation, puis le choc et pour finir un soupçon de peur.

    - Sacrebleu, tu es sérieuse !

    -Très sérieuse.

    Cela capta l'attention de tout le monde sur le navire, les pirates comme les prisonniers. L'ambiance avait totalement changé dès l'instant où le nom de famille de Vilde avait été révélé.

    -Tu veux dire que... Toi et celui qu'on appelle El Matador del Mar... Vous êtes... bredouilla Gibbs, aussi apeuré que Jack.

    -C'est mon mari, poursuivit Vilde avec son ton toujours aussi glacial mêlé à une colère naissante.

    Tous les pirates regardaient d'un air inquiet la norvégienne. Carina et Henry, en revanche, ne comprenaient pas pourquoi tout d'un coup, elle les impressionnait. Jack, comme à son habitude, rendit la chose encore plus improbable à l'aide de mimiques et de grimaces dont lui seul avait le secret. Puis il alla se cacher derrière Gibbs et mima un chat qui feulait à l'attention de Vilde.

    La blonde quant à elle ne sût pas si elle devait rire ou pleurer devant tant d'immaturité. Alors elle préféra se tourner vers une des seules personnes sensées à bord de ce bateau selon elle : Carina.

    - Carina, j'ai vraiment besoin de savoir si tu peux déchiffrer cette carte rapidement, la questionna-t-elle, inquiète malgré tout.

    -Je ne peux pas. Elle n'existe pas encore, répondit simplement Carina.

    -"Elle n'existe pas encore"? Comment ça? demanda la blonde.

    -C'est une sorcière! s'exclama Marty, le pirate nain.

    -Astronome, rectifièrent ensemble Vilde et Carina.

    -Je vais abréger: donne-moi la carte, ou je tue... commença Jack.

    Le pirate hésita un court instant avant de désigner sa victime :

    -Cet homme, dit-il en désignant Henry.

    -Allez-y, dit Carina sans la moindre peur tandis que Henry, lui, commençait à s'inquiéter. Vous bluffez.

    -Elle a raison. Votre ton n'est pas le moins du monde menaçant, ajouta Vilde.

    - Très bien, jetez-le à la mer, décréta Jack sans plus de cérémonies, alors que ses hommes détachaient le trio de de prisonniers pour ensuite prendre en otage le jeune Turner.

    Jack expliqua alors quels supplices attendaient le pauvre Henry. Vilde leva les yeux au ciel, voyant clair dans son jeu, tandis que Carina lui tint tête mais blêmit malgré tout.

    - Heu... Je n'ai pas l'impression qu'il bluffe ! s'écria Henry qui fut immédiatement bâillonné et jeté par-dessus bord par un des matelots de Jack.

    - Non, je ne bluffe jamais, rétorqua Jack, visiblement fier de lui.

    L'équipage du Dying Gull continuait de décrire la mort atroce qu'allait connaître Henry, notamment des coupures de berniques et des morsures de requins. Puis finalement, Carina finit par craquer malgré son air insensible. Elle pointa soudain son bras vers le ciel.

    - La carte est là ! s'écria la brune.

    - Quoi, au bout de ton doigt ?! l'interrogea le petit Marty.

    - Pas mon doigt, dans le ciel ! Mon journal devrait m'amener à une carte cachée dans les étoiles. Remontez-le et je la trouverai ce soir.

    La norvégienne, qui avait l'air blasée depuis le début de ce petit numéro, redevint soudain extrêmement intéressée par la tournure de la conversation.

    - Bien, maintenant rendez-lui son tourtereau afin qu'elle puisse se concentrer à nouveau sur le déchiffrage de cette fameuse carte, Sparrow, exigea la blonde d'un air autoritaire.

    - Je commence à voir pourquoi vous avez plu à ce bon vieil Armando. Vous êtes aussi... Agréable que lui, lui répondit Jack d'un air ironique.

    Vilde ne répondit pas, et fit signe à Carina de venir voir là où Henry avait été jeté. Il avait en réalité été simplement jeté sur une barque. Les pirates ricanèrent en voyant Carina s'y précipiter puis constater qu'effectivement, Jack avait bluffé.

    -Tu rougis! lança-t-il à l'attention de Carina.

    -Immonde pirate, marmonna-t-elle en levant les yeux au ciel.

     

    Le soir venu, Carina était en train d'admirer le ciel obscur, tout en écrivant et traçant des choses sur son journal. Vilde se tenait à ses côtés, observant elle aussi la nuit noire. Henry finit par faire de même en sortant sa longue-vue, après une brève discussion avec Jack. Carina vint le voir pour discuter avec lui. Vilde écoutait d'une oreille distraite.

    -On ne voit pas certaines choses qui existent pourtant, dit la brune pour lancer la conversation.

    -Cette carte? demanda Henry.

    -Je dois le découvrir. C'est mon seul lien avec moi-même... Ou mon père.

    -Nous avons passé nos vies à chercher un membre de notre famille. Nous sommes plus proches que vous ne pensiez.

    -Il est vrai que ça nous fait un point commun à tous les trois, murmura Vilde pour elle-même.

    En voyant les deux jeunes gens se rapprocher, Vilde sourit malgré elle, car cela lui rappela ses jeunes années et la façon dont elle et Armando étaient tombés amoureux. Même si aujourd'hui la vie l'avait rendue amère et froide, elle n'avait pas toujours été comme ça. Au fond d'elle, la jeune Vilde était toujours là et souhaitait plus que tout retrouver cette relation avec son mari qu'elle aimait plus que tout. Seul le trident pourrait le libérer de cette malédiction, elle ferait donc tout pour mettre la main dessus avant Jack, Henry et Carina, même si elle commençait beaucoup à apprécier cette dernière.

    Le lendemain, Carina était toujours en train de griffonner sur son carnet, avec l'aide d'une boussole. Henry était toujours à ses côtés. Les pirates s'étaient mis autour d'eux, Vilde un peu à l'écart.

    -Elle a le plan mais elle seule peut le suivre? demanda un pirate.

    -Alors on la tue? demanda un autre.

    -Laissez-la, elle nous mènera au Trident, leur dit Henry.

    -Tu dis ça depuis des heures, rétorqua Gibbs. Comment aller là où aucune terre n'existe?

    Carina répondit à cela avec des explications simples mais incompréhensibles pour les pirates mêlées à un malentendu sur l'activité de la brune.

    -Personne ne peut trouver le "X" à part toi, c'est ça ? demanda Jack.

    -Oui, répondit Carina.

    Mais la discussion ne put être prolongée. Gibbs s'écria : "Un navire!".

    Sans pouvoir expliquer pourquoi, le cœur de Vilde se mit à battre la chamade. Elle s'empara de la longue-vue de Henry et regarda dedans.

    -Armando! s'écria-t-elle.

    -Armando ! s'écria Jack en imitant la voix féminine pour se moquer. Armando ?! répéta-t-il avec sa vraie voix, semblant comprendre que c'était de cet Armando qu'il s'agissait. Il devint soudain un peu pâle...

    - Les morts sont donc à nos trousses... dit Henry, la mine sombre.

    - À ses trousses, rectifia la blonde en pointant le menton vers Jack.

    - Démone ! lui lança Jack, outré.

    -On n’aurait jamais dû suivre un pirate malchanceux et embarquer ces deux sorcières, je le savais, s'écria un des membres d'équipage de Jack, furieux.

    À partir de là, ce fut la cohue, chacun sortit son arme et tout l'équipage se rebella contre Jack, Carina, Henry et Vilde. En infériorité numérique, ils n'eurent d'autre choix que d'abdiquer.

    Jack essaya tout de même de négocier quelque chose:

    -Tuez-moi et je serai mort. Et les autres, là-bas, ils ne pourront pas se venger de moi. Je serai mort.

    -Il a raison, approuva Henry.

    -Absolument! dit Jack.

    -Tous les pirates sont aussi bêtes? demanda Carina.

    L'équipage de Jack répondit par l'affirmative à la remarque de la brune.

    -Pas forcément tous, j'en ai connu qui étaient plus intelligents, murmura Vilde à son amie.

    -Alors, que fait-on? demanda Gibbs.

    Et c'est ainsi que suite aux brillantes suggestions de Jack, nos quatre héros se retrouvèrent envoyés vers la plage à proximité à bord d'une petite barque.

    Vilde n'en revenait pas du ridicule de la situation, Jack avait osé suggérer lui-même une mutinerie. Elle était si proche de son mari et le destin les avaient encore éloignés, ou plutôt un capitaine surnommé « le moineau »...

    -Une mutinerie? Sérieusement? cria Vilde en colère.

    -Les morts approchent, dit Henry en essayant de calmer la blonde.

    -Et alors? Armando veut uniquement Jack, ça ne nous aurait pas empêchés de continuer à chercher le trident par la suite! Vous auriez dû me laisser faire! répondit-elle.

    - Nous allons trouver une solution, Vilde, tenta de la rassurer Carina.

    - Vous devriez regarder derrière... les interrompit Henry, inquiet, qui regardait un point derrière eux.

    Le point en question n'était autre que le Silent Mary ou plutôt ce qu'il en restait. L'épave flottante s'approchait dangereusement d'eux. À son bord, le Capitaine Salazar était furieux. En effet, il venait de regarder dans sa longue vue et avait aperçu non seulement son ennemi de toujours, Sparrow, mais à ses côtés, sa femme, qu'il considérait maintenant comme une traîtresse.

    Vilde ne pouvait évidemment pas le deviner. Carina se leva alors et était sur le point de se déshabiller pour aller dans l'eau.

    -Que faites-vous? demanda Henry, surpris.

    -Ces hommes recherchent Jack. Il est à notre bord. J'y vais à la nage, répondit Carina.

    -Comment oses-tu faire ce que je ferais à ta place? dit Jack en observant d'un air intéressé la brune.

    -Arrêtez, dit Henry.

    -Non, non, continue, dit Jack.

    -Arrêtez!

    -Mais non. Je t'en prie, continue.

    -Vous allez la fermer, oui ? répliqua Vilde, agacée.

    Carina ignorait les remarques du pirate et après s'être débarrassée de sa robe, elle sauta à l'eau sous le regard bouche bée de Jack.

    -Pourquoi? Elle avait presque fini ! sermonna Jack à l'intention de Henry.

    -J'ai vu ses chevilles! dit Henry avec un grand sourire.

    -Tu en aurais vu plus si tu t'étais tu! continua à réprimander le pirate.

    -Vous êtes vraiment agaçants tous les deux, surtout toi, le moineau! dit Vilde en colère. Moi je la suis!

    Et Vilde sauta à l'eau à son tour.

    Une dispute éclata alors entre ledit moineau et le jeune Turner, si bien qu'aucun des deux hommes ne remarqua les dangereuses créatures qui tournoyaient dans l'eau autour d'eux. Henry manqua de se faire dévorer par l'une d'elles : un terrifiant requin blanc complètement décharné, à l'allure de mort-vivant qui bondit vers lui, toutes dents dehors. Il loupa le jeune homme mais emporta un bon bout de l'embarcation...

    Henry et Jack tentèrent tant bien que mal de se défendre contre les trois requins-zombies qui les attaquaient sans relâche, les repoussant à l'aide de leurs pagaies. Henry était aux prises avec un requin-marteau tout aussi agressif que ses congénères quand il perdit l'équilibre et tomba à l'eau. Le moineau le remonta in extremis. Alors qu'ils essayaient de vider la barque remplie d'eau, ils découvrirent avec effroi l'équipage de Salazar courir sur l'eau dans leur direction. Jack était en panique totale, mais heureusement le jeune Henry eut l'idée de faire diversion avec les vêtements abandonnés de Carina pour occuper les requins, ce qui leur laissa une ouverture pour sauter de la barque et nager aussi vite que possible vers le rivage. Du moins pour Henry, qui parvint à s'échapper, mais Jack (et sa malchance légendaire), se coinça la botte dans la coque du bateau, l'empêchant de suivre son ami...

    L'équipage fantôme se rapprochait à grande vitesse, mais Jack parvint à s'en sortir avec l'aide d'un grappin, qu'il parvint à faire attraper à l'un des requins zombie, et alors que le capitaine Salazar était suffisamment près pour le tuer, la barque fut tirée par l'animal, Jack étant parvenu à nouer la corde autour de l'extrémité de l'embarcation. La bête s'était remise à poursuivre Henry, mais le moineau parvint à faire dévier le poisson pour attraper Henry au passage et le faire remonter à bord de la barque à moitié détruite, qui, après un virage très serré, envoya les deux hommes sur le sable. Carina et Vilde étaient déjà parvenues à la plage, et l'équipage de Salazar n'avait pas cessé sa course. Lorsque la brune vit les fantômes, elle fut terrorisée. Néanmoins, ceux-ci ne posèrent pas le pied sur le sable. Ils restaient dans l'eau, mais un des hommes de Salazar commit l'erreur de marcher sur la terre, et il disparut en se transformant en poussière noire.

    Le capitaine espagnol semblait plutôt heureux de se retrouver face à Jack. Ce dernier était terrifié, reconnaissant son ennemi d'autrefois.

    -Des... Des fantômes...! dit Carina avec le souffle à moitié coupé.

    -Ils ne peuvent pas venir sur terre! Je le savais! ajouta Jack, plutôt ravi de cette nouvelle.

    -C'est plutôt problématique, ça... dit Vilde qui se tenait à proximité et qui se relevait après l'effort qu'elle avait fait pour nager jusqu'à la grève.

    Carina se releva d'un coup en criant à nouveau "Des fantômes!" et, paniquée, elle s'enfuit vers la jungle qui se trouvait derrière le petit groupe. Henry décida de se lancer à sa poursuite.

    -Tu vas payer pour ce que tu m'as fait, dit Salazar à l'encontre de Jack.

    -Pas la peine! bredouilla Jack, tout de même un peu terrifié. Je dois filer, ma carte va s'envoler.

    -Tu n'iras nulle part, dit froidement Vilde en sortant un poignard qu'elle avait dérobé sur le Dying Gull et qu'elle plaça sous la gorge de Jack.

    Le capitaine Salazar leva un sourcil. Il avait l'air furieux.

    - Alors, mi esposa, encore une de tes ruses je suppose ? Ou es-tu simplement une veleta qui change de côté avec le vent ?

    Vilde sentit la moutarde lui monter au nez et se déplaça face à son mari, si bien qu'ils se touchaient presque.

    - Quel est ton problème, Armando ?! s’énerva-t-elle.

    -Ce n'est pas la première fois que je te vois avec des pirates... dit sèchement le capitaine Salazar.

    Cette phrase avait piqué au vif la norvégienne.

    -Comment peux-tu être aveuglé par ton obsession pour Sparrow au point de ne plus faire confiance à ta propre épouse?! Comment peux-tu être incapable de te rendre compte de tout ce que j'ai fait et enduré pour toi? explosa-t-elle. Je suis prête à n'importe quoi pour retrouver l'Armando que j'ai connu et aimé! Mais plus le temps passe et plus j'ai l'impression que tout ce que j'ai fait est inutile! Tu es rongé par la haine... Si je parvenais à te sauver, qu'est-ce qui me dit que tout redeviendra comme avant?!

    Elle était sur le point de verser une larme mais elle se mordit la lèvre pour se retenir. Tandis qu'elle avait lancé son avalanche de reproches à Armando, Jack en avait profité pour s'enfuir.

    - L'Armando que tu as connu est mort. Et il ne reviendra jamais.

    Il paraissait presque triste de cette révélation. Comme s’il s'était perdu lui-même dans les méandres de sa haine et qu'il ne savait plus comment en sortir.

    La blonde s'en aperçut. Après tout, elle connaissait très bien son mari. Et remarquer ce détail l'empêcha de répondre quelque chose dépassant sa pensée, comme "Alors puisqu’il en est ainsi, ça ne vaut pas le coup que je continue ce que j'ai commencé il y a tant d'années!", ou de se dire que ce qu'elle avait accompli jusqu'à présent s'était avéré inutile. C'était comme si cette infime trace de tristesse avait empêché l'espoir de Vilde de s'éteindre définitivement.

    La norvégienne se rendit alors compte que Jack s'était enfui. Elle s'éloigna de quelques pas d'Armando.

    -... Le compas n'est plus utile à présent. C'est du Trident dont tu as besoin, lui adressa-t-elle avant de courir en direction de la jungle.

    Vilde était désormais aux trousses du pirate fuyard, laissant le capitaine Salazar et son équipage de fantômes sur la grève. Elle courait sans réellement savoir quelle direction suivre. Carina et Henry devaient déjà être loin à présent, et Jack n'avait pas dû tarder à les rattraper. Cependant, la blonde entendit de lointains cris de femme. Ce devait être Carina. Elle essaya de repérer leur provenance afin de rejoindre ses camarades. Maintenant, la blonde était plus déterminée que jamais à trouver le Trident. Il ne restait plus que cela pour espérer retrouver celui qu'elle n'a jamais cessé d'aimer. C'était son ultime chance. Si le Trident ne pouvait rien, alors tout serait perdu, et Vilde n'aurait plus rien.

    La norvégienne parvint à trouver enfin ses camarades, qui avaient été attrapés dans des filets, et quelques pirates qu'elle ne connaissait pas étaient présents, mais elle n'eut pas le temps d'être surprise car elle fut capturée à son tour.

    Les prisonniers furent ensuite conduits à une plage, sous un squelette de baleine. Mais Vilde ne put s'en émerveiller car, en-dessous, elle, Henry et Carina avaient été assis sur des bancs de bois. Tout autour, d'autres personnes l'étaient, et en face, il y avait Jack avec une corde au cou et les mains liées dans le dos, avec un prêtre, et un pirate barbu et chauve, nommé Pig Kelly, qui avait l'air de connaître Jack. Pig lui parlait d'une dette, et pour la payer, Jack devait épouser la sœur de celui-ci. Elle était encore plus laide que son frère et avait une apparence misérable, sans doute avait-elle une quelconque maladie. De plus, elle semblait dépourvue de la moindre bonne manière. Au moins, les deux enfants qu’elle avait étaient moins laids et plus propres, mais Vilde était malade à la vue de cette "mariée". Pas seulement car rien n'allait autour d'elle, ou presque, car se marier sur une plage et sous un squelette de baleine pouvait être quelque chose de bien, mais aussi, parce que cela lui faisait repenser à son propre mariage à elle, qui avait été l’opposé total de la situation dans laquelle la norvégienne et ses camarades se trouvaient.

    Henry et Carina furent amenés à côté de Jack en tant que témoins et demoiselle d'honneur pour lui, alors que le prêtre sommait le capitaine pirate de poser les mains sur la Bible. Vilde n'avait pas été sollicitée, elle était restée au rang de spectateur, mais à vrai dire, cela lui convenait, elle préférait rester loin de tout ça. Devant la réticence de Jack, Pig le menaça avec un pistolet.

    -Dis oui ou je te tire une balle.

    -Ils vont nous tuer, dites oui! répliqua Henry.

    -Je m'en fiche! répondit Jack aussi calmement que possible.

    -Dites oui! insista Carina.

    -Dernière chance Jack! renchérit Pig qui commençait à vraiment perdre patience.

    -Attendez! Hum, ça ne peut pas être légal ! essaya Henry dans le but de gagner un peu de temps.

    -Ce n'est pas légal! affirma Jack.

    -Il a raison! poursuivit Carina. Quelqu'un s'oppose-t-il à cette union?

    -Oui, dit Jack.

    -Félicitations! dit le prêtre, heureux. Vous pouvez embrasser la mariée.

    L'horrible femme cracha avant d'essayer d'approcher ses lèvres de celles de Jack. Vilde avait détourné les yeux pour éviter de tomber réellement malade à la vue de ça, mais tout à coup, un coup de feu retentit. Quelques invités de Pig s'enfuirent, les autres furent menacés par l'équipage du responsable de ce coup de feu: un pirate richement vêtu, avec une jambe de bois décorée.

    -Jack! Comme on se retrouve!

    Jack semblait heureux et soulagé à la vue de cet homme venu lui porter secours: Hector Barbossa.

    -Hector! Mon meilleur ami au monde!

    -J'ai toujours su que tu te caserais, dit-il sur un ton amusé.

    -Tu as un cadeau ? demanda Jack.

    En guise de réponse, Barbossa tira sur Pig, ce qui fit fuir tout le monde à l'exception de notre petit groupe.

    -Ça me va, dit Jack.

    Les deux hommes se taquinèrent un peu, puis Jack regarda un peu autour de lui, tandis que Henry et Carina, qui étaient libres, allèrent défaire les liens de Vilde, qui n'avait pas bougé ni prononcé un mot.

    -Et... Où est passée ta charmante compagne ?

    Avant que Barbossa ne réponde, tout en sachant ce que son ami avait derrière la tête, un de ses hommes l'interpella.

    -Capitaine, ne devrions-nous pas rejoindre Salazar et lui livrer la vie de Jack Sparrow contre la nôtre ?

    -Nous pourrions, répondit Barbossa.

    Puis il ajouta en se retournant vers Jack :

    -Je suis venu pour trouver le trident de Poséidon et mettre hors d'état de nuire ce monstre de Salazar afin de protéger ma famille, c'est tout ce qui m’intéresse, Jack.

    Vilde vit rouge et les interrompit sans le moindre remord.

    - Vous faites belle figure à vouloir exterminer des gens sous prétexte de protéger votre famille. Il ne vous est jamais venu à l'idée que même ces monstres, comme vous les qualifiez, avaient une famille eux aussi ? Espèce d'hypocrite.

    - Et qui est cette charmante dame ? demanda Barbossa à Jack, quelque peu agacé par l'intervention de la blonde.

    - Ah, Hector, Madame Salazar, Madame Salazar, Hector. Voilà, maintenant que les présentations sont faites, on va peut-être pouvoir discuter sérieusement.

    Barbossa observa d'un œil plutôt mauvais la blonde, et celle-ci lui rendit ce regard. Il y avait entre eux une certaine tension, aucun des deux ne baissa les yeux, jusqu'à ce Pintel rompe le silence en l'interpellant:

    -Vous êtes sûr de vouloir trahir les morts, capitaine ?

    -Vous... Vous avez promis... bredouilla Ragetti.

    -Et en admettant que vous décidiez d'échapper à Armando, qu'allez-vous faire ensuite ? Le Silent Mary est le vaisseau le plus rapide que je connaisse. Vous ne pourriez pas le distancer, vos deux navires ne sont pas en mesure de lui échapper, dit Vilde sur un ton moqueur.

    -Il y en a au moins un, rétorqua Barbossa en dégainant son sabre. Le plus rapide au monde... Le Black Pearl, mis en bouteille par Barbe Noire il y a cinq hivers.

    Vilde leva un sourcil en entendant cela. Mettre littéralement en bouteille un navire venait de piquer sa curiosité.

    -Par le pouvoir souverain de l'épée de cette canaille, je rends au Black Pearl sa légitime splendeur originelle, dit Barbossa en passant son sabre à travers Jack à l'emplacement du cœur.

    On crut qu'il l’avait tué, mais en réalité, un bruit de verre brisé se fit entendre. Jack sortit de sa veste la bouteille, fracassée, et se mit à courir en direction de la mer. Tout le monde le suivit, Vilde fit de même.

    -Préparez-vous ! s'exclama Jack. Ça vient, ça vient !

    Il lâcha la bouteille sur le sol, et un minuscule bateau noir apparu avant de se mettre à grandir lentement. Jack était tout agité:

    -Écartez-vous ! Écartez-vous ! continuait-il à crier.

    Le bateau grandit encore un peu avant de cesser. Il faisait la taille d'une maquette.

    -Il a rétréci, en conclut le pirate.

    Barbossa s'avança vers lui et lui prit le bateau des mains:

    -Il a besoin de l'eau, lui dit-il comme si c'était une évidence, avant de lancer l'objet dans la mer.

    Mais le bateau coula, à la grande surprise de tout le monde. Vilde avait presque envie de rire face au ridicule de la situation.

    -C'était un bon bateau... dit Jack, déçu.

    Et pourtant, un instant après, le Black Pearl émergea de la mer en reprenant sa taille véritable et sa splendeur originelle, ce qui fit rire de plaisir Jack et Hector, puis Pintel et Ragetti, et le reste de l'équipage. Vilde fut impressionnée par la magnificence de ce navire.

    -Je dois le reconnaître... Le Silent Mary fait pâle figure à côté de lui... dit Vilde pour elle-même.

    Néanmoins la joie fut de courte durée, Barbossa pointa son pistolet sur Jack et son équipage dégaina les armes.

    -Il n'y a de place que pour un seul capitaine, lui dit-il alors qu'un singe capucin sortit de nulle part monta sur son épaule, ce qui fit sursauter Jack.

    -Sale bête, dit-il.

    -Prenons les morts de vitesse, dit Barbossa en souriant, sûr de lui.

    Une fois en mer, Jack et Vilde furent attachés ensemble à un mât, et Carina et Henry à l'arrière du bateau. La jeune brune rouspéta autant que possible et supplia le capitaine Barbossa de lui faire confiance, elle pourrait le mener au trident, mais l'homme à la jambe de bois ne voulut rien savoir.

    Un bateau de la marine anglaise pointa le bout de son nez à l'horizon et les prit en chasse, ce qui fit changer d'avis Barbossa. Il ordonna qu'on détache Henry et Carina sur le champ.

    - Vous n'allez pas laisser une donzelle à la barre du Pearl Cap'tain ! s'indigna Pintel, en colère.

    - Elle doit suivre son étoile ou nous sommes tous perdus, lui rétorqua Barbossa, ne laissant place à aucune discussion.

    Tandis que le Pearl naviguait sur des eaux aussi noires que le ciel de la nuit, Carina se chargeait de la navigation tout en papotant un peu avec Henry. Et lorsque celui-ci la laissa, ce fut au tour de Barbossa d'aller la voir. Vilde était seule avec Jack mais ne désirait pas engager la moindre conversation. C'était la deuxième fois qu'elle se retrouvait attachée à un mât de bateau, et cela avait suffi à la rendre un peu grincheuse. Elle ne l'était cependant pas complètement car elle sentait que leur objectif était presque à portée de main. Perdue dans ses pensées, un peu somnolente, elle ne remarqua pas, contrairement à Jack, que Barbossa avait soudain l'air troublé. Il était allé parler à Carina, et une fois la conversation terminée, cela l'avait changé. Jack avait entendu ce qui s'était dit et il n'hésita pas à adresser la parole à son ami, ce qui tira au passage Vilde de sa demie-rêverie.

    -"Smyth" ? Smyth est un nom inhabituel. N'avons-nous pas, une fois, connu une dénommée Smyth?

    -Ferme-la! murmura Barbossa en venant vers le pirate.

    -Comment, déjà? Je l'ai sur le bout de la langue... cherchait Sparrow.

    -Tu veux que je te la coupe ? menaça Barbossa en dégainant rapidement son sabre.

    -Ça y est, c'est reparti... soupira Vilde.

    -Margaret Smyth ! On fait un marché ? Ou dois-je dire à tu sais qui ce que nous savons tous les deux ? continua-t-il en souriant.

    -Nous emporterons tous les deux ce secret dans la tombe.

    -C'était vrai ? Je bluffais.

    -Moi non !

    -Me tuer t'empêchera de marchander avec l'au-delà. Tu as donc besoin de moi.

    -Même si l'un de vous deux révélait à Carina cette vérité, elle ne vous croira jamais, dit Vilde qui avait écouté.

    -Exactement, approuva Hector en mettant ensuite un linge dans la bouche de Jack pour l'empêcher d'en dire plus.

    -Vous avez l'air d'être un homme à femmes, Monsieur Barbossa, commença Vilde. Je suis sûre que nous pourrions trouver... Un arrangement qui nous serait profitable à tous les deux.

    La blonde eut un air goguenard à l'encontre du capitaine. Barbossa parut en premier lieu troublé de ce changement de comportement, mais décida d'entrer dans son jeu.

    - Et cet arrangement plairait-il à votre mari ? la questionna-t-il en approchant de la norvégienne de son pas claudiquant.

    -Au diable Armando, il me regarde à peine... J'ai besoin de quelqu'un qui ait plus... D'intérêt pour les qualités qu'une femme pourrait avoir, voyez-vous.

    - Je ne suis pas sûr de comprendre, dit-il une fois son visage à quelques centimètres du sien.

    Soudain, la blonde sauta au cou de Barbossa, pour lui plaquer une lame sous la gorge.

    - C'est vrai que vous autres pirates, vous ne comprenez que ce langage. Maintenant que vous avez toute mon attention, nous pouvons discuter.

    -Mais où diable avait-elle caché cette lame ? s'exclama Jack, tellement choqué qu'il en recracha son bâillon.

    -J'ai plus d'un tour dans mon sac, Sparrow, lui répondit Vilde sans détacher les yeux de Barbossa.

    Vilde avait en effet pu se libérer grâce à cette lame cachée.

    -Revenons à nos affaires... Ma requête est la suivante: une fois le Trident détruit et la malédiction d'Armando levée, vous nous laissez partir de notre côté. En échange je vous promets que nous ne ferons pas d'histoires, et j'empêcherai Armando de s'en prendre à votre ami Sparrow. Chacun rentre chez soi après, ça vous va?

    La demande de Vilde avait énormément surpris les deux hommes.

    -Mais qu'est-ce qui nous dit que Madame Salazar ne va pas nous trahir ? Rien ne l’empêcherait de me livrer à son charmant époux... dit Jack.

    -Il a raison. Qu'est-ce qui nous prouve que nous pouvons vous faire confiance, surtout au vu de quoi vous êtes capable? ajouta Barbossa.

    Vilde sembla hésiter pendant une microseconde à répondre, avant de se prononcer :

    -Armando doit tourner la page... La poursuite des pirates et de Sparrow... L'ont détruit. Je veux que les choses redeviennent comme avant. Le Trident est mon dernier espoir... Et une autre chose...

    La blonde regarda vers Carina avant de reprendre:

    -Je lui ai promis de l'aider dans sa quête d'identité. Et je pense... Qu'elle n'est plus très loin de cet objectif.

    Un je-ne-sais-quoi dans le regard acier de la blonde donna envie à Hector de lui faire confiance. Peut-être qu'étant lui-même amoureux de sa femme, il avait été capable de ressentir l'amour que Vilde portait malgré tout à son mari depuis toutes ces années ? Ou peut-être simplement qu'il se ramollissait avec l'âge ? Il décida néanmoins de lui faire confiance.

    - Il semblerait que nous ayons trouvé un accord, Madame Salazar, lui dit le capitaine Barbossa en lui tendant la main. Oh, et juste pour préciser, j'aime ma femme plus que tout au monde et notre accord se fera en tout bien tout honneur, ajouta-t-il avec un clin d'œil.

    - Bien répondu, Monsieur Barbossa, vous avez gagné tout mon respect avec cette réponse. Ce n'était autre qu'une fourberie de ma part dans le but de vous tester, j'en ai bien peur.

    Vilde eût un de ses quelques sourires sincères à l'encontre de son nouvel allié. Jack, quant à lui, avait les yeux si écarquillés qu'on aurait dit un hibou. Pour une des rares fois de sa vie, il se retrouva sans voix, ne s'attendant pas le moins du monde à ce retournement de situation.

    -Quelque chose m'interpelle, Monsieur Barbossa... Pourquoi votre femme n'est pas parmi nous? De plus, je croyais que la mère de Carina était morte ? demanda Vilde, cet homme ayant éveillé son intérêt et sa curiosité.

    -Margaret est morte, en effet, répondit Barbossa d'un air un peu triste, et elle et moi n'étions pas mariés. La femme à laquelle je suis actuellement uni se prénomme Marina. Elle est en ce moment même en sûreté avec nos enfants.

    -Je vois... Je dois avouer que j'apprécierais faire sa connaissance, mais je doute que ce soit possible une fois que nous aurons atteint notre but.

    Mais ils n'eurent pas le temps de discuter davantage: les Anglais étaient prêts à l'abordage, l'équipage se devait donc de les affronter. Mais hélas, tous s'aperçurent par la suite, avec horreur, que le Silent Mary les avait rattrapés. Il écrasa facilement les marins anglais et se mit à la hauteur du Black Pearl.

    -Quoi qu'il arrive, maintenez le cap! adressa Barbossa à Carina.

    Les deux navires s'entrechoquèrent violemment. Vilde réfléchit rapidement avant de prendre la décision suivante: protéger son amie Carina, pour des raisons évidentes. Elle se rendit auprès d'elle et se tint prête à se battre.

    -Jack Sparrow? Jack Sparrow? appela la voix du capitaine Salazar. Tu paieras pour chaque vie.

    Le fantôme s'approcha de Pintel et Ragetti, qui étaient terrifiés.

    -Où est-il ?

    Le duo indiqua le mât où Jack était censé se trouver.

    -Défendez-vous! Jusqu'à la mort! ordonna Barbossa.

    Alors qu'Armando était arrivé au mât, il n'y avait plus rien: Henry était allé libérer le pirate, qui utilisa une corde pour se rendre sur le Silent Mary, ce qui échoua. Salazar se rendit à sa poursuite, tandis que l'équipage se défendait du mieux qu'il pouvait contre les fantômes.

    -Ce devrait être là ! dit Carina.

    -Tu es sûre Carina ? demanda Vilde.

    -Oui, c'est ici, j'en suis certaine !

    -Trouvez cette terre ! Ou nous mourrons tous ! lança Barbossa qui commençait à désespérer et à fatiguer.

    -On y est presque ! C'est là, quelque part ! répondit la brune.

    Les deux navires continuaient à voguer tandis que Jack essayait tant bien que mal d'échapper à son poursuivant et que la bataille faisait rage.

    -Les étoiles vont bientôt disparaître... dit Carina.

    Et c'est là que, moins d'une minute après, Vilde reconnut la voix de Lesaro qui ordonna aux fantômes de retourner sur le Silent Mary. Mais Salazar intervint juste avant, à côté de Carina et Vilde.

    -Armando ! s'exclama la blonde, surprise.

    Vilde brandit son épée contre son mari pour protéger son amie Carina.

    -Encore une de tes ruses, mi esposa ? questionna Armando.

    - Laisse-la tranquille !

    Armando s'acharna sur Vilde avec un cri de rage, leurs deux lames s'entrechoquèrent violemment sous les yeux effarés de Carina. Puis les deux bateaux percutèrent violemment une île sortie de nulle part, ce qui déséquilibra Armando et Vilde. La blonde manqua de tomber à la renverse mais son amie brune lui agrippa fermement le bras pour la maintenir debout. Pendant ce court instant d'inattention, Armando en profita pour attraper Henry et s'échapper sur le Silent Mary avec son otage. Ses yeux d'onyx croisèrent ceux d'acier de sa femme un court instant, et Vilde y vit une infime part de doute, de fragilité, comme s'il éprouvait un vague regret, mais qu'il était trop entêté pour faire marche arrière.

    -Henry ! hurla Carina désespérée en tendant un bras vers le jeune homme.

    - Seul le Trident peut le sauver maintenant... confirma sombrement Barbossa.

    C'était le calme après la tempête, tandis que l'aube pointait déjà à l'horizon. Carina fit de son mieux pour se concentrer sur sa tâche, motivée par le désir de sauver son aimé et accomplir son rêve par la même occasion.

    Les rayons du soleil firent briller de mille feux l'île entière, qui de nuit ressemblait à un banal caillou volcanique, mais une fois éclairée ressemblait à un magnifique ciel étoilé. Ce détail n'échappa bien sûr pas à l'œil affûté de l'astrolnome qui comprit que l'île représentait la carte qu'aucun homme ne peut lire... Le reflet du ciel.

    Vilde, malgré son admiration pour le talent de son amie et toute la beauté de cette île mystérieuse, n'avait qu'une chose en tête : Armando. L'heure approchait où elle pourrait tenter le tout pour le tout et le faire revenir à lui.

    Carina, Jack, Barbossa et Vilde mirent pied à terre et suivirent la brune jusqu'à un point précis, où elle devait placer le rubis qui se trouvait auparavant sur la couverture de son journal.

    -Pourquoi elle ne brille pas ? s'interrogea Carina.

    -Complétez-le, lui répondit Barbossa en tendant la pierre rouge à la brune, pierre qu'il lui avait dérobée un peu plus tôt.

    Carina prit la pierre et la contempla un instant.

    -L'étoile manquante... Pour mon père.

    -Oui... Faites-le pour lui, dit Barbossa en regardant tristement celle qui était sa fille.

    Ce regard maussade n'échappa pas à Vilde, qui observait elle aussi la scène. Elle ne fit aucun commentaire, mais son cœur commençait à battre la chamade, et ce rythme s'accéléra lorsque Carina posa le rubis à sa place, ce qui fit apparaître un rayon rouge qui alla rejoindre les autres pierres de la même couleur. Peu après, la terre se mit à trembler, et un bruit d'eau se fit entendre. Le petit groupe se retourna vers la mer, qui se fendit en deux, jusqu'à atteindre l'île de roche, et créa une crevasse. Carina tomba dedans en poussant un cri, et Jack et Vilde chutèrent avec elle en criant eux aussi. Barbossa fut le seul à échapper à cette chute.

    Le trio dévala la pente glissante jusqu'à arriver tout au fond de la mer, entouré de sable, de rochers, de coraux et de deux murs d'eau gigantesques. Il faisait sombre, mais fort heureusement le ciel était visible et clair, ce qui fournissait une source de lumière suffisante pour y voir quelque chose. Devant eux se dressaient des épaves de bateaux ayant coulé.

    -La tombe de Poséidon, dit Jack sur un ton solennel.

    -Par ici, dit Carina qui se mit à marcher rapidement en prenant la tête du groupe.

    Vilde emboîta le pas de ses amis. Son cœur battait de plus en plus vite. Le Trident était à portée de main. Son objectif allait enfin pouvoir être réalisé après des années d’attente et de patience.

    Alors que Carina se dirigeait vers le Trident sans se retourner, Jack se fit attaquer par Henry. Mais cet Henry avait l'air étrange et Vilde le remarqua tout de suite. Il était plus hargneux, plus vif... Plus...

    - Armando ? l'interpella Vilde.

    Henry se retourna et elle reconnut le regard ténébreux de son mari sur le visage du jeune homme.

    La blonde s'engagea donc dans un combat avec Jack contre Henry/Armando tandis que les pirates du Silent Mary les encerclaient. Mais ceux-ci restaient bien à l'abri dans l'océan pour ne pas risquer de partir en fumée.

    Soudain, le Henry possédé parvint à désarmer Jack. Alors qu'il allait se ruer sur ton adversaire, Vilde lui fit un croche-pied et celui-ci tomba à la renverse. Elle l'immobilisa en se mettant à califourchon sur lui. Il était bien plus facile de le maîtriser alors qu'il était coincé dans un corps plus faible.

    -Armando, regarde-moi. S'il reste encore une part de toi dans ce monstre de haine, je t'en conjure, abandonne cette vengeance. Allons vivre ensemble quelque part, n'importe où. Nous finirions nos vieux jours ensemble, paisiblement. Tu ne crois pas que tu as droit toi aussi à un peu de bonheur ?

    Vilde profita du désarroi de son mari pour poser ses lèvres sur les (presque) siennes et l'embrasser chastement comme elle avait l'habitude de le faire autrefois. Comme pour raviver leur amour perdu.

    L'homme fut à la fois grandement surpris et comme paralysé par l'action de son épouse. Il sentit ensuite des larmes perler du visage de la blonde sur le sien, tandis qu'elle s'éloignait de lui et le regardait tristement dans les yeux, mais sans le libérer pour autant. Pendant un court instant, le temps avait l'air d'avoir été suspendu.

    Une sorte de vent commença à se lever : Carina avait essayé de bouger le Trident et Jack avait profité de la diversion de la norvégienne pour aller l'aider, mais le Trident leur avait échappé des mains et en tombant, il avait provoqué ce courant d'air. Cependant Vilde ne se retourna pas pour en connaître la source, elle continuait à fixer son mari d'un regard suppliant. C'est alors qu'une idée lui vint en tête. Elle se mit d'abord à fredonner tristement, puis...

    -Upon one summer's morning... I carefully did stray... Down by the Walls of Wapping... Where I met a sailor gay... Conversing with a young lass... Who seem'd to be in pain...

    Vilde s'était mise à entamer doucement la chanson qu'elle chantait et jouait lorsque son mari était loin d'elle autrefois.

    Peut-être était-ce le baiser, ou même la chanson, mais soudain les yeux d'Armando se mirent à briller dangereusement, il était  bouleversé malgré lui. Peut-être parce qu'il était dans un corps parfaitement humain, qu'il ressentait de nouveau des émotions depuis longtemps disparues, si bien que les larmes se mirent à couler d'elles-mêmes sur ses joues.

    - Vilde...

    Il prononça le prénom de sa femme et la regarda comme si c'était la première fois qu'il la voyait. Il eût l'espoir fou de réaliser ce rêve, de partir loin, juste Vilde et lui et de vivre enfin leur vie... Puis il se souvient de son père, des pirates comme Sparrow qui l'avaient sauvagement assassiné, de ses années d'exil dans le Triangle du Diable et son regard s'assombrit de nouveau. Il repoussa Vilde et se releva.

    -Non ! Armando ! s'écria-t-elle.

    Salazar, toujours dans le corps de Henry, se rua vers le Trident, alors que Jack et Carina essayaient de trouver comment en libérer le pouvoir.

    -Carina !! Sparrow !! hurla la blonde à l'encontre de ses amis pour les prévenir de l'arrivée de leur adversaire.

    Les deux le virent arriver et essayèrent de l'empêcher de s'emparer du Trident, mais l'objet était assez lourd même pour deux personnes. Dès que Salazar toucha le Trident, il dégagea Jack d'un coup de pied dans le buste et parvint à renverser Carina. Une violente onde s'échappa ensuite de l’objet, et le fantôme fut libéré du corps de Henry, qui tomba au sol, inconscient. Carina se précipita dessus et tentait de le faire revenir à lui comme elle le pouvait, tandis que le capitaine espagnol se mit à expérimenter les pouvoirs du Trident sur Jack en contrôlant l'eau avec.

    Soudain, Salazar embrocha Jack avec le Trident, les yeux plein de haine. Vilde assista, impuissante, à l'exécution de la vengeance de son mari. Cela signait non seulement la mort de Jack, mais aussi la fin de la dernière parcelle d'humanité d'Armando.

    Henry et Carina quant à eux, semblaient avoir trouvé une solution car ils s'étaient relevés en fixant le Trident.

    - Il faut le détruire, Vilde ! lui cria Carina.

    Le regard de Vilde se dirigea vers l'épée de son époux, qui était au sol, Armando l’ayant abandonnée pour le Trident. La norvégienne hésita un court instant puis se précipita dessus et fonça vers son mari et Jack. Sparrow n'était apparemment pas mort, ayant au préalable récupéré le journal de Carina et s'était protégée en le cachant dans sa veste, et en voyant Vilde arriver à toute allure, il esquissa un sourire. Salazar ne comprit pas, et alors que la blonde se mit à pousser un énorme cri en brandissant son arme, cela surprit grandement le fantôme. Le Trident fut alors brisé en mille morceaux par la lame, ce qui eut pour conséquence de créer de nouveau une onde, mais celle-ci était différente de celle qui s'était manifestée plus tôt.

    Salazar chancela et tituba jusqu'à un rocher qui se trouvait droit devant lui pour ne pas tomber. Sa respiration semblait se saccader. Pendant ce temps, ses hommes commençaient à étouffer sous l'eau. Vilde avait toujours l'épée dans sa main, et le trio se reculait en étant surpris par la situation. Petit à petit, les maudits étaient en train de retrouver leur humanité et leur apparence d'autrefois.

    -Tous les sorts sont rompus! s'exclama Henry, content.

    Lesaro et ses compagnons sortirent en vitesse de l'eau et recrachèrent ce qu'ils avaient avalé, étant de nouveau capables de respirer de l'air, et Armando, lui, était aussi en train de redevenir humain: ses cheveux ne flottaient plus, le trou dans sa tête avait disparu, et les marques de son visage s'évaporaient petit à petit. Il passait ses mains sur son visage pour constater le résultat, puis les observa, et un sourire se dessina sur son visage. Il leva les bras au ciel tandis que ses hommes riaient de joie en constatant qu'ils étaient redevenus comme avant.

    - Nous sommes de nouveau de chair et de sang ! s’écria-t-il, envahit par la joie. Gracias, mi esposa, dit-il à l'encontre de sa femme non sans une pointe d’ironie dans sa voix.

    Mais chassez le naturel et il revient au galop, le fait d’être redevenu humain n'enleva pas à Salazar l'envie de se venger de Sparrow car il lui lança un regard noir tandis que les murs d'eau se rapprochaient dangereusement du petit groupe.

    Mais fort heureusement, à ce moment-là, une ancre sur laquelle se tenait Barbossa vint à leur secours. C'était l'ancre du Black Pearl.

    -Venez ! Vite ! leur cria le pirate.

    Carina, Henry et Jack coururent aussitôt vers lui. Salazar se retourna et vit que sa proie allait lui échapper. Il commença à se lancer à leur poursuite, mais Vilde lui barra la route avec l'épée d'Armando, qu'elle avait toujours.

    -Tu n'iras pas plus loin si ton objectif n'a toujours pas changé malgré ta libération, mi marido, dit froidement la blonde.

    La norvégienne semblait ne pas craindre de finir noyée sous peu, la mer se fermant de plus en plus. Elle ne semblait pas non plus avoir peur d'être seule face à son mari et ses hommes, qui pourraient la passer sans la moindre difficulté au vu du surnombre évident.

    -Vilde ! Qu'est-ce que tu fais ?! Dépêche-toi ! lui cria Carina au loin.

    Si son amie ne l'avait pas appelée, Vilde n'aurait certainement pas bougé d'un pouce.

    -Il est encore temps, viens avec moi, le pria Vilde en lui tendant la main malgré sa fierté.

    Armando attrapa sa main sans un mot mais elle semblait lointaine, froide, malgré sa couleur chair. Il ne prit même pas la peine de la regarder dans les yeux.

    Tous se mirent à grimper en vitesse à l'ancre du Black Pearl spécialement déployée par son capitaine qui se trouvait dessus et leur faisait signe de grimper. En tête Jack, puis Henry, Hector, Carina et enfin Armando et Vilde. Derrière eux se trouvaient les pirates du Silent Mary. Cela semblait presque trop beau à Vilde pour être vrai...

    En effet, quand elle entendit le cri de Carina, elle comprit son erreur. Elle comprit qu'à cause de sa naïveté, son amie allait se retrouver en danger. Armando, fou de rage, avait agrippé la cheville de la jolie brune qui lui barrait le chemin jusqu’à Sparrow.

    -Laisse-la tranquille Armando ! Tu ne crois pas que tu en as assez fait ?! hurla Vilde sous l'effet de la colère et du stress.

    La blonde tenta de grimper le plus vite possible pour rattraper son mari et l'empêcher de commettre l'irréparable, mais elle vit quelqu'un tomber d'au-dessus d'eux qui fût plus rapide qu'elle. C'était Hector Barbossa, qui s'attaqua à Armando pour le faire lâcher prise. Il lui lacéra le bras avec son épée et parvint à lui faire lâcher Carina et l'ancre par la même occasion. Hector s'était sacrifié pour Carina, sa fille. Et Armando allait aussi mourir à cause de sa folie vengeresse.

    -Noooon ! s'écria Vilde, comprenant que c'était la fin.

    Elle lâcha elle aussi l'ancre de désespoir, si son mari mourrait alors elle aussi, c'était son choix. Elle ne trouvait aucune utilité de continuer à vivre seule, sans but.

    Au moment où tout était perdu, Vilde parvint à attraper la main de son mari, ses yeux gris se plongèrent dans les siens et au dernier instant elle entendit un murmure à peine audible.

    - Perdoname, Vilde. Te amo.

    Vilde sourit simplement, enfin heureuse en ce dernier instant de vie, elle avait fini par retrouver son Armando, le vrai Armando. Elle ferma les yeux et serra sa main aussi fort que possible. Cette fois, la main de son mari était chaude, accueillante, bienveillante.

    Ce déroulement aurait pu être la fin de notre histoire, mais c'était sans compter sur un certain bateau couvert de coquillages et abîmé par le temps, dirigé par un certain capitaine qui vivait ses derniers instants dans son enveloppe maudite.

    En effet, nos protagonistes, c'est-à-dire Hector, Armando, Vilde et une partie de l'équipage du Silent Mary se retrouvèrent sur le pont du Hollandais Volant qui remontait vers la surface de la mer, trempés et déboussolés.

    Davy Jones tendit sa main tentaculaire à son (presque) ennemi et savoura cet instant de supériorité avec un petit sourire en coin.

    -As-tu peur de la mort, Hector Barbossa ?

    Barbossa ne se laissa pas impressionner et esquissa un de ses sourires dont lui seul avait le secret, avant de répondre:

    -La mort est un jour qui vaut la peine d'être vécu.

    -Je crois que tu ne lui fais pas peur, papa! dit la petite voix de Saphira.

    Davy fit un de ses bruits de bouche comme lorsqu'il était contrarié, n'appréciant pas le fait que malgré sa supériorité à ce moment-là, Barbossa ne se soit pas laissé impressionner. C'est alors que trois personnes se ruèrent sur Barbossa, tandis que le Hollandais Volant continuer sa route vers la surface et que l'équipage retrouvait son humanité à son tour.

    -HECTOR !!

    -PAPA !!

    Marina s'était jetée sur son époux, Andromeda et Sirius en firent de même. La rousse embrassa fougueusement son mari, heureuse et rassurée de le retrouver après le temps passé à s’inquiéter pour lui. Barbossa serra sa famille dans ses bras, tandis que les marins du Silent Mary demeuraient silencieux. Vilde, elle, observait en souriant les Barbossa qui étaient enfin réunis.

    "Alors c'est elle, Madame Barbossa... Et je vois que Carina a un petit frère et une petite sœur..." se dit la blonde qui d'ailleurs n'avait pas lâché la main de son mari.

    Tout l'équipage du Hollandais Volant était en train de se métamorphoser. La tête de Maccus avait repris une taille normale, le médecin de bord avait perdu ses nombreux coquillages, tout comme Bill le Bottier. Leur capitaine, qui était bien trop fier pour paraître faible, s'était un peu éloigné et s'accrocha à la barre pour ne pas tomber à la renverse sous l'effet de la transformation. Béryl et Saphira l'avaient rejoint en catastrophe. Une telle transformation physique ne devait pas être agréable.

    Les tentacules autour du visage de Davy Jones devinrent de simples cheveux gris et une longue barbe grise tressée et soyeuse, son nez, malgré le fait qu’il soit fin, était bien de nouveau présent au milieu de son visage pâle. Ses deux mains étaient redevenues normales tout comme sa jambe gauche. Sa jambe droite était redevenue une simple jambe de bois et non pas une jambe de crabe. Davy avait l'impression de respirer à nouveau pour la première fois depuis très longtemps. Il plongea les yeux dans ceux de sa femme qui pleurait de joie de découvrir le vrai visage de son mari et lui sourit affectueusement.

    - Davy ! s'écria-t-elle en l'enlaçant tendrement.

    En le prenant dans ses bras, elle put sentir également que le cœur de son bien-aimé avait retrouvé sa place initiale, dans sa poitrine, la malédiction étant rompue. Ils furent bien vite rejoints par la petite Saphira pour un câlin collectif. Enfin, Davy n'avait plus honte de prendre sa famille dans ses bras faits de chair et d'os. Enfin, il était redevenu un simple humain. Enfin, son vœu le plus cher était exaucé : pouvoir vieillir aux côtés de celle qu'il aime.

    - Dis, je pourrais toujours t'appeler Poulpapa, hein ? questionna Saphira.

    Cette question naïve et mignonne eût pour effet de faire rire ses parents aux éclats.

    Dès que le Hollandais Volant refit complètement surface, tout son équipage était libéré de sa malédiction. Et les pirates du Black Pearl furent plus que surpris en voyant non seulement émerger de la mer le bateau, mais aussi que Barbossa, Vilde, Armando et les autres avaient survécu.

    -Grand-père! s'écria Henry qui reconnut Bill le Bottier sur le pont du navire.

    -Père! dit Carina, soulagée de le voir en vie, car au moment où Barbossa les avait sauvés, ils s’étaient reconnus comme père et fille, ayant aperçu sur le bras de Barbossa un tatouage représentant le constellation portant le même nom que la jeune brune.

    Les bateaux furent rapprochés afin que les retrouvailles puissent se poursuivre.

    -Vous l'avez fait... Vous avez trouvé le Trident... dit Marina à son époux.

    Barbossa se contenta de lui sourire en guise de réponse, puis il vit que Carina l'observait, visiblement étonnée de voir cette femme dans les bras de son géniteur, mais aussi, les deux enfants qui étaient avec eux. Elle comprit immédiatement que Sirius et Andromeda étaient ses demi-frère et sœur. Marina tourna à son tour les yeux vers la jeune fille. Elle se sépara de l'étreinte de son mari pour voir de plus près la brune.

    -Tu... Tu es Carina Smyth, n'est-ce pas ? demanda la rousse.

    -Barbossa. Carina Barbossa, répondit-elle avec un sourire que Marina lui rendit.

    Mais toute cette joie fut de courte durée. Alors que l'énorme trou béant dans l'océan s'était enfin refermé, le temps changea du tout au tout. En effet, le soleil éclatant était maintenant caché par de gros nuages noirs, de fines gouttes de pluies commençaient à tomber et la température avait chuté d'au moins dix degrés.

    Tout le monde se demanda ce qu'il se passait. Tout le monde, sauf une personne qui comprit immédiatement, peut-être était-ce le lien qu'il avait jadis partagé avec cette entité, ou juste son instinct, mais Davy Jones prononça son nom :

    -Calypso...

    Il paraissait plus effrayé que jamais maintenant qu'il avait quelque chose à perdre, maintenant qu'il avait une famille et des amis à qui il tenait.

    - Tous sur le pont, dégainez vos armes, peu importe ce qui arrivera, battez-vous pour vos vies ! hurla le Capitaine Jones à l'encontre de toutes les personnes présentes sur son bateau.

    Tout son équipage fraîchement redevenu humain lui obéit immédiatement, tout comme sa femme et sa fille, la famille Barbossa également, même les époux Salazar dégainèrent leurs sabres respectifs, bien décidés à se défendre. L’équipage du Black Pearl fit de même.

    La déesse attaquait au moment où nos héros étaient les plus faibles, épuisés physiquement et mentalement de leur périple, et cette fourberie montrait qu'elle avait gardé toute sa rancune envers son ancien amant, d'ailleurs elle s'attaqua directement au Hollandais Volant.

    Une voix à la fois lugubre et sadique retentit dans les airs :

    - Tu m'as trahie, Davy, maintenant je vais te prendre ce que tu as de plus cher, ton bateau, ton équipage, et surtout... Ta famille !

    Elle avait crié cette dernière phrase de rage.

    Un calme inquiétant de quelques secondes suivit cette tirade, puis un immense serpent aquatique se dressa face au Hollandais Volant : Calypso avait choisi cette forme pour attaquer.

    En le voyant, les enfants se mirent à crier de terreur, effrayés par cette créature monstrueuse. Carina aussi. Marina se cramponnait à son sabre en tremblant. Pintel et Ragetti étaient blancs comme des linges. La mer devenait de plus en plus agitée, ce qui faisait tanguer les deux navires, donnant un désavantage supplémentaire à nos héros.

    -Armez les canons! hurla la voix de Jack Sparrow.

    -Armez les canons! hurla celle de Davy Jones.

    Leurs équipages commencèrent à courir pour se rendre à la salle des canons, mais Calypso plongea tête la première sur le navire et attrapa trois malheureux pirates du Hollandais Volant entre ses crocs. D'autres pirates tentèrent d'aller attaquer le serpent mais celui-ci se retira aussi vite qu'il était arrivé.

    -VIREZ DE BORD! ordonnèrent les deux capitaines.

    Les équipages manœuvraient comme ils le pouvaient, et pendant ce temps, Calypso plongea dans la mer, puis en ressortit aussitôt pour essayer de percer au moins un des deux navires. Heureusement, ils y échappèrent grâce à la manœuvre ordonnée par les capitaines. C'est là que le feu fut ordonné, cependant, non seulement deux boulets de canon uniquement touchèrent le serpent, mais en plus, étant donné que la déesse avait opté pour cette forme aquatique, les boulets ne firent que la traverser et un rire sinistre retentit dans les airs :

    - Hahahaha, misérables petits humains ! Vous ne pouvez RIEN contre moi !

    Le gros serpent se divisa alors en quatre plus petits, deux encerclèrent le Pearl, et les deux autres le Hollandais. Hector Barbossa plongea ses yeux dans ceux de son aimée et Davy Jones en fit tout autant. Même eux, fiers pirates endurcis par la vie passée en mer, sentaient la fin arriver en cet instant fatidique. Fatidique peut-être si nos compagnons n'avaient pas été accompagnés du grand Capitaine Jack Sparrow. En effet, alors que tout semblait perdu, Jack, lui, s'activait sur le pont du Pearl dans un but que lui seul connaissait :

    - Temps mort ! Je demande un temps mort !

    - Et en quel honneur ? demanda Calypso.

    - Hm, dernière volonté, en l'honneur du bon vieux temps ma jolie.

    - Tu as cinq minutes, Jack, pas une de plus, lui répondit Calypso dans un élan de générosité.

    - Trop aimable, la remercia-t-il.

    Il finit par attraper une corde et se balancer jusqu'au Hollandais en esquivant habilement un serpent aquatique qui manqua de le croquer.

    Le moineau atterri dans une chute magistrale sur le pont du Hollandais Volant et se releva quelque peu sonné. Il cligna des yeux et fixa Davy Jones :

    - Davy, Davy, Davy, qu'est-ce que tu as fait de tes magnifiques tentacules ? J'ai failli ne pas te reconnaître !

    Ledit Davy fit un rictus et un de ses éternels bruits de bouche.

    - Sparrow, j'espère que tu as une bonne raison d'être sur mon bateau, grommela le capitaine Jones.

    Mais Sparrow continua son monologue sans plus lui prêter attention.

    - Oh je vois que le couple de l'année est là aussi. Alors, enfin calmé Armando ? Fais attention, tu risques de te faire mal maintenant que tu n'es plus fantômatique mon vieux.

    Jack osa même un coup de coude taquin à Salazar, ce dernier se contenta de serrer les dents et de lui lancer un regard noir.

    -Jack, je ne sais pas si vous avez remarqué mais nous sommes dans une situation assez critique actuellement, à moins que vous n'ayez un plan, qu'est-ce que vous faites là ? le pressa Béryl.

    -Un plan, mais quel, plan joli cœur ?... Hector ?! cria-t-il. Ah te voilà mon vieux loup de mer, j'ai bien cru que j'allais te perdre tout à l'heure. Madame Barbossa, dit-il à l'attention de Marina, les Barbossa Juniors, à l'encontre des jumeaux. Désolé mais je vous l'emprunte.

    Jack se dirigea donc vers son ami et lui parla à l'oreille, personne n'entendit ce que les deux hommes s'étaient dit.

    -Bien, mais dépêche-toi, je ne pense pas que faire attendre Calypso plus longtemps soit judicieux... conclut finalement Hector Barbossa.

    Jack lui fit un clin d’œil et s’adressa à la déesse.

    -Je propose un duel ! Calypso, contre un de nos champions. Jack fit mine de réfléchir quelques secondes. Tiens pourquoi pas notre ami Davy par exemple, vu que c'est lui qui t'a énervée en premier lieu ?

    Béryl lui lança un regard outré et Davy plissa simplement les yeux.

    -Et quel intérêt aurais-je à me battre en duel sous ma forme humaine alors que je pourrais tous vous terrasser en quelques instants sous cette forme, hm ?

    - L'intérêt de punir et d'humilier celui qui t'a trahie, mais où est passé ton sens de la vengeance ma vieille ?

    Béryl cette fois intervint, folle de rage.

    -À quoi vous jouez Jack ?!

    - Et de voir celle qui t'a dérobé son cœur souffrir devant sa mort, poursuivit le moineau en pointant Béryl du doigt. Mais la seule condition est que tu laisses un peu d'avance à tous les autres pour s'enfuir. Moi le premier sur le Pearl, cela va de soi.

    - Hm, je dois avouer que l'idée m'est plutôt agréable, en déduisit Calypso.

    - Alors marché conclu !

    - Marché conclu, mais ne crois-pas qu'après ça tu seras épargné, Jack. Je te réserve une punition unique en son genre qui te siéra à merveille.

    -Il faudra d'abord m'attraper pour ça ma belle. Bon, on s'y met ? Pourquoi ne pas aller sur le Silent Mary par exemple ? Au vu de sa dégaine, de toute façon, ce ne sera pas une grosse perte.

    Salazar eût un rictus désapprobateur mais resta silencieux.

    Le Hollandais Volant et le Black Pearl escortèrent donc Davy Jones vers le Silent Mary, toujours en bord de plage. Béryl n'arrivait pas à croire ce qu'il se passait, tout le monde allait donc laisser son bien-aimé se faire sacrifier juste pour calmer la colère d'une déesse ? Quelle garantie y avait-il que Calypso tienne parole après ça et qu'elle leur laisse une avance pour s'enfuir ?

    -Je vais le faire, confirma Davy Jones calmement.

    Bien que son apparence soit moins effrayante, il n'avait rien perdu de son charisme et de sa superbe. Il embrassa sa femme et sa fille et se tint prêt.

    Béryl était en pleurs. Davy la prit à part un instant.

    -Je ne pourrais pas vivre cette fin de vie à tes côtés, mais je suis fier de pouvoir dire que je vais mourir pour te laisser une chance à toi et à notre fille, alors sèche tes larmes, petite.

    Son mari eût un de ses rares sourires et la prit dans ses bras pour lui dire adieu. Davy Jones embrassa de nouveau Béryl et Saphira, puis se tint prêt.

    Jack énonça donc les règles du duel alors que Davy était en position. Calypso changea alors de nouveau de forme et redevint humaine momentanément. Tous étaient sur le qui-vive, anticipant ce combat qui allait s'annoncer acharné. Jack retourna sur le Pearl et donna le go.

    Les deux anciens amants échangèrent de violents coups d'épée, l'un avec le sabre de l'ancien amiral Norrington et l'autre avec une épée semblant faite de coraux et de coquillages de sa propre création.

    -Je ne te laisserais jamais t'en prendre à ma famille, Calypso.

    -Je vais te tuer et elles souffriront, c'est tout ce qui m'importe, Davy.

    -Ce ne sera pas si simple !

    Davy donna un violent coup dans l'épée de son adversaire, mais celle-ci, beaucoup plus puissante, le propulsa en arrière. Le capitaine du Hollandais vint percuter un des mâts du bateau et grimaça de douleur. Tous retinrent leur souffle, attendant de voir la suite des événements.

    Tous, sauf deux pirates. L'un fit un signe de tête en direction de l'autre et ce dernier brandit son sabre dans les airs. Soudain, le Silent Mary se mit à craquer bruyamment et à bouger de façon inexplicable. Des planches de bois vinrent entourer la déesse Calypso toujours sous forme humaine.

    C'était Hector Barbossa, brandissant l'épée de Triton ayant appartenu à Barbe Noire. Il fit un nouveau geste du bras et une des cordes du Hollandais Volant vint entourer le corps parfaitement humain de Davy Jones afin de le reposer sur son pont. Barbossa fit un clin d’œil taquin à Davy Jones pour lui montrer que toute cette mascarade faisait partie de leur plan à lui et Jack tandis que Calypso hurlait dans une langue inconnue.

    -Maintenant ! lui cria Jack.

    -Je fais ce que je peux !

    Hector fit un dernier geste du bras et le Silent Mary se mit à rapetisser. Jack couru ouvrir une trappe sur le Pearl et en sortit une vieille bouteille de rhum qu'il vida dans son gosier tel l’alcoolique qu'il était.

    -Ici, Hector ! dit-il en brandissant la bouteille maintenant vide.

    Le Silent Mary, maintenant de la taille d'une chaussure, se glissa comme par magie dans ladite bouteille et Jack la referma avec le bouchon.

    (FLASHBACK)

    -Hey Hector, tu penses qu'avec l'épée de notre bon vieil Edward tu pourrais contrôler d’autres bateaux que le sien ?

    -À vrai dire, je n'ai jamais essayé... Qu'as-tu en tête ?

    -Ça vaudrait le coup d’essayer, non ? Oh et content de te revoir mon vieux, sincèrement.

    -Je ne sais pas ce que tu veux faire Jack, mais je n'ai pas échappé à la mort pour la retrouver à nouveau... J'aimerais profiter de ma femme et de mes trois enfants.

    -Fais-moi simplement confiance et attend mon signal, conclut Jack.

    (FIN DU FLASHBACK)

    Les enfants s'approchèrent en vitesse pour voir de plus près la chose, suivis par Marina, Béryl, puis Vilde et Armando. Toute une foule se forma rapidement autour de Jack et de sa bouteille. Saphira demanda:

    -Et on va en faire quoi maintenant de la bouteille?

    -La mettre dans un lieu où personne ne pourra jamais la chercher, lui répondit son père.

    -Mais... Et si elle venait à se briser? Ou s'il arrivait quoi que ce soit qui permette à Calypso d'être libérée? interrogea à son tour Marina, inquiète.

    -Cette bouteille ira tout au fond de la mer, dans une boîte que nous allons sceller pour être sûrs que rien ni personne ne puisse ne serait-ce que l'abîmer, la rassura son époux.

    -Il a raison jolie rouquine, renchérit Jack à l'encontre de Madame Barbossa.

    On alla chercher un coffre dans lequel on plaça la bouteille, enveloppée dans un linge, puis on recouvrit de richesses le tout avant de refermer la boîte et de détruire la clef. Enfin, le coffre fut jeté à l'eau, aux yeux de tous. C'est alors que Davy Jones jeta quelque chose lui aussi peu après: le coffre qui auparavant contenait son cœur, et dont la clef avait été jetée par Béryl lors de la bataille du maelstrom.

    -Davy... Le coffre est vide à présent... Tu as retrouvé ton cœur quand ta malédiction a été rompue... dit la brune.

    -Exactement, répondit le capitaine du Hollandais.

    Ceux qui connaissaient Davy comprenaient pourquoi il s'en débarrassait. Cette boîte était liée à son passé avec Calypso et à sa malédiction. Il en était définitivement libre à présent, et il avait sa femme et sa fille, il n'avait plus de raison de conserver ce coffre.

    Il le regardait couler lentement dans l'eau. Béryl et Saphira vinrent se blottir contre lui en faisant de même.

    -Mesdames et messieurs! Maintenant que tout cela est terminé, je propose de boire un coup à notre victoire! s'exclama Jack qui était déjà allé chercher des bouteilles de rhum.

    -Oh oui! On va faire la fête! dirent en chœur les enfants.

    -Pas d'alcool pour vous, on en a déjà parlé, leur dit Béryl.

    -On saaaaaait! chantèrent-ils en guise de réponse.

    Cela fit sourire les adultes, et à peine un quart d'heure plus tard, tout le monde était en train de s'amuser sur le bateau. Les Barbossa étaient réunis au grand complet: Hector, Marina, Carina, Andromeda et Sirius. Les jumeaux furent à la fois étonnés et ravis de rencontrer leur grande sœur, ce fut la même chose pour Carina, qui faisait aussi connaissance avec sa belle-mère. Henry se tenait aux côtés de son grand-père et il lui racontait leurs aventures. Saphira avait entraîné son père avec elle pour qu'ils dansent ensemble, ce qui le gênait un peu de faire une telle chose à la vue de tous (après tout, il était Davy Jones), sous le regard amusé de Béryl, qui se tenait non loin des Barbossa, mais elle n'écoutait que d'une oreille distraite ce qui s'échangeait entre eux, concentrée sur la vision de son mari et sa fille qui s'amusaient ensemble. Pintel et Ragetti discutaient. Gibbs et les autres pirates faisaient la fête et buvaient. Les pirates du Hollandais Volant se contentaient de boire. Les hommes d'Armando restaient un peu dans leur coin à boire aussi. Et Vilde et Armando, bien qu'un peu à l'écart, ne se mêlaient pas à la foule. Ils se contentaient de regarder les autres, assis côte à côte, la tête de la norvégienne sur l'épaule de son partenaire.

    -Ça me rappelle notre mariage... lui dit-elle en souriant et en jetant un œil à son alliance.

    Armando répondit par un léger sourire tout en prenant la main de son épouse pour contempler l'anneau d'or qu'elle avait gardé tout ce temps. Vilde prit à son tour la main de son mari et elle vit elle aussi que l'alliance n'avait pas quitté son annulaire, malgré sa transformation en fantôme et toute la haine qu'il avait ressentie envers Jack pendant toutes ces années. Après tout, il avait l'esprit trop occupé par son obsession quand il était dans le Triangle, il avait donc oublié cet anneau sur son doigt.

    Armando regarda ensuite l'autre main de Vilde, à laquelle il y avait la bague de fiançailles qu'il lui avait offerte. Le couple était plongé dans leurs souvenirs. Le bruit de leurs camarades semblait lointain alors qu'il était pourtant si proche d'eux qu'il était impossible de ne pas l'entendre.

    Jack Sparrow, lui, était sur le Pearl, et observait tout ce petit monde avec le sourire aux lèvres et une bouteille de rhum à la main, à moitié ivre.

    La fête continua jusqu'à une heure tardive. Les parents allèrent coucher leurs enfants sur leurs navires respectifs. Les jumeaux et Saphira avaient commencé à fatiguer et étaient sur le point de s'endormir.

    Marina et Barbossa allèrent veiller sur leurs petits jusqu'à ce qu'ils s'endorment complètement. Marina leur fit une bise à chacun après les avoir bordés, puis les observa en souriant. Hector la prit par la taille en l'embrassant dans le cou.

    -Tu comptes retourner sur le pont avec les autres? lui murmura-t-il à l'oreille.

    -À vrai dire je pense moi-même aller me coucher, Hector, lui dit-elle doucement avant de répondre à son baiser.

    Elle sentit l'étreinte de son époux se serrer un peu sur elle. Marina comprenait ce qu'il désirait, elle laissa échapper un petit rire qu'elle étouffa du mieux qu'elle pouvait afin de ne pas réveiller Sirius et Andromeda.

    -Je veux bien, avant de dormir... Mais j'aimerais juste souhaiter une bonne nuit à chacun avant, ajouta la rousse avec un sourire doux.

    -Allons-y, répondit simplement Hector.

    Ils sortirent de la pièce en silence et refermèrent doucement la porte derrière eux, puis retournèrent sur le pont, où la fête continuait à battre son plein. Marina alla prévenir les Jones qu'elle et Hector se retiraient, elle fit de même avec Carina, avec Pintel et Ragetti, puis avec les Salazar (et la rousse ne manqua pas de leur faire une révérence pour être polie). Elle était allée les voir bien qu'elle ne les connaissait que très peu car Vilde était après tout une amie de Hector, et la rousse était parvenue à surmonter sa timidité envers les gens qu'elle ne connaissait pas en faisant cela. Elle voulait aussi saluer Jack mais il était introuvable. Hector lui répondit qu'il devait déjà être endormi à cause de l'alcool et de ne pas s'inquiéter, puis le couple se rendit dans leur chambre. Marina et Hector commencèrent à se dévêtir l'un l'autre, en se souriant mutuellement. Le capitaine Barbossa posa une main sur le visage de son épouse avant de l'embrasser tendrement. Il la prit ensuite par la taille et respira sa chevelure tout en la serrant fort contre lui. La rousse souriait, et comprenait que son époux était simplement heureux et rassuré que tout se soit bien terminé. Elle le poussa gentiment sur leur lit, et tous deux commencèrent à emprunter leur route préférée, celle qui menait au septième ciel.

    Les Jones, quant à eux, venaient de coucher la petite Saphira, et le sentiment partagé par le couple était le même: c'était enfin fini. Davy était libéré de tout, et pouvait être heureux avec sa famille à présent. Calypso ne ferait plus souffrir personne, il allait pouvoir vieillir aux côtés de sa femme bien-aimée, voir sa petite fille grandir...

    -Je suis enfin soulagé... murmura-t-il à son épouse.

    Béryl regarda son époux tendrement.

    -C'est étrange, les tentacules me manqueraient presque, le taquina-t-elle.

    -Je ne suis plus qu'un vieil homme comme les autres maintenant, je n'ai plus rien de spécial.

    Davy baissa les yeux et Béryl éclata de rire.

    - Davy, peu importe ton apparence, tu seras toujours spécial à mes yeux, le rassura la brune. Je disais ça pour plaisanter.

    Béryl s'approcha de son époux quelque peu rougissante et toucha délicatement sa barbe grise tressée.

    -De plus, tu es très séduisant ainsi.

    Béryl fût ravie d'apercevoir une légère rougeur sur les joues de son mari et en profita pour l'embrasser doucement sur les lèvres.

    - Allons nous coucher, Davy.

    Les deux époux savaient qu'ils n'avaient aucune intention de dormir et s'apprêtaient à passer une nuit d'amour bien méritée.

    Vilde et Armando de leur côté, firent leurs adieux à toute la troupe, du moins, presque toute : Jack était une exception pour Armando. Bien qu'il ne veuille plus se venger de lui, il ne comptait pas non plus devenir son meilleur ami.

    Ils décidèrent de prendre la mer dès l’aube afin de retourner en Espagne et de récupérer l'héritage ainsi que la maison des Salazar qui leur revenait de droit. Vilde était impatiente de voir la tête de sa belle-mère quand elle serait expulsée du manoir familial, elle n'aurait que ce qu'elle méritait.

    Ils avaient acheté un petit bateau avec de l'argent prêté par Barbossa et naviguaient à rythme soutenu à son bord. Au fur et à mesure du voyage, la norvégienne trouvait que son mari paraissait enfin plus apaisé, plus serein. Elle retrouvait petit à petit l'Armando qu'elle avait épousé et dont elle était tombée éperdument amoureuse. Il restait bien sûr assez taciturne, mais il avait totalement oublié cette idée de vengeance et faisait attention aux sentiments de sa femme.

    Ils allaient pouvoir rattraper les années qu'ils avaient perdues, maintenant que tout était fini. La blonde rédigea également une lettre à sa famille, dans laquelle elle s'excusait de ne pas avoir donné de nouvelles et résumait ce qui s'était passé, en ajoutant qu'elle aimerait les revoir pour leur conter tout cela.

    Dès leur retour, les Salazar se rendirent compte que leur ville n'avait pas énormément changé depuis la dernière fois qu'ils y avaient mis les pieds. Les personnes qui les reconnurent se mirent à paniquer, croyant à des fantômes, d'autres en tombaient littéralement à la renverse, ne s'attendant pas à les revoir vivants. Et lorsque Maribel découvrit que son fils était encore en vie, mais également, que Vilde était toujours à ses côtés, elle fut tellement choquée qu'elle ne put exploser de rage comme elle avait pour habitude de le faire. Sans doute avait-elle trop vieilli, se disait Vilde. En effet, sa belle-mère ressemblait encore plus à une sorcière dorénavant, avec sa peau recouverte de rides, ses cheveux qui avaient grisé et les quelques taches de vieillesse qui étaient apparues sur elle.

    -C'est... C'est impossible... bredouilla-t-elle. Vous êtes morts! C'est le diable qui vous envoie!

    -Tout à fait, répondit Vilde en esquissant un sourire témoignant de la satisfaction qu'elle éprouvait quant à cette victoire. Et vous allez dès à présent quitter cette demeure qui est la nôtre, chose que vous auriez dû faire dès lors que j'ai épousé votre fils, Maribel. Ou nous viendrons vous hanter sans relâche jusqu'à ce que votre heure sonne !

    La vieille Maribel était si effrayée par ce qu'elle croyait être des revenants, voire des démons, qu'elle quitta la maison familiale sans se faire prier. Armando et Vilde allaient enfin avoir la paix qu'ils avaient toujours désirée. Ils avaient le manoir pour eux tout seuls et allaient pouvoir en profiter pleinement. Ils n'avaient plus qu'à reconstruire petit à petit leur vie, en la reprenant là où ils l'avaient laissée.

     

    Bien des années plus tard, lors d'une chaude journée d'été, allons retrouver un trio déjà connu de tous dans le milieu de la piraterie et ce, dû à leurs noms de famille : Barbossa et Jones. Andromeda et Sirius, les jumeaux d'Hector Barbossa, et Saphira, la fille de Davy Jones, avaient bien grandi.

    Ils arboraient fièrement leurs accoutrements de pirates. Un crochet chacun pour les jumeaux accompagnés de sabres et de deux pistolets, ainsi qu'un joli chapeau bleu pour Saphira. Aujourd'hui, pour fêter les dix-huit ans de la fille Jones, ils s'étaient donné rendez-vous chez le plus grand tatoueur de Tortuga, connu pour avoir tatoué les plus grands pirates de ce monde, dont l'illustre Edward Teague, qui n'était autre que le père de Jack Sparrow.

    Pour ce jour si spécial, Andromeda avait décidé de se faire tatouer une murène sur le bras, référence au jour où elle avait perdu sa main pour protéger son amie. Saphira de son côté avait l'idée de graver sur sa peau un poulpe dont les tentacules s'enroulaient autour de deux pierres précieuses : une verte et une bleue. Ce tatouage représentait ce qu'elle avait de plus cher au monde : sa famille, et l’emplacement était sur son bras gauche. Sirius quant à lui, n'était pas encore tout à fait décidé à sauter le pas mais avait tenu à accompagner sa sœur et son amie. Il savait qu'il voulait une sirène, mais sentait qu'il faudrait un petit quelque chose en plus afin d'ajouter une symbolique, simplement il ignorait quoi pour le moment. De plus, il redoutait un peu la douleur que lui procurerait l'exécution du tatouage, au vu des techniques employées.

    Ce fut long et douloureux mais les filles s'accrochaient, elles serraient les dents. Une fois le travail terminé, le trio ne put s'empêcher d'admirer tout cela.

    -Ils sont magnifiques ! complimenta Sirius.

    -Et comment! ajouta Andromeda alors qu'elle remettait son crochet en place.

    -Je le ferai voir à mes parents lorsque je les reverrai, dit Saphira.

    Puis tous trois montèrent à bord de leur bateau, où flottait leur Jolly Roger : une sirène tenant un saphir dans ses mains, avec une murène s’enroulant autour de son corps. Les jumeaux avaient décidé que Saphira serait leur capitaine: Andromeda n'acceptait le poste que si Sirius l'acceptait aussi, mais il ne se sentait pas de commander, alors le rôle fut donné à Saphira, qu'ils secondaient.

    Ils avaient décidé dans un premier temps de saluer les Turner avant de repartir sur les mers. Carina et Henry s'étaient mariés et avaient eu une descendance, les jumeaux et Saphira souhaitaient donc leur rendre une petite visite. Carina et Henry avaient eu une fille qu'ils avaient nommée Vilde Élisabeth Margaret, trois prénoms en l'honneur de l'amie de Carina, de la mère de Henry et de celle de la brune. Ladite Élisabeth était d'ailleurs ravie d'être grand-mère, tout comme Will était ravi d'être grand-père et également d'avoir son père Bill à ses côtés, qui avait bien vieilli et qui était encore debout malgré son âge à présent avancé.

    -Prochaine étape: rencontrer les sirènes ! lança Andromeda à l'attention de son frère avec un clin d’œil.

    -J'espère bien, ce serait merveilleux, dit-il.

    -Attention à ne pas les laisser te dévorer! plaisanta Saphira.

    Et le trio éclata de rire, tandis qu'ils faisaient voile vers de nouvelles aventures.

    Sur le quai du port de Tortuga, Jack Sparrow, les cheveux grisonnants, une bouteille de rhum à la main, regardait le bateau du nouvellement célèbre équipage Barbossa/Jones avec un sourire nostalgique aux lèvres.

    -Trinquons mes jolis, yo-ho, chantonna-t-il, heureux de constater que la piraterie allait perdurer au travers de cette nouvelle génération de pirates.

    FIN

    --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

    Béryl Leroux-Brand-Jones, ça fait long comme nom complet dis donc! XD Heureusement, "Mimi" a simplifié en la mariant officiellement à Davy, donc Béryl Jones ça marche du tonnerre quand même. :3

    ARTICLE DÉTAILLÉ SUR L'ILLUSTRATION DE CETTE PARTIE --> (comin' soon)

    LES MOTS DE LA FIN:

    -Vous voulez vous marrer? Alors que je revenais faire un tour dans le coin (en novembre 2020) juste pour voir quand ont été publiées les 1ère et 2ème partie, j'ai constaté que cette 3ème partie était hors-ligne depuis... Le 3 avril 2020. Alors pour info, vu que la 1ère partie a été publiée quelques jours après, cela veut dire que j'avais déjà préparé les articles pour qu'ils accueillent le texte, bien sûr, mais le 3 avril me fait penser au 3 avril 2021 où le tout dernier chapitre de mon RP Les fantômes de Gotham aura été publié. ^^ Ceci était l'anecdote inutile, mais n'empêche, cette suite et fin aura mis un an avant de paraître! On va parler de trucs un peu plus intéressants maintenant si vous le voulez bien!

    -c'est une bonne chose de faite que d'avoir ENFIN conclu cette histoire! Certes ça aura pris du temps mais c'était une super expérience, et ça fait toujours bizarre de terminer un truc quand on y a passé des jours, des semaines voire des mois, et de se dire qu'il n'y aura plus à y répondre! Surtout quand c'est aussi gros et complet! ^^ Du coup à présent, je peux dire que l'écriture sur Pirates des Caraïbes c'est officiellement fini pour moi! (Mais je peux continuer à faire des dessins et des petites BD en revanche ^^)

    -"Le trident de Poséidon" passe très bien comme titre. Du coup c'est un peu la seule partie du Three-Shot qui ne porte pas le nom d'un des films... (En même temps cette 3e partie est si exceptionnelle et unique en son genre (je dis pas ça en mode "on se la pète", je parle pour sa conception, les anecdotes qui l'entourent et tout)) Mais en même temps c'est un peu l'objectif des personnages donc ça marche super bien en vrai. ^^

    -je me suis aussi bien marrée à écrire avec Milena et en relisant notamment pour la correction. "Le couple de l'année" c'était une super punchline (bravo Mimi XD) et les moments avec les enfants qui jouent c'est, je trouve, à la fois mignon et comique, j'aimais bien ces scènes. ^^ Et bien sûr y'a des mouvements émouvants.

    -cette 3e partie a failli être écrite avec Babou Piccolo mais finalement ça ne s'est pas fait (Babou se sentant de trop et préférant nous laisser faire).

    -la scène où Vilde et ses hommes s'enfoncent dans le Triangle du Diable... En mettant le thème de Salazar pour cette scène, jusqu'à ce qu'elle en sorte vivante avec son équipage... La musique dure pile le bon temps et ça passe crème. ♥

    -quand Armando redevient humain et veut toujours poursuivre sa vengeance... On fait comme dans le film en fait. Perso j'aurais peut-être préféré qu'il se montre raisonnable mais... Ce que ça provoque reste cool quand même. Je ne dis pas que je n'aime pas ce qu'on a écrit, au contraire! Je pense aussi que ça aurait été trop facile qu'au dernier moment il renonce à sa vengeance, alors qu'il essaie toujours de s'en prendre à Jack et tout. ^^ C'est pas plus mal comme ça. ^^

    -Vilde était le personnage surprise pour cette 3e partie (bah oui, Andromeda, Sirius et Saphira ça comptait pas), j'ai voulu garder le secret sur elle jusqu'au jour où cette dernière partie serait publique. C'est pourquoi je n'ai posté aucun dessin d'elle avant (bon j'ai un peu teasé + spoilé légèrement (mais sans plus de détails) pour les candidats à mon Lovetober 2021, dans la vidéo annonce de celui-ci). Eh ouais on devait A-BSO-LU-MENT trouver quelqu'un pour Salazar! C'était important, mais que voulez-vous, Milena et moi on adore aussi ce personnage! x) D'ailleurs pour l'anecdote, Vilde a été le premier personnage créé vraiment en mode 50/50 par moi et Milena, on l'a créé ensemble, genre totalement. Premier perso que j'ai créé comme ça avec quelqu'un, et je suis d'accord pour qu'on considère notre norvégienne préférée comme notre bébé à toutes les deux (c'est Mimi qu'a dit ^^).

    -et vu qu'il fallait bien introduire Vilde, c'est normal que le dernier volet de notre Three-Shot soit le plus long. On a bien réfléchi ensemble d'avance sur l'histoire qu'on voulait raconter avec Vilde, je l'avais même écrite au préalable dès qu'on avait fait notre pause. Je notais tout, tout, tout, quand Milena a désiré faire un break. Dès que j'avais un truc je notais (et je lui en faisais part). Je reparlerai du break plus tard je pense, on va revenir sur la longueur de la partie et sur Vilde. On voulait faire un personnage avec des origines qui changeaient un peu, et Milena a proposé la Norvège, en plus elle a des amis qui viennent de là-bas et dont la fille se nomme Vilde, nous nous sommes donc basées là-dessus. Par ailleurs nous avons très tôt pensé que Mia Wasicowska aurait été l'actrice idéale pour incarner ce personnage, son physique est exactement celui qu'il faut pour notre OC. Et Vilde est blonde, tandis que Marina est rousse et Béryl brune... Et on peut ajouter l'autre OC Pirates des Caraïbes de Milena, Shelley, qui a les cheveux noirs. ^^ On a donc exploré toutes les couleurs de cheveux pour nos OCs de cet univers! XD (C'est marrant de le souligner alors je le fais. ^^) On a aussi penché pour un caractère vraiment différent... On sait que Béryl est un peu têtue et rebelle, eh bien Vilde l'est vraiment encore plus. (C'est pour ça que j'adore ce personnage aussi. ^^) On l'a "jouée" toutes les deux pendant le RP, mais je trouve que Mimi est celle de nous deux qui l'incarne le mieux (comme quand elle incarne Jack Sparrow, qu'elle sait imiter à la perfection ^^), perso je pense que je préfère les personnages un peu plus réservés, sûrement car Milena et moi avons des personnalités opposées mais proches de nos personnages. Cela dit, "incarner" Vilde changeait un peu de mes habitudes et j'aimais bien. ^^

    -pour les personnages ultra secondaires genre les familles Landvik et Salazar... Quand on les a constituées j'ai fait des recherches de prénoms et noms de famille pour Vilde, et pareil avec les Salazar. J'ai constitué un petit arbre généalogique pour m'y retrouver, j'ai fait une fiche... En fait on a d'abord pensé les grandes lignes du scénario vers le break, et quand on s'est remises sérieusement à l'écriture, avant de commencer, bah ce fut un peu de boulot quoi. (Donc ces détails se sont faits avant la reprise officielle...) Un petit aperçu en screen de cette histoire d'arbre généalogique pour Vilde (mais je pense vous mettre la fiche (ainsi que quelques autres documents) à votre disposition):

    Three-Shot Pirates des Caraïbes, partie 3/3: Le trident de Poséidon (ft. MilenaWenham)

    -Comme indiqué plus haut, je parle d'un break. En effet, comme vous avez pu le constater, les parties 1 et 2 de ce Three-Shot sont sorties d'affilé, et la 3e est sortie un an après. Nous avons en fait écrit d'une traite les deux premières parties pendant le confinement de 2020, puis on a décidé de faire une pause et de reprendre plus tard pour la partie finale. Sauf que la pause a duré plus longtemps que prévu. Sans entrer dans les détails de la vie privée, Milena avait vraiment besoin de souffler, il a donc fallu repousser l'écriture (bien que je continuais à préparer et prendre des notes de mon côté). Puis, une fois que Mimi a senti que c'était bon pour reprendre, on s'y est remises, on a préparé ce qu'il fallait puis on s'est lancées. Personnellement, je pense, en toute honnêteté, que c'est peut-être mieux que nous ayons fait un break qui se soit prolongé. Je trouve qu'on a fait un super travail pour cette partie finale (qui est, à mon avis, celle qui en aura demandé le plus), et ça n'aurait peut-être pas été aussi bon/bien si on avait enchaîné direct ou fait une pause plus courte entre la partie 2 et la partie 3. On avait d'ailleurs des idées plutôt sympa que finalement nous n'avons pas retenues, mais au final, c'est peut-être mieux ainsi. Je vais en parler sous peu de ces fameuses idées, et si un jour je fais une vidéo sur ce Three-Shot... Bon déjà je reviendrai mettre le lien ici et/ou dans la présentation de la rubrique qui contient ce Three-Shot, mais surtout, j'en parlerai dans cette vidéo, peut-être avec plus de détails (même si je vous en fourni déjà au maximum dans les notes de fin et qu'il n'y aura peut-être pas grand-chose à rajouter en supplément dans cette vidéo).

    En tout cas, ce break, avec les idées mises de côté, c'est comme si on avait tout gelé, et que ça s'était petit à petit dégelé quand on a repris. Je le ressens un peu comme ça, maintenant que j'y songe.

    -Maintenant je vais vous parler de nos idées non retenues. Il y en a plusieurs. Par exemple, déjà, avant le break, on pensait que Béryl et Marina feraient partie de l'aventure, mais aussi leurs enfants. D'ailleurs j'avais mal calculé leur âge et ils auraient dû être adultes tous les trois (donc légitimement être avec Vilde & co!). Cependant, après discussion avec Milena... OK ils sont bébés dans les parties 1 et 2 (puisque Calypso les ramène aussi à la vie avec Marina (qui était enceinte je rappelle) et les fait venir au monde), mais on pensait au début que plus de temps se serait écoulé entre chaque film... Du coup non, donc Andromeda, Sirius et Saphira sont restés petits enfants durant cette aventure. Je pense d'ailleurs refaire les dessins d'eux adultes que j'ai faits en 2020, histoire de rendre ça plus officiel et raccord avec la fin (qui a été surtout proposée et écrite par Milena, notamment le super coup des tatouages ^^). Leur apparence ne changera peut-être pas trop, mais il faudra aussi que je les dessine enfants aussi, et avec Saphira bien sûr.

    Pareil pour la tenue de Marina que je voulais voir pour cette 3e partie. Déjà que Marina est jeune de base (et que j'ai du mal à dessiner un poil plus âgés mes personnages), bah si les enfants avaient autant grandi, il aurait fallu que je trouve moyen de la vieillir un peu plus. Mais au final ça revient au même, car malgré le fait que les gamins aient 6-7 ans, bah Marina a aussi prit de l'âge. Et Béryl aussi bien entendu. Donc ça aussi ce sera à rebooter de mon côté, puisque ceci ne peut de toute façon pas être valide. À retravailler donc. :-p

    Donc là l'idée non retenue c'était que nos OCs fassent partie de l'aventure mais au final on s'y est résignées. Béryl et Marina ont déjà eu leur partie bien remplie, et ça aurait été trop le bazar que contrôler autant de personnages. On a pu alléger la chose et je trouve que c'est très bien ainsi.

    Et donc, qui dit abandon de la présence de Béryl et Marina dit abandon d'autres idées que j'avais en tête (je parle pour moi car j'en avais plein et si Mimi en avait d'autres, bah je les ai pas là pour le coup, mais je les rajouterai p'tèt ou alors, dans le projet de vidéo sur ce Three-Shot, on en parlera). Par exemple, j'avais songé que Sirius verrait Vilde jouer de la harpe et chanter (car je voulais que Vilde se retrouve engagée come pirate sur le Queen Ann's Revenge, évidemment pour retrouver Armando, et la harpe aurait pu être présente puisque dans le navire de Barbossa y'a des instruments de musique dans le 5e film, souvenez-vous), et il lui demanderait si elle est une sirène. Ensuite, pour ce qui est de Vilde qui joue avec Barbossa, ça évidemment on l'a gardé car je voulais absolument qu'on le garde et qu'on l'introduise, et ça s'est fait et c'est cool je trouve... Alors vu que Marina aurait dû être là, mais aussi les jumeaux en tant qu'adultes, je songeais que Vilde jouerait à tester la fidélité de Barbossa en ayant appris que Marina est son épouse, pour voir un peu la réaction de Marina et la tester elle aussi (oui oui, Vilde en mode provoc qui s'amuse). Et les jumeaux n'appréciant pas qu'elle fasse de la peine à Marina, iraient tenter de la menacer en lui disant de laisser leurs parents tranquilles, ce à quoi la blonde aurait répondu quelque chose du genre "bah alors, elle peut pas se défendre toute seule?". Mais d'une part ça n'aurait pas marché car à ce stade, Marina a beaucoup évolué et ne douterait pas de la fidélité de son mari (et il ne se serait pas pris au jeu de toute façon, que son épouse le voie avec Vilde qui essaie de "flirter" avec lui ou non), et d'autre part... Ouais nan, en fait ça serait pas trop cohérent car ça bloquerait Marina alors qu'elle a évolué quand même.

    Et en parlant d'évolution de Marina, je vais parler d'une autre scène retirée qui me servira de transition pour la suite: le Three-Shot je voulais qu'il soit construit un peu en miroir. 1ère partie: intro de Béryl, qui est un nouveau personnage si on a suivi Esclave, mais même si on ne l'a pas lu, Marina est présentée comme un personnage qui serait déjà connu des lecteurs. Puis, elle a droit à une scène de "MAMA MIA!" qui est suggérée, dans cette première partie, puisqu'on n'a que le début puis la conclusion, sans ce qui se passe entre, contrairement à la partie 2. Et justement dans la partie 2: on a certes Béryl et Marina mais c'est une intro qui présente leur quotidien en quelques sortes, et un peu normal puisque c'est le milieu du Three-Shot j'ai envie de dire... Cependant, pour la "fin" de cette 2e partie... Il y a deux scènes de "MAMA MIA!" cette fois. Dans la partie 1, c'était vers le début, dans la partie 2 c'est plutôt vers la fin et il y en a deux (qui sont complètes cette fois-ci, bien que "censurée" pour les âmes sensibles). Logique quelque part, puisqu'il y en a une pour Marina et une pour Béryl. Ouais c'était pas mal la détente pour nous comme pour nos personnages à ce moment-là. Vous avez l'impression que je divage de ce dont je voulais parler au début du paragraphe? Non pas du tout car ENFIN J'Y VIENS: avec Milena on a songé qu'il y aurait trois scènes de "MAMA MIA!" pour la partie 3. Les trois parties se seraient fait écho quelque part, avec ça mais aussi, la partie 3 aurait fait écho à la partie 1 avec l'introduction d'un nouveau personnage. Cependant, là, les deux scènes mentionnées sont survolées (comme dans la partie 1 avec la scène entre Marina et Hector, bien qu'ici, on n'ait que le début et pas la conclusion, mais ça compte quand même) eeeeeet... Vilde et Armando n'ont pas conclu. Alors je vous l'avoue: avoir une scène par personnage aurait pu être cool, faire une bonne construction en miroir, mais au final on s'est aperçues avec Milena qu'il n'y en avait pas besoin. Et bien que Vilde et Armando soient restés chastes tout le long du récit, quand enfin ils peuvent vieillir ensemble, là vous pouvez imaginer qu'ils consomment enfin leur mariage si vous le souhaitez. On laisse imaginer les lecteurs. Mais du coup aussi, je pense que ça m'aurait honnêtement un peu gênée voire dérangée d'écrire et/ou lire une scène entre Vilde et Armando. J'aurai fait "l'effort" de participer si on l'avait écrite, de pas laisser Mimi la faire seule (ouais je sais j'ai évolué un peu plus sur le sujet mais tout de même je conserve un peu mon point de vue que vous connaissez déjà... MAIS BREF), même si je pense que ça m'aurait mise mal à l'aise. ^^" J'aime beaucoup cela dit la "figure virginale" et la "pureté" que Vilde incarne: après tout je l'ai comparée à un ange (ouais car ça vient de moi ça XD), et même si on ne s'appuie pas spécialement sur la religion en général (bien qu'un très, très léger chouïa dans cette 3e partie pour l'église dans laquelle le mariage a lieu + Maribel qui pense que le diable a renvoyé Vilde et Armando vers elle), donc quelque part on peut dire que ça se tient. XD Donc ça c'était pour la construction en miroir, mais pour les scènes de "MAMA MIA!" j'ai pas tout à fait fini.

    Revenons à Marina et son évolution: si on avait écrit les scènes, je pense que l'ordre aurait été le même que celui qu'on aurait instauré. Je m'explique: partie 1, Marina; partie 2: scène entre Marina et Hector puis on a une scène avec Béryl et Davy; et partie 3 (si on l'avait fait), je pense qu'on aurait suivi l'ordre Marina-Béryl-Vilde, à mon avis. Cela aurait été logique et aurait conservé ce fameux écho dont je n'arrête pas de vous parler. ET DONC!! Si on avait écrit lesdites scènes, l'évolution du personnage de Marina aurait été bien montré car là ça aurait été elle qui... Pas qui "domine", mais presque. Vous voyez ce que je veux dire? Et j'avais fait quelques essais à l'écrit, qui du coup on été abandonnés déjà car quand j'ai commencé à les rédiger je n'osais aller plus loin et ensuite c'est Milena qui aurait poursuivi je pense (on avait convenu un truc comme ça je crois), et aussi abandonnés puisque plus besoin pour cette 3e partie.

    Mais je veux bien vous faire lire nos brouillons et les bricoles "bonus", ce sera disponible en tant que PDF. ^^

    Et en parlant de PDF et d'idées abandonnées: quand on a rédigé la 3e partie, y'a des trucs que j'ai passés à la trappe mais que j'ai barrés dans nos notes (ce qui a intrigué Milena à la relecture mais je lui ai dit de ne pas en tenir compte). En fait c'étaient des trucs que j'ai écrits mais qui ont été retirés pour de la cohérence, notamment car j'ai fait quelques erreurs d'inattention ou que ça n'allait pas aider pour le récit (ou que ça ne menait pas bien loin voire à un blocage). Mais comme j'aimais bien, je les ai juste raturés et miniaturisés. C'est bête de garder ça ouais, mais bon j'adore garder les trucs inutiles moi, aussi. X)

    Du coup ils seront disponibles en PDF aussi, et vous aurez le texte complet car j'ai aussi changé quelques tournures de phrases à la relecture, quelques bouts de ponctuation... Si vous comparez le texte "premier" au texte publié ici (le final donc), y'a des légères différences. ^^

    -bon sinon, quelques commentaires supplémentaires, évidemment (et ça risque d'être détaillé, en même temps la partie est super longue et j'ai déjà écrit plein de trucs juste avant)... Alors Barbossa se prête au jeu de Vilde on l'a vu, mais évidemment il faisait semblant (il m'a juste semblé important de le préciser juste après pour éviter des malentendus), et dans le pire des cas il aurait repoussé carrément les "avances" de la blonde (petit truc qu'on aurait mis d'ailleurs si on avait gardé l'idée que Vilde "drague" devant Marina pour tester la fidélité des deux membres de ce couple, juste pour s'amuser), et il le précise après à Vilde. J'ai voulu écrire ça parce que j'en avais envie, tout simplement. Je ne sais pas, ça m'est venu, et Milena a approuvé. Vilde le fait aussi juste pour s'amuser, elle non plus ne se montrera pas infidèle envers Armando, mais dans l'idée de pourquoi, surtout si Marina avait été là, de mon point de vue, Vilde aurait fait ça pour tester Barbossa et Marina car elle, elle n'a pas son Armando près d'elle. Un peu comme pour extérioriser une "souffrance", ai-je envie de dire. Bon j'ai pas d'arguments j'arrive pas à expliquer, mais on l'a écrit pour le fun quoi. Et sûrement pour creuser un peu plus le personnage de Vilde, pour lui donner un petit côté manipulateur... Ouais c'était surtout un kiff.

    -autre truc "abandonné" que je place là en mode vite fait: on hésitait avec Milena à faire revenir l'équipage de Vilde, notamment pour la sauver elle et son mari (et les hommes de Salazar) in extremis (à la place de Davy Jones)... On s'est mises d'accord: si y'a besoin d'eux ils reviennent en mode "ils ont suivi de loin leur capitaine", mais finalement il n'y a pas eu besoin. :-p

    -pour revenir vite fait à Sirius et Andromeda adultes... Donc ils auraient appris que Carina est leur sœur, avec Marina, après que Barbossa le découvre et que Jack le devine... Ils auraient gardé le secret et je les aurais bien vus la défendre face à un adversaire en mode "tu toucheras pas à notre petite sœur" (même si techniquement Carina est l'aînée). Mh, d'ailleurs j'avais songé à une scène où Carina aurait demandé à Barbossa pourquoi elle, elle avait été laissée à un orphelinat et pas les jumeaux, puisqu'il ne voulait pas que Carina soit dans la piraterie mais avec Andro et Sirius c'est le cas... Je songeais éventuellement à une dispute mais avec le recul je trouve cette idée bof (et ça montre bien que le recul pris pendant le break a été totalement utile)... Et donc je vais parler de ce point vite fait notamment pour ceux qui n'auraient pas lu Esclave: si Marina avait donné naissance aux jumeaux, ils auraient été élevés sur le Pearl et seraient devenus pirates... Parce que Marina avait appris l'histoire entre Hector et Margaret et avait peur qu'il ne l'abandonne, la laissant avec les enfants, loin de la mer (au moins le temps de rassembler les pièces d'or aztèque). Angoissée à cette idée, bien que Barbossa lui affirme par la suite qu'il n'avait pas l'intention de faire cela (il disait juste que Marina aurait besoin de repos et que la mer était dangereuse pour des enfants en bas âge), la rousse l'a convaincu de ne pas le faire. Voilà. :-p

    -autre petite chose, qui pourrait sembler comme une incohérence: on avait écrit au départ que Barbossa disait à Marina que trouver le Trident pour rompre les malédictions serait une mauvaise idée car en plus de déchaîner Calypso et lui faire retrouver tous ses pouvoirs (même si techniquement elle les a retrouvés après le 3e film mais on a fait comme si elle n'avait retrouvé que sa forme originelle et était encore affaiblie, en mode "ça prend du temps" même pour une déesse), des créatures marines (et autres pirates) seraient libres. Et on n'a pas réévoqué ça et tout se termine bien. Bon alors Calypso revient quand même pour foutre la merde (disons-le clairement), ça de toute façon on l'avait prévu et vous aussi je pense, en lisant le récit, mais il n'y a eu qu'elle et apparemment le reste du monde se porte bien. Eh bien nous pouvons considérer que ces créatures sont sous son contrôle et que si elle est emprisonnée dans la bouteille et donc incapable de se servir de ses pouvoirs, eh bien tout est safe. Et en parlant de ça...

    -on a été un peu bloquées avec Milena, au moment de la bataille. On ne savait pas trop quoi faire pour que nos personnages parviennent à battre Calypso puis accèdent enfin à la Happy End. Je ne savais pas trop quoi faire mais Mimi, éclair de génie, a trouvé. Jack nous a sauvées nous aussi finalement. ^^ (Oui car en fait avec Milena, on planifie quelques bricoles, des fois on fait une pause pendant l'écriture pour réfléchir, mais sinon tout s'écrit en mode enchaînement après qu'on ait partagé nos idées. C'est pas dans le processus brouillon qu'on décide de tout, des fois on écrit au feeling, je ne sais pas si vous saisissez bien où je veux en venir?)

    -j'ai pu faire le constat suivant: Pirates des Caraïbes: La vengeance de Salazar aura été le film de la franchise que j'aurai le plus vu. Ah bah j'ai pas arrêté de le mettre et le remettre dans mon lecteur DVD pour ce RP, je pense l'avoir encore plus regardé que les 4 autres! :-o Oui encore une anecdote inutile, mais ça permet de souffler. :-p


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