• Scary Love (One-Shot épouvantail x Susan, version alternative)

    Scary Love (One-Shot épouvantail x Susan, version alternative)

    Illustration réalisée par OshanxUmi

    1980, Gotham, collège.

    Un jeune garçon venait de rentrer au collège, il était âgé de 11 ans. Il portait des lunettes, une chemise de couleur verte, un jean. Il avait le teint légèrement pâle, les yeux verts et les cheveux châtains. Son nom était Crane, Jonathan Crane, et c'était un garçon extrêmement timide et peu confiant.

    Cela faisait une semaine qu'il était dans son nouveau collège, et il était déjà devenu la "victime" de plusieurs personnes. Malmené par les plus grand et subissant des moqueries, parce qu'il avait peur, et n'osait rien faire, mais bientôt tout cela allait être un souvenir.

    Un mois après la rentrée, un matin, lors d'un cours, une nouvelle tête apparut. C'était une fille, elle était rousse, avait les yeux bleus, quelques petites taches de rousseur, un joli teint. Elle avait également un sac en bandoulière, en plus de son cartable, ce qui lui donnait un petit côté aventurier. Le professeur lui demanda de se présenter.

    Susan: Bonjour à tous. Je m'appelle Susan Skinner...

    Alors même qu'elle avait prononcé ce nom, des murmures commencèrent à se faire entendre dans la classe et des sourires s'affichaient sur la tête des enfants. Le professeur demanda calmement aux élèves de se taire afin que la nouvelle puisse continuer.

    Susan: Je serai parmi vous pendant quelques mois car ma famille est propriétaire du cirque Skinner. J'espère que nous nous entendrons bien et que vous viendrez assister à nos spectacles.

    Elle fit un petit sourire. Elle était plutôt mignonne et avait l'air très gentille, et la majorité des garçons ne quittait pas Susan du regard tandis qu'elle se dirigeait vers l'avant-dernier rang, où il y avait une place libre. Jonathan tourna légèrement la tête pour, lui aussi, la suivre du regard, mais il ne le fit pas trop longtemps, car il était assis au premier rang, et il avait peur que ses camarades de classe s'en aperçoivent, ce qui mènerait assurément à de nouvelles moqueries.

    À la récréation, tous les élèves de la classe avaient fait la ronde autour de Susan pour lui poser plein de questions. Ils étaient curieux et voulaient en savoir plus sur le cirque et sur comment Susan vivait cela.

    Quand la sonnerie retentit lors du dernier, Jonathan, attendit que tout le monde sorte de la salle. Il était encore assis, et quand Susan s'en aperçut, elle n'eut pu s'empêcher de demander pourquoi.

    Susan: Tu restes ici? Remarque, tu as raison d'attendre que les autres partent, c'est moins le bazar pour circuler.

    Jonathan étant trop timide, il ne répondit pas. Il prit simplement son sac et sortit de la pièce, précipité et tête baissée.

    Susan: ...

    Susan vérifia que rien n'avait été oublié, mit son sac sur son dos, boucla sa sacoche en bandoulière et quitta à son tour la salle de classe.

    Juste à la sortie, trois élèves de la classe de Jonathan attendaient ce dernier, accompagnés par des amis à eux qui étaient âgés d'un voire deux ans de plus. Une poignée d'élèves aimaient s'en prendre à Jonathan, mais ceux-là étaient ceux qui prenaient le plus de plaisir à lui nuire. Dès que Jonathan posa le pied hors du collège, le petit groupe s'avança vers lui.

    Camarade de classe de Jonathan (1): Tiens, tiens, regardez qui voilà!

    Camarade de classe de Jonathan (2): Alors l'intello, tu réponds pas quand on te parle?

    Jonathan : Lai... Laissez-moi s'il vous plaît...

    Le groupe se mit à pouffer de rire en entendant la petite voix de Jonathan. Un des élèves les plus âgés poussa violemment Jonathan sur le sol. Les bullies se remirent à éclater de rire. Jonathan essaya de se relever, mais tous formaient un cercle autour d'eux.

    Élève de 7th grade: Alors, "le plus intelligent de sa classe"? Tes bonnes notes ne viennent pas à ton secours? Remarque, vu ta tête, ça ne m'étonne pas!

    Le troisième camarade de Jonathan lui prit son cartable et s'amusa à le lui vider entièrement dessus, sous les rires du groupe.

    Susan arriva à ce moment-là et fut étonnée de voir cet attroupement d'élèves juste devant l'entrée, mais en entendant les rires moqueurs qui émanaient du groupe, elle devina ce qui se passait. Elle jeta son cartable par terre, prit quelque chose dans sa sacoche et, les mains dans le dos, avança vers le groupe.

    Susan: Je peux savoir ce que ce garçon vous a fait pour que vous vous en preniez à lui comme ça, bande de faibles?!

    Les élèves tournèrent la tête vers elle. Susan avait l'air en colère, son air mignon avait disparu de son visage.

    Camarade de classe: De quoi tu te mêles, Skinner?

    Susan: "De quoi je me mêle"? Et vous alors! Vous vous êtes vus?! Vous êtes à huit contre un, et je suis persuadée que ce garçon ne vous a absolument rien fait!

    Un des élèves les plus âgés la poussa un peu hors du cercle.

    Éève de 8th grade: On t'a dit de dégager, c'est pas tes affaires.

    Susan: Je ne vois pas pourquoi je vous laisserai tranquilles alors que vous, vous ne le laissez pas.

    Le groupe se tourna vers Susan. Ils avaient tous un sourire moqueur aux lèvres.

    Élève de 7th grade (2): Ah ouais? Et tu vas faire quoi?

    Susan: Un tour de magie.

    Le groupe éclata à nouveau d'un rire extrêmement sonore. Pendant que Susan les distrayait, Jonathan ramassait ses affaires.

    La jeune enfant montra ses mains au groupe, puis elle les joignit, et en les séparant, le groupe poussa un cri d'effroi. Une énorme araignée venait d'apparaître dans la petite main de Susan et elle l'avait lancée sur un de ses camarades de classe, qui se débattait dans tous les sens pour la faire partir, car la bête était bel et bien vivante.

    Susan: La prochaine fois que je vois quelqu'un qui embête ce garçon, j'en amène tout un nid, est-ce clair? Et en plus elle peut mordre, alors gare à vous!

    L'araignée retomba sur le sol et le groupe se dispersa en courant. Susan marcha lentement vers la bête pour la recueillir dans ses mains et la caresser, puis se tourna vers Jonathan.

    Susan: Est-ce que ça va?

    Jonathan se releva et regarda la fille.

    Jonathan : Mer… Merci ... Mais tu ... N'étais pas obligée...

    Susan laissa son araignée se promener sur son bras.

    Susan: Je n'allais quand même pas laisser faire cette bande de lâches. Personne ne t'aurait aidé, il fallait bien que j'agisse.

    Elle lui fit un grand sourire puis elle alla ramasser son cartable et sa sacoche, dans laquelle elle remit son araignée.

    Susan: Tu veux que je t’accompagne jusque chez toi? Au cas où d'autres viendraient t'embêter.

    Jonathan : Non, ça... Ça ira... Encore merci.

    Le jeune garçon remit son sac sur le dos et d'un pas pressé, il quitta la fille. Susan le regarda s'éloigner, puis elle boucla sa sacoche et se mit en route pour rentrer chez elle.

    Lorsqu'elle arriva sur le grand terrain où le cirque Skinner commençait à se dresser, elle se dirigea vers la plus petite roulotte, celle qui lui était attribuée. Elle cacha en vitesse sa sacoche sous son lit, puis s'installa sur celui-ci pour faire ses devoirs. Quelques minutes après, la porte s'ouvrit. C'était son père.

    M. Skinner: C'est maintenant que tu rentres? Tu as encore tiré au flan?

    Susan: Non, j'ai aidé un camarade de classe qui se faisait embêter.

    M. Skinner: Mais bien sûr! Toi, aider les autres? Tu es déjà une bonne à rien ici, alors à l'extérieur... Dépêche-toi de finir tes devoirs, que tu ailles t'occuper des animaux!

    Susan: Oui papa...

    Il referma brusquement la porte derrière elle et retourna aider le reste de la famille à monter le cirque.

    Susan était l'enfant unique du propriétaire actuel du cirque Skinner. La troupe était composée des parents, du frère et de la belle-sœur du père, de la sœur de la mère, et du grand-père Skinner. La grand-mère était morte il y a quelques années, et c'était la seule personne qui s’était montrée gentille avec Susan. La grand-mère assistait son mari pour les tours de magie auparavant, et c'est grâce à ça qu'elle avait pu en enseigner quelques-uns relativement simples à sa petite-fille.

    Tout le reste de la famille Skinner espérait avoir un petit garçon comme successeur. Ils étaient enfermés dans des idées misogynes. La grand-mère avait été le seul soutien pour Susan, jusqu'à ce qu'elle parte vers les étoiles. Depuis ce jour, Susan était encore moins bien traitée par sa famille. Tout d'abord, la jeune enfant n'aimait pas énormément le cirque. Elle voulait devenir actrice de cinéma, mais bien évidemment, son père, plus que tous les autres membres de la famille Skinner, s'y était fortement opposé. Pour lui, il fallait qu'elle se marie et que le cirque puisse continuer à être assuré par les futures générations, car c'était lui le propriétaire et il fallait que ce soit SA descendance qui puisse commander. C'était depuis qu'elle avait affirmé qu'elle voulait être actrice de cinéma que son père avait décrété qu'elle était une bonne à rien. Elle ne faisait donc plus assistance dans les numéros, et son poste était de vendre les tickets à ses camarades de classe chaque fois qu'elle changeait d'établissement scolaire.

    Susan avait donc pour seuls amis les animaux du cirque, ainsi que des araignées qui établissaient logement dans sa roulotte. Son père et sa mère avaient ces bêtes en horreur et les tuait sans pitié. C'était pour ça que Susan les cachait. Elle en possédait quelques-unes, et adorait se renseigner sur ces animaux. Susan savait que ses parents en avaient peur, et c'était un réconfort pour elle. La petite fille leur parlait, leur donnait des noms, et en prenait soin. C'étaient comme des confidentes. Quand elle allait dans les différentes écoles, Susan ne se faisait pas vraiment beaucoup d'amis. La plupart s'intéressaient à elle car elle était la fille Skinner, et cela faisait vendre des places de cirque, mais c'était tout. Cependant, cette solitude n'avait jamais vraiment dérangé Susan, qui se disait qu'un jour elle s'enfuirait loin de sa famille. Pour devenir actrice. Au cinéma.

     

    De retour chez lui, Jonathan alla directement dans sa chambre pour faire ses devoirs. Son père ne l'entendit pas, il était beaucoup trop occupé dans ses "recherches". Il était docteur en psychologie, et sa spécialité était la peur. Son fils était son sujet et Jonathan priait pour que son père l'ignore comme en cet instant. Le garçon n'avait plus de mère depuis bien longtemps, elle était partie quand Jonathan avait 4 ans, depuis c'était son père qui prenait "soin" de lui.

    Au bout d'une heure, Jonathan avait terminé ses devoirs. Il entendit la voix de son père l'appeler. Le jeune enfant se mit à frissonner. Il voulait aller se cacher, sous le lit, dans l'armoire, sous le bureau, n'importe où, mais il savait que ce serait vain, son père le trouverait. Il essaya, cependant.

    Lorsque M. Crane entra dans la chambre, il balaya la pièce du regard.

    M. Crane: Jonathan? Tu es rentré?

    Il vit les affaires éparpillées de son fils, il n'eut donc pas besoin d'appeler davantage pour connaître la réponse.

    M. Crane: Sors de ta cachette, Jonathan. Tu sais bien que je vais finir par te trouver de toute façon.

    Jonathan sortit de sous le lit, la tête baissée.

    Jonathan : S'il vous plaît père... Pas ce soir…

    M. Crane: Fils, nous avons établi un emploi du temps pour ça.

    Il disait "nous", mais en réalité, M. Crane l'avait imposé lui-même.

    M. Crane: Nous ne sommes pas encore en week-end. Par conséquent...

    Jonathan baissa davantage les yeux et son père l'attrapa par le poignet pour l'emmener avec lui dans la "salle de test". Jonathan, à contrecœur, se mit en place, tandis que son père s'allumait un cigare, dont l'odeur imprégnait déjà fortement la maison. M. Crane toussa un bon coup avant de porter le cigare à sa bouche.

    M. Crane: Bien, nous allons pouvoir commencer...

    Son père avait placé des petits capteurs pour enregistrer les battements de cœur de Jonathan. Puis il ouvrit une petite trappe qui se trouvait sur le sol.

    Jonathan : Père... Je ne veux pas y retourner…

    M. Crane souffla un peu de fumée d'un air lassé. C'était toujours comme ça que ça se passait, chaque fois qu'il testait son fils. Il lui répondit donc la même chose que d'habitude:

    M. Crane: Tant que je n'aurais pas obtenu les résultats que je souhaite, tu devras continuer à aller là-dedans.

    Il se remit à tousser fortement, mais cela ne l'empêcha pas de conserver son air dur et sérieux, ni de continuer à fumer son cigare pestilentiel. Jonathan fut un peu poussé, puis la trappe se referma. Le garçon suppliait de le laisser sortir mais son père fit la sourde oreille et se contenta d'observer son écran et de noter.

     

    Le lendemain, Jonathan était plus renfermé que d'habitude. Il était dans un coin de la cour, plongé dans un livre pour oublier l'expérience qu'il avait vécu la veille. Il était si absorbé qu'il ne vit pas que Susan était venue le voir.

    Susan: Salut.

    Il ne répondit pas, alors elle s'éclaircit la gorge et répéta.

    Susan: Salut!

    Jonathan leva les yeux vers elle.

    Jonathan : ... Salut...

    Susan prit un air un peu inquiet en voyant la mauvaise mine de son camarade.

    Susan: Tu as mal dormi? J'espère que tu n'étais pas arachnophobe, j'avoue ne pas avoir pensé à cela...

    Elle s'assit à côté de lui et déboucla sa sacoche, glissa une main dedans, fouilla un peu et sortit un paquet de biscuits, qu'elle ouvrit, et tendit à Jonathan. Ce dernier refusa.

    Jonathan : Mon... Père refuse que je mange entre…  Les repas… Mais merci…

    Susan: Mes parents ne le veulent pas non plus. Pour eux une fille ça doit être un sac d'os... Seulement moi je ne suis pas d'accord, alors quand je peux, je pique dans les courses et je planque ça dans ma sacoche.

    Elle prit un biscuit, mais ne rangea pas le paquet, espérant que son camarade changerait d'avis.

    Susan: Au fait, je ne connais pas ton prénom.

    Jonathan : Jonathan…

    Le garçon regarda le paquet, et fut quelque peu hésitant. Puis il fini par craquer, il se servit dedans et mangea un biscuit. Susan esquissa un sourire. Alors qu'ils grignotaient paisiblement, un des trois garçons de la veille vint les voir.

    Camarade de classe: Toi la rouquine, j'ai dit à mon père ce que t'as fait, et je l'ai aussi dit aux professeurs! Tu auras une punition!

    Susan: Ah, vraiment? Tu as des preuves à fournir, au moins?

    Camarade de classe: Ouais, tout à l'heure tu seras bien obligée de vider ton sac!

    Susan: Alors c'est que la leçon d'hier ne vous a visiblement pas suffit...

    Le garçon tira la langue à Susan avant de repartir.

    Jonathan : Tu... N'as pas peur ?

    Susan: J'ai parfois côtoyé des balances, je m'attendais à ce que ça arrive... J'ai anticipé. *clin d'œil* Ils ne trouveront aucune grosse araignée vivante dans mon sac.

    Elle lui fit un sourire. Pour la première fois de sa vie, le jeune garçon eut un sourire, lui aussi.

    Peu après, lorsqu’ils allèrent en cours, on demanda effectivement à Susan de vider sa sacoche, mais il n’y avait rien dedans à part deux paquets de biscuit, une petite bouteille d’eau, des bonbons, des cartes à jouer usées, un petit sac rempli de billes, un ou deux vieux tickets pour le cirque Skinner tombés dans l’oubli, une clé (qui était le double de celle pour sa roulotte), quelques pièces qui constituaient un peu d’argent de poche, des mouchoirs, une page arrachée qui était un article sur les araignées, de petites araignées en plastique et des miettes de gâteau. Tout le monde était stupéfait à la fois par le contenu de la sacoche, mais aussi par le fait qu’aucune araignée vivante ne se trouvait dedans. Le camarade accusa Susan d’être une sorcière, car elle avait sûrement utilisé sa magie pour faire disparaître la grosse araignée, mais les professeurs conclurent que les enfants exagéraient et que c’étaient seulement ces petites araignées en plastique noir que l’enfant avait utilisé. Elle reçut un avertissement oral et tout rentra dans l’ordre. Alors qu’elle regagnait sa place, elle glissa à Jonathan un petit sourire complice. Et depuis ce jour, ils devinrent inséparables tous les deux, et plus personne ne vint leur chercher des ennuis.

     

    Les mois filaient, et durant ce temps, les deux enfants étaient devenus proches. Malgré leurs malheurs, ils se réconfortaient l'un et l'autre, et profitaient de chaque instant ensemble, car ils se faisaient confiance et avaient fini par se révéler leurs tourments. Susan se montrait très compatissante avec Jonathan, mais elle ne lui avait pas confessé ce qu’il y avait de pire de son côté, pour ne pas l’inquiéter, estimant que son ami était déjà lui-même dans une situation délicate.

    Jonathan commençait même à ressentir quelque chose pour Susan, mais il ne savait pas comment s'y prendre pour le lui dire ni si c'était réciproque... Son père n'était évidemment pas au courant, par crainte qu'il ne comprenne pas, mais il voyait que son fils était différent. Durant les tests, il paraissait moins effrayé que d'habitude, et c'était grâce à Susan.

    Un matin, Jonathan voulut lui avouer qu'il aimait, mais la jeune fille avait une triste nouvelle à lui annoncer.

    Susan: Jonathan... Dans deux semaines, le cirque partira... On va bientôt commencer à démonter le chapiteau, tout ça... Ce week-end il y a notre dernier spectacle... Je vais y participer en quelques sortes, donc... Est-ce que tu voudrais venir, cette fois?

    Au cours des mois, Susan avait distribué à plusieurs reprises des places auprès de ses camarades, en tout cas auprès de ceux qui n'avaient pas eu peur d'elle depuis l'événement de l'araignée. Ceux-ci étaient venus volontiers mais, bien que le spectacle ait été divertissant, ils étaient un peu déçus de ne pas voir Susan dans les numéros. Elle n'y avait figuré qu'une seule fois, et c'était pour assister son grand-père pour un tour de magie, sinon, les autres fois, il avait pris quelqu'un du public.

    Susan tendit le ticket à Jonathan.

    Susan: Mais si ça ne te tente pas trop, je peux m'arranger pour ne pas participer, et je te fais visiter le cirque pendant le spectacle, si tu le veux. Que préfères-tu?

    Jonathan connaissait bien son amie, et il vit que quelque chose était étrange chez elle lorsqu'elle prononça ces paroles: elle avait l'air légèrement anxieuse. Elle ne rayonnait pas comme d'habitude, et son sourire paraissait un peu forcé. Le jeune garçon prit le ticket et fit un sourire à son amie.

    Jonathan : Je viendrai te voir Susan, sur scène.

    Jonathan n'eut pas le courage de dire qu'il aimait, et encore moins de dire son refus concernant son départ. Le sourire de la rouquine sembla se décrisper aux mots de Jonathan.

    Susan: Et aussi quand je serai au cinéma?

    Jonathan : *tend sa main* Je te le promets.

    Susan la lui serra puis elle se jeta sur lui pour l'enlacer.

    Susan: Je n'ai jamais noué de relation aussi sincère avec quelqu'un d'autre que toi... Et sache que même après que je sois partie, je ne t'oublierai jamais. Je peux te l'assurer.

    Puis, à la surprise de Jonathan, Susan posa un baiser sur sa joue.

    Susan: Je dois y aller. À très vite, Jonathan.

    Jonathan se mit à rougir. Il toucha sa joue et resta immobile quelques instants. Puis rentra chez lui, cachant le ticket dans sa poche.

    Le week-end arriva, et comme promis Jonathan vint au cirque, sans que son père le sache. À l'entrée du chapiteau, le garçon donna son ticket et alla au premier rang. Lorsque ce fut rempli, que l’heure arriva, le spectacle commença enfin. Il y eut les animaux, puis les clowns, les acrobates, et enfin, le moment attendu avec Susan: la magie.

    Le grand-père Skinner fit quelques tours en solitaire en premier lieu, puis, lors de son dernier tour, celui de la boîte magique, Susan apparu enfin. Elle avait été habillée d'une jolie robe de spectacle rose pâle, et elle avait deux petites nattes qui se rejoignaient derrière la tête, accrochées par une petite épingle. Elle avait aux pieds des ballerines assorties à sa robe, et des collants gris clair. On aurait dit une danseuse.

    Puis elle se plaça aux côté de son grand-père et tous deux saluèrent la foule. Susan cherchait du regard Jonathan, et lorsqu'elle le repéra, elle lui fit un grand sourire ainsi qu'un clin d'œil, tandis que la foule applaudissait.

    Après le spectacle, Jonathan chercha son amie. Mais ne la voyant pas, il voulut repartir, quand soudain, une main agrippa son bras.

    Jonathan : Susan... !

    Susan lui fit signe de se taire en posant un doigt sur ses lèvres, puis l'amena jusqu'à sa roulotte, tout en observant partout autour d'elle, comme si elle ne voulait pas se faire attraper. S'il avait fait nuit, cela aurait été plus simple de se dissimuler, mais ce n'était pas le cas. La jeune rousse se montrait prudente, et enfin, les deux enfants arrivèrent à destination. Dès qu'ils eurent posé pied dans la roulotte, Susan ferma à clef.

    Jonathan : Je... Tu as été merveilleuse Susan.

    Susan: Merci beaucoup Jonathan, même si je n'ai pas fait grand-chose. Je suis très contente que tu sois venu.

    Elle avait toujours son sourire aux lèvres, mais il était à nouveau un peu crispé.

    Susan: Du coup... Je te présente ma maison.

    La roulotte était relativement petite. Il y avait un lit, une chaise, une pile de manuels scolaires, des feuilles de papier, des stylos, le cartable de Susan, et on voyait sa sacoche dépasser légèrement du lit. Il y avait également de quoi accrocher les tenues de scène de l'enfant. Il y avait plein de robes et de paires de chaussures de modèles et couleurs différentes. Les tons étaient principalement roses : rose vif, rose bonbon, et un peu de fuchsia.

    Jonathan : Elle ... Elle est sympa.

    Susan: Merci. C'est un peu petit... Et je n'ai évidemment pas choisi la décoration, mais... Au moins c'est confortable, et je peux avoir mon recoin à moi...

    Jonathan : Oh j'y pense...

    Le garçon fouilla sa poche et en sortit quelque chose. Cette chose était dans un tissu.

    Jonathan : C'est pour toi.

    Il lui tendit. Susan le prit et enleva le tissu. Il s'agissait d'un petit caillou, mais il était unique : creusé, et avec de petits cristaux.

    Jonathan : Je l'ai trouvé dans ma cour, il y a longtemps.

    Susan: Oh, Jonathan... Il est si joli! Merci beaucoup!

    Elle se pencha pour attraper sa sacoche sous son lit, et rangea le caillou dedans, puis elle la cacha de nouveau, en s'assurant que rien ne dépasse du dessous de lit cette fois-ci.

    Susan: Je cache tellement de choses dans ma sacoche, mais si mon père voit ce caillou, il va deviner que c'est un cadeau, et il risque de...

    Susan se rendit compte de ce qu'elle allait dire et elle se mordit la lèvre pour ne pas aller plus loin.

    Jonathan : Je... J'en ai un autre et celui-là il ne risque pas de le voir...

    Susan le regarda d'un air interrogateur. Jonathan s'approcha et déposa un léger bisou sur les lèvres de Susan. Susan eut l'air surprise, elle ne s'attendait pas à ce que Jonathan fasse ça. Jonathan avait rougit, et Susan aussi.

    C'est alors qu'on entendit tambouriner à la porte de la roulotte.

    Susan: *voix basse* Cache-toi sous mon lit, vite!

    Jonathan s'exécuta.

    Susan: *voix basse* Pas un bruit! *à voix haute* Oui?

    M. Skinner: Je peux savoir pourquoi tu t'es enfermée alors que tu dois t'occuper des animaux?

    Susan: Je... Je voulais me changer, papa!

    Un déclic se fit entendre et le père Skinner entra dans la roulotte.

    M. Skinner: Te changer, hein? Tu es toujours en tenue!

    Susan: Je voulais me reposer un peu...

    M. Skinner donna une gifle à sa fille.

    M. Skinner: Notre cirque passe avant tout, espèce de bonne à rien! Dépêche-toi de mettre d'autres vêtements avant de salir cette robe! Sinon tu goûteras encore à ma ceinture!

    Susan baissa les yeux et son père partit en claquant la porte de la roulotte.

    Susan: Je suis désolée Jonathan... Je ne voulais pas que tu assistes à ça... J'ai hésité à t'en parler...

    Dit-elle tandis que Jonathan sortait de sous le lit.

    Jonathan prit Susan dans ses bras.

    Jonathan : Ne... T'excuse pas...

    Susan: Il vaut mieux que tu partes à présent... On se voit lundi. Assure-toi qu'on ne te voit pas.

    Jonathan acquiesça et partit.

     

    Les deux semaines passèrent, et l'heure du départ pour Susan arriva.

    Jonathan était non loin du cirque, il avait dit à Susan qu’il serait là le jour de son départ. Il attendit de longues minutes. Il commença à craindre qu'elle soit déjà partie. Mais elle arriva finalement. Elle avait sa sacoche en bandoulière, et portait une jolie robe rose, avec des collants noirs et des chaussures assorties. Elle portait également un bandeau dans les cheveux. On aurait dit une petite poupée.

    Susan: Jonathan...

    Jonathan : Susan, tu es enfin là.

    Susan: Je n'ai pas beaucoup de temps, juste quelques minutes...

    Elle lui prit les mains.

    Susan: J'espère qu'on se reverra un jour. Sincèrement.

    Jonathan : On se verra, c'est une promesse.

    Susan: ... Je compte m'enfuir du cirque.

    Jonathan fut un peu surpris.

    Jonathan : Mais tu vas vivre où et avec quoi ?

    Susan: Je ne vais pas partir tout de suite, rassure-toi. Mais je ne sais pas encore... Je vais réfléchir... Et dès que j'aurais l'occasion... Adieu le cirque Skinner.

    Jonathan eut un léger sourire et enlaça son amie, puis elle partit.

    La vie de Jonathan reprit son cours, et hélas pour lui elle ne s'arrangea pas. Son père décéda dans les mois suivants le départ de son amie à cause de sa trop grosse manie à fumer le cigare. Le garçon fut alors placé en maison d'accueil. Et malgré le bon traitement qu'il recevait, il développa un étrange comportement. Il s'était mis à effrayer les autres, il posait des questions sur leurs peurs et jouait avec ça. Son père l'avait transformé.

     

    1993, quartier du Vieux Gotham.

    Les années passèrent, et Jonathan, à l'âge de 24 ans seulement, put avoir son cabinet. Il était devenu psychologue, mais cette vie ne lui convenait guère. Elle était maussade et sans réel sens, mais elle allait redevenir intéressante grâce à une vieille connaissance.

    Alors qu'il se promenait dans les rues de Gotham pour rentrer chez lui après une longue journée de travail ce samedi, il passa devant un cabaret nommé "Harvey's". Jonathan ne s'y était jamais rendu, bien que l'établissement ait toujours été là depuis des années. Tout d'un coup, il lui vint à l'esprit l'idée de s'y rendre. Il passait si souvent devant mais n'y était jamais entré, et pourtant le lieu avait l'air intéressant. Il y avait souvent des spectacles pendant les dîner: du chant, de la danse, des humoristes, et même du théâtre d'improvisation, pendant toute la semaine.

    Jonathan entra dans le lieu. Il y faisait presque sombre, mais il y avait quelques éclairages, et une odeur de cigare flottait dans l’air, très proche de celle qui avait été répandue dans la maison des Crane. Il y avait également quelques tables éparpillées dans la salle, un bar et une scène immense, ainsi qu’un étage. Cet étage rappelait un peu les opéras, car les places étaient disposées telles des niches, avec une table à chaque ouverture, et le peu de clients qui étaient là-haut avaient l’air d’être assez fortunés.

    Jonathan s'installa à l'une des tables dans le fond, car celles du premier rang étaient complètes. Une serveuse remarqua le jeune homme et alla à sa rencontre. Elle avait un masque sur le visage et portait une robe rouge et or qui la couvrait jusqu’au-dessus des genoux.

    Serveuse : Qu'est-ce que je vous sers mon chou ?

    Jonathan : Un whisky s'il vous plait.

    La serveuse nota sur un petit carnet puis partit.

    Jonathan était très observateur, il regardait chaque détail, chaque personne. Soudain une musique se lança, ce qui coupa les pensées du jeune homme.

    Une silhouette s'avança sur la scène. C'était une femme. Elle était vêtue d’une longue robe entièrement constituée de plumes noires qui lui couvrait les bras et le haut du buste, et qui traînait un peu derrière elle. Elle portait sur le visage un masque noir avec un bec, qui ressemblait à ceux qu'on arborait au carnaval de Venise, et sur la tête elle portait un petit chapeau noir avec une plume noire également, qui se clipait sur ses cheveux roux qui étaient mi-longs et regroupés derrière en une petite queue de cheval basse. Son visage était fin, et ses mains avaient l'air d'être aussi délicates et fragiles que de la porcelaine. Elle avait l’air d’un corbeau avec son costume de scène. La femme s'avança jusqu'à un micro qui était posé sur la scène, et commença à chanter.

    L'odeur de cigare qui était initialement présente dans le lieu s'amplifia, accompagnée d'un peu de fumée qui se mit à tomber d'au-dessus de la tête de Jonathan. À l'étage se trouvait un homme obèse, accompagné de deux femmes qui étaient costumées et masquées. Il était le seul à fumer, et il était vêtu de manière chic, avec un gros manteau de fourrure jeté sur ses épaules. C'était Brandon Weinstein, le patron du cabaret. Il avait les yeux rivés sur la femme qui était en train de chanter, et avait un étrange sourire aux lèvres.

    Jonathan balaya  la fumée de sa main et écouta attentivement la femme. Sa voix était hypnotisante, agréable. La femme prit le micro en main et descendit de la scène. Elle tourna autour de certains hommes, puis elle se dirigea vers Jonathan.

    Jonathan put ainsi admirer davantage la chanteuse. De près comme de loin, elle faisait toujours penser à l’oiseau de mauvais augure. Il remarqua par ailleurs qu'elle avait à chaque oreille une boucle à laquelle pendait une plume noire. Il put également admirer qu'elle avait un très beau sourire, des yeux apparemment bleus, et il se dégageait d'elle un parfum de rose. Elle devait être bien jolie, sans son masque, se disait Jonathan.

    Puis elle s'éloigna de lui pour aller vers d'autres, jusqu'à finir cette première chanson. Un tonnerre d'applaudissements retentit dans tout le cabaret, ainsi que des sifflements. Certains criaient même ce qui devait être le nom de scène de cette femme: "Raven! Raven!" suivi de "Encore! Encore!". Raven enchaîna donc avec une autre chanson, puis une autre, jusqu’à 21h.

    Jonathan resta écouter la femme, puis il regarda sa montre. Il était l'heure pour lui de rentrer. Il paya sa boisson et s'apprêta à sortir, quand soudain quelqu'un derrière lui, le stoppa en appelant par son prénom.

    Raven: Jonathan?

    Jonathan se retourna et fut surpris de voir la chanteuse.

    Jonathan : On se connait ?

    Raven: Tu ne te souviens pas de moi?

    Elle défit son masque devant lui, révélant son visage fin, les quelques taches de rousseur qui le parsemaient, et ses yeux bleus avaient l'air bien plus visibles à présent.

    Jonathan : Susan ? ... C'est vraiment toi ?

    Elle remit rapidement son masque sur son visage et fit un petit sourire.

    Susan: Oui, c'est moi. Je ne pensais pas te revoir dans cet endroit.

    Jonathan : Et moi donc.

    Jonathan souriait également, lui qui pensait ne jamais la revoir, il fut bien surpris.

    Jonathan : Très content de te revoir, en tout cas.

    Susan: Je le suis également.

    Elle regarda autour d'elle. Jonathan remarqua qu'elle arborait un air un peu inquiet.

    Susan: ... Si tu veux qu'on se parle, il vaut mieux qu'on se voit dans ma loge...

    Jonathan sortit une carte de sa poche et lui tendit.

    Jonathan : C'est que je dois rentrer, mais passe me voir à mon cabinet... J'ai un créneau à 15 heures demain.

    Susan: ... Jonathan...

    Elle prit la carte d'un air hésitant.

    Susan: Je vais faire ce que je peux pour venir te voir à ce moment-là.

    Jonathan : Tu as un numéro ? Si tu préfères qu'on se retrouve ailleurs et à un autre moment, il n'y aucun souci.

    Susan remis une mèche de cheveux derrière ses oreilles.

    Susan: Ce n'est pas ça, c'est juste que...

    Weinstein apparu derrière Susan à ce moment-là, toujours en compagnie des deux femmes masquées et élégamment vêtues, cigare à la main.

    Weinstein: Eh bien Raven, ma belle, tu n'es pas allée manger? Je te rappelle que tu n'as pas fini de travailler.

    Susan: J'étais sur le point de le faire, Brandon.

    Jonathan décela une pointe de haine dans le ton employé par Susan.

    Weinstein: Eh bien qu'attends-tu? Je ne te paie pas pour que tu ailles faire du charme aux clients pendant la pause!

    Il lui souffla dessus de la fumée, ce qui fit tousser Susan. Elle serra les dents et les poings, contenant sa colère.

    Jonathan : Elle ne me charmait pas, je suis juste une vieille connaissance...

    Weinstein: Oh, vraiment? Tu dois être un des camarades de classe qu'elle a rencontrés dans son enfance, quand elle était encore au cirque, c'est ça?

    Dit-il en caressant son manteau de fourrure.

    Jonathan : C'est exact, et je suppose que vous êtes le patron.

    Weinstein souffla un peu de fumée de cigare avant de tendre la main vers lui. Il avait des bagues à chaque doigt.

    Weinstein: Brandon Weinstein, oui, en effet. Je suis le propriétaire de ce cabaret qui appartenait à mon père.

    Jonathan ne voulait pas paraître impoli, ni, encore moins, se créer un ennemi, alors il serra la main de Weinstein.

    Jonathan : Jonathan Crane.

    Weinstein: J'espère que le spectacle vous a plu et que vous reviendrez parmi nous. Sachez que le programme est placardé à l'entrée du cabaret.

    Puis Weinstein souffla de nouveau de la fumée en se tournant vers Susan.

    Weinstein: Hé bien, poulette, qu'est-ce que tu fais encore ici? Va dans ta loge immédiatement!

    Et il lui claqua le derrière alors que la jeune femme se mit en marche. Jonathan n'appréciait pas le comportement de Weinstein, mais pour l'instant il la jouait fine et ne disait rien.

    Jonathan : Ravi de vous avoir rencontré, sur ce…

    Il quitta le cabaret avec inquiétude mais pour l'instant il ne pouvait rien faire, à part espérer que son amie vienne le voir le jour suivant.

    Susan avait regagné sa loge. Une assiette était posée devant la porte avec des couverts. Dedans il y avait de la viande refroidie et des légumes, ainsi qu'un verre d'eau tout simple. Elle prit le tout et ferma à clef. Elle posa son masque et son chapeau et mangea son repas, assise sur son petit lit.

    La pièce contenait également une coiffeuse, avec un miroir, de quoi se maquiller, se coiffer, et une bouteille de parfum. Il y avait également un vase de posé sur la coiffeuse, dans lequel se trouvaient des roses fanées. Il y en avait d'ailleurs tout plein sur le sol. Il arrivait très souvent qu'on lui jette des fleurs lorsqu'elle avait terminé complètement sa soirée de travail. Elle avait beaucoup d'admirateurs qui connaissaient son emploi du temps par cœur et qui venaient au cabaret uniquement pour elle. Mais elle ne pouvait jamais réellement parler librement à qui elle le souhaitait à cause de son patron. Néanmoins, elle avait quelque chose qui lui permettait de supporter tout ça, malgré le peu d'argent qu'elle gagnait et la piètre qualité des repas qu'on lui procurait: elle avait recueilli de grosses araignées et les gardait dans sa loge, auprès d'elle, et il se trouvait que Weinstein en avait très peur. C'étaient par ailleurs des araignées venimeuses. Susan les connaissait bien. Elle les avait mises dans des boîtes, et en possédait cinq. Les autres étaient plus petites, non venimeuses, et avaient tissé leur toile au plafond. Susan leur parlait, leur confiait ses soucis, et trouvait du réconfort auprès d'elles, tout comme lorsqu'elle était encore au cirque Skinner durant son enfance.

    Elle repensa à Jonathan. Elle était heureuse de le retrouver, mais elle savait que lorsqu'ils se reverraient, il allait forcément lui poser des questions. De plus, le geste déplacé de Weinstein ne lui avait pas échappé, bien au contraire. Cependant elle se disait qu'elle se sentira peut-être soulagée de se confier à son ami, et peut-être qu'il l'aidera à se sortir de la situation dans laquelle elle se trouvait?

    Elle regardait la carte du "docteur Jonathan Crane" avec un sourire, et commença à réfléchir sur la manière dont elle s'échapperait demain pour aller le retrouver. Hélas elle ne connaissait pas très bien les rues de Gotham. Elle passait ses journées dans un petit appartement situé deux rues plus loin, qui était à Weinstein, et le soir, elle était enfermée dans sa loge, jusqu'à ce qu'elle ait terminé son travail, pour ensuite rentrer "chez elle". C'était son quotidien.

    Susan se leva pour aller prendre une de ses araignées. Une araignée banane. La jeune femme la caressa tendrement, puis souleva l’une des manches de sa robe. Il y avait là tout plein de traces de morsures d'araignées. Susan laissa son arachnide lui perforer la peau, lui injecter son venin, avant de remettre la bête à sa place. Puis Susan attendit quelques minutes avant de soigner sa plaie. Elle pratiquait cela depuis bien longtemps. Son but n'était pas de se faire du mal, de s'automutiler, pour extérioriser ses problèmes, non. Susan cherchait à s'immuniser au venin de ses compagnes, et régulièrement, elle s'en injectait à petite dose. Elle se disait que ça pouvait être utile, si jamais elle envisageait de se venger de son patron...

    Le jour suivant, Jonathan attendit patiemment son amie dans son bureau. Il espérait qu'elle viendrait, l'heure tournait et elle n'était toujours pas là. Jonathan sortit de son bureau pour appeler son patient suivant, et à sa grande surprise, il s'agissait de Susan.

    Jonathan : Susan.

    Susan était vêtue d'une vieille robe de bal délavée et avait noué un morceau de tissu autour de sa tête, ce qui lui faisait comme un bandeau dans les cheveux. Elle portait des chaussures à talons de couleur blanche, et autour de son cou, Jonathan remarqua qu'elle avait le caillou qu'il lui avait offert il y a si longtemps, attaché avec des mèches de cheveux roux. Susan avait utilisé ses propres cheveux pour cela.

    Susan: Désolée, j'ai fait ce que j'ai pu pour venir.

    Jonathan : Ne t'excuse pas, rentre.

    Jonathan l'invita à s'assoir sur le divan.

    Jonathan : Tu veux boire quelque chose ?

    Susan: Oui, je veux bien.

    Jonathan : Hm... Café ?

    Susan: Avec joie.

    Jonathan prépara les boissons et les apporta. Susan huma le parfum du café et esquissa un sourire, puis commença à le boire.

    Susan: Ça me change de mes verres d'eau.

    Jonathan : Prends ton temps, Susan…

    Jonathan l'invitait à parler, après tout il en avait l'habitude, mais contrairement aux autres patients, Susan ne le dérangeait pas.

    La jeune femme rousse but d'une traite toute sa tasse de café.

    Susan: Je suis contente que tu aies bien réussi. Tu te voyais devenir psy, à l'époque?

    Elle avait apparemment retrouvé son sourire normal, et semblait détendue.

    Jonathan : Ne m'en veux pas, je parle rarement de moi... Parlons de toi plutôt, et ne rentre pas dans les détails si vraiment c'est pénible pour toi.

    Susan: ...

    Elle posa sa tasse.

    Susan: Ça fait trois ans que je m'embourbe dans cette impasse... Depuis que j'ai quitté le cirque, les choses ne se sont pas vraiment passées comme prévu...

    Jonathan : je me souviens que tu m'avais dit que tu voulais devenir actrice, pourquoi ça ne s'est pas fait ? Alors que tu as clairement du talent.

    Susan: J'ai tenté ma chance dans plein de castings, en cachette, quand j'étais encore au cirque... Mais ils ne voulaient pas de moi car j'étais mineure et il fallait l'accord des parents... Quand je suis partie à ma majorité, j'ai cru que je pouvais enfin être prise... Je voulais jouer dans des films d'épouvante et d'horreur essentiellement... Mais ils disaient que j'étais trop jolie pour avoir les rôles que je voulais, à savoir ceux des personnages méchants... Alors j'ai été contrainte de faire du théâtre, à la place. Pour gagner ma vie après avoir fui le cirque. C'est comme ça que j'ai rencontré Brandon...

    Jonathan : Un type peu sympathique, mais... Parle-moi de lui.

    Jonathan avait une idée en tête, il voulait sauver son amie des griffes de cet homme et pour ça, il devait le connaître, surtout ses peurs.

    Susan: Il est producteur. Il m'avait repérée lors d'une représentation et m'a proposé de travailler un petit temps pour lui, pour que je puisse ensuite enfin avoir les rôles que je souhaite... Il m'a cédé un petit appartement non loin du Harvey's... Mais... J'ai été si naïve... J'aurais dû me méfier... Au début tout se passait bien, j'ai même apporté à son cabaret plus de renommée qu'il ne l'espérait sous l'identité de Raven... Puis... Il a commencé à me proposer de coucher avec lui pour avoir ce que je souhaitais... Et comme j'ai toujours refusé... Mon salaire a baissé... Et encore, comme je suis la star de son cabaret, il n'ose pas trop faire certaines choses qu'il réserve... Aux femmes que tu peux voir dans l'établissement. Elles ont toutes un masque, mais si tu voyais comment elles sont en-dessous... J'ai heureusement toujours des araignées de compagnie, ça le tient aussi à distance... Mais il se permet quand même de me traiter comme tu l'as vu hier soir... Et de réitérer sa « proposition » assez régulièrement… Il est encore plus misogyne et irrespectueux de la gente féminine que les hommes de ma famille... Je ne peux hélas pas partir, déjà parce qu'il m'y enferme, et surtout, si je quitte le cabaret, je n'aurais plus rien... Pas d'abri, pas de nourriture, pas d'argent...

    Des larmes commencèrent à monter aux yeux de Susan, et elle cacha son visage dans ses mains avant d'éclater en sanglots.

    Jonathan : Allons...

    Il se leva et caressa gentiment le dos de Susan.

    Jonathan : Tout va s'arranger, parce que je suis là maintenant.

    Susan: Si seulement il ne me traitait pas comme ça... Je m'amuserai tellement plus là-bas! *sanglote de plus belle* Qu'est-ce que tu peux faire? Il a de l'argent, il peut faire ce qu'il veut avec...

    Jonathan : Fais-moi confiance... Accorde-moi une semaine et tu seras libre.

    Susan: Oh, Jonathan!

    Susan lui sauta au cou en sanglotant.

    Susan: Est-ce que tu reviendras me voir? *essuie ses larmes* Je peux te donner mes horaires.

    Jonathan : Avec plaisir.

    Susan donna les horaires de lorsqu’elle était sur scène, et avant de partir, elle fit une bise sur la joue du garçon. Jonathan eut un sourire.

    La semaine passa vite et Jonathan avait préparé son plan. Durant celle-ci, il avait gagné la confiance de Weinstein, pour mieux l'approcher et afin qu’il baisse sa garde.

    Et tous les soirs, après sa visite au cabaret, il travaillait sur un projet, quelque chose que son père avait laissé avant de mourir. Une formule. Créer une toxine qui réveille les peurs les plus profondes. Depuis quatre ans il était dessus et bientôt elle allait être au point...

    Le jour J était arrivé et Jonathan était prêt à mettre son plan en action. Il se rendit au cabaret comme convenu, avec un bouquet de fleurs pour son amie et dans sa poche de veste, il y avait une seringue qui contenait la toxine.

    Le jeune homme arriva au cabaret et alla directement à la loge de Susan. Il toqua à sa porte.

    Susan: Qui est-ce?

    Jonathan : C'est moi, Jonathan.

    Un déclic se fit entendre et Susan ouvrit la porte. Elle avait une de ses araignées de compagnie sur l'épaule et une des manches de sa robe était relevée, laissant apercevoir une récente trace de morsure. Jonathan remarqua surtout que son amie était en train de se préparer pour la soirée, car son costume n’était pas encore complet.

    Susan: Bonsoir Jonathan. Entre donc.

    Elle le fit entrer et installer sur le lit, tandis qu'elle remettait son araignée dans une des boîtes, puis alla s'assoir devant sa coiffeuse pour arranger ses cheveux. Elle regardait son ami dans le reflet du miroir. Jonathan sortit le bouquet de derrière son dos.

    Jonathan : Je sais que ce n'est pas très original mais j'espère que malgré tout, ça te plaît.

    Elle se tourna et avança un peu son tabouret pour prendre les fleurs.

    Susan: Bien sûr que ça me plaît. Merci beaucoup, elles sont très jolies.

    Elle retira les roses de son vase pour mettre les fleurs de Jonathan à la place, puis se remit à arranger sa coiffure.

    Susan: Je ne sais pas ce que tu as prévu, mais... Je vais en profiter ce soir pour révéler à tous comment Brandon nous traite, ici... Dès que j'aurais fini mon spectacle.

    Jonathan : Je vais simplement lui parler.

    Dit-il avec un sourire.

    Jonathan : Je lui parlerai pendant ton show.

    Susan mit son masque.

    Susan: Très bien.

    Elle clipa ensuite son chapeau, se leva, rabaissa la manche qu'elle avait relevée, et se tourna face à son ami.

    Susan: À tout à l'heure.

    Elle lui fit un sourire avant de sortir de sa loge et de se diriger vers la scène. Jonathan quitta la loge à son tour, et tomba sur Brandon.

    Jonathan : Ah monsieur Weinstein, justement je voulais vous voir.

    Weinstein était toujours accompagné des deux femmes masquées, cigare à la main.

    Weinstein: Ah, très bien très bien fiston! Eh bien, nous pouvons discuter pendant la représentation de Raven! Tu seras au balcon avec moi!

    Jonathan : C'est que je préfère un endroit calme, et seulement vous et moi.

    Weinstein: Ah, vraiment? Mh, vois-tu... *souffle de la fumée* Je ne rate jamais les numéros de Raven... Enfin bon, je peux faire une petite exception ce soir! Allez, fichez-moi le camp, vous deux!

    Il leur pinça le derrière à chacune en accompagnant cela d'un "Hé hé!" dont lui seul avait le secret.

    Susan, de son côté, était en train de danser en compagnie d'autres membres du personnel, des hommes et des femmes, et chacun avait son costume et son nom attitrés, tout comme elle. Lorsque le numéro de danse touchera à sa fin, Raven devra chanter, mais ce que le public ignorait, c'était que le programme allait être légèrement différent après la première chanson de la soirée.

    Jonathan suivit l'homme dans son bureau. Une fois à l'intérieur, Jonathan ferma derrière lui. Weinstein lui proposa un verre, ce que Jonathan accepta, puis il lui demanda la raison pour laquelle il voulait lui parler.

    Jonathan : La raison est Susan... Voyez-vous, je l'apprécie énormément et je crois que je n'ai jamais cessé de l'aimer...

    Alors que Brandon était de dos en train de verser l'alcool dans les verres, Jonathan sortit la seringue de sa poche, et avait mis quelque chose sur son visage.

    Jonathan : Bref, tout ça pour vous dire que...

    Quand Weinstein se retourna, Jonathan planta la seringue dans la nuque de l'homme et lui injecta la toxine.

    Jonathan : Vous êtes une sale ordure et que vous allez regretter d'avoir maltraité Susan.

    Weinstein écarquilla les yeux de surprise, il n'eut pas le temps de comprendre ce qui lui arrivait, et peu après que Jonathan eut retiré la seringue, le patron du Harvey's se mit à pousser des hurlements d'effroi, et à gigoter dans tous les sens.

    Weinstein: HAAAAAAA! Des araignées! Des araignées partout!! HAAAAAAAAA!!!

    Pendant ce temps, Raven était parvenue à écourter le numéro de danse. Il y avait une majorité de filles qui y participait ce soir, et elle leur avait dit que plus personne n'aurait à subir les sévices du patron. Les garçons durent donc accepter cette condition, puisqu'ils n'étaient pas majoritaires, et eux aussi subissaient de mauvais traitements de la part de Weinstein, bien qu’ils soient moins durs, injustes et cruels que ceux réservés aux filles.

    Alors que le numéro se terminait plus tôt, Raven s'avança sur le devant de la scène, équipée d'un petit micro. Les autres artistes se tenaient derrière elle.

    Susan: Cher public, j'ai une annonce à vous faire. Avant tout, je vous remercie tous pour les compliments que vous nous faites et pour votre fidélité. Sachez que ça nous touche beaucoup, nous, les artistes du Harvey's. Mais j'ai des annonces à vous faire, et des informations à vous communiquer, que vous ignorez sans doute.

    Un brouhaha commença à s'élever de la foule.

    Susan: Brandon Weinstein... Ne nous traite pas bien du tout. Surtout nous, les filles. Ces masques que nous portons, ce n'est pas seulement pour faire joli.

    Elle fit signe à une des serveuses de venir, ainsi qu'une de ses camarades de danse, qui avaient un masque qui couvrait tout leur visage.

    Susan: Ces masques cachent nos souffrances. Et malheureusement, nous n'avons jamais pu nous opposer à lui, car notre travail est notre seul gagne-pain. Brandon nous harcèle, nous humilie, nous traite comme des objets... Beaucoup de mes camarades féminines ont subi d'épouvantables sévices... Nous avons subi du chantage... Des gestes déplacés venant de lui...

    Susan soupira avant de poursuivre.

    Susan: Je comprends bien que vous puissiez être déçus. Mais vous n’aurez pas fini de l’être suite à ce que je vais vous dire: je me retire du Harvey's.

    Le brouhaha s'intensifia.

    Susan: Mais sachez cependant une chose. Votre fidélité, votre admiration, ça nous a apporté à tous un certain réconfort, et sincèrement, quelque part, j'ai tout de même été heureuse de vous offrir du spectacle. Vous nous avez soutenus, d'une certaine manière. Je vous fais donc mes adieux, moi, Susan Skinner, que vous avez connue sous le nom de Raven pendant tout ce temps.

    Elle salua la foule avant de se débarrasser du micro, tandis que la foule continuait son brouhaha. Quelques personnes applaudissaient, mais le public demeurait perplexe. Alors que Susan se dirigeait vers les coulisses, ses camarades l'entouraient et l'assaillait de questions: "Tu es folle! Tu ne penses pas qu'on va avoir des ennuis maintenant?", "Que va dire le patron?", "Qu'est-ce que tu vas faire si tu ne travailles plus ici?", etc, etc. Mais Susan n'y prêtait guère attention. Elle marchait en direction de sa loge.

    Susan: Les amis, je vous souhaite à tous une bonne chance et une bonne continuation. Croyez-moi, ça ne me plaisait pas d'être moins maltraitée que vous. C’était clairement injuste d’avoir droit à cette sorte de favoritisme malsain. Mais je peux déjà vous dire qu'à présent... Brandon ne vous fera plus aucun mal, et peut-être même que vous allez pouvoir récupérer le cabaret pour vous.

    Et sur ces mots, elle ferma la porte de sa loge. Les artistes échangèrent entre eux des regards perplexes, et s'éloignèrent en ôtant leurs masques, tout en continuant à échanger des questions vis-à-vis de ce qui venait de se passer.

    Jonathan observait Brandon avec un sourire, satisfait.

    Jonathan : Ce n'est pas que je m'ennuie mais je dois vous laisser.

    Il récupéra sa seringue et enleva son masque, puis sortit du bureau. Il prit direction de la loge de Susan, il rangea entre-temps sa seringue et son masque dans ses poches, et toqua à la porte.

    Jonathan : Susan…

    Susan: Entre!

    Lorsqu'il ouvrit la porte, il voyait qu'elle était en train de ranger ses biens qu'elle considérait comme les plus précieux et indispensables dans une petite sacoche qu'il ne connaissait que trop bien.

    Jonathan : Bonne nouvelle, j'ai convaincu Weinstein de te laisser tranquille.

    Susan: Vraiment? Je me demande comment tu as fait.

    Jonathan : Ça, c'est un secret professionnel.

    Susan lui répondit par un sourire tandis qu'elle continuait à ranger ses affaires.

    Susan: Je te remercie infiniment, Jonathan. ... Que comptes-tu faire à présent?

    Jonathan : Tu veux dire nous...

    Jonathan la regardait dans les yeux.

    Jonathan : Viens vivre avec moi, le temps que tu retrouves un travail bien sûr.

    Susan: Oh, je ne voudrais pas abuser... Tu as déjà fait beaucoup pour moi.

    Jonathan : Ça ne me dérange pas.

    Susan lui sourit.

    Susan: Alors très bien.

    Elle termina de ranger dans sa sacoche ce qu'elle voulait emmener, dont ses araignées, et elle laissa la clé de sa loge sur la coiffeuse.

    Susan: Je suis prête.

    Elle s'approcha de lui et, timidement, elle chercha à lui prendre la main, mais au final, elle renonça et passa devant lui pour sortir de la pièce.

    Deux semaines s’écoulèrent depuis, et  tout se passait bien. Weinstein avait été interné à l'hôpital psychiatrique à cause de crises de paranoïa répétitives, mais personne ne soupçonnait Jonathan ni ne se posait de questions.

    Susan était heureuse, et plus épanouie. Jonathan profitait d'elle dès son retour, ils discutaient des heures. La jeune femme était bien, cependant Jonathan avait imposé une règle : ne pas fouiller dans ses tiroirs. Raison : vie privée. Ce que Susan respectait totalement. De son côté, elle avait repris courage et son envie de devenir actrice était revenue. Elle cherchait donc à rejoindre des castings pour des films, et avait décidé qu'elle tenterait sa chance même si ce n'étaient pas pour de l'horreur, car il fallait bien commencer quelque part.

    Susan s'était aménagé un petit espace pour y mettre son élevage d'araignées. Quand Jonathan n'était pas là, elle s'occupait d'elles, et continuait à les faire lui mordre la peau, toujours dans le but d'être immunisée à leur venin. Ou alors, elle regardait des films à la télévision, ou s'exerçait à jouer des rôles, à improviser... Parfois même, elle se mettait à écrire ou chanter des chansons.

    Un soir Jonathan rentra plus tôt, et la première chose qu’il proposa à Susan, c'était de sortir.

    Jonathan : Que dirais tu de manger à l'extérieur ce soir ?

    Susan: Avec plaisir.

    Elle lui fit un de ses plus jolis sourires. Elle se vêtit d'une jolie robe décolletée de couleur noire, enfila des collants noirs, des chaussures noires avec de petites talonnettes, mit sur sa tête un joli chapeau assorti, et se maquilla un minimum. Elle mit également du parfum à la rose, le caillou que Jonathan lui avait offert quand ils étaient au collège, et un haath phool noir à sa main droite. Lorsque Jonathan la vit, il fut surpris de sa beauté, mais un détail attira son attention: elle avait un tatouage sur la poitrine, qui ne pouvait pas être vu quand elle portait ses robes de soirée lorsqu'elle était au cabaret. Par ailleurs, Susan ne s'était jamais vêtue avec des tenues décolletées jusqu'à présent, par conséquent Jonathan n'avait jamais vu ce tatouage. Il représentait une grosse araignée qui sortait du milieu de la poitrine de la jeune femme. Elle était parvenue à se le faire faire en cachette de Weinstein, par un de ses collègues artistes qui travaillait dans ce domaine avant de rejoindre les danseurs du Harvey's.

    Jonathan : Tu es magnifique  Susan, et ton tatouage aussi.

    Jonathan, lui, portait un costard marron, un peu vieillot, mais c'était le seul qu'il avait.

    Susan: Merci. Mais tu es très bien toi aussi. *sourit* J'ai toujours caché ce tatouage à Brandon. S'il l'avait vu... Il m'aurait renvoyée sur-le-champ. *soupire* Mais tout ça est derrière moi maintenant, grâce à toi.

    Jonathan : Tu me remercieras quand nous aurons bien mangé et... Regardé un bon film d'épouvante. *sourit*

    Susan lui répondit par un sourire complice.

    Puis tous deux se mirent en route, traversant les rues de Gotham à pied, en direction d'un petit restaurant sympathique. Ils discutèrent tout le long du repas et se régalèrent. Susan dégustait une nourriture certes simple pour n'importe qui, mais c'était tellement inhabituel pour elle que c'en était un véritable délice. Tous les deux profitaient de chaque instant, de chaque minute qu’ils partageaient ensemble.

    Une fois le repas terminé, Jonathan régla la note et retourna à son appartement avec Susan. Arrivé, il se changea. Il mit un bas pour dormir et un t-shirt. Susan se changea également, se démaquilla, puis tous deux s’installèrent devant la télé. Jonathan mit une cassette, éteignit les lumières et s’assit à côté de Susan qui était dans le canapé.

    Durant le film, Jonathan regardait la jeune femme du coin de l'œil, puis sa main posée sur le canapé.  Susan était absorbée par le film, ce qui était l'occasion pour Jonathan de toucher la main de celle-ci. Il approcha délicatement la sienne.

    Susan eut un léger sursaut en sentant ce frôlement. Elle tourna la tête vers Jonathan. Elle avait l'air surprise, mais elle se mit ensuite à sourire. Elle regarda de nouveau vers la télé tout en prenant la main de Jonathan, et se rapprocha un peu de lui.

    Jonathan serra un peu la main de son amie et se mit à la regarder. Il ne disait rien, mais son regard voulait tout dire. Susan semblait un peu moins absorbée par le film, bien que ses yeux fussent fixés sur l'écran. Jonathan se disait que c'était peut-être le moment. Il l'appela tout bas, ce qui fit tourner la tête de Susan vers Jonathan. Ce dernier rapprocha son visage et il déposa ses lèvres sur celles de la rousse. Jonathan intensifia le baiser en posant sa main sur la joue de la jeune femme, et entremêla les doigts de son autre main avec ceux de Susan.

    Susan rompit un instant le baiser pour reprendre son souffle.

    Susan: Tu veux voir un tour de magie?

    Lui dit-elle en souriant.

    Jonathan : Eh bien montre-moi.

    Répondit-il en souriant à son tour.

    Susan lui prit ses lunettes, puis elle passa une de ses mains devant de haut en bas à deux reprises, et la fit disparaître, montrant ses deux mains vides, puis elle se rapprocha de nouveau de Jonathan pour l'embrasser tendrement.

    Jonathan  renversa Susan sur le canapé et la regardait.

    Jonathan : Je t'aime...

    Susan lui caressa la joue.

    Susan: Moi aussi.

    Jonathan embrassa de nouveau Susan, et passa ses mains sous son t-shirt.  Il lui caressa ensuite sa poitrine quelques instants, puis lui enleva son haut. L'araignée tatouée était à présent bien plus visible. Elle était si bien faite qu'on aurait pu croire qu'elle était vivante et allait se mettre à bouger. Susan avait rougi lorsque Jonathan avait touché sa poitrine, mais en se retrouvant en soutien-gorge, son visage pris une teinte encore plus rouge, presque autant que sa chevelure. Elle était gênée, et elle eut un léger mouvement de recul. Jonathan le remarqua.

    Jonathan : Je vais trop vite ? ... Je suis désolé.

    Susan: Non, non, ce.... Ce n'est rien, c'est moi... C'est... Un réflexe...

    Elle remit une mèche de cheveux derrière ses oreilles.

    Jonathan : Si tu n'es pas prête, je comprendrai.

    Susan: ... J'hésite...

    Elle poussa un profond soupir, puis elle revint auprès de Jonathan.

    Susan: ... Réessayons.

    Jonathan fit un non de la tête et se releva.

    Jonathan : Je ne veux pas forcer, on le fera quand tu te sentiras vraiment prête.

    Susan lui fit un petit sourire. Elle se leva elle aussi pour embrasser Jonathan, avant de se rhabiller.

    Susan: Je te remercie de l'accepter, Jo.

    Jonathan : C'est normal.

    Il lui sourit.

    Jonathan : Je vais te laisser, demain je me lève tôt, rejoins-moi quand tu voudras.

    Susan l'enlaça et le serra fort contre elle, puis ils se séparèrent pour aller dormir.

     

    Deux jours plus tard, Susan avait une excellente nouvelle à annoncer à Jonathan. En effet, elle s'était récemment inscrite à un casting pour un film d'horreur, "La sirène du lac des brumes", et avait tenté sa chance pour obtenir le rôle de la sirène. Lorsqu'elle rentra à la maison, ce fut bien après Jonathan, et elle rayonnait de joie, elle ne pouvait pas cacher son sourire. Elle était même si heureuse qu'elle fredonnait.

    En arrivant, Jonathan avait déjà mis la table, mais ne s'était pas installé. Il avait attendu que Susan revienne pour dîner. En attendant, il était en train de rédiger sur papier des résultats.

    Susan: Jo, je suis rentrée!

    Alors qu'elle déposait ses affaires, son fredonnement commençait à contenir des paroles.

    En l'entendant, Jonathan cessa d'écrire et rangea vite fait dans ses tiroirs ce qu'il était en train de rédiger, pour aller accueillir la jeune femme.

    Jonathan : Bonsoir.

    Le jeune homme ne lui fit pas de bise, ni de câlin. Il avait pris un peu de recul avec Susan, il ne souhaitait pas la brusquer.

    Jonathan : Tu as l'air d'avoir passé une bonne journée.

    Susan: Tu ne peux pas savoir à quel point je suis heureuse! Je voulais te faire la surprise si jamais ça s'annonçait positif... Il se trouve que c'est le cas, alors il faut qu'on fête ça!

    Toujours en fredonnant et en affichant un grand sourire, elle sortit de son sac une bouteille de champagne qu'elle alla poser sur la table de la cuisine. Elle se lava les mains et sortit deux verres.

    Jonathan : Je suis heureux pour toi, c'est super.

    Jonathan n'avait pas l'air très enthousiasme, ce que remarqua la jeune femme.

    Susan: ..? Qu'est-ce qui ne va pas, Jonathan?

    Jonathan : Je... Je vais bien, ce n'est rien ! Trinquons à ta réussite !

    Susan: ... Jo...

    Elle s'approcha de lui et posa ses mains sur les épaules de Jonathan.

    Susan: Tu es sûr que tu ne veux pas en parler?

    Jonathan : Sûr et certain.

    Susan: ...

    Elle l'embrassa sur la joue, puis servit les verres. L'enthousiasme de Susan était un peu refroidi à présent.

    Susan: Je disais donc que je voulais te faire la surprise...

    Jonathan : Et c'est une superbe surprise Susan, vraiment.

    Il la prit dans ses bras et la serra tendrement contre lui.

    Jonathan : Je suis content, sincèrement.

    Susan: Merci, mais je ne t'ai pas encore dit ce que c'était.

    Jonathan : Je crois savoir ce que c'est.

    Susan le regarda avec un air amusé.

    Susan: Ah, vraiment?

    Jonathan : Tu as obtenu le rôle, n'est-ce pas ?

    Susan: Oui! Et pas n'importe lequel! J'ai enfin décroché un rôle d'antagoniste! Je crois que savoir chanter est ce qui a été décisif. Dès demain on va commencer les essais de maquillage et de costume! Je jouerai le rôle de la sirène dans le film "La sirène du lac des brumes"! Le film devrait sortir en salles d'ici l'an prochain... Oh bien sûr, je ne dois pas te donner tous les détails à cause de mon contrat mais.... Je peux déjà te dire au moins ces deux choses-là, et puis... Ça reste entre nous.

    Jonathan : Secret professionnel, je connais.

    Susan embrassa Jonathan sur les lèvres cette fois, puis ils s'installèrent pour dîner après avoir trinqué.

     

    Dans les mois qui suivirent, Jonathan et Susan se voyaient assez peu: Jonathan à cause de son travail, et Susan à cause des répétitions et du tournage du film. Et quand ils étaient à la maison, Jonathan était enfermé dans son bureau, à rédiger et faire des recherches, et Susan, elle, répétait son rôle, qui était essentiellement composé de chant, et de jeu de gestes et d'expression. D'ailleurs, elle répétait son rôle quand elle prenait ses bains, pour mieux se mettre dans la peau de son personnage. Jonathan avait l'impression de cohabiter avec une véritable sirène, tant Susan y mettait du sien dans ce rôle, mais surtout, à cause de sa magnifique voix. Parfois il suspendait son travail un instant pour l'écouter chanter dans l'appartement, avant de s'y remettre.

    Un soir, Jonathan revint très tard et avec un cocard à l'œil gauche. Il espérait  que Susan soit couchée pour ne pas qu'il le voit, mais en arrivant chez lui, la jeune femme ne dormait point.

    Elle était assise devant la télé, écoutant distraitement un film d'épouvante, les yeux sur le script du film dans lequel elle allait jouer. En entendant revenir Jonathan, elle se leva d'un bond pour aller l'accueillir et le serra contre elle.

    Susan: Jo! J'étais si inquiète!

    Elle se recula un peu et vit son cocard.

    Susan: Nom d'une mygale, que t'est-il arrivé?

    Jonathan ferma la porte derrière lui et alla dans la cuisine se chercher une poche de glace.

    Jonathan : Ce n'est rien Susan...

    Jonathan avait eu dans la journée un patient, et ce patient était un camarade de classe qui l’avait malmené à l'époque. Jonathan avait fait semblant de ne pas le reconnaître et l'avait pris en consultation comme tous les autres, mais celui-ci lui rappela de mauvais souvenirs et réveilla une envie de vengeance.  Dans la soirée, il s'était rendu chez ce patient avec son masque et une seringue. Sauf qu'il s'était fait frapper avant de pouvoir administrer sa toxine. Mais il n'avoua pas la vérité et se contenta de demeurer silencieux.

    Susan se contenta d'observer Jonathan de loin pendant un petit instant. Puis elle alla poser son script pour se mettre en pyjama.

    Susan: Jonathan... Est-ce que...

    Jonathan : Oui ?

    Susan se mit à rougir légèrement.

    Susan: Aimerais-tu qu'on dorme ensemble, ce soir?

    Jonathan : Tu... Es sûre ?

    Susan remit une mèche de cheveux derrière son oreille.

    Susan: Je songeais au début qu'on ne fasse que dormir ensemble et rien de plus mais... Finalement, pour ce soir...... Pour ce qui serait de... D'aller plus loin... Ce serait à une condition... Quelque chose de très simple, ne t’en fais pas.

    Jonathan : Je t’écoute.

    Susan: … Dans le noir complet. Sans la moindre lumière.

    Jonathan : Pourquoi maintenant ?

    Susan détourna le regard en rougissant un peu plus.

    Susan: Parce que... Parce que j'en ai envie...

    Elle remit à nouveau en place une mèche de cheveux.

    Susan: Ça me reste dans la tête depuis quelques jours...

    Jonathan posa sa poche et prit la femme dans ses bras.

    Jonathan : D'accord pour ce soir, laisse-moi juste le temps de me changer et je te rejoins.

    Susan: Bien sûr.

    Elle déposa un petit baiser sur le coin des lèvres de Jonathan, puis il sortit de la cuisine. Jonathan enleva ses vêtements et garda juste son boxer. Avant d'aller dans la chambre, il éteignit toutes les lumières, ainsi que la télé et il y entra enfin. Susan était allongée sur le lit, mais n'avait retiré que son haut. Il lui restait encore son bas et son soutien-gorge. Il faisait noir dans l'appartement du docteur Crane, mais un rayon de lune perçait à travers les vitres de la chambre. Jonathan tira les rideaux et vint auprès de Susan. Lorsqu'ils furent proches, Susan enlaça son bien-aimé et se blottit contre lui.

    Jonathan se mit à l'embrasser sur ses lèvres, puis descendit vers sa nuque. Sa main se posa sur son sein droit et commença à le caresser. Après quelques minutes, il descendit de nouveau, ses lèvres étaient posées sur la poitrine de la jeune femme, et en même temps, il baissait son soutien-gorge. Susan fut parcourue d'un léger frisson, mais elle le laissa faire, et l'aida même à se défaire de ce sous-vêtement, puis elle passa ses mains dans les cheveux de Jonathan.

    Après avoir passé quelques minutes sur la poitrine de sa bien-aimée, il décida de passer à l'autre partie. Ses mains descendirent jusqu'à son bas, et il le tira vers lui. Jonathan ne pouvait pas le constater dans le noir complet, mais Susan était rouge comme une pivoine, et elle avait fermé les yeux. Elle descendit ses mains délicates sur les épaules de Jonathan, qu'elle caressait du bout des doigts. Elle était à présente nue. Jonathan se mit entre les jambes de Susan, puis il enleva son boxer.

    Jonathan : *se met contre Susan* ... Te sens-tu prête ?

    Susan remonta une de ses mains jusqu'au visage de Jonathan et le rapprocha du sien pour l'embrasser. Puis, elle sépara de quelques centimètres seulement leurs lèvres et murmura sa réponse:

    Susan: Je pense que oui, Jo...

    Jonathan bougea un peu et commença ses mouvements de bassin. Susan laissa échapper quelques petits gémissements au début, mais elle demeurait silencieuse par la suite. On n'entendait que sa respiration, couplée à celle de Jonathan. De plus, la jeune femme ne remuait pas énormément. Elle avait la main gauche posée sur la nuque de son partenaire, la main droite sur l'épaule de celui-ci, et laissait faire Jonathan, presque comme si elle était figée. Pendant l'acte, Jonathan se remémorait sa soirée. Elle avait été à la fois bonne et mauvaise. Il était contrarié, et sans le vouloir il se vengeait sur Susan en allant plus vite, mais il s'en rendit compte et se mit donc à ralentir avant de se retirer. Tous deux s'allongèrent chacun de leur côté, dos à dos. Jonathan ne pouvait le voir dans le noir, mais Susan pleurait un peu, cependant ce n'était pas parce qu'il lui avait fait mal. Elle avait commencé à pleurer dès l'instant où elle s'était tue. En réalité, bien qu'elle ait eu réellement envie au départ d’aller plus loin avec Jonathan, elle s'était souvenue malgré elle de Weinstein. Bien qu'il ne l'ait jamais déflorée lui-même, il lui avait fait des attouchements, et parfois, Susan avait pu entendre les cris de désespoir de ses camarades féminines lorsqu'elle était au Harvey's, depuis sa loge. Mais le pire, selon Susan elle-même, c'était que pendant l'acte, elle n'avait pas ressenti le plaisir auquel elle s'attendait. Bien que les caresses de son partenaire eurent été agréables, et qu'il se soit montré doux, que Susan fusse même touchée que son bien-aimé la désire, qu'elle ait essayé de se laisser envahir par le bonheur, elle était déçue. Mais pas à cause de Jonathan. Elle l'était à cause d'elle-même. Elle avait l'impression que quelque chose n'allait pas avec elle. Et alors qu'elle y réfléchissait, que cela tournait à présent dans sa tête, elle ne put cette fois-ci contenir un sanglot, qui parvint aux oreilles de Jonathan.

    Il se tourna vers elle.

    Jonathan : Susan ? Que t'arrive-t-il ? T'ai-je fait mal ?

    Susan: N... Non... Ce n'est pas de ta faute, Jonathan...

    Elle se cramponna à son oreiller.

    Jonathan : Alors pourquoi ?

    Susan: ... Si je te le dis, tu me promets de ne pas le prendre mal?

    Jonathan : Dis-le...

    Susan se tourna vers Jonathan et lui fit part de ses tourments. Elle prenait le temps de reprendre son souffle entre deux sanglots lorsqu'elle parlait.

    Jonathan : Je... Je vois.

    Même si elle disait qu'il n'y était pour rien, Jonathan se sentit mal. Il n'était pas fâché, mais intérieurement il se disait qu'il ne méritait pas ça, alors il se leva du lit et fouilla dans sa commode pour trouver un bas. Susan avait de nouveau tourné le dos, et sanglotait en silence dans son oreiller. S'il n'avait pas fait totalement noir, Jonathan aurait pu voir quelques cicatrices le long de la colonne vertébrale de celle qu'il aimait: les marques de ceinture de M. Skinner.

    Ils passèrent le reste de la nuit dans le même lit, mais ils ne se touchèrent plus.

    Le lendemain, Susan se leva bien plus tôt que Jonathan. Elle n'avait pas fermé l'œil de la nuit, et son coussin était trempé de larmes. Elle n'avait pas cessé de pleurer. Elle était extrêmement fatiguée, et hélas, une longue journée l'attendait. Elle marcha silencieusement jusqu'à la cuisine, où elle prépara son petit-déjeuner et but deux tasses de café. Puis elle alla se toiletter, s'habilla, mais avant de sortir, elle alla prendre une feuille et un crayon, griffonna dessus un simple mot à l'intention de Jonathan, "je t'aime", qu'elle laissa sur la table de la cuisine, puis elle sortit enfin, en se disant que se promener de bon matin lui changerait peut-être les idées, et qu'en rentrant ce soir, les choses auraient été digérées, tant pour elle que pour Jonathan.

    Quand Jonathan se réveilla, il vit que Susan n'était plus là, mais cela ne le surpris pas, au contraire. Il quitta le lit puis alla dans la cuisine, là il vit le mot laissé par Susan. Jonathan prit le papier en main et en fit une boulette pour le jeter. Il ne savait plus quoi penser de tout ça, lui aussi laissa un mot, disant qu'il rentrerait sûrement tard à cause du boulot. Mais en vérité il voulait prendre ses distances, le temps de digérer l'information. Il prit toutes ses recherches avec lui qu'il mit dans sa mallette, s'habilla et quitta l'appartement.

    La journée de Susan fut extrêmement difficile pour elle. Il lui fallut faire des efforts absolument immenses pour que ses petits soucis personnels ne gâchent pas le tournage du film, et même lors des pauses, elle feignait la joie, afin de ne pas inquiéter l'équipe. Ses talents d'actrice étaient si bons que les autres n'y voyaient que du feu.

    Enfin, lorsqu'elle rentra à la fin de la journée, elle était épuisée. Elle n'avait même pas envie de répéter son rôle comme elle en avait pris l'habitude. Elle n'avait pas faim, non plus, mais elle vit le mot de Jonathan sur la table.

    Susan: ...

    Elle alla se coucher directement, sans même prendre la peine de se mettre en pyjama, tant elle était épuisée psychologiquement.

    Les jours suivants, Jonathan était moins présent. Il laissait cependant toujours un mot à Susan, disant qu'il rentrerait tard à chaque fois. Les raisons étaient simplement ses recherches, il y prenait goût et cela le changeait. Ses victimes étaient ses patients, mais il ne choisissait pas n'importe lesquels... Il prenait les plus fragiles psychologiquement, il voulait les "guérir" de leurs peurs, mais parfois il faisait une exception. Il s'en prenait à des connaissances de son collège qui venaient le voir, et il adorait ça.

    Mais un soir il rentra plus tôt, et Susan était encore debout.

    Jonathan : Oh, bonsoir.

    Susan était devant la télé, qui diffusait un film d'épouvante, et elle avait sur les genoux des feuilles.

    Susan: Bonsoir, Jo.

    Elle ne prit pas la peine de se lever, elle se contenta de faire un petit signe de main pour le saluer de loin. Les feuilles qu'elle avait sur ses genoux étaient des articles sur de grands appartements à vendre. Susan en avait très souvent feuilletés depuis que Jonathan l'accueillait chez elle, au départ c'était pour ne pas abuser de l'hospitalité de celui-ci, puis quand leurs sentiments amoureux se sont affirmés, c'était parce qu'elle trouvait que l'appartement était trop petit.

    Jonathan déposa dans l'entrée sa mallette et un sac de course, puis alla vers Susan pour lui faire une bise sur la joue.

    Jonathan : *remarques les articles* Qu'est-ce que c'est ?

    Susan: Eh bien...

    Elle tenta de remettre une mèche de cheveux derrière son oreille mais elle le fit si machinalement que la mèche s'échappa. Cependant elle n'y prêta pas attention.

    Susan: Cela fait longtemps que je vis ici avec toi... On avait dit que je resterai le temps que j'ai du travail... Il se trouve que c'est le cas, maintenant, donc... J'envisageais d'aller vivre dans un appartement plus grand... *soupire* Sache que ce n'est pas à cause de ce qui s'est passé entre nous que je fais ça... Et... Si jamais tu souhaites également habiter dans un lieu plus espacé... Avec moi... J'en serai ravie.

    Elle prit délicatement la main de Jonathan, mais il l’enleva.

    Jonathan : Tu n'as pas envie d'être avec moi...

    Susan: Jo, évidemment que si! ... Si je pense à un appartement plus grand, c'est parce que je me disais aussi que...

    Elle se mit à rougir, et à nouveau, elle remit sa mèche de cheveux derrière son oreille.

    Jonathan : Quoi ?

    Susan: Je me disais que... On pourrait peut-être... Fonder une famille...

    Jonathan ne savait quoi répondre à ça, il ne s'y attendait pas. Il retourna chercher le sac de course et alla dans la cuisine pour les ranger. Susan se leva pour le rejoindre.

    Susan: Jonathan...

    Il ne tourna pas la tête vers elle. Susan soupira.

    Susan: Je suis désolée... C'était peut-être encore trop tôt pour que je te le dise...

    Elle soupira, puis elle prit son manteau et se chaussa, dans le but d'aller se promener à l'extérieur.

    Jonathan : Où est-ce que tu vas ?

    Susan: Faire un tour.

    Elle prit le double de la clé de l'appartement. Jonathan retint le bras de la jeune femme.

    Jonathan : C'est dangereux, tu ne sors pas...

    Susan: Et toi alors? Tu es bien souvent sorti tard le soir, et il ne t’est pas arrivé grand-chose de vraiment dramatique.

    Jonathan : *soupire* ... Parlons...

    Susan: Tu as raison...

    Elle reposa ses chaussures, son manteau et la clé, et le couple alla s'assoir sur le canapé pour discuter.

    Jonathan : Susan, écoute... Il ne faut pas m'en vouloir... C'est si inattendu et je pensais que tu ne m'aimais pas comme tu le prétends...

    Il posa sa main sur la joue de Susan et la regarda dans les yeux.

    Jonathan : Tu es la plus belle chose qui me soit arrivé dans ma vie...

    De petites larmes coulèrent des yeux de Susan. Elle posa sa main sur celle de Jonathan.

    Susan: Toi aussi, Jonathan. Sans toi je serais sans doute encore sous l'emprise de Brandon... Et quand je repense à notre enfance... Ce sont vraiment mes souvenirs les plus heureux. De même que les moments que nous avons passés ensemble récemment.

    Elle l'enlaça.

    Susan: Je t'aime, Jonathan. Et je t'aimerais toujours, quoi qu'il arrive.

    Jonathan : Je t'aime aussi...

    Jonathan déposa un baiser sur ses lèvres, mais il fut interrompu car quelqu'un frappa à la porte. Jonathan se leva et ouvrit. Il s'agissait d'une femme, elle était en larmes mais elle paraissait en colère. Jonathan la reconnu : c'était la femme d'un des patients que Jonathan avait eu. Cette femme était venue accuser Jonathan de l'état de son mari. Effectivement celui-ci avait été victime de la toxine que le docteur avait mise au point, mais Jonathan allait le nier.

    Femme: Vous... Avez rendu mon mari complètement fou! Qu'est-ce que vous lui avez fait!? Depuis son rendez-vous il a perdu la raison et il a été interné! Qu'est-ce que vous lui avez fait!

    Susan s'était levée et écoutait de loin la conversation, en gardant ses distances.

    Jonathan : Je n'ai rien à voir avec ça, votre mari et moi avons simplement discuté, rien de plus… Maintenant je vous prierais de quitter les lieux s'il vous plaît.

    Femme: Vous mentez! Vous lui avez forcément fait quelque chose! Il allait très bien avant de venir vous rendre visite!

    Jonathan : Je vous le répète, je n'y suis pour rien ! Maintenant partez où j'appelle la police.

    La femme sortit une arme à feu de son sac à main et la pointa sur Jonathan.

    Jonathan : Madame ... Veuillez baisser votre arme.

    Femme: *tremble* Vous lui avez fait quelque chose, je le sais!

    Susan commençait à trembler. Elle craignait qu'il n'arrive quelque chose de grave, alors elle accourut aussitôt.

    Susan: Madame, rangez ça tout de suite, s'il vous plaît!

    Susan avait pris un air très doux, et posa une main sur celles de la femme, qui tenait l'arme. Elle tremblait toujours.

    Jonathan : Très bien... Je vais vous dire la vérité mais elle risque d'être dure à entendre... Votre mari ne vous aimait pas... Il se plaignait sans cesse de votre comportement envers lui, alors il prenait des drogues pour oublier en quelque sorte sa vie avec vous...

    Jonathan prit doucement sa mallette et fouilla l'intérieur pour confirmer ce qu'il disait. Il sortit un carnet et trouva la page en question.

    Jonathan : Je suppose qu'après notre rendez-vous il ne m'a pas écouté et s'est drogué de nouveau... J'ai fait des recherches concernant les substances qu'il prenait...  Et les effets indésirables sont nombreux... Dont les hallucinations. Et sachez que les effets peuvent apparaître du jour au lendemain...

    La femme tremblait toujours mais l'étreinte semblait se desserrer autour de son arme. Susan la prit délicatement.

    Femme: Non... C'est impossible...

    Le teint de la femme était devenu livide. Susan avait de la peine pour elle, cependant il y avait quelque chose qui semblait étrange dans cette situation selon la rousse. Elle ne savait pas quoi, mais elle éprouvait cette sensation.

    Des larmes montèrent aux yeux de la femme, qui éclata en sanglots et s'enfuit en courant et en répétant "Ce n'est pas vrai! Ce n'est pas possible!".

    Jonathan referma la porte à clé et se tourna vers Susan.

    Jonathan : J'irai remettre l'arme à la police demain matin...

    Il remarqua l'absence de Susan.

    Jonathan : Susan, ça ne va pas ?

    Susan avait le dos tourné, les yeux baissés vers son avant-bras droit, là où il y avait les marques de morsure de ses araignées.

    Susan: Jo, dis-moi... Y aurait-il... Y aurait-il quelque chose dont tu ne m'aurais pas parlé?

    Jonathan : Pourquoi me demandes-tu ça ?

    Susan: ... Je ne sais pas. Pendant un instant, je me suis demandé si... S'il n'y avait pas... *soupire* Non, je n'ai rien dit, oublie ça.

    Jonathan : Susan, je ne vais pas me fâcher si c'est ce que tu crains, alors dis-moi.

    La rousse remit une de ses mèches de cheveux avant de se prononcer.

    Susan: ... Tu me caches des choses, n'est-ce pas?

    Jonathan : Non voyons, qui t'as mis cette idée en tête ?

    Susan: Personne, personne. C'est juste que... Comme tu revenais souvent tard... Et vu ce qui vient de se passer... *soupire* Pardon, je suis désolée.

    Jonathan : ... J'avais besoin de réfléchir pour nous deux, prendre du recul... C'est pour ça que je rentrais tard... Mais aujourd'hui, sache que je n'ai plus de doute pour nous.

    Il s'approcha et l'embrassa tendrement.

    Susan: Je comprends.

    Elle l'enlaça et le serra fort contre elle.

     

    Les trois mois qui suivirent furent relativement stables pour le jeune couple. Susan avait retrouvé le sourire, et avait laissé le temps à Jonathan de réfléchir au sujet de sa proposition, à savoir "fonder une famille". Elle continuait à se rendre au tournage de "La sirène du lac des brumes", sans jamais se douter de la double vie que menait Jonathan.

    Aujourd'hui, le tournage allait toucher à sa fin, aussi Susan informa au matin son bien-aimé qu'une fête allait avoir lieu le soir même pour célébrer cela.

    Susan: Aimerais-tu venir? J'adorerais te présenter l'équipe du film et mes collègues! Oh, bien sûr, tu peux nous rejoindre plus tard si tu as du travail, je peux te donner le lieu de rendez-vous.

    Jonathan se préparait, il était en train de mettre sa veste.

    Jonathan : Je viendrai avec plaisir et j'essaierai de ne pas trop traîner.

    Susan lui fit un grand sourire.

    Susan: Formidable.

    Elle nota rapidement sur un bout de papier ce qu'elle avait dit, pendant que Jonathan finissait de se préparer. Elle le lui donna, il le rangea dans une de ses poches, puis elle l'embrassa.

    Susan: Passe une bonne journée, Jo.

    Jonathan : Toi aussi.

    Il prit ses affaires et partit.

    Susan quitta l'appartement peu de temps après. La dernière journée de tournage se passa à merveille. Tout le monde était d'excellente humeur, et en même temps un peu triste que ce soit fini. Chacun avait hâte de voir le résultat final, il ne manquait plus qu'à faire passer le tout en post-production, et le film allait pouvoir sortir dans les temps.

    Le soir venu, un buffet avait été dressé, et toute l'équipe était présente, la plupart étaient venus avec de la famille ou quelques amis. Le réalisateur, le producteur, les deux scénaristes, les techniciens, les accessoiristes, les maquilleurs, les costumiers, etc... Tout le monde était réuni. Et le réalisateur avait préparé un petit discours pour la soirée, cependant, comme Susan avait dit que son "fiancé" se joindrait à eux plus tard, il tenait à ce que ce dernier puisse entendre ce qu'il a à dire, afin qu'il soit fier d'elle et de ses talents.

    Ainsi, en attendant que Jonathan les rejoigne, Susan grignotait, buvait, discutait avec tout le monde, guettant de temps à autre une tête familière.

    Jonathan fini par arriver, il avait dû passer chez lui pour se changer. En arrivant, il vit Susan bavarder avec d'autres personnes. Il lui tapota l'épaule.

    Jonathan : Bonsoir.

    Susan: Ah, Jo, tu es enfin là!

    Un homme portant un béret sur la tête tendit sa main vers Jonathan en arborant un sourire chaleureux.

    Sampson: Bonsoir, je suis Michael Sampson. Vous devez être le fiancé de Sue, pas vrai?

    Jonathan prit la main et la serra.

    Jonathan : Oui, et je suppose que vous êtes le réalisateur.

    Sampson: Ha ha ha! Oui en effet c'est bien moi! Et comme vous êtes enfin arrivé...

    Sampson frappa à plusieurs reprises sur son verre pour attirer l'attention de tout le monde. Le brouhaha se tut et la foule se tourna vers le réalisateur.

    Sampson: Chers collègues, chers amis, je vous remercie tous d'être venus ce soir pour célébrer la fin du tournage de mon film, "La sirène du lac des brumes"! Nous avons passé de longs mois très agréables tous ensemble, l'ambiance sur le plateau était formidable, je suis vraiment ravi d'avoir pu tourner ce film avec vous tous! Mais tout cela ne serait rien sans la star de notre film, j'ai nommé Susan Skinner!

    Tout le monde se mit à l'applaudir. La jeune femme fit un sourire, et en même temps, elle se remit une mèche de cheveux derrière l'oreille.

    Sampson: Pour toutes les personnes qui n'étaient pas présentes sur le plateau, sachez que la performance de Sue a été absolument incroyable! Vous serez bluffés en la voyant à l'écran lorsque le film sortira! Il s'agit là de son tout premier rôle au cinéma et je suis absolument certains que de grandes portes vont s'ouvrir pour elle! Je remercie également tout le reste de l'équipe du film, car vous êtes tous aussi incroyables et talentueux qu'elle! Je remercie également le producteur pour avoir financé le projet! Et je vous souhaite à tous une agréable soirée!

    Il porta un toast et tout le monde l'imita, puis le bruit de foule reprit.

    Sampson: Je vais vous laisser entre vous, les tourtereaux. Sue, ce fut un plaisir de t'avoir comme actrice. Tu as été absolument parfaite.

    Susan: Merci beaucoup.

    Sampson: J'espère que nos chemins se croiseront de nouveau. Ah, et monsieur le fiancé de Sue... Tenez.

    Il lui donna un billet.

    Sampson: C'est pour voir le film en avant-première.

    Il lui fit un clin d'œil et s'éloigna, laissant Susan et Jonathan entre eux.

    Jonathan : Je suis ravi pour toi Susan, ton rêve s'est enfin réalisé. *sourit*

    Susan: Oui. Mais c'est grâce à toi. Si on ne s'était pas retrouvés, je ne serais pas ici à l'heure actuelle.

    Jonathan : C'est vrai.

    Dit-il, toujours en souriant.

    Jonathan : D'ailleurs, j'ai moi aussi une bonne nouvelle à t'annoncer.

    Susan lui caressa vaguement les cheveux comme s'ils étaient dans le désordre et qu'elle voulait les remettre en place.

    Susan: Et quelle est-elle?

    Jonathan : J'ai beaucoup réfléchi et... J'accepte de fonder une famille avec toi.

    Susan fit tomber son verre par terre dans un bruit suffisamment audible pour la plupart des gens présents sur les lieux, et alors que des larmes de joie lui montèrent aux yeux, elle sauta au cou de Jonathan pour l'embrasser. Le fracas du verre ayant attiré l'attention de certaines personnes, ils regardèrent vers le couple, et en les voyant s'embrasser, ils se mirent à soupirer un "oooooooh", trouvant la scène mignonne, et ils se mirent même à applaudir. Quelqu'un les prit même en photo.

    Jonathan : Et que dirais-tu qu'on commence maintenant ?

    Dit-il à voix basse.

    Susan lui répondit par un simple sourire, tout en rougissant. Elle l'embrassa sur la joue après s’être remis une mèche de cheveux derrière l’oreille, puis elle alla retrouver Sampson pour lui dire qu'elle et Jonathan partaient. Sampson l'enlaça et lui fit une tape amicale dans le dos, quelques autres collègues de Susan la saluèrent également, et le couple s'éclipsa pour rentrer.

    Arrivés chez eux, Jonathan ferma la porte d'entrée et commença à déshabiller Susan, tout en l'embrassant et en lui murmurant des « je t'aime ». Susan se retrouva assez vite en sous-vêtements, mais de son côté, elle avait également aidé Jonathan à ôter ses vêtements, bien qu'elle s'exécutait de manière plus timide, et lui avait également fait disparaître à nouveau ses lunettes, ce qui les fit sourire tous les deux. Jonathan la prit dans ses bras et la porta jusque sur le divan du salon. Tout en l'allongeant, il l'embrassa passionnément.

    Jonathan : Je t'aime Susan... Tellement...

    Il prenait son temps, et allait doucement dans ses gestes.

    Susan: Moi aussi.

    Elle lui caressa le dos et les épaules.

    Susan: Attends... Avant qu'on aille plus loin...

    Elle lui montra ses mains vides, puis ferma son poing droit, le caressa de la main gauche, puis rouvrit le poing droit: elle venait de faire apparaître un bandeau noir qu'elle s'attacha autour de la tête.

    Susan: *rougit* Tu peux continuer.

    Elle l'embrassa et passa sa main dans les cheveux de Jonathan. Jonathan ne comprit pas pourquoi elle avait souhaité se bander les yeux, mais il continua.

    Comme leur première fois, Jonathan enleva le reste de vêtements sur Susan, tout en lui caressant son corps pendant quelques minutes, puis il passa à l'acte. Il allait doucement, sans brutalité. Susan continuait à rougir, mais elle embrassa tout de même Jonathan sur les lèvres et dans le cou, et caressait sa peau, puis elle descendit un peu plus: elle posa timidement ses lèvres sur le torse de son bien-aimé, et elle lui avait entouré les hanches de ses bras fins, toujours en lui effleurant la peau.

    Après plusieurs minutes de plaisir, Jonathan se retira et se mit assis dans le canapé. Il aida Susan à se redresser et l'enlaça.

    Jonathan : Comment te sens-tu ?

    Elle défit son bandeau puis embrassa amoureusement Jonathan avant de lui répondre.

    Susan: Je vais bien...

    Jonathan se mit à sourire, puis se leva du canapé avec Susan et alla dans la chambre. Ils continuèrent un peu à s'embrasser, puis finirent par s'endormir dans les bras l'un de l'autre.

     

    Le mois passa, et durant cette période, Susan avait annoncé à Jonathan qu'elle était enceinte, ce qui créa un immense bonheur dans le couple, mais ce beau moment n'allait pas durer. Vers la fin de ce mois, on entendit parler de personnes qui devenaient folles du jour au lendemain. La police s'était penchée sur cet étrange phénomène et remarqua quelque chose : toutes les victimes étaient des patients du docteur Jonathan Crane.

    Un jour, alors que Jonathan était parti travailler, Susan était seule dans l'appartement. Elle entendit frapper à la porte, et en allant ouvrir, la police se présenta.

    Commissaire: *montre son badge* Bonjour, mademoiselle, nous sommes désolés de vous importuner, mais est-ce que le docteur Crane est là?

    Susan: Non, il est à son travail... Que se passe-t-il?

    Commissaire: Je vois... Nous avons à lui parler, et nous avons besoin de fouiller son appartement.

    Susan était étonnée, mais elle n'eut pas le choix de toute façon. Elle les observa fouiller, l'air inquiète. Lorsqu'ils ouvrirent les fameux tiroirs que Susan n'avait pas le droit d'inspecter, un des policiers appela son supérieur.

    Policier: Chef, j'ai trouvé ce qu'on cherche!

    Le commissaire vint jeter un œil. La police prit tous les papiers et partit avec.

    Susan: Qu'est-ce que...?

    Commissaire: Je suis vraiment navré pour vous, mademoiselle...

    Lui dit-il en posant une main amicale sur l'épaule de Susan, avant qu'il ne s'en aille, suivi des autres policiers. Cependant deux feuilles chutèrent sans qu'ils ne s'en aperçoivent alors qu'ils eurent franchi le seuil de la porte. Susan les ramassa en observant partir la police. Elle ne souhaitait pas inspecter le contenu, se rappelant que Jonathan ne voulait pas qu'elle le fasse, mais certains mots interpellèrent sa vue, et malgré elle, elle finit par lire les écrits de son bien-aimé, ce qui lui glaça le sang.

    Alors que Jonathan était en plein rendez-vous, il entendit sa secrétaire parler à quelqu'un... Une voix d'homme se fit entendre, et il disait qu'il était de la police. Jonathan comprit qu'ils étaient venus pour lui.

    Le commissaire frappa à la porte.

    Commissaire: Docteur Crane? Ouvrez s'il vous plaît, c'est la police.

    Jonathan : Une minute !

    Le patient ne comprit pas : il vit le docteur Crane prendre sa veste, ouvrir la fenêtre et passer par l'escalier de secours.

    La police attendit un peu, mais en n'entendant plus rien, ils finirent par entrer. Le patient était seul dans la pièce. La fenêtre était ouverte. Ils comprirent.

    Commissaire: Vite! Il faut le rattraper!

    Jonathan était parvenu à s'enfuir et à les semer après plusieurs minutes de poursuite. Il était retourné chez lui mais en arrivant devant sa porte, il constata que le double des clés était dessus, et que par conséquent il ne pouvait pas mettre les siennes.

    Jonathan : Susan, ouvre, c'est moi ... J'ai oublié quelque chose.

    Il entendit des pas qui traînaient sur le sol, mais pas de réponse.

    Jonathan : Susan, je sais que tu es là. Allez, ouvre-moi, c'est important.

    Il entendit Susan soupirer, puis le déclic, et enfin la porte s'ouvrit. Dès que Jonathan entra, Susan referma derrière lui. Elle avait la mine basse et les feuilles que les policiers avaient laissées tomber en main.

    Susan: Je savais que tu me cachais quelque chose...

    Jonathan comprit rapidement sa situation.

    Jonathan : Je peux t'expliquer...

    Susan ne le regardait pas directement, et avait toujours la tête basse.

    Susan: Eh bien, vas-y, je t'écoute...

    Jonathan savait que le temps lui manquait, car tôt ou tard, la police allait le retrouver, alors il fut bref.

    Jonathan : Je ne peux pas rentrer dans les détails Susan, mais c'est pour une bonne cause.

     

    Il se lança dans son monologue, en expliquant pourquoi il faisait ça, ses raisons, sans rentrer dans sa vie privée, son passé. Susan le regarda d'un œil effrayé, mais qui présentait également, si on y regardait bien, une petite pointe de fascination.

    Susan: ...

    Jonathan : Dis-moi que tu me comprends... Dis-moi que je ne suis pas un monstre…

    Susan soupira de nouveau.

    Susan: ... Si je ne t'aimais pas autant, je t'aurais traité de fou et je serais déjà partie dès l'instant où j'ai su...

    Jonathan posa sa main sur la joue de sa bien-aimée, puis la regarda dans les yeux.

    Jonathan : Je te promets de jamais te faire de mal.

    Une petite larme s'échappa de l'œil de Susan.

    Susan: Je te fais confiance…

    Jonathan se pencha légèrement et embrassa Susan. On entendit alors frapper violemment à la porte.

    Commissaire: POLICE! Crane, ouvrez! On sait que vous êtes là!

    Jonathan se retira et se retourna.

    Jonathan : *soupire* ... J'ai bien peur de ne pas avoir le choix.

    Susan: À quoi penses-tu, Jo?

    Jonathan : Leur faire goûter ma toxine et fuir...

    Il regarda Susan.

    Jonathan : Fuis avec moi.

    Susan hésita. Si elle venait avec lui, cela voulait dire qu'elle devrait sans doute renoncer à sa carrière d'actrice, au moins pour un moment. Elle devait choisir: Jonathan et la future famille qu'ils allaient fonder, ou réaliser ses plus grands rêves. Mais allait-elle être heureuse sans Jonathan? Allait-elle être heureuse si elle fuyait avec lui? Ses lèvres tremblèrent avant qu'elle ne formule sa réponse.

    Susan: ... D'a... D'accord.

    Jonathan se précipita dans sa chambre et sortit une mallette qu’il avait cachée, et que la police n’avait heureusement pas trouvée. Il l’ouvrit.

    Jonathan : Ce sont des petites capsules, je ne les ai pas encore testées. Je vais en poser dans l'entrée, et quand ils marcheront dessus, la toxine va s'évaporer dans la pièce.

    Susan: ... On ne risque pas de la respirer nous aussi?

    Jonathan : Ne t'inquiètes pas... Prépare-nous un sac avec le nécessaire et on sort à mon signal...

    Il prit les capsules et alla les jeter au sol. La police finit par défoncer la porte, et comme l'avait prévu Jonathan, ils marchèrent sur les capsules, qui se brisèrent sans la moindre difficulté, et la toxine commença à se répandre.

    Jonathan : Susan !

    Jonathan sortit un tissu et le tendit à Susan.

    Jonathan : Surtout ne respire pas !

    Il lui prit le bras et bouscula les policiers jusqu'à la porte. Susan retint absolument sa respiration jusqu'à ce qu'ils soient hors de danger. Jonathan courait tout en tenant assez fort le bras de Susan, mais elle n'avait pas trop de mal à suivre.

    Une fois dehors, le couple se dirigea vers le métro.

    Jonathan : Rassure-moi, tu as des connaissances qui peuvent nous cacher quelques temps ?

    Susan réfléchit un court instant.

    Susan: Oui, bien sûr... La plupart de mes camarades... Mais je pense en premier à Anna, celle qui a joué le rôle d'une des premières victimes dans "La sirène du lac des brumes"...

    Jonathan : Parfait ! Tu connais son adresse ?

    Susan: Ce n'est pas la porte à côté... On va en avoir pour au moins deux heures de trajet...

    Susan sortit du sac un carnet de contacts et chercha Anna, puis montra l'adresse à Jonathan.

    Jonathan : Hm... Nous allons faire une partie en métro et ensuite nous prendrons le bus.

    Le trajet en métro fut l'étape la moins longue. Une fois qu'ils furent dans le bus, cela paru comme étant une éternité. Et comme il allait assez loin de la ville, il se vidait au fur et à mesure. Jonathan et Susan étaient presque seuls à présent. La jeune femme rousse avait fini par fermer les yeux et s'endormir à moitié, la tête posée sur l'épaule de Jonathan.

    Après un long moment, Jonathan réveilla Susan.

    Jonathan : Susan, nous descendons.

    Susan bailla, s'étira un peu, puis elle et Jonathan descendirent. Il y avait un regroupement de maisons à deux kilomètres d'eux. La jeune rousse regarda à nouveau dans son calepin pour vérifier l'adresse, puis tous deux marchèrent vers les maisons, cherchant celle d'Anna.

    Jonathan : Susan, ton amie, rassure-moi... Elle n'est pas du genre à moucharder?

    Susan: Elle a des défauts, comme tout le monde, mais pas que je sache. Tu verras, elle est super.

    Jonathan remarqua que sa bien-aimée avait un petit sourire en coin et que c'était la première fois depuis ces deux dernières heures que Susan avait bonne mine.

    Une fois arrivés devant la porte, Susan sonna. De l'extérieur on entendait de la musique. Un homme avec les cheveux noirs et une pilosité faciale accrue vint ouvrir. Il était assez grand et plutôt fin.

     

    Susan: Bonjour... Vous devez être Daniel, le mari d'Anna?

    L'homme éclata de rire.

    Erik: Hahaha! Non, pas du tout! Je suis Erik, son fils.

    Susan: Ah oui c'est vrai... Vous vous ressemblez tellement, en même temps...

    Erik se mit à rire de nouveau avant d'appeler sa mère.

    Erik: Hahaha ! Ouais je sais, on me le dit souvent ! *se retourne* Maman! C'est pour toi!

    Dès qu'Anna arriva, Erik les laissa. Anna était une femme avec quelques rondeurs, de beaux cheveux noirs longs et brillants, et elle portait des vêtements très masculins. De plus, elle avait un anneau d'argent pendu à l'oreille droite, une alliance à l'annulaire gauche, un collier de nouilles autour du cou, et elle s'était attachée autour de la tête une cravate brune.

    Anna: Tiens, mais c'est ma sirène préférée!

    Anna éclata d'un rire qui était très similaire à celui de son fils. Susan ne put s'empêcher de rire à son tour.

    Anna: Quel bon vent t'amène? Oh, entrez donc, les amoureux! Daniel! Prépare deux verres en plus, on a des invités en rab!

    La voix de Daniel répondit "D'accord!", tandis qu'Anna les amenait dans le salon. Un plateau fut apporté avec des verres, et tout le monde s'installa. Erik, lui, ne buvait pas d'alcool mais une sorte de soda, car malgré sa grande taille et son apparence, il n'avait que 17 ans. Daniel, lui, était le portrait craché de son fils mais avec une carrure plus imposante, et des tatouages représentant des scorpions sur les bras.

    Anna: Alors, dis-moi tout, ma sirène!

    Susan passa une mèche de cheveux derrière ses oreilles.

    Susan: C'est... Assez délicat...

    Jonathan, voyant que Susan était un peu mal à l'aise, décida de répondre.

    Jonathan : Nous voulions changer d'air, mon boulot commençait à m’agacer, alors sur un coup de tête nous avons décidé de partir... Mais n’ayant rien prévu, j'ai demandé à Susan si elle avait des connaissances pour nous héberger cette nuit, le temps de préparer notre future destination.

    Anna: Ah... Je vois. Ce soir c'est un peu compliqué mais ça devrait pouvoir se faire... Disons qu'on fête l'anniversaire de Daniel et qu'on va avoir du monde... On risque d'être assez bruyants, donc il vous faudra dormir dans le grenier... Oh bien sûr vous pourrez vous joindre à nous même un petit peu, si vous en avez envie... Et on n'a qu'un seul sac de couchage donc il vous faudra le partager. J'espère que vous n'êtes pas allergiques à la poussière, et que ton petit ami n'a pas peur des araignées?

    Susan: Non, ne t'en fais pas pour ça.

    Anna but une gorgée de son verre avant de poursuivre.

    Anna: Bon... Par contre je vous préviens, ici on n'a pas la télé, pas de radio non plus, et nous on ne va pas se lever avant midi, donc si vous vous levez plus tôt, faites comme chez vous... Faites comme chez vous tout court, en fait! Nous en tout cas, d'en bas, on ne vous entendra pas tout là-haut!

    Anna éclata de rire, Daniel et Erik aussi. Susan se mit à rougir et se remit une mèche de cheveux derrière les oreilles tout en ayant un petit rire nerveux, arborant un petit sourire gêné.

    Jonathan : C’est généreux de votre part mais personnellement je ne suis pas fan de fêtes ou de ce genre de choses... Susan tu peux rester si tu le souhaites, de mon côté je vais visiter notre "chambre d'amis ".

    Anna: Erik, tu t'en occupes.

    Erik: Oui maman.

    Erik accompagna Jonathan jusqu'au grenier, mais juste avant de monter, il fit un crochet par la chambre de ses parents et prit dans une armoire un sac de couchage.

    Susan de son côté, discutait avec Anna et Daniel, elle lui annonça notamment qu'elle était enceinte, ce qui ravit sa camarade, qui s'excusa d'ailleurs de lui avoir proposé de l'alcool car elle n'était pas au courant.

     

    Deux heures plus tard, les invités commencèrent à arriver. Quelques-uns étaient des collègues de Susan et Anna, que cette dernière avait invités. Jonathan s'éclipsa, et Susan resta un petit peu. La musique était très forte, et Anna et ses proches s'amusaient à chanter et danser sur les sons, notamment "Lay all you love on me" de ABBA. Au bout d'un moment, la fatigue commença à gagner Susan, alors elle alla se toiletter avant de se rendre au grenier.

    Jonathan quant à lui, il lisait un livre qu’il avait trouvé parmi les objets éparpillés dans le grenier.

    Susan arriva en montant les escaliers qui menaient à la pièce, puis elle ferma la trappe, étouffant ainsi le bruit de la fête. Ensuite elle s’adressa à Jonathan.

    Susan: Comment tu te sens?

    Jonathan : Ça va... Pourquoi cette question ?

    Il ne regardait pas Susan, son regard était plongé dans le livre.

    Susan: Juste comme ça.

    Elle inspecta un peu le grenier, notamment les recoins, espérant y trouver quelques araignées. Et elle en trouva une, marron et velue, qu'elle prit dans sa main. Elle vint ensuite s'installer auprès de Jonathan tandis que la petite bête remontait un peu sur le bras de la jeune femme rousse.

    Jonathan ferma le livre et regarda enfin Susan.

    Jonathan : M’aimes-tu vraiment, Susan ? ...

    Susan: Jonathan... Évidemment que oui. Je te l'ai dit plus tôt: j'aurais pu décider de partir dès que j'ai appris pour tes... Petites manigances. Mais je ne l'ai pas fait. Car je veux rester auprès de toi.

    Jonathan : « Manigances » ? C’est un peu vexant.

    Susan: Désolée... Mais c'est tout de même un peu vrai, non?

    Jonathan : Non !  ...

    Il baissa la tête.

    Jonathan : Je m'en doutais, tu ne comprends pas.

    Susan posa une main sur l'épaule de Jonathan.

    Susan: Jonathan, ce que je veux dire par "manigances", c'est que tu faisais ça dans mon dos... C'est tout.

    Elle retira sa main et s'écarta un peu de lui.

    Jonathan : *soupire* ... Sue... Excuse-moi...

    Susan baissa les yeux, mais prit la main de Jonathan et la serra dans la sienne.

    Susan: As-tu une destination en tête?

    Jonathan : Gotham, nous y retournerons, mais sous une autre identité et apparence. Nous trouverons un autre appartement, et je chercherai un autre boulot.

    Susan: Très bien.

    Susan prit l'araignée et la posa sur le sol, et celle-ci se mit à courir très vite vers un espace entre deux caisses. Puis la jeune rousse s'allongea dans le couchage et se recouvrit.

    Jonathan : Repose-toi bien.

    Il se pencha sur elle pour l'embrasser dans le cou, tout en lui caressant un peu le ventre, tandis que Susan fermait les yeux et attendait le sommeil.

     

    Les jours suivants, Jonathan s'occupa de sa nouvelle vie avec Susan. Il fit faire de nouvelles pièces d'identités, acheta de nouveaux vêtements afin d'être méconnaissable et, chercha un appartement hors du centre de Gotham, car ils étaient moins chers. Susan, elle, avait totalement changé son style vestimentaire, et s'était teint les cheveux en noirs. Cela lui déplaisait énormément, elle préférait largement ses cheveux au naturel, mais se disait que c'était temporaire et qu'elle n'en aurait pas besoin toute sa vie.

    Ils finirent par trouver un joli appartement pour lequel ils avaient de la place pour accueillir leur futur enfant, et Susan avait trouvé un petit travail en tant que vendeuse de vêtements.

    Jonathan n'avait pas encore trouvé de travail. Il n'était guère intéressé par les petits boulots, alors il passait une partie de son temps enfermé, travaillant sur son projet : refaire une toxine de meilleur qualité, et plus efficace. Mais entre-temps il s'occupait de l'appartement, malgré tout.

    Le couple parvenait à subvenir à ses besoins grâce au salaire de Susan. Quand elle était à la maison, elle regardait souvent la télé, car Jonathan consacrait la majorité de ses journées à ses recherches. Puis, comme son ventre enflait à vue d’œil, elle fut dans l'obligation de prendre des congés à cause de sa grossesse, et elle se disait que peut-être elle pourrait passer un peu plus de temps avec son compagnon, dans ce cas.

    Jonathan sortait de la chambre aux alentours de 20 heures et à chaque fois, il ne parlait pas vraiment, il demandait juste ce que Susan voulait manger.

    Jonathan : Sue, qu'est-ce que tu veux manger ce soir ?

    Elle lui répondit distraitement.

    Susan: Quelque chose de consistant, s'il te plaît.

    Elle était absorbée par la télé, mais Jonathan percevait dans le ton qu'elle avait employé qu'il y avait quelque chose qui devait la tracasser. Jonathan se dirigea vers elle, puis se mit devant la télé.

    Jonathan : Quelque chose ne va pas ?

    Susan se déplaça un peu pour pouvoir voir l'écran.

    Susan: ... Non. J'ai juste faim...

    Jonathan : ... *éteint la télé* Tu mens très mal.

    Susan: *soupire* On ne se voit presque pas car tu ne lèves plus le nez de ta toxine... Tu me regardes à peine...

    Elle sentit que ses yeux allaient se mettre à verser quelques larmes, mais elle les essuya du revers de la main.

    Jonathan : Je fais ça pour aider les personnes à vaincre leurs phobies, je suis parti du mauvais pied mais je vais réparer cette erreur, et là ... Tout le monde va enfin comprendre, et toi aussi...

    Susan répondit par un simple soupir.

    Jonathan : Quoi ?

    Susan: ... J'ai besoin de réfléchir.

    Elle se leva et se dirigea vers leur chambre, puis elle ferma la porte. Cependant il n'y avait pas de verrou, elle ne pouvait donc pas s'enfermer à clef. Susan s'assit sur le bord du lit et posa sa main sur son ventre, l'air pensive. Jonathan ne se rendit pas compte tout de suite de son erreur, mais il laissa la jeune femme et prépara le repas. Après une trentaine de minutes, il toqua à la porte.

    Jonathan : Le repas est prêt Susan…

    Susan se leva et marcha jusqu'à la cuisine. Elle ne prononça plus un mot de toute la soirée, et avait toujours la mine basse, ainsi qu'un air maussade.

    Jonathan, malgré tous ses défauts, n'aimait pas voir sa compagne ainsi. Alors il prit la parole.

    Jonathan : Susan, écoute, dis-moi ce que tu veux et je le ferais.

    Susan posa ses couverts et se prit la tête entre ses mains délicates.

    Susan: Je voulais juste fonder une famille avec celui que j'aime... Être une grande actrice de cinéma... Et vivre dans une grande maison avec mon mari et deux enfants... C'est tout...

    Elle se mit à pleurer silencieusement.

    Jonathan : ... Je vois.

    Il se leva et prit les mains de Susan.

     

    Jonathan : Je te demande pardon... Je ne m’en suis pas rendu compte... Demain je jetterai toutes mes recherches et j'irai chercher un travail honnête.

    Susan: ... Es-tu sûr?

    Jonathan : Ton bonheur est plus important.

    Susan l'enlaça.

    Susan: Je t'aime, Jonathan...

    Jonathan : Je t'aime aussi...

    Et le lendemain matin, au lever du soleil, Jonathan tint parole. Il se débarrassa de tout ce qu'il avait écrit concernant la toxine qu'il voulait mettre au point. Mais en vérité, il ne jeta rien. Jonathan tenait à ses notes, alors il les conserva à l'abri des regards dans l'immeuble. La seule chose qu’il fit sincèrement, c'était sa recherche d’emploi.

    Et enfin, le jour de l'accouchement arriva pour Susan. Elle donna naissance à un garçon, que ses parents baptisèrent Aiden.

    Jonathan : Bienvenue parmi nous, mon fils.

    Susan avait retrouvé le sourire. Elle avait l'air heureuse, serrant son bébé contre elle.

     

    Les mois passèrent et Jonathan ainsi que Susan, s'occupaient de leur fils comme prévu. Malgré leur travail, ils essayaient d'être souvent là pour lui. Jonathan travaillait désormais depuis plusieurs mois maintenant dans une école, en tant que psychologue scolaire. Pendant ses heures de pause, il prenait des notes sur les enfants qu'il côtoyait. Il avait appris à les connaitre, et certains avaient avoué leurs peurs.

    Susan était redevenue confiante, ignorant totalement que son bien-aimé n'avait tenu sa promesse qu'à moitié. Elle pensait que tout était enfin rentré dans l'ordre, et espérait vite reprendre son métier d'actrice. Elle souhaitait également qu'elle et Jonathan soient officiellement mariés, mais tous deux n'étaient pas très friands de la cérémonie classique, alors Susan avait proposé d'échanger les alliances entre eux, de faire un "mariage intime".

    Le soir…

    Jonathan : Susan. *ferme la porte derrière lui*

    Susan venait de coucher le petit Aiden dans la pièce d'à côté, qui était reliée à la chambre des parents par une simple porte.

    Jonathan : Susan ? ... Ah tu es là.

    Susan: *sourit* Où voulais-tu que je sois donc?

    Jonathan : Je pensais que tu serais en retard à cause des travaux.

    Susan: Disons que j'ai eu de la chance. *clin d'œil*

    Jonathan l'embrassa tendrement.

    Jonathan : Comment s'est passé ta journée ?

    Susan: Plutôt banale... On a eu une cliente assez difficile, mais à part ça...

    Elle embrassa Jonathan à son tour.

    Susan: Et toi mon amour?

    Jonathan : Journée banale aussi, j'aide des enfants à aller mieux.

    Susan lui fit un sourire chaleureux, avant d'embrasser à nouveau son bien-aimé.

    Susan: En parlant d'enfants... Serais-tu d'accord pour en avoir un deuxième?

    Elle rougit légèrement et se remit une mèche de cheveux derrière l'oreille.

    Jonathan : Un deuxième ? ... Je.... Je ne sais pas Susan ... Nous en reparlerons le moment venu.

    Susan: Oui, bien sûr.

    Elle souriait toujours, puis elle enlaça Jonathan.

     

    Cinq années passèrent et Jonathan avait enfin mit au point sa toxine, sous une nouvelle forme... Il avait également trouvé ses cibles : les enfants. Il ne voulait pas les tuer, ni les rendre fous, juste les tester avec une faible dose. Il avait commencé depuis deux semaines déjà, et dès qu'il recevait un élève, il lui posait des questions comme "As-tu toujours peur des araignées?" ou "Fais-tu encore des cauchemars ?". La plupart répondaient oui. Jonathan les rassurait  et leur donnait un bonbon, qui contenait la toxine. Et bientôt, son fils allait lui aussi passer ses fameux tests.

    Aujourd'hui, c'était samedi. Susan travaillait, mais pas Jonathan. Elle rentrerait en début de soirée. Aiden et son père étaient allés se promener à l'extérieur, puis s'étaient arrêtés dans un parc avec des jeux.

    Jonathan : Aiden, tu ne t'éloignes pas d'accord ? Papa veut te voir.

    Aiden: Oui papa.

    Le petit garçon avait hérité de la timidité d'autrefois de son père, mais en beaucoup plus accentuée. Cependant, Aiden aimait beaucoup ses deux parents, bien qu'il ait l'air plus proche de sa mère.

    Jonathan alla s'assoir à un banc et observa son fils. Il sortit un carnet et nota ce qu’Aiden faisait. Puis il voulut tester quelque chose... Il profita du fait que son fils regarde ailleurs pour se lever et s'éloigner un peu. Bien sûr il gardait un œil sur lui, mais il voulait voir la réaction de son fils.

    Aiden ne s'aperçut pas tout de suite de l'absence de son père. Au bout de deux minutes, le petit garçon s'en aperçut enfin.

    Aiden: Papa?

    L'enfant regarda de partout autour de lui, cherchant son père du regard.

    Jonathan : ... (Pardon mon garçon mais c'est pour ton bien...)

    Après cinq minutes, Aiden commença à pleurer et à réclamer son père. Jonathan prit des notes puis rangea son carnet, et enfin, accourut vers Aiden.

    Jonathan : Aiden !  *le prend dans les bras* Excuse-moi, papa a eu une urgence.

    Aiden se blottit contre son père, pleurant de plus belle. Il s'agrippait à lui avec ses petites mains et ne voulait plus le lâcher du tout.

    Jonathan : On s'achète une glace et on va rentrer, d'accord ?

    Aiden renifla un peu avant de hocher la tête. Jonathan garda son fils dans les bras une bonne partie du trajet.

    Le soir venu, Susan rentra enfin. Jonathan avait fait manger Aiden tôt, et lui avait donné un bain avant de le coucher. Quand elle rentra, Jonathan sortit de la chambre d'Aiden.

    Susan: Bonsoir Jo.

    Elle s'aperçut aussitôt de cela, ce qui l'intrigua un peu.

    Susan: Aiden est déjà au lit?

    Jonathan : Il était fatigué, je lui ai donc déjà donné à manger ainsi que son bain.

    Susan: Oh... J'espère qu'il n'est pas malade...

    Jonathan : Non, c'est... C'est ma faute... Nous sommes allez au parc cet après-midi, j'ai eu un coup de fil, je me suis donc levé et je me suis un peu éloigné, tout en gardant un œil sur lui bien sûr... Mais quand j'ai raccroché je l'entendais m'appeler et il pleurait.

    Susan: Jonathan! Tu aurais dû rester près de lui! Comment as-tu pu le laisser sans surveillance comme ça ?

    Jonathan : Je ne l'ai pas quitté une seule fois Susan, je ... Je me suis un peu éloigné parce que je n'entendais pas la personne qui m’appelait.

    Il soupira.

    Susan: ...

    Elle entra silencieusement dans la chambre d'Aiden pour aller lui donner "le bisou du soir", puis elle alla préparer le dîner avec son époux.

    Un peu plus tard, Jonathan sortit de la salle de bain et rejoignit Susan dans le salon. Il portait juste un peignoir et un boxer.

    Jonathan : Tu es encore fâchée ?

    Susan: ....

    La teinture noire de ses cheveux couplée à la mine pincée qu'elle arborait donnaient l'impression que c'était une autre personne qui était assise sur le canapé. Cependant Jonathan connaissait Susan par cœur, et il percevait que son expression de colère s'était légèrement adoucie.

    Jonathan : Bon...

    Il se mit à côté d'elle et commença un peu à la chercher en lui chatouillant le côté du ventre.

    Jonathan : Et là ? Toujours ronchon ?

    Susan esquissa un très vague sourire suite à ce geste mais essayait de le cacher. Cependant, cela n'avait pas échappé au regard de Jonathan.

    Susan: Arrête...

    Le ton employé n'était ni sec ni colérique. C'était un ton qui se forçait à cacher un amusement, mais le bref sourire de Susan l'avait déjà trahie. Jonathan se redressa un peu et commença à chatouiller tout son ventre. Il se mit à sourire aussi.

    Susan: Ne crois pas que tu vas être pardonné si facilement, Jonathan Crane!

    Jonathan : Oh vraiment ? ... Nous allons voir ça ...

    Il se mit sur Susan et commença à l'embrasser, tout en passant ses mains sous son haut.

    Jonathan : Si tu gémis... Je suis pardonné, sinon... J'admettrais ma défaite.

    Cette fois-ci, Susan ne dissimula pas son sourire, et passa une main à l'intérieur du peignoir de son bien-aimé pour caresser son torse de sa main douce.

    Jonathan : Dois-je en déduire que je suis pardonné ?

    Susan: Pas encore... Je n'ai pas gémit, que je sache?

    Susan se mit à rougir un peu, et de sa main libre, elle remit vaguement une mèche de cheveux derrière son oreille.

    Jonathan souleva le haut de sa bien-aimée d’une main et embrassa sa poitrine, tout en la caressant de l'autre.

    Jonathan : Ça ne devrait tarder.

    Susan se mit à rougir davantage. Certes ce n'était pas la première fois que Jonathan voyait son corps et qu'ils faisaient ce genre de choses, mais la jeune femme éprouvait toujours cela à chaque fois. Elle voulut se remettre à nouveau une mèche de cheveux derrière l'oreille, mais son habituel tic fut interrompu par son bien-aimé qui entrelaça leurs mains, et Jonathan embrassait toujours Susan, remontant de sa poitrine à ses lèvres, en passant par son cou. Il fit comme d'habitude : il caressait le corps de sa bien-aimée. Il passa par sa poitrine, puis descendit jusqu'à l'entrejambe. Il était doux. Il se contenta cette fois ci de retirer le bas de Susan et le sien, puis il passa à l'acte, et la regarda.

    Jonathan : Suis-je pardonné ?

    Dit-il en souriant.

    Susan s'était mise à rougir. De nouveau, elle remit machinalement sa mèche de cheveux derrière son oreille, puis elle posa son autre main sur le visage de Jonathan pour le caresser, tout en souriant elle aussi.

    Susan: Je pense que oui, maintenant.

    Jonathan était satisfait. Ils firent l'amour pendant un long moment, puis quand ils eurent terminé, ils finirent par aller dans leur chambre et s'endormirent...

     

    Les mois suivants, Susan apprit qu'elle était à nouveau enceinte. Jonathan en était de nouveau heureux et avec Susan, ils s’occupèrent des préparatifs pour leur deuxième enfant.

    Aiden se demandait ce qui se passait: pourquoi le ventre de sa mère enflait, et pourquoi un berceau avait été placé dans sa chambre. Susan lui expliqua donc que bientôt, un petit frère ou une petite sœur fera partie de la famille. Aiden avait l'air plutôt content, et régulièrement il venait écouter le ventre de sa mère, il était capable de rester des heures blotti contre elle, avec l'oreille posée sur cette zone.

    Mais ce beau moment n'allait guère durer... Jonathan faisait des tests sur son fils les samedis après-midi. Il ne lui donnait pas sa toxine, mais il l’enfermait dans des endroits sombres comme son père avant lui, en expliquant à Aiden que c'était pour l'aider à guérir ses peurs. En revanche c'était un secret qu'Aiden ne devait dévoiler à sa mère, mais un jour, Jonathan laissa par mégarde une note sur la table de la cuisine et Susan tomba dessus.

    En la voyant, la jeune mère devint livide. Avec ses cheveux noirs, cela lui donnait davantage un aspect cadavérique, et elle se mit à pleurer, horrifiée par ce qu'elle venait d'apprendre.

    Susan: Comment as-tu pu... Ton propre fils!

    Jonathan : Je ne lui ai rien donné et c'est pour l'aider.

    Susan: Il y a d'autres méthodes pour aider à vaincre la peur!

    La voix de Susan était mêlée de chagrin et de colère.

    Jonathan : Je n'ai connu que cette méthode.

    Susan: Ce n'est pas une raison pour la faire subir à ton fils!

    Jonathan : Je suis son père Susan.

    Susan: Et à combien d'enfants tu as fait subir des tests?

    Jonathan : ... Ce n'est pas le sujet.

    Susan: ... Tu es fou...!

    Des larmes coulaient de ses yeux bleus.

    Susan: Je ne te laisserais pas faire subir la même chose à notre prochain enfant..!

    Susan, folle de rage, alla dans la chambre et sortit une valise.

    Jonathan : Qu'est-ce que tu fais ?

    Susan: Je ne peux pas laisser des enfants auprès de toi! Je t'avais pardonné tes fautes... Je t'avais accordé une autre chance... Et toi... Tu m'as menti... Tu n'as pas tenu tes promesses...

    Puis, en sanglotant, elle fit quelque chose qui glaça le sang de Jonathan: Susan retira son alliance et la lança à travers la pièce. Puis elle prit sa valise et la main d'Aiden.

    Jonathan : Susan ! Tu ne peux pas partir !

    Il retint le bras de Susan.

    Jonathan : Je t'interdis de partir !

    Susan: Tu as fait ton choix, Jonathan...

    Susan parvint à se défaire de Jonathan et partit. Quelques jours plus tard, Jonathan fut arrêté par la police. Ils avaient retrouvé sa trace, et il fut enfermé à l'asile d'Arkham. Susan avait bien entendu appris la nouvelle en regardant la télévision. Par ailleurs, de son côté, elle avait recontacté ses collègues lorsqu'elle avait joué son rôle de sirène, et leur avait raconté tout ce qui s'était passé depuis, pourquoi elle n'avait pas donné de nouvelles, mais aussi sa rupture. Ses amis essayaient de la consoler tant bien que mal, mais elle souffrait toujours profondément. Devoir se séparer de l'homme de sa vie pour protéger ses enfants avait été extrêmement douloureux. Parfois elle regardait son annulaire, désormais privé de son anneau, et se mettait à pleurer. Aiden était lui aussi très triste, mais le pauvre enfant ne pouvait pas consoler sa mère comme le ferait un adulte.

    Un jour, à la surprise de la jeune mère, alors que celle-ci parvenait presque à terme de sa grossesse, Aiden réclama son père.

    Susan: Mon chéri... Tu es sûr de vouloir lui rendre visite? Il n'est pas vraiment dans un lieu qui est pour des enfants...

    Aiden acquiesça.

    Susan: Même après ce qu'il t'a fait..?

    Le petit garçon acquiesça de nouveau.

    Susan: ... Très bien...

    Entièrement de noir vêtue comme si elle se rendait à un enterrement, elle et Aiden se rendirent à l'asile d'Arkham.

    Gardien : Crane ! Tu as de la visite !

    Jonathan était dans une cellule, mais elle était transparente et il y avait des petits trous pour pouvoir communiquer avec l’autre côté de la vitre. En entendant cela, il fut surpris et se retourna légèrement.

    Le gardien apporta une chaise qu'il posa en face de la vitre, puis s'éclipsa. Quelques secondes après, Susan se montra, accompagnée d'Aiden. Avec ses vêtements, elle faisait presque penser à l'époque où elle était connue sous le surnom de Raven, au cabaret Harvey's, à l'exception que, cette fois-ci, ses cheveux étaient noirs eux aussi, et que son ventre était bien plus gros.

    Susan s'installa sur la chaise sans dire un mot, la mine basse. Elle portait un chapeau qui cachait un peu ses yeux, et elle détournait le regard de la vitre. Aiden, lui, s'approcha timidement après avoir lâché la main de sa mère.

    Jonathan se retourna complètement. Il était méconnaissable, il n'avait plus ses lunettes, ses cheveux étaient un peu plus longs et avait une barbe de 3 jours. En voyant son fils et Susan, il ne savait quoi dire.

    Jonathan : ... Je... Je ne pensais pas vous voir…

    Susan ne dit rien. Aiden non plus, mais il était tout près de la vitre à présent. Il regardait timidement son père. Jonathan se mit à la hauteur d'Aiden

    Jonathan : Ça va mon garçon ? ... Papa est content de te voir tu sais.

    Aiden fit un petit oui de la tête.

    Aiden: Tu nous manques papa...

    Dit-il à voix basse.

    Jonathan : Papa s'excuse mais il est malade et doit se faire soigner... Tu comprends ?

    Aiden acquiesça à nouveau, timidement.

    Aiden: Est-ce que tu as le droit de sortir de ta chambre, des fois?

    Par la "chambre", Aiden voulait désigner la cellule, mais il ne connaissait pas encore ce mot ni sa définition.

    Jonathan : Non, pour mon bien je dois rester ici...

    Aiden se mit à observer la cellule de son père. Il était étonné de ne pas y voir grand-chose, mais bien sûr, il était encore trop jeune pour comprendre.

    Aiden: Mais... Tu dois beaucoup t'ennuyer!

    Jonathan : Non, j'ai le droit à des livres de temps en temps... Mais parlons de toi hein. *sourit* Tu vas avoir bientôt un petit frère ou une petite sœur ?

    Aiden: Oui... Maman dit que c'est pour dans quelques semaines...

    Jonathan : Vraiment ? Tu es content ?

    Aiden murmura "oui" tout en esquissant un petit sourire, qui était exactement le même que celui de Susan. Jonathan le constata, et ne put s'empêcher de jeter un œil vers elle. Elle était toujours muette, mais son visage était trempé: elle avait pleuré silencieusement. Il remarqua également que de temps en temps elle tripotait son annulaire, comme s'il manquait quelque chose dessus. L'alliance. Mais Susan ne se rendait pas compte que son "ex"-mari l'observait. Elle n'avait pas la force de le regarder en face.

    Gardien : Crane, le temps est écoulé !

    Jonathan : Désolé Aiden...

    Il se redressa.

    Jonathan : Susan... À bientôt... J'espère…

    Susan se leva. Aiden revint vers elle et se saisit de la main qu'elle lui tendait, et dès qu'elle franchit le seuil de la porte, Jonathan l'entendit laisser échapper un sanglot.

     

    Une année passa, et durant cette période, Jonathan était parvenu à s'enfuir de l'asile d'Arkham. Il s'était trouvé une cachette, des hommes de main ainsi qu’un surnom... L'épouvantail. Susan était devenue inquiète depuis que Jonathan était en liberté... Et surtout depuis la naissance de son second enfant... Un autre garçon, qu'elle avait baptisé Nathaniel. Aiden était très content, et il aidait sa mère à prendre soin du petit frère.

    La jeune femme avait également repris son métier d'actrice, elle avait été rappelée pour un autre film, qui cette fois-ci avait eu beaucoup plus de succès que "La sirène du lac des brumes", et elle avait déjà obtenu un contrat pour un autre. Mais malgré le fait qu'elle pouvait enfin faire ce qui lui plaisait vraiment, elle repensait souvent à Jonathan, ce qui la rendait triste. Néanmoins elle tâchait de ne pas se laisser dominer par cela quand elle était en tournage, et ses talents de comédienne l'y aidaient beaucoup.

     

    Susan avait déménagé dans une petite maison, assez éloignée de Gotham, dans laquelle elle pouvait élever ses deux fils. La vie y était calme et tranquille, et il y avait un petit jardin dans lequel Aiden pouvait s'amuser et prendre l'air. Mais Susan n'était pas la seule à trouver que Jonathan avait laissé un vide dans la famille. C'était également le cas pour le petit Aiden. Son père lui manquait à lui aussi, et depuis la visite à Arkham l'année dernière, Susan n'y était pas retournée à cause de son travail.

    Jonathan, de son côté, menait une vie bien différente. Il commettait des vols mais pas dans le but de s'enrichir... Bien-sûr, l'argent, les bijoux et autres diamants lui plaisaient, mais c'était plus pour ses sbires. Lui, il gardait les plus beaux pour Susan. Il les sélectionnait et mettait de côté, il volait aussi des jouets pour ses fils, car, en effet, il avait appris par la presse la naissance de Nathaniel. Et un jour l'un de ses hommes annonça une bonne  nouvelle : Jonathan avait demandé à ce qu'on retrouve Susan et c'était fait.

    Jonathan : Alors... Vous l'avez retrouvée ?

    Sbire: Oui. Elle vit dans une petite maison, dans la campagne, isolée de tout.

    Il lui donna l'adresse, et Jonathan constata que sa bien-aimée vivait à trente minutes à pied de chez son amie Anna.

    Jonathan : Parfait... Mettez les cadeaux dans le coffre de la voiture... Ce soir je sors.

    Les sbires obéirent, et une fois que tout fut prêt, Jonathan se mit en route.

     

    C'était l'été. Il faisait chaud. C’était presque le coucher du soleil. Susan était dans le jardin avec Aiden, qui jouait avec Nathaniel, sous le regard de leur mère, qui relisait son script et s'entraînait à le répéter. Ils avaient dîné à l'extérieur car il avait fait beau. Aiden et Nathaniel jouaient au pied d'un jeune pommier qui se trouvait dans le jardin, avec des cubes de construction, une petite poupée de chiffon et un ours en peluche, qu'Aiden faisait parler pour faire rire son petit frère. De temps à autre, Susan les regardait avec tendresse.

    La nuit venait de tomber et Jonathan sortit enfin de la voiture. Il prit les cadeaux qui étaient dans un grand sac et se dirigea vers la maison. Il escalada le portail et dans le plus grand silence, il posa les cadeaux devant la porte d'entrée, avec un petit mot disant : « De la part d'un homme qui vous aime ».

    Puis avant de partir, il voulait voir ses enfants quelques minutes. Il regarda par la fenêtre du salon. Il voyait Susan avec Aiden et Nathaniel qui étaient en train de regarder un film d'animation, et ils riaient aux éclats. Jonathan s'aperçut que Susan n'avait plus les cheveux teints, mais elle avait l'air d'avoir maigri, et ce, malgré la grossesse. Sa peau avait l'air un peu plus pâle, et elle avait de très légers cernes, mais son sourire illuminait son visage.

    Jonathan eut soudainement l’air triste, puis il partit en reprenant sa voiture et retourna à  Gotham.

    Du coin de l'oeil, Susan perçut l'ombre de Jonathan. Elle tourna rapidement la tête, mais il n'y avait rien. Elle regarda alors à nouveau l'écran.

     

    Le lendemain, malgré les vacances d'été pour Aiden, Susan, elle, n'était pas en congé. Elle partit très tôt le matin, laissant ses deux fils aux bons soins d'une nourrice. Alors qu'elle ouvrit la porte, son pied rencontra le sac. Elle se baissa pour l'examiner de plus près. En lisant le mot, elle porta sa main gauche à sa bouche, et quand elle ouvrit le sac pour en découvrir le contenu, elle laissa échapper des larmes ainsi qu'un sanglot.

    Susan: Jonathan...

    Elle prit le sac et le monta rapidement jusqu'à sa chambre. La nounou arriva  après que Susan ait descendu l'escalier qui menait à l'étage de la maison. Elles se saluèrent, Susan lui donna les instructions pour la journée, et elle monta dans sa voiture pour se rendre à son travail.

    Deux semaines plus tard, Jonathan revint de nouveau à la maison de Susan, avec encore un sac rempli de cadeaux, mais cette fois, ce qui l'ignorait c'était que Susan l'avait vu de sa fenêtre de chambre. Elle descendit alors et ouvrit la porte. Jonathan fut surpris.

    Susan: ...

    Elle avait la mine basse. Susan ne savait pas quoi dire, et était un peu gênée. Elle passa sa main gauche derrière son oreille pour remettre une mèche de cheveux. Elle avait l'air d'avoir tatoué quelque chose sur son annulaire, mais Jonathan n'eut pas le temps de distinguer ce que c'était, et il ne l'avait vu que très brièvement, en partie parce qu'il regardait Susan en face.

    Susan: Tu ne peux pas... Nous donner ces bijoux...

    Jonathan : ... Alors accepte au moins les jouets pour mes fils…

    Susan soupira.

    Susan: ... Entre...

    Jonathan hésita, mais fini par rentrer.

    Jonathan : Tu vas appeler la police ?

    Susan lui tournait le dos, tandis que Jonathan refermait derrière lui.

    Susan: Bien sûr que non...

    Elle marcha jusqu'à l'interrupteur le plus proche et l'enclencha, permettant ainsi d'illuminer le salon, chose qu'elle n'avait pas faite au départ, puisqu'elle s'était hâtée de descendre avant que Jonathan ne parte.

    Jonathan posa le sac au sol et sortit les jouets. Il y avait un lapin en peluche, blanc avec un nœud papillon bleu, une voiture télécommandée et d'autres jouets tout aussi beaux.

    Jonathan : Tu... As une belle demeure, tu t'en es bien sortie...

    Susan: Certes...

    Elle croisa les bras et serra les manches de son pyjama rose clair au niveau de ses coudes, et se mordait la lèvre.

    Susan: Mais j'aurais préféré qu'on soit tous les quatre... Si seulement tu n'avais pas...

    Ses doigts se crispèrent sur le tissu.

    Jonathan : Je sais ... Et je regrette, sincèrement... Mais tu l’as dit toi-même ... Je suis fou…

    Bien-sûr, Jonathan n'en pensait pas un mot... Mais malgré sa folie, il aimait sincèrement Susan et ses enfants et il était prêt à tout pour les récupérer.

    Jonathan : ... Je n'ai jamais voulu faire de mal à Aiden, jamais, ni à toi Sue... Si j'avais eu une enfance "normale", un père différent... Je ne le serai pas devenu... Je n'ai jamais voulu lui ressembler et pourtant...

    Susan: Tu en avais l'opportunité... Mais ton obsession pour tes recherches t'ont mené là...

    Susan desserra ses doigts, et se tourna vers Jonathan, mais elle le fuyait du regard.

    Jonathan : Susan...

    Il s'approcha un peu d'elle et tendit sa main pour la poser sur sa joue.

    Jonathan : J'essaie de changer…

    Susan le laissa faire, mais elle ne bougea pas. Elle était comme presque figée.

    Susan: Tu es devenu un criminel, Jo... Un hors-la-loi... Tu ne pourrais même pas rester ici... Et même si tu restais, qu'est-ce qui me dit que tu ne vas pas recommencer? Tu m'as déjà déçue plusieurs fois...

    Puis elle posa sa main sur celle de Jonathan mais ne la retira pas.

    Susan: Et pourtant je t'aime toujours autant...

    Jonathan : Parce que... Tu m'aimes toujours autant et... Que ma vie… Ne vaut rien sans toi.

    Cette fois-ci Susan releva la tête et regarda Jonathan. Les jolis yeux bleus de Susan commençaient à verser des larmes. C'est alors qu'elle approcha son visage de celui de son bien-aimé, et elle posa un baiser sur ses lèvres. Jonathan se laissa faire, puis posa son autre main sur la joue de Susan. Ils s'embrassèrent pendant un moment, et Jonathan fini par se retirer.

    Jonathan : Je dois partir.

    Susan: ... Merci quand même pour tes cadeaux, Jo... Si tu n'avais pas volé les richesses... Je les porterai sans nul doute...

    Jonathan : ... Ne dis rien à Aiden, transmets-lui juste que... Son père l'aime très fort et qu'il est désolé du mal qu'il lui a fait...

    Sur ces mots il quitta la maison et retourna à sa planque.

     

    Les mois suivants, Jonathan continuait d'aller voir Susan, parfois les mains vides, d'autres fois avec des jouets...

    Quand il venait, lui et Susan se contentaient de parler, par moments ils s'embrassaient mais ils n'allaient pas plus loin.

    Puis pendant deux mois, ce fut silence radio. Jonathan ne donna aucun signe de lui, et dans les journaux, l'épouvantail avait comme disparu. Susan était inquiète, elle n’en dormait pas. Elle pensait qu'il était mort... Puis un soir, un homme toqua à sa fenêtre. C'était Jonathan et il avait l'air changé : il était plus soigné. Ses cheveux étaient coupés, sa barbe rasée et avait une tenue plus correcte.

    Susan: Jonathan, je me suis fait un sang d'encre! Où étais-tu passé?

    Dit-elle en allant lui ouvrir.

    Jonathan : *rentre* Je suis partit de Gotham quelques temps, j'avais besoin de faire le point sur moi, sur ma vie…

    Susan: ... Je vois.

    Jonathan : Navré de ne pas t'avoir donné de mes nouvelles ni de t'avoir dit que je partais... Mais ça s'est fait sur un coup de tête.

    Susan se contenta d'acquiescer silencieusement.

    Jonathan : Je... J'ai des bonnes nouvelles à t'annoncer.

    Susan: Quelles sont-elles?

    Jonathan : J'ai viré les hommes qui travaillaient pour moi, rendu tous les bijoux, l'argent volé et... *sort un article de journal de sa poche et le tend à Susan* J'ai créé un antidote contre ma toxine, si tu ne me crois pas j’ai tout apporté avec moi.

    Susan prit l'article et se mit à le lire, puis elle regarda Jonathan d'un air déboussolé. Elle tituba un peu, alors elle s'assit dans un fauteuil.

    Susan: Jonathan...

    Elle se prit la tête dans les mains. Jonathan put distinguer ce qu'elle avait sur l'annulaire gauche: c'était un tatouage qui représentait une alliance.

    Susan: Je... *soupire puis relève la tête* Tu as fait tout ça pour nous, n'est-ce pas?

    Jonathan acquiesça, et il s'apprêtait à prendre la parole, mais Susan ne lui donna pas cette occasion.

    Susan: Jonathan... Je te crois quand tu me dis que ton amour est sincère... Et le mien l'est tout autant... Mais...

    Elle était au bord des larmes.

    Susan: J'ai peur de t'accorder à nouveau ma confiance... J'ai le sentiment que tu replongeras à nouveau...

    Jonathan se mit à la hauteur de Susan et lui prit les mains.

    Jonathan : Moi-même j'ai peur pour tout te dire... Ironique, non ?

    Il eut un sourire mais c'était  nerveux.

    Sa phrase fit souffler du nez Susan. Jonathan vit qu'il lui avait fait esquisser un petit sourire, mais il s'atténua un peu.

    Susan: Je ne peux pas... *soupire* Je ne peux pas te laisser rester avec nous... Même si c'est ce que j'ai toujours voulu... Peut-être que moi je ne pouvais pas comprendre ton obsession, mais est-ce que toi, tu comprends mon choix..?

    Jonathan : Oui...

    Il baissa un peu la tête et pour la première fois, il laissa échapper quelques larmes. Susan pleura à son tour, mais elle serra Jonathan contre elle.

    Susan: Tu me rends heureuse, Jonathan... ... Regarde...

    Elle lui montra son alliance tatouée de plus près. Cela ressemblait à un anneau, mais si on observait bien, le tatoueur avait minutieusement écrit le prénom de Jonathan dans l'alliance.

    Susan: Je regrette de m'en être débarrassée... Hélas, je ne pouvais pas la faire réapparaître avec un tour de magie...

    Jonathan : ... Ma Susan... Ce n'est rien, je ne t'en veux pas.

    Susan se leva, et invita Jonathan à faire de même, afin de pouvoir l'embrasser, puis elle posa la tête contre son épaule.

    Susan: Qu'allons-nous faire...?

    Jonathan : Je continuerai à me faire discret, jusqu'à que je sois dans l'oubli, mais je viendrai te voir comme d'habitude... C'est tout ce que je peux te proposer.

    Susan: ... Je pense que c'est ce qui convient le mieux pour notre relation, mon amour…

    Jonathan enlaça sa femme un long moment puis il partit.

     

    Le mois suivant, Jonathan vint chez Susan mais il était différent. Il avait l'air paniqué, ses yeux étaient humides, il tremblait. Il avait aussi le nez en sang. Lorsqu'il frappa à la porte, il était une heure du matin. À sa surprise, ce fut Aiden qui vint ouvrir, car il s'était levé pour aller boire.

    Aiden: P.. Papa? Qu'est-ce que...?

    Jonathan : Mon grand, va... Va chercher ta maman s'il te plaît...

    Sa voix était tremblante. Il poussa gentiment son fils et ferma la porte derrière lui.

    Aiden ne perdit pas de temps et courut réveiller sa mère. Elle descendit les marches quatre à quatre, suivie par Aiden. Lorsqu'elle vit l'état de son mari, elle se mit à pâlir.

    Susan: Nom d'une mygale, Jonathan! Que t'est-il arrivé?

    Elle s'approcha de lui pour l'examiner de plus près.

    Jonathan : J’ai failli recommencer, Sue... Je deviens fou...

    Effectivement, Jonathan avait essayé de tuer quelqu'un avec sa toxine, mais la personne s'était défendue et Jonathan avait rapidement réalisé sa perte de contrôle.

    Jonathan : Aide-moi ! ... S'il te plaît...

    Susan: Aiden chéri, va te recoucher.

    Aiden obéit et retourna dans sa chambre.

    Susan: Jonathan, évidemment que je vais t'aider.

    Jonathan : Enferme-moi... Mets-moi dans un asile...

    Il se laissa tomber sur les genoux, implorant d'être enfermé. Susan ne l'avait jamais vu ainsi…

    Susan: T... Tout ce que tu voudras.

    Susan ne savait quoi faire d'autre, et elle ne pouvait supporter de voir son mari ainsi. Elle alla prendre le téléphone, et après une discussion de quelques minutes, elle raccrocha. Jonathan pendant ce temps s'était assis sur le divan du salon. Sa femme vint auprès de lui et elle lui fit poser sa tête sur ses genoux.

    Susan: Ils arriveront dans deux heures et demie... Comme tu le sais, nous sommes loin de la ville… Mais pour l’instant… Respire... Essaie de te calmer...

    D'une main, elle fit apparaître un mouchoir en tissu et essuya le sang de Jonathan avec, puis elle lui caressa les cheveux.

    Susan: Mon amour, je suis là... Je suis là...

    Jonathan : J'ai peur...Susan...

    Susan: Je sais... Chuuuuut... Je suis là, Jonathan... Je suis là... Respire. Détends-toi. Je suis là...

    Elle continuait à lui parler calmement, tout en lui caressant doucement les cheveux, voulant absolument le rassurer comme elle le pouvait. Elle ne pouvait pas se permettre de céder à la panique. Jonathan avait besoin d'elle.

    Susan: Mon amour... Ça va aller, je suis avec toi...

    Au bout d'une heure, Jonathan s'était calmé. Il avait repris un peu ses esprits.

    Jonathan : ... Je suis désolé, ma chérie... Désolé de t'avoir montré cette facette de moi...

    Susan: Je ne t'en veux pas, mon amour.

    Elle lui souriait, tout en continuant à lui caresser les cheveux.

    Jonathan : Tu expliqueras à Aiden, même si il ne comprend pas tout de suite, que son père a besoin de soins particuliers... Et qu'il est dangereux...

    Susan: Oui, je lui dirai.

    Elle effleura le visage de Jonathan, tout en le regardant dans les yeux, arborant un sourire un peu triste.

    Susan: On viendra te voir autant que possible...  Et avec Nathaniel. Il a le droit de te connaître. Et il comprendra aussi, un jour, quand il sera plus grand.

    Elle se décala ensuite, plaçant un coussin à la place de ses genoux, puis elle s'allongea à côté de Jonathan et le serra doucement contre elle.

    Susan: Je t'aimerais toujours, Jonathan, quoi qu'il arrive.

    Jonathan la serra également tendrement contre lui.

    Jonathan : Moi aussi, Sue...

    Plus tard, une ambulance arriva et deux hommes toquèrent à la porte.

    Ambulancier : Madame Skinner c'est bien ça ? C'est vous qui avez appelé ?

    Susan: Oui, c'est exact.

    Elle tourna la tête en direction de Jonathan. L'ambulancier entra avec son collègue.

    Ambulancier : Monsieur…

    Les deux hommes savaient qui était vraiment Jonathan, alors ils essayèrent de ne pas trop le brusquer.

    Ambulancier : On va vous aider à vous lever, et vous emmener, d'accord ?

    Jonathan ne répondit pas, et lorsqu'un des deux hommes le toucha, Jonathan eut un mouvement de recul.

    Ambulancier : Laissez-vous faire s'il vous plaît et tout ira bien.

    Susan: Chéri... Ça va aller, d'accord?

    Elle lui fit un sourire chaleureux et avait l'air confiante, bien qu'au fond elle soit inquiète pour son bien-aimé. Mais elle voulait qu'il se sente au mieux, alors il fallait qu'elle se montre rassurante.

    Jonathan : Ils vont m'envoyer à Arkham...

    Ambulancier : Vous serez mieux traité que la dernière fois monsieur Crane.

    Jonathan : C'est faux...

    Il se leva.

    Susan: ... Si j'apprends qu'ils ne te traitent pas comme il se doit, ils auront de mes nouvelles.

    Ambulancier : Déjà, qu'il se laisse faire.

    Jonathan : J'ai changé d'avis... Je n'irai pas à Arkham ! Je ne veux pas…

    Susan prit Jonathan par la main.

    Susan: Jonathan... Tu dois faire un choix.

    Jonathan : Ils m'ont traité comme un animal Susan…

    Susan posa sa main sur la joue de Jonathan.

    Susan: Je suis d'accord, l'asile d'Arkham n'est pas le meilleur endroit pour toi... ... Il y a peut-être un autre endroit où tu pourrais te faire soigner...

    Ambulancier : Madame, l'heure tourne.

    Susan: Oui, je vous prie de m'excuser... Mais, n'y a-t-il pas un autre endroit où... Mon mari pourrait être emmené?

    Ambulancier : Au vu de ses antécédents... Non hélas, mais il ne sera pas placé dans le secteur 4, et puis il vient de son plein gré, donc il sera dans le 2 voir le 1... En gros il sera bien traité.

    Susan regarda Jonathan, puis les ambulanciers.

    Susan: J'espère que vous avez raison...

    Jonathan prit une grande inspiration et fini par céder.

    Jonathan : Très bien...

    Susan: On se reverra vite, Jonathan. Je te le promets.

    Jonathan embrassa sa bien-aimée, et se laissa emmener par les deux hommes. Susan les observa partir. Elle avait le cœur serré, et avait peur pour son époux. Elle souhaitait plus que tout que les docteurs de l'asile se montrent efficaces, et que Jonathan guérisse réellement.

     

    Dix mois s'écoulèrent par la suite, et malgré les bons traitements que Jonathan recevait, il n'y avait pas de changement. Le médecin qui le suivait était très patient, et faisait des séances régulières avec lui, mais Jonathan demeurait silencieux.

    Jonathan : Je n'ai rien à dire aujourd'hui...

    Dr Thompson: Allons, allons, cherchez bien.

    Jonathan : ... À part dire que je suis dans un asile de fou, il n'y a pas grand-chose à raconter.

    Le docteur notait, malgré le peu de choses que Jonathan lui livrait.

    Jonathan : Pourquoi notez-vous à chaque fois ? C'est quoi l'intérêt ?

    Dr Thompson: Vous étiez auparavant psychiatre, vous aussi vous preniez des notes.

    Jonathan : Oui mais contrairement à vous, eux me parlaient, ils se confiaient, moi je ne suis pas comme eux.

    Jonathan fini par se lever.

    Jonathan : On a terminé pour aujourd'hui.

    Dr Thompson: J'en ai bien peur.

    Le docteur rangea ses affaires et lui et son patient se séparèrent.

     

    Un peu plus tard, Susan rendit visite à son mari, mais avant le médecin en charge de lui souhaitait lui parler.

    Dr Thompson : Madame Skinner, vous pouvez rentrer.

    Elle s'exécuta, et s'assit en face de lui. Aujourd'hui elle portait une tenue simple mais élégante de couleur rose pâle, avec un grand chapeau orné de fausses fleurs, et un haath phool assorti à sa robe, ainsi qu'un collier de fausses perles en nacre. Elle s'était également un peu maquillée, et avait mis son parfum à la rose.

    Dr Thompson : Merci d'avoir patienté. Si je vous ai demandé de venir me voir, c'est pour vous parler de Jonathan.

    Susan: ... Je vous écoute.

    Susan avait le pressentiment que ce qu'elle allait entendre n'allait pas lui faire plaisir. Ses doigts commencèrent à se crisper légèrement.

    Dr Thompson : Voilà, cela fait dix mois qu'il est ici et malgré nos bons traitements envers lui, il refuse de se confier, de parler lors de nos séances quotidiennes... J'ai également appris qu'il mangeait peu... Mais j'ai cependant une bonne nouvelle, il n'a pas refait de crise depuis trois mois, ça signifie que le traitement fonctionne, mais si nous voulons l'aider d'avantage... Il faut qu’il se libère de ses tourments.

    Susan: ... Je vois... ... Je vais essayer de le convaincre...

    Dr Thompson: Prenez votre temps.

    Susan: Merci docteur.

    Susan fut ensuite conduite jusqu'à la cellule de son mari.

    Gardien : Crane, tu as de la visite.

    Jonathan se leva de son lit et s'approcha de la vitre. Une légère odeur de rose flottait dans l'air tandis que Susan s'avançait vers la chaise qui lui était destinée. Elle retira son chapeau et le posa sur le meuble, puis à son tour, approcha de la vitre.

    Jonathan : Tu es en retard…

    Susan: Je sais, mais le docteur Thompson voulait me parler de toi.

    Jonathan : De quoi s'est-il plaint ?

    Susan: Il ne s'est pas plaint. Il a juste dit... Que tu ne mangeais pas beaucoup, et que tu ne disais pas grand-chose pendant vos entretiens... Et qu'il faudrait que tu te libères de ce qui te pèse, sinon ils ne pourront pas t'aider davantage, mon chéri...

    Jonathan : Bêtises... Ce ne sont que des balivernes Susan... Je ne serai jamais libéré de ce que j'ai fait.

    Susan: ... Es-tu sûr qu'il n'y a rien qui te tracasse? Tu peux peut-être me le dire à moi, s'il y a quelque chose...

    Jonathan donna un coup violent dans la vitre, ce qui fit peur à Susan.

    Jonathan : Tout Susan ! Ma vie n'a été qu’échec ! Je... J'ai commis les mêmes horreurs que mon connard de père ! J'ai fait du mal à mon propre fils et le pire dans tout ça... C'est que j'en étais conscient et... Que j'ai aimé ça…

    Des larmes se mirent à couler le long de ses joues.

    Jonathan : Je suis un putain de cinglé Susan et rien ne pourra effacer ce que j'ai fait, même pas ces médecins qui se prennent pour des dieux.

    Il se mit dos à elle et s'essuya les yeux.

    Susan posa sa main sur la vitre.

    Susan: Jo...

    Mais elle ne savait pas quoi formuler, ni comment le formuler. Elle avait à la fois envie de lui apporter du réconfort quel qu'il soit, et en même temps, elle ne trouvait pas les mots pour cela. Cependant elle ne bougea pas d'un pouce. Elle était comme figée, la seule chose qui s'animait sur elle était une larme qui s'échappait de son œil.

    Jonathan : ... Tu peux t'en aller... Et rapporter ce que j'ai dit, il sera content !

    Susan: … Jonathan, regarde-moi.

    Elle avait employé un ton ferme. Jonathan hésita quelques instants, puis fini par se retourner.

    Jonathan : ....

    Susan le regardait droit dans les yeux.

    Susan: Tu es mon mari, et je veux ton bien. Je suis d'accord, tu as fait du mal à Aiden. Tu m'as aussi fait du mal. Mais je t'ai finalement pardonné, après des sacrifices et des réflexions. Parce que je t'aime plus que tout, et que je tiens à toi. Tu es fou. C'est un fait avéré... Mais... Je ne peux pas imaginer ma vie avec quelqu'un d'autre que toi. Et... Après tout... Tu me complètes un peu, non?

    Jonathan : Non… Sors, maintenant...

    Il baissa la tête, et se retourna.

    Susan: ... *soupire* À bientôt, Jonathan...

    Elle reprit son chapeau, le remit sur sa tête, et quitta l'asile d'Arkham.

    Les jours suivants, le médecin retenta le dialogue avec Jonathan. Ils rediscutèrent de la même chose. Susan avait rapporté au médecin ce dont Jonathan lui avait fait part, lors de sa dernière visite.

    Jonathan : Eh bien si Susan vous a tout dit, je n'ai rien à dire.

    Dr Thompson: Je voulais simplement confirmer ses dires.

    Il continuait à noter tout en parlant.

    Dr Thompson: Nous allons voir ce que nous pouvons faire... Mais je ne peux rien vous promettre... Ni vous garantir un ticket de sortie, s'il n'y a pas d'amélioration. Votre cas est très particulier.

    Jonathan : Eh bien gardez-moi jusqu'à la fin de mes jours dans cet endroit, je n’en ai plus rien à faire.

    Dr Thompson: Vous n'aimeriez pas revenir auprès de votre famille? Malgré ce que vous avez fait, votre femme a l'air de beaucoup tenir à vous.

    Jonathan : Non…

    Jonathan ne le pensait pas mais il était fatigué moralement, il était las de tout. Le médecin remarquait l'état de son patient qui se dégradait, il le nota.

    Une fois la séance finie, le docteur sortit sans ajouter rien de plus. Cependant, Jonathan ne vit pas Thompson pendant un moment. Celui-ci avait estimé qu'il valait mieux laisser un petit temps de repos à son patient, et en parallèle, de trouver quelque chose qui serait plus efficace pour l'aider.

     

     

    Un matin, Jonathan, comme un jour sur deux, avait droit à sa douche. Il était bien entendu accompagné, mais jusqu'à l'entrée et non dans les douches.

    Il avait droit à 5 minutes, il se déshabilla, alluma l'eau et sortit d'une petite crevasse dans le mur, une lame de rasoir... Jonathan avait la ferme intention de se suicider. Il posa la lame sur son poignet et fit une longue entaille, puis s’en fit une seconde sur l'autre bras. Le jeune homme se mit ensuite contre le mur et se laissa tomber. Soudain l'un des gardiens regarda sa montre et vit que les 5 minutes étaient écoulées.

    Gardien : Crane ! Les 5 minutes sont passées.

    Mais il n’y eut aucune réponse, les deux hommes entrèrent alors dans les douches et virent Crane, semi conscient, en train de se vider de son sang.

    Gardien : Ce n'est pas vrai... Va chercher une infirmière ! Vite !

    L'homme coupa l'eau et avec deux serviettes, tenta de stopper l'hémorragie.

    Les jours suivant, Jonathan avait été emmené dans un autre hôpital. Avec bien sûr des gardiens, mais les soins était différents. Susan avait demandé entre-temps d'avoir son mari avec elle, chez elle.

    Dr Bloom : Au vu de son état, je ne sais pas si c'est...

    Susan le coupa.

    Susan: Je pense que justement il ira mieux s'il vient chez nous. Tout ça ne lui a pas réussi, mais peut-être qu'au final... Si je m'occupe de lui... Ça s'améliorera...

    Dr Bloom : *soupire* ... Je comprends, vraiment, madame Skinner... Mais...

    Il se tut un instant, puis repris.

    Dr Bloom : Bon, écoutez… Je vais en parler à mes supérieurs ainsi qu'au médecin qui le suivaient à Arkham, et nous vous donnerons une réponse rapidement.

    Susan: ... Je vous remercie, docteur Bloom.

    Elle fouilla dans son sac et sortit une enveloppe qui contenait des billets, qu'elle tendit au docteur.

    Susan: Si jamais ça peut aider pour qu'ils acceptent...

    Dr Bloom : Vous l'aimez vraiment, pas vrai ?

    Susan se contenta d'acquiescer. Son regard brillait de détermination.

    Dr Bloom : Gardez votre argent, ça ne sera pas nécessaire.

    Dit-il avec un sourire.

    Dr Bloom : J'ai connu le grand amour il y a longtemps et tout comme vous, j'étais prêt à tout pour lui.

    Susan sourit à son tour.

    Susan: Merci infiniment, docteur...

    Dr Bloom : Ne me remerciez pas encore. En attendant, vous pouvez aller le voir. Si quelqu'un vous dit non, dites-lui que vous avez mon autorisation.

    Susan: Oui.

    Elle remercia de nouveau le docteur, puis se rendit auprès de Jonathan.

    Jonathan était allongé dans un lit, il avait deux perfusions, une pour le nourrir et la seconde était pour le remettre d'aplomb.

    Quand Susan rentra, il dormait, mais le bruit de la porte le réveilla.

    Jonathan : Sue ... ?

    Susan l'observait d'un air désolé.

    Susan: Jo... Comment as-tu osé... Comment as-tu pu...

    Jonathan étant épuisé, malgré les perfusions, ne se souvenait pas trop de ce qu’il avait fait.

    Jonathan : Qu'est-ce que j'ai fait Sue..? Pourquoi suis-je ici ?

    Susan: Tu étais sur le point de me laisser seule avec les enfants...

    Elle se mit à pleurer.

    Susan: Ils m'ont dit que tu t'es ouvert les veines dans ta douche!

    Jonathan : Oh Sue...

    Il tendit sa main vers elle.

    Jonathan : Ne pleure pas, s’il te plait... Je n'aime pas te voir pleurer...

    Susan: *hoche la tête* Je ne peux pas! Comment tu veux que je reste indifférente à ça, Jo?

    Sa voix traduisait à la fois son chagrin et sa colère.

    Jonathan : Ne crie pas s'il te plait... Ne crie pas... Je... Je ne me souviens de rien... Je n'ai pas fait ça... Non…

    Susan: Regarde ton poignet! Et ton bras!

    Jonathan tourna la tête et continua de supplier Susan d'arrêter de hurler.

    Jonathan : S’il te plait... Arrête…

    Susan souffla bruyamment du nez, puis elle ferma les yeux et inspira profondément.

    Jonathan : *tend ses bras* ... Approche...

    Susan s'approcha et tous deux s'enlacèrent.

    Susan: Je suis soulagée que tu sois encore en vie...!

    Jonathan se mit à pleurer, puis il serra tendrement Susan contre lui. Ils restèrent ainsi pendant un long moment, dans le silence.

     

    La nuit suivante, Jonathan eut une visite inattendue. Le Batman entra dans sa chambre d'hôpital : il voulait avoir des informations concernant sa toxine, car cette dernière circulait dans Gotham sous la forme d'une drogue...

    Jonathan : Le Batman...

    Batman: Est-ce que tu es derrière tout ça?

    Il lui montra une boîte contenant une partie de ces drogues.

    Jonathan : Je me suis rangé, Batman ... Depuis un moment…

    Batman: Comment est-ce que ta toxine a pu tomber entre leurs mains? Tu as une idée de qui a pu s'en emparer?

    Il lui lança également un journal dont la moitié des articles parlaient de cette drogue.

    Jonathan : *saisit le journal* ... Je ne sais pas, j'ai tout remis à la police il y a presque an maintenant... Cherche auprès de cette chère police de Gotham...

    Batman: Il y a eu des fuites. Quelques délinquants sont parvenus à s'en emparer.

    Jonathan : Des délinquants ? Hm ! Laisse-moi rire... Ne cherche pas les petites bêtes... Plutôt les grosses têtes, quelqu'un de mon intelligence... De ma folie... Mais ce n'est pas moi ! … Non j'ai arrêté tout ça... Même si c'est dur.

    Batman: ... Faites attention à ce qu'on vous donne quand vous serez réunis.

    Jonathan : Nous serons loin de cette ville... Loin de tout et de toi…

    Batman: Très bien. Mais restez prudents.

    Jonathan : …

    Et Batman disparu aussitôt, laissant Jonathan seul dans la pièce.

     

    Quelques jours plus tard, Susan eut une réponse concernant sa demande : elle avait été approuvée, mais avec plusieurs conditions. Jonathan ne devait quitter le domicile de sa femme sous aucun prétexte, un psychiatre passerait tous les jours le voir, pendant une heure, pour discuter, et Jonathan devait prendre son traitement correctement, jusqu'à amélioration de son état.

    Susan les accepta, et Jonathan fut de retour dans la famille. Aiden avait l'air plutôt content, et le petit Nathaniel, âgé d'à présent deux ans et demi, était un peu étonné de voir cet homme qu'il ne connaissait pas encore et qui s'avérait être son père.

    Jonathan avait du mal à croire qu'il était de nouveau là, avec sa femme et ses enfants. Malgré la joie de son fils, il n'osait le toucher, et lui parlait peu, comme pour son second fils. Le soir même, Aiden était si content qu'il voulait que son père le prenne dans ses bras.

    Jonathan : Je... Plus tard mon grand…

    Aiden ne comprit pas pourquoi son père le rejetait. Il le regarda d'un air triste.

    Jonathan : Va voir ta maman, elle a peut-être besoin d'aide pour le repas... Si elle te demande où je suis... Dis-lui que je serai dans le salon.

    Aiden ne répondit pas mais obéit et alla rejoindre Susan. Elle avait déjà installé la table ainsi que Nathaniel dans sa chaise haute. La jeune mère était en train de faire bouillir de l'eau.

    Aiden: Maman...

    Susan: Oui Aiden?

    Aiden: ... Tu as besoin d'aide?

    Susan: Non, ça ira, ne t'en fais pas. Ce sera bientôt prêt. Installe-toi donc.

    Aiden s'assit à côté de son petit frère et regardait sa mère faire la cuisine.

    Aiden: Maman... Papa ne s'en ira plus jamais, n'est-ce pas?

    Susan: ... Si tout se passe bien, non, il ne s'en ira plus jamais. Mais tu sais qu'il n'est pas guéri, n'est-ce pas?

    Aiden: Oui...

    Susan: S'il est là c'est parce que les docteurs n'arrivaient pas à le soigner, alors j'ai demandé à ce qu'il reste avec nous. Parce que... Je pense que ça lui fera plus de bien.

    Aiden: Et... Il ne fera plus de... Bêtise?

    Susan: ... Je ne pense pas.

    Elle se retourna pour servir la nourriture tout en souriant à Aiden.

    Susan: Jonathan! C'est prêt!

    Appela-t-elle ensuite.

    Jonathan était assis dans le fauteuil qui se trouvait dans le salon. Il était pensif. Il songeait à la discussion qu'il avait eue avec Batman, et ce qui le dérangeait c'était qu'on allait encore le mêler à cette histoire, l'accuser. Cela le travaillait... Susan, n'ayant pas de réponse, s'inquiéta.

    Susan: Jo?

    Elle était venue le voir depuis la cuisine. Elle posa une main sur son épaule et le secoua un peu pour le tirer de sa rêverie.

    Susan: Chéri... Tu te sens mal?

    Jonathan : Hm ..? Oh, non... Excuse-moi ma chérie.

    Susan sentait que tout de même, quelque chose tracassait son bien-aimé. Après tout, elle aussi le connaissait par cœur.

    Susan: Si quelque chose ne va pas, on peut en parler tout à l'heure, d'accord? Mais pour l'instant, viens donc manger.

    Elle lui prit la main.

    Jonathan : Je préfère manger après les enfants...

    Susan: ... Seul?

    Jonathan : S’il te plait…

    Susan: Bon...

    Elle lui lâcha la main et retourna à la cuisine manger avec Aiden et Nathaniel. Puis, après qu'ils aient terminé, Aiden prit son frère dans ses bras et quitta la cuisine, tandis que Susan mettait les plats utilisés dans le lave-vaisselle. Elle ne laissa qu'une assiette, des couverts, un verre et la casserole sur la table de la cuisine, puis elle monta prendre son bain.

    Jonathan alla dans la cuisine et s'installa. Il se servit ensuite, mais il ne toucha pas l'assiette.

    Quand Susan ressortit de son bain un peu plus tard, vêtue de son pyjama, elle descendit et appela Jonathan. Mais n'ayant encore pas de réponse, elle alla dans la cuisine et elle le vit, assis en bout de table, l'assiette non vidée.

    Jonathan : Tu... Tu veux bien m'aider Sue... Force-moi.

    Susan: Comment ça se fait...

    Elle vint s'assoir à côté de lui en poursuivant sa phrase.

    Susan: ... Que tu n'arrives pas à manger tout seul?

    Jonathan : Depuis... Ma tentative, je ne mange plus. Inconsciemment je refuse de me nourrir et pourtant... Je dois manger.

    Susan lui caressa la joue en le regardant d'un air désolé. Puis elle prit les couverts et fit ce que Jonathan lui avait demandé.

    Après avoir terminé, Jonathan regarda Susan et la pris dans ses bras

    Jonathan : Je suis désolé.

    Susan: Ça va aller... Je suis près de toi maintenant.

    Jonathan se retira, il prit l'assiette et la posa dans l'évier.

    Jonathan : Je crois que je vais aller dormir Sue…

    Susan: Si tu veux dormir avec moi, tu es le bienvenu.

    Susan s'éloigna, prenant la direction de l'escalier, pour se rendre à sa chambre.

    Jonathan la suivit mais avant de se coucher, il voulut se changer.

    Jonathan : Tu as encore mes vêtements ?

    Susan: Je n'ai pas conservé les anciens, mais... J'ai anticipé... En t'en prenant des neufs.

    Jonathan : Tu peux me dire où ils sont, s’il te plait ?

    Susan: *sourit* Dans l'armoire.

    Jonathan fouilla et fini par trouver. Il sortit un pyjama bleu nuit. Il le posa sur le lit et se changea devant Susan, mais ce dernier tremblait un peu. Il était fatigué à cause des médicaments qu'il prenait. Susan l'aida donc.

    Jonathan : Sue, tu n'es pas obligée...

    Susan: Je suis là pour toi, mon amour. Si tu es ici c'est parce que je voulais t'aider. Il faut bien que je prenne soin de toi, non?

    Jonathan : Oui.

    Quand il se retrouva torse nu, Susan posa sa main sur son torse, elle constata en même temps qu'il l'avait maigri mais que sa peau était toujours la même.

    Jonathan sentit le souffle de sa bien-aimée sur son épiderme. Susan l'embrassa dans la nuque, mais elle ne fit rien de plus. Elle ne voulait pas le brusquer, et elle se disait que ce n'était probablement pas le meilleur moment pour aller plus loin. Elle préférait prioriser le bien-être de son mari, mais elle gardait le sourire aux lèvres.

    Après avoir fini de l'aider à se mettre en pyjama, Susan alla éteindre la lumière, tandis que Jonathan se couchait. Susan vint s'installer auprès de lui, en s'allongeant sur le côté et de dos par rapport à lui.

    Jonathan : Bonne nuit, ma chérie…

    Il se mit sur le côté et contre elle. Sa main se posa sur le ventre de Susan, puis il finit par fermer les yeux.

    Susan: Bonne nuit...

    Murmura-t-elle.

    Les jours suivant se ressemblaient un peu. Jonathan essayait cependant de faire des efforts, comme manger tout seul, sans Susan, de parler avec elle, de sortir un peu dans le jardin. Mais il n'arrivait pas à franchir le pas avec ses enfants, et l'histoire des drogues le préoccupait. Son psychiatre essayait de comprendre pourquoi il entretenait cette distanciation avec ses fils, mais Jonathan ne donnait pas de réponse suffisamment claire ou satisfaisante quand on le lui demandait. En revanche, Susan, elle, comprenait pourquoi, ce qui la chagrinait un peu par ailleurs. Jonathan l'avait également mise au courant à propos des drogues, craignant que si elle l'apprenait, elle le pense coupable, et que tout se brise entre eux définitivement.

    La jeune mère passait énormément de temps avec Jonathan, et elle savait que faire cela l'empêcherait de continuer sa carrière d'actrice comme elle l'entendait. Elle était donc appelée pour des petits rôles, ou de la figuration, et quand elle quittait la maison, Jonathan restait seul, et les deux enfants étaient emmenés chez leur nounou. C'étaient des précautions à prendre.

    Pendant qu'il était seul, Jonathan se cherchait des occupations. La seule qui lui convenait été la lecture et par chance, Susan avait beaucoup de livres dans sa bibliothèque. Parfois, il se mettait dehors, sur une chaise, à l'ombre du soleil.

    Puis un jour, l'amie de Susan, Anna, le reconnu. Il était dans la cour, assis, en train de lire. Elle ignorait que Jonathan était revenu vivre chez Susan.

    Anna était simplement venue proposer à Susan de venir à une soirée qu'elle allait bientôt organiser, mais elle ne s'était pas attendue à voir "l'ex-mari" présent en ces lieux.

    Anna: Qu'est-ce que tu fais ici, toi?

    Jonathan quitta sa lecture et leva la tête vers la femme.

    Jonathan : Ça… Ça ne vous regarde pas…

    Anna nota qu'il avait l'air mal en point comparé à la dernière fois où elle l'avait vu. Et pour le peu qu'elle connaissait de lui, elle se rendit compte que sa voix hésitante n'était pas quelque chose de normal.

    Anna: ... Où est Susan?

    Elle l’observait d’un œil méfiant.

    Jonathan : Partie faire des courses, elle ne devrait pas tarder...Ça va faire une heure.

    Anna: ... Alors je repasserai plus tard, dans ce cas... ... *marmonne* Comment ça se fait qu'elle ne t’a pas viré complètement de sa vie...

    Jonathan : ...

    Le jeune homme ferma son bouquin et retourna à l'intérieur, puis attendit le retour de Susan.

    Elle fut de retour un quart d'heure plus tard, accompagnée d'Aiden, qui l'aidait à porter les courses, et de Nathaniel dans sa poussette.

    Susan: Jo, nous sommes là!

    Elle posa Nathaniel dans son petit parc à jouets, et elle et Aiden allèrent ranger les provisions.

    Jonathan : Anna est passée.

    Susan: Oh... Est-ce qu'elle t'a dit ce qu'elle voulait?

    Jonathan : Non, elle a dit qu'elle repassera plus tard…

    Susan: Très bien. Merci de l'info.

    Elle posa un baiser sur les lèvres de Jonathan, puis, après avoir fini de ranger les courses, Susan alla regarder la télé, en gardant un œil sur Nathaniel, tandis qu'Aiden était monté jouer dans sa chambre.

    Jonathan resta un peu éloigné, il reprit son livre et se replongea dedans. Quand soudain, quelqu'un sonna. C'était sûrement Anna, se disait Jonathan. Il s'éclipsa alors dans la cuisine et laissa Susan lui ouvrir.

    Anna: Ah, Susan, je suis soulagée de te voir! Je craignais qu'il ne te soit arrivé quelque chose!

    Susan: Que veux-tu qu'il m'arrive?

    Anna: ... Disons que ça m'a fait étrange de tomber sur ton "EX" mari tout à l'heure...

    Susan: On reparlera de ça plus tard...

    Susan se remit une mèche de cheveux derrière l'oreille, avec un air embarrassé. Elle n'avait pas dit à Anna qu'elle avait décidé de prendre Jonathan sous son aile, ni qu'elle lui avait pardonné. Anna avait été peu disponible dernièrement car elle avait été appelée pour tourner dans des films autres que ceux dans lesquels Susan avait joué. Elles s'étaient un peu téléphonées entre-temps, mais comme elles étaient occupées, leurs discussions avaient été courtes, et toutes les deux avaient d'autres contacts.

    Anna: Ouais, tu me diras tout ça à la soirée.

    Susan: Quelle soirée, Anna?

    Anna: J'étais venue pour t'y inviter. Je fais une petite fête après-demain... Et ça te changera peut-être les idées.

    Susan: Oh... Eh bien... C'est... Sympathique d'avoir pensé à moi... Mais... D'une part il faut que je prenne soin de Jonathan, il a besoin de moi, et d'autre part... Tu sais que les fêtes que tu organises ne sont pas trop mon genre...

    Anna: Oh, allez, tu ne vas pas rester enfermée ici! On n'a qu'une vie, il faut en profiter!

    Susan: ... Je vais y réfléchir alors... Je t'appelle...

    Anna: OK, mais fais vite! Je te laisse.

    Elle donna une tape amicale sur la joue de Susan, puis jeta un œil méfiant envers Jonathan (car la cuisine était dans son champ de vision, et elle pouvait le distinguer), et enfin, elle s'en alla. Susan referma la porte derrière elle.

    Jonathan : ...

    Jonathan sortit de la cuisine et se mit devant Susan.

    Jonathan : J'ai entendu contre ma volonté…

    Susan lui sourit.

    Susan: ça ne fait rien, chéri. En revanche je tiens à m'excuser auprès de toi... Anna te voit d'un très mauvais œil depuis... Tu-sais-quand.

    Jonathan : Je sais et ce n'est pas grave… Tu n'as pas à t'excuser…

    Il posa sa main sur la joue de Susan.

    Jonathan : Va à cette fête, tu en as besoin…

    Susan posa à son tour sa main, sur celle de Jonathan.

    Susan: Je ne sais pas si c'est la meilleure chose à faire...

    Jonathan : Susan, tu as sacrifié beaucoup de choses... Ne sacrifie pas ton amitié pour moi.

    Susan: Anna sait que je n'aime pas trop les grandes fêtes comme ça... Elle ne m'en voudra pas si je ne viens pas, je t'assure. Et je ne peux pas te laisser tout seul...

    Jonathan : Ne t'inquiètes pas pour moi, je suis bien resté une heure tout seul aujourd'hui et je vais bien…

    Pour la première fois depuis longtemps, Jonathan eut un sourire. Il s'approcha de Susan pour l'embrasser.

    Jonathan : Dis-lui que tu y vas, même si ce n'est qu'une heure... Et pour les enfants, tu les mettras chez la nourrice…

    Susan l'embrassa à son tour.

    Susan: Je t'aime, grand fou. *clin d'œil*

    Jonathan : Je t'aime aussi.

    Le soir venu, Jonathan eut envie de quelque chose qui surprit sa femme. Il alla dans la cuisine, et alors que la table était déjà mise, il sortit une autre assiette du placard et la posa en bout de table.

    Jonathan : Ça ne te dérange pas si... Je mange avec vous ce soir ?

    Susan lui fit un sourire chaleureux.

    Susan: Mon amour, bien sûr que non. Ça me ferait même très plaisir.

    Jonathan : Tu veux que j'appelle Aiden ?

    Susan: Je suis sûre qu'il en sera ravi.

    Jonathan embrassa sa femme et sortit de la cuisine.

    Il monta les escaliers et toqua à la porte de la chambre d'Aiden.

    Jonathan : Aiden ?

    Aiden fut surpris d'entendre la voix de son père. Cela faisait longtemps qu'il se montrait distant avec lui.

    Aiden: Oui papa?

    Jonathan : *pousse la porte* Le… Repas est bientôt prêt mon… Grand.

    Jonathan avait du mal à le regarder mais il fit le premier pas en tendant sa main vers lui. Aiden le regarda un instant puis la prit, en esquissant un petit sourire, puis tous les deux descendirent pour aller manger.

    La soirée se passa plutôt bien, même si Jonathan parlait peu.

    Puis après le repas, il demanda une faveur à Susan.

    Jonathan : Susan... J'aimerais te demander quelque chose…

    Susan: Oui, bien sûr, dis-moi.

    Jonathan : Si tu refuses, je comprendrais... J'aimerais coucher Aiden ce soir, juste passer cinq minutes avec lui.

    Susan hésita une demi-seconde avant donner sa réponse.

    Susan: C'est d'accord.

    Jonathan : Si tu veux tu pourras venir m’observer.

    Susan: C'était dans mes intentions.

    Jonathan alla dans le salon, et fit signe à Aiden de venir.

    Jonathan : Tu viens te coucher Aiden ?

    Aiden acquiesça légèrement et approcha de son père. Accompagnés de Susan, ils allèrent dans la chambre de l'aîné. La tapisserie était rose et bleue, ornée de petits angelots qui jouaient dans des trompettes dorées. La moquette était gris souris et toute douce, il y avait un coffre à jouets ouvert et rempli à ras bord, un petit meuble sur lequel se trouvaient des peluches, la plupart étant celles que son père avait volées, et le petit lit était fait en bois de chêne, avec de grosses couvertures et un gros oreillers de couleur blanche. Il y avait par ailleurs le lapin blanc en peluche avec un nœud papillon bleu qui était là: c'était le doudou d'Aiden, sa peluche préférée.

     

    Alors que Jonathan accompagnait son fils dans sa chambre, Susan les observait dans l'encadrement de la porte, appuyée contre celui-ci. Elle avait un petit sourire en les voyant tous les deux.

    Jonathan laissa Aiden s'installer dans son lit, puis le borda.

    Jonathan : Ça va..? Je n'ai pas trop serré ?

    Aiden hocha la tête, et prit son doudou contre lui.

    Jonathan : Comment il s'appelle ?

    Aiden: Buck. Mais il ne parle pas beaucoup... Il est très timide...

    Jonathan : Ah oui ?

    Aiden acquiesça.

    Jonathan : Moi aussi avant j'étais comme Buck... Un grand timide… Puis aujourd'hui j'ai changé...

    Aiden: Je sais... Maman m'a raconté quand vous étiez au collège...

    Jonathan : … Ne change jamais Aiden…

    Il se leva mais Aiden lui retenait la main.

    Aiden: Tu peux rester encore s'il te plaît papa?

    Jonathan se mit à la hauteur de son fils et, d'une main hésitante, lui ébouriffa les cheveux.

    Jonathan : Désolé mon grand… Papa... A besoin de prendre son temps encore.

    Aiden: ... D'accord.

    Aiden s'enfouit sous ses couvertures en serrant Buck contre lui.

    Aiden: Bonne nuit papa... Bonne nuit maman.

    Susan: Bonne nuit mon chéri. *lui envoie un baiser*

    Jonathan : Bonne nuit…

    En fermant derrière lui, Jonathan se sentit un peu mal, ses mains tremblaient.

    Jonathan : ...

    Susan: Mon amour... Ça va aller?

    Jonathan : Oui, ne t'en fait pas.

    Susan lui prit les mains.

    Susan: Tu veux aller te reposer? Ou regarder la télévision avec moi?

    Jonathan : Je crois que je vais rester avec toi.

    Susan: Très bien.

    Tous deux descendirent dans le salon. Susan avait envie de regarder une VHS, et pas n'importe laquelle.

    Susan: Ça t'ennuie si on regarde "La sirène du lac des brumes"? J'avais... Envie de le revoir.

    Jonathan : Non du tout.

    Susan mit le film et se blottit contre Jonathan. Durant le film, le jeune homme avait la main de sa bien-aimée dans la sienne, ses doigts étaient entremêlés et Susan sentait que son mari était plus détendu que d'habitude.

    Elle ne put s'empêcher de l'embrasser dans le cou, avant de reposer les yeux sur l'écran.

    Susan: Aiden avait beaucoup insisté pour voir ce film, quand je lui ai dit que c'était mon premier... J'ai refusé car je savais qu'il aurait eu peur... Et une nuit, alors que je le regardais, je ne l'ai pas entendu se lever pour boire, et quand le film était fini et que je me suis levée après avoir récupéré la cassette, il était totalement figé. Il m'a dit qu'il a eu peur, mais qu'il aimerait bien le voir en entier quand même... J'ai finalement accepté... Depuis, à chaque fois qu'Aiden sait que je vais le revoir, on le regarde ensemble, sauf s'il a école le lendemain... Le film le terrifie mais il n'arrête pas d'y revenir.

    Elle arborait un air amusé en disant cela.

    Jonathan : Il tient ça de toi, il n'a peur de rien... C'est bien ton fils.

    Susan: *ton taquin* Oh, arrête, on a tous peur de quelque chose, Jo.

    Jonathan : … Ouais.

    Il retira sa main et baissa la tête.

    Susan: Chéri... ... Je ne voulais pas...

    Elle se rendit compte de sa bêtise, et elle se sépara de Jonathan. Elle alla poser sa tête à l'opposé du canapé et se recourba sur elle-même, face à la télé.

    Jonathan : ... Sue.

    Susan: J'essayais juste de détendre un peu l'atmosphère...

    Jonathan : Je… Je sais

    Il s'approcha d'elle et déposa un baiser sur son front.

    Jonathan : Pardon.

    Puis il s'allongea à son tour, derrière Susan, et passa un bras autour de la taille de celle-ci. Ils regardèrent le reste du film dans cette position.

    Le lendemain matin, Susan donna la réponse à Anna pour la soirée. Elle accepta à contrecœur, mais Jonathan voulait qu'elle s'amuse un peu, même si ce n'était qu'une heure. Elle organisa tout avant son départ : la nourrice allait prendre les enfants aux alentours de 19 heures et les ramener pour 20h30, 21 heures. Susan sortit même un plat préparé pour Jonathan, elle laissa également plusieurs numéros sur le frigo au cas où.

    Jonathan : Ça va aller Susan, j'ai pris mon traitement et j'ai de quoi m'occuper en une heure.

    Susan: Très bien… À tout à l'heure alors.

    Ils s'embrassèrent et elle partit.

    Jonathan ferma a clé et alla s'installé dans le salon. Il prit un livre sur les araignées, puis se mit dans le fauteuil. Vingt minutes plus tard, alors qu'il lisait tranquillement, quelqu'un toqua à la porte. Il ferma son livre et se leva.

    Jonathan : Qui est-ce ?

    ???: Je souhaite parler à l'épouvantail!

    La voix de cet homme n'était pas familière à Jonathan. Mais le visiteur ajouta:

    ???: J'ai quelque chose à vous proposer.

    Jonathan fut complètement surpris d'entendre son ancien nom.

    Jonathan : J'ignore qui vous êtes... Et de qui vous parlez mais veuillez quitter les lieux !

    ???: Jonathan Crane, je sais que vous êtes là.

    Jonathan : Partez j'ai dit !

    Mais l’étranger ne l'entendit pas de cette oreille. Il enfonça la porte et fini par rentrer. Jonathan eut un mouvement de recul.

    Jonathan : ...

    Thorne: Bien le bonsoir, M. Crane. Je suis Rupert Thorne. Enchanté de vous rencontrer enfin.

    Thorne était accompagné de deux hommes de main bien armés. Jonathan avait vaguement entendu parler de Thorne, il y a longtemps.

    Jonathan : J'ignore comment vous… M'avez retrouvé mais... S’il vous plait… Partez... Je ne suis plus l'épouvantail depuis longtemps.

    Thorne: Je vais être direct: c'est votre toxine qui m'intéresse. J'aimerais que vous la fabriquiez pour moi. La drogue que nous avons produite à partir de ce que nous avons pu récupérer fait fureur.

    Jonathan reculait au fur et à mesure qu'il s'approchait.

    Jonathan : Je n’ai plus la formule en ma possession et... Même si je l'avais… Il est hors de question que je vous la donne…

    Thorne: Se pourrait-il que l'épouvantail ait perdu sa dignité et son cran? Quelle déception...

    Jonathan : ... Sortez de chez moi maintenant ou…

    Homme de main : Ou quoi, maigrichon ?

    Jonathan : ...

    Jonathan attrapa discrètement une petite statuette posée sur la table basse et la garda derrière son dos.

    Thorne: Tu ne peux rien faire face à nous, on est armés. Je suis sûr que tu as tout de même mémorisé la formule de ta toxine, après tout tu es quelqu'un de très intelligent... Tu nous la donneras, de gré ou de force.

    Jonathan : Eh bien... Ça sera la force !

    Jonathan frappa l'homme de main avec la statuette en visant bien le haut du crâne. Le coup fut si violent qu'il tomba au sol, mais l'autre sortit son arme et tira sur Jonathan. Crane esquiva les premières balles et se rendit en cuisine, afin de prendre de quoi se défendre, mais il n'en eut pas le temps et Thorne lui tira dans l'épaule. Jonathan poussa un cri de douleur...

    Homme de main : Rends-toi l'affreux !

    Jonathan : ... Non...

    Jonathan prit dans la foulée un couteau qui était dans l'évier et fonça sur le second homme de main. Ce dernier visa l'épaule déjà blessée de Jonathan, mais quand le coup partit, Jonathan s'était déjà jeté sur lui en lui enfonçant la lame au milieu du torse.

    Thorne: Sans ton gaz tu ne vaux rien, Crane.

    Jonathan : Et vous... Vous feriez mieux de partir... *montre son portable avec le numéro de la police affiché*

    Jonathan : Sortez de chez moi !

    Thorne: ...

    Il hésita car il savait que la police mettrait du temps à arriver, mais il y avait un petit commissariat dans le coin, alors il renonça.

    Thorne: Enfoiré...

    Thorne s'enfuit, laissant là les corps de ses hommes dans la maison Crane.

    Pendant ce temps, chez l'amie de Susan, tout se passait plutôt bien et personne ne se doutait de ce qu’il venait de se passer. Alors que Susan buvait son verre seule dans un coin, son amie vint vers elle.

    Anna: Bon alors, tu me racontes?

    Susan: ...

    Susan inspira et lui expliqua tout. Au fur et à mesure que le récit avançait, le sourire d'Anna lié à l'amusement et l'ambiance de la fête s'effaçait. Et lorsque son amie rousse eut terminé...

    Anna: Tu es trop bien pour lui! Pourquoi tu t'encombres de ce malade mental après tout ce qu'il t'a fait subir à toi et ton fils?! C'est absolument impardonnable! Il a déjà abusé de ta confiance et toi tu lui redonnes encore une chance?!

    Susan: Je l'aime. C'est l'homme de ma vie. Il a besoin de moi.

    Anna: Mais toi tu n'as pas besoin de lui! Ton mec c'est le PUTAIN d'épouvantail! Tu SAIS ce qu'il a fait! En plus il a ruiné tes rêves d'actrice alors que tu es pleine de talent! Tu aurais dû le laisser pourrir à Arkham et t'occuper de tes gosses seule! Tu n'aurais pas dû...

    Mais Susan ne voulait pas en entendre davantage et ce qu'avait dit Anna ne lui avait pas plu du tout. Sans se contrôler, Susan gifla Anna, ce qui attira l'attention de tout le monde, et fit stopper la musique. Anna regarda Susan d'un air choqué. La rousse posa son verre, prit son manteau, et quitta la fête.

    Lorsqu'elle sortit, les sirènes de la police se firent entendre. Susan se retourna, et, voyant qu'ils se dirigeaient chez elle, elle se mit à pâlir et comprit que quelque chose n'allait pas. Elle se mit à courir tout en composant le numéro du portable de Jonathan.

    Jonathan répondit malgré la douleur intense.

    Jonathan : Sue… Ne rentre pas à la maison…

    Susan: Pourquoi, Jonathan? Dis-moi ce qui s'est passé!

    Jonathan : Ne ren... Tre pa..

    Susan: JONATHAN!!

    Susan était si effrayée que ses pas s'accéléraient. Au lieu de mettre une demi-heure à pied, elle mit environ vingt minutes.

    Sur place il y avait la police avec une ambulance. Quand elle arriva, Jonathan était dans un brancard.

    Policier : Madame ! Ne passez pas.

    Susan: Qu'est-il arrivé à mon mari?!

    Susan était troublée et au bord des larmes.

    Policier : Vous êtes sa femme ?

    Commissaire : Laissez-la passer !

    Susan: Que s'est-il passé?!

    Commissaire : D'après votre mari, un certain Rupert Thorne est venu lui proposer quelque chose, sauf qu'il a refusé, et se sentant menacé, il s'est défendu. L'ambulance va l'emmener à l'hôpital le plus proche.

    Susan: Je viens avec lui. C'est mon mari, je ne peux pas le laisser...

    Commissaire : Allez-y.

    Jonathan vit Susan et fit signe aux ambulanciers de la laisser monter.

    Jonathan : Sue…

    Susan: Chéri...

    Elle lui prit la main, et de l'autre, elle composa le numéro pour appeler la nourrice, en lui expliquant ce qui s'était passé sans entrer dans les détails. Les enfants resteraient donc sous sa garde ce soir, puis Susan raccrocha.

    Susan: Qu'est-ce que cet homme te voulait?

    Jonathan : Je t'en parlerai quand nous serons seul…

    Susan: Bien...

    Elle pressa la main de Jonathan, puis l'apporta à ses lèvres pour y déposer un baiser.

    Susan: ... Heureusement que j'ai quitté la fête plus tôt que prévu... Sinon je n'aurais pas pu être avec toi en cet instant...

    Jonathan : J'aurai voulu que tu ne me voie... Pas ainsi…

    Susan: Jo... Je suis là maintenant. Je suis là.

    Elle lui fit un sourire doux et continuait de lui presser la main pour le rassurer.

    Dans la soirée, Jonathan fut pris en charge et soigné. Susan dû patienter un moment, puis Jonathan fut placé dans une chambre. Par chance, il n'était pas au grand hôpital de Gotham, mais dans un plus petit et à 40 minutes de chez Susan. Une fois seuls à seuls, Jonathan discuta avec sa femme.

    Jonathan : Thorne voulait que je bosse pour lui, car c'est lui qui a récupéré les drogues…

    Susan: Et tu as refusé... C'est pour ça qu'il s'en est pris à toi, pas vrai?

    Jonathan acquiesça.

    Susan: Il faut que la police l'arrête! Il faut leur dire...

    Jonathan : Tu crois vraiment qu’ils vont me croire Sue ? Et sans preuve... Mais peu importe... La priorité c'est toi et les enfants, je veux que vous preniez le nécessaire et que tu quittes Gotham… Quelques temps…

    Susan: Non.

    Elle avait prononcé ce mot avec fermeté.

    Susan: Si je te laisse, ils vont te replacer à Arkham. Je veux faire tout mon possible pour qu'on sache que tu es innocent. Je ne t'abandonnerai pas, Jo.

    Jonathan : Susan, ne discute pas... Si cet enfoiré te choppe toi ou les enfants… Il vous tuera et ça je ne l'accepterai jamais… Alors obéit s’il te plaît…

    Il soupira et reprit.

    Jonathan : Retrouve le commissaire qui était à la maison ce soir, demande-lui de t'accompagner en lieu sûr avec nos fils… Hm ! *se tient l’épaule* Va à la maison, prends tes affaires... Celles de Nathaniel et Aiden, récupère-les et... Va à Métropolis d'accord ?

    Susan: *baisse les yeux* ...

    Jonathan : Je ne retournerai pas à Arkham, Sue, et je ne vais pas replonger dans le crime.

    Susan: ... *soupire*

    Elle posa un baiser sur le front de son mari puis sortit de la pièce. Deux policiers se tenaient devant la porte.

    Policier: Mme Skinner, nous aurions des questions à vous poser.

    Susan: Oui, bien sûr... Mais... J'aimerais parler au commissaire qui était présent quand mon mari...

    Policier (2): Rassurez-vous, il est sur l'affaire. Vous pourrez vous entretenir avec lui au plus vite.

    Susan: Très bien.

     

    Jonathan avait une idée derrière la tête : retrouver Thorne et lui faire goûter son poison... Mais avant, il fallait qu'il sorte d'ici et qu'il reprenne contact avec un certain justicier... Il n'était pas pour, mais il avait besoin d'aide…

    Susan, de son côté, avait été interrogée par le commissaire, mais celui-ci n'était pas seul. Batman était avec lui. La jeune rousse leur raconta ce que Jonathan avait rapporté, et les supplia de la croire quand elle disait qu'elle saviat qu'il était innocent pour les drogues, et qu'il n'avait qu'eu recours à la légitime défense quand Thorne et ses hommes sont entrés par effraction.

    Susan: Aidez-le, je vous en conjure...

    Termina-t-elle avant d'éclater en sanglots qui étaient contenus depuis un peu trop longtemps.

    Batman : ...

    Commissaire : *lui tend un mouchoir* Madame, notre priorité c'est vous et vos enfants... Quant à Crane, ne vous inquiétez pas pour lui, nous promettons de ne pas le renvoyer à l'asile, mais cependant... Il doit rester à l'hôpital le temps que cette affaire soit résolue… S’il s'échappe…

    Batman : Je m'en chargerai commissaire…

    Susan: Je vais le prévenir... Merci beaucoup à vous...

    Elle s'essuya avec le mouchoir que le commissaire lui avait donné, puis elle fut raccompagnée à la sortie, et là, elle composa le numéro pour appeler Jonathan.

    Mais il ne répondit pas. Le jeune homme s'était débarrassé de sa perfusion, et avait remis son pantalon ainsi que ses chaussures. Il ouvrit ensuite la fenêtre et y sauta. Il était au premier étage, mais étant blessé, il se rattrapa mal, et mit un moment à se relever. Il courut ensuite vers une voiture, brisa la vitre de la porte avant pour l'ouvrir, entra et la fit démarrer en manipulant les fils. C'était quelque chose qu'il avait appris à faire quand il était encore l'épouvantail. Puis quitta l'hôpital, pour se rendre au centre de Gotham.

    Susan était inquiète qu'il ne donne pas de réponse. Elle relança plusieurs fois les appels, laissant des sms et des messages vocaux indiquant qu'il devait rester à l'hôpital et ne pas faire de bêtise. Elle finit par renoncer, et rangea son téléphone, puis elle se mit en route pour rentrer chez elle.

    Susan: Jonathan...

     

    Après deux longues heures, Jonathan fini par arriver à Gotham. Il s'était arrêté devant une vieille maison, qui était son ancienne cachette. Quand il rentra à l'intérieur, il vit que rien n'avait bougé, puis alla dans "sa pièce". C'était en gros son bureau : il y avait un vieux placard, un bureau, une chaise et un coffre en bois. Il se baissa et ouvrit le coffre…

    Jonathan : *sort son vieux masque d'épouvantail* ... Salut l'ami…

    Ses mains tremblaient légèrement, mais il se disait que c'était la dernière fois et pour une cause juste. Il se dévêtit et remit son costume d'épouvantail, il alla ensuite vers le placard et l'ouvrit.

    Jonathan : La fiole de secours...

    Elle était dans une petite boîte avec une seringue. Jonathan la rangea dans une poche et avant de partir, il mit son masque.

    Pendant ce temps, Susan avait rassemblé ses affaires ainsi que celles de ses enfants, mais il était à présent tard et les enfants étaient sûrement couchés. Elle écrivit un sms à la nourrice pour lui dire qu'elle récupèrerait les enfants demain matin, et alla se coucher.

    Le lendemain, Susan fut mise au courant de la disparition de Jonathan. Le commissaire lui expliqua qu'il était sur le coup, qu'elle ne devait pas s'inquiéter et de faire ce qu'il lui avait dit.

    Elle acquiesça, puis elle prit sa voiture, alla chercher Aiden et Nathaniel, et se rendit en direction de Métropolis.

    Aiden: Maman... Où est papa?

    Susan: Je... Je ne sais pas, mon chéri...

    Aiden: Où est-ce qu'on va?

    Mais Susan ne répondit pas. Elle essayait de se concentrer sur le trajet, car ses pensées étaient envahies par l'inquiétude. "Jonathan... Ne fais pas de bêtise... Pas encore... S'il te plaît... Pourvu que tu ailles bien... Ne fais pas de bêtise..."

    Les larmes embuaient sa vue, de temps à autre elle les essuyait du revers de la main.

     

    À la nuit tombée, Jonathan se rendit dans une ruelle, il avait laissé un message au Batman avant de quitter sa cachette. Quelques instants plus tard, l'homme chauve-souris apparut.

    Jonathan : J’avais des doutes… Sur ta venue…

    Batman constata la faiblesse de Crane : il était fatigué, ses médicaments lui manquaient et il avait une énorme tâche de sang sur son habit.

    Batman: Tu n'avais pas besoin de t'évader de l'hôpital pour remettre ton costume. Nous nous occupons de Thorne.

    Jonathan : Thorne est à moi Batman…

    Batman: Ne fais pas ça.

    Jonathan : ... As-tu une famille à protéger, Batman ? ... As-tu la moindre idée de savoir ce que ça fait d'avoir une famille ?! De savoir qu'elle est en danger ?!

    Batman: ... Thorne sera sous les verrous d'ici peu. Si tu fais quelque chose, tu ne seras pas innocenté, malgré le témoignage de ta femme.

    Jonathan : ... Même si je ne fais rien Batman... Je serai toujours vu comme un fou, un homme qui doit être mis en cage... Un criminel de la pire espèce…

    Il se redressa et le regarda dans les yeux.

    Jonathan : Je n'ai pas l'intention de le tuer, juste lui faire passer un message… Et ensuite ça sera terminé…

    Batman: ... Je crois qu'il y a au moins une personne qui ne te vois pas comme quelqu'un de la pire espèce et qui a besoin de toi. Réfléchis avant d'agir.

    Jonathan : ...

    Jonathan passa à côté du Batman et sortit de la ruelle.

    Jonathan : Je sais où le trouver… Et je me passerai de ton aide.

    Batman: ...

    Jonathan se rendit dans les locaux de Thorne. Il inventa une excuse pour le rencontrer. Il disait qu'il venait s'excuser et qu'il acceptait de travailler pour lui.

    Thorne: Je suis heureux de constater que tu as changé d'avis. Comme tu l'as vu, je sais être persuasif.

    Jonathan : Très...

    Pendant qu'il blablatait, Crane préparait sa petite seringue dans son dos. Il avait appris à être discret dans ces moments-là, et savait comment "charmer" entre autre les personnes, tel un serpent devant sa proie. Mais parfois, la proie pouvait se montrer plus maligne.

    Thorne: Tu vas commencer tout de suite.

    Thorne demeurait face à l'épouvantail, il ne lui tournait pas le dos, se méfiant de lui. De plus, si jamais il se passait quelque chose, ses hommes pouvaient intervenir.

    Jonathan se sentait vraiment mal, ses blessures s'étaient rouvertes, il perdait donc du sang. Mais il ne voulait laisser rien paraître.

    Jonathan : Montrez-moi déjà ce que vous avez, il faut que... Je les analyse avant...

    Thorne: En sortant dans le couloir, au fond à gauche, il y a ta salle de travail, avec quelques échantillons.

    Jonathan : ... Vous avez peur de quelque chose ?

    Un sourire moqueur s'afficha sur les lèvres du mafieux.

    Thorne: Oh, je préfère être prudent... On ne sait jamais.

    Jonathan marchait un peu dans la pièce, tout en gardant une certaine distance avec Thorne.

    Jonathan : Vous avez raison... Aujourd'hui on ne peut plus faire confiance à personne…

    Puis quand il se retrouva dos à Thorne, il saisit l'occasion de lui sauter dessus, mais le mafieux compris et tira sur Crane. Jonathan tomba au sol, mais il n'était pas mort.

    Thorne se mit au-dessus de lui et repointa son arme, et avant qu'il ne dise quoi que ce soit, le Batman brisa la vitre et le désarma.

    Batman : La fête est finie Thorne.

    Des sirènes de police se firent également entendre. Thorne comprit que lui et ses hommes n'allaient pas pouvoir s'en sortir. Il leva les mains en l'air et lâcha son arme.

    Batman: *à Jonathan* Je te l'avais dit. Maintenant file rejoindre ta femme.

    Jonathan : C'est… Que j'ai... Un problème...

    Jonathan respirait fortement, la balle qu'il venait de prendre s'était logée dans son ventre.

    Jonathan : ... Je suis désolé…

    Un filet de sang s'écoulait de sa bouche, tâchant au passage son masque, et Jonathan s'évanouit.

     

    Trois jours passèrent, et Jonathan se réveilla enfin. Il était à nouveau dans une chambre d'hôpital, et quand il tourna la tête il vit Susan, endormie dans la chaise juste à côté.

    Jonathan : … Sue…

    Elle avait l'air de dormir paisiblement, bien qu'elle ne souriait pas.

    Jonathan leva son bras et le tendit vers Susan. Il parvint à lui toucher l'épaule du bout de ses doigts.

    Jonathan : ... Susan... Ma Susan.

    Les paupières de la rousse frémirent légèrement, et elle ouvrit les yeux.

    Susan: Jonathan...

    Jonathan eut les larmes aux yeux.

    Jonathan : Je te demande pardon… Pardon mon amour... Je voulais vous… Protéger... Juste vous protéger…

    Susan: Je sais... Mais cette fois-ci tu n'avais pas besoin... De faire encore une bêtise... Tu es comme un enfant, finalement...

    Jonathan : ... Non... Un fou, c'est le terme plus approprié.

    Susan se rapprocha pour lui prendre les mains.

    Susan: Oui tu es fou. *le regarde dans les yeux et lui sourit* Mais tu as aussi voulu bien faire. Et c'est ce qui compte le plus.

    Susan lui essuya les larmes d'une main, avant de reprendre celles de Jonathan.

    Jonathan : D'ailleurs... As-tu des choses à me dire... Concernant ma situation ? Est-ce que je retourne à Arkham ?

    Susan: Ils voulaient t'y renvoyer quand tu t'es échappé de l'hôpital... Et certes tu devais rester à la maison... Mais... Je leur ai dit ce qui s'était passé, et je les ai convaincus de garder les conditions qui avaient été imposées. Mais ils vont te laisser te reposer un certain temps avant que tu ne reprennes ton traitement, et les entretiens avec ton psy... *sourire chaleureux* Je continuerai à prendre soin de toi, mon amour.

    Jonathan : Qu'est-ce que je deviendrai sans toi Sue…

    Il posa sa main sur le visage de sa bien-aimée et la rapprocha vers lui pour l'embrasser.

    Susan: Et moi donc... Si on ne s'était pas retrouvés, je serais toujours au Harvey's...

    Jonathan : C'est du passé ma puce… Ce qui compte aujourd'hui c'est nous…

    Susan: Oui.

    Elle lui caressa le visage et les cheveux.

    Susan: Vivement que tu rentres à la maison... Tu nous manques.

    Jonathan : Vous aussi…

    Sur ces mots, il l'embrassa de nouveau et changea de sujet.

     

    Sept ans plus tard, Jonathan était un homme changé. Il avait toujours un suivi, mais il avait plus de liberté, et avait un travail à domicile. Il fabriquait des petits animaux en bois qu'il revendait. Puis il avait commencé à écrire un livre, avec l'aide de Susan : leur histoire à tous les deux. Quant à Susan, elle avait repris des rôles importants. Jonathan voulait que sa femme s'épanouisse, et quand elle n'était pas là, il passait beaucoup de temps avec ses fils.

    Aiden s’était fait des amis à l'école, et s'était même trouvé une petite copine. Nathaniel, lui, était moins timide que son frère, mais avait hérité des talents de chanteur de sa mère, et il s'était mis à la guitare.

    Ce soir-là, la petite famille était allée voir au cinéma en avant-première le dernier film dans lequel Susan jouait. C'était un film d'horreur, mais Nathaniel, malgré son âge, affirmait qu'il n'avait pas peur d'aller le voir.

    Ils passèrent ensemble un bon moment en famille. Ils restèrent un peu pour la cérémonie de l'avant-première, puis ils rentrèrent à la maison, les enfants commençant à tomber de sommeil.

    Jonathan coucha ses deux fils et rejoignit sa femme dans leur chambre.

    Jonathan : Mission terminé, les enfants sont couchés.

    Dit-il en souriant.

    Susan: *sourit elle aussi* Très bien.

    Jonathan : Oh, j'oubliais... J'ai une demande à te faire.

    Susan l'enlaça puis posa un baiser sur ses lèvres en souriant.

    Susan: Que souhaites-tu me demander?

    Jonathan fouilla ses poches et fini par sortir une petite boîte.

    Jonathan : Je voulais attendre demain mais je suis trop impatient alors…

    Il posa un genou au sol et ouvrit ladite boîte.

    Jonathan : Susan, je sais qu'on a vécu... Beaucoup de choses et que je t'ai déçue plusieurs fois... Mais malgré tout, on a su surmonter ces épreuves et aujourd'hui, grâce à toi, je suis un homme changé... Susan Skinner... Souhaitez-vous redevenir ma femme ?

    Un grand sourire ainsi qu'un air amusé s'affichèrent sur le visage de Susan, qui joignit les mains.

    Susan: Bien sûr que je le veux, mon amour!

    Elle se jeta sur lui pour l'embrasser, ce qui le fit un peu basculer et se retrouver dos au sol, Susan sur lui. Jonathan se mit à rigoler, puis dégagea une mèche de cheveux de Susan.

    Jonathan : J'aurais cependant une petite faveur... J'aimerais porter ton nom si tu veux bien.

    Susan: "Jonathan Skinner"?

    Elle lui sourit tendrement.

    Susan: L'idée de me donner officiellement Susan Crane me plaisait... Mais si tu y tiens...

    Elle l'embrassa sur le bout du nez. Jonathan se releva et l'enlaça en lui murmurant "je t'aime" puis l'embrassa tendrement...

    FIN.

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    Notes: -ouais là où ça a commencé à "changer" un peu, pour deux-trois phrases, c'est légèrement différent de "l'original", donc j'aurais pu conserver le truc initial, mais bon... Xp

    Et du coup ouais, là ce que vous venez de lire... C'est la "Bad Ending". Ce n'est pas vraiment un spoiler en soi si je vous le dis là (sauf si vous êtes descendus en vitesse dans les notes pour vérifier), car si vous avez lu la première version puis celle-là, bah je vous annonce que la version "canon" c'est la 1ère, et si vous n'avez lu que celui-là, eh bien vous constatez aussi que c'est la "bad ending", donc si après vous allez lire l'autre, vous êtes au courant... Après c'était peut-être évident que la version alternative soit la "bad ending"... QUOIQUE! On pourrait peut-être même carrément se dire que c'est la "good ending", en lisant le titre? Après tout, pour Les fantômes de Gotham, il y a trois "réalités": celle du texte (malgré ses défauts), celle de la BD, et la troisième (que je ne peux vous révéler à l'heure actuelle, et même au vu de la date de sortie de cet O.S. et de sa version alternative, je suis encore obligée de la taire :X croyez-moi, ça m'embête un peu ^^") qui pour le coup ne sera ni en BD ni en texte, mais juste en petites histoires de temps à autre (j'expliquerai en temps et en heure).

    Mais bref!

    Léo voulait réécrire la fin, faire une autre version (mais je crois que j'en ai déjà parlé dans la présentation ou à la fin de la "vraie version"...), aller au bout de l'idée "première" (bien que ce soit légèrement différent de l'idée première puisque comme vous avez pu le lire, c'est Susan qui s'en va). C'est marrant parce qu'en disant ça, que c'est la "bad ending" et tout, je trouvais que c'était comme si on prenait des décisions dans un jeu vidéo et que ça influait sur le futur. Là en l'occurence (bon comme je l'ai dit la "transition" est à peine différente de l'original donc j'aurais pu laisser tel quel) c'est comme si... Je me figure ça comme s'il y avait eu une roue de dialogue et que le joueur choisissait ce que Susan dit (ou Jonathan, car je suis sûre que ça marche aussi pour lui, mais faut choisir l'un ou l'autre XD), et que du coup, ça change la fin. Les choix influent. Bienvenue à Silent Hill! Comment ça, je me trompe d'univers?

    -pour continuer concernant la "bad ending", je pense que la teinte des cheveux de Susan était annonciatrice. Bah oui, ça avait du sens que je lui mette les cheveux en noir. C'est lié au fait qu'elle est malheureuse, et plus tard elle est entièrement vêtue de noir. Sue est triste dans son couple. Les événements, ici, ont fait que ça n'allait pas bien se passer. Changer d'identité car elle a renoncé à son grand rêve, ça ne lui a pas fait beaucoup de bien. Elle a choisi l'amour. Et ça ne lui a pas tellement réussi, vous avez pu le lire vous-même... :'(

    Alors ouais j'aurais pu lui laisser les cheveux noirs jusqu'à la fin, mais... D'une part ça me faisait bizarre que mon OC les conserve, et vu qu'il y avait une "amélioration" par la suite, bah ça me semblait logique qu'elle ait de nouveau sa chevelure au naturel. J'rappelle que la teinte en noir était pour une fausse identité ET pour symboliser la dégradation de la relation.

    -après on parle de "bad ending", mais c'est allé assez loin quand même... C'est vrai qu'à de nombreux moments ça aurait pu se finir, vu qu'on est dans le BAD, mais on a préféré continuer, avancer, développer cette version différente.

    Tout ce qui est dit sur "bad ending" est finalement annulé vu que Léo avait changé d'avis. ^^" Les personnages ont juste encaissé plus d'épreuves. ^^" Mais c'est aussi une bonne fin, qui est même un peu plus "good" que l'originale.

    Du coup j'aime les deux versions de Scary Love, même si je pense que j'ai une préférence pour la version canon. Il est vrai qu'on développe beaucoup, beaucoup plus de choses dans la version alternative, mais je préfère tout de même la version canon.

    (Et peut-être que je pourrais faire une histoire originale sur la version alternative car y'a moyen de faire un truc, je trouve... Bien sûr je changerai les noms des personnages et l'histoire serait la même... Mais voilà, ça reste à faire je pense. ^^ (Et je songe à la même chose pour Mes voisins les Krueger depuis un moment aussi, déjà...)

    -en revanche, il n'y a pas de message ou de symbolique concernant le fait que j'ai programmé la publication de cet article une minute après le "vrai" One-Shot. C'est juste que je voulais que ce soit publié comme ça (pour être bien sûre que la version "canon" soit la première).

    -j'ai choisi le prénom de Nathaniel pour leur 2e fils car ça ressemblait un peu à (Jo)Nathan. Et considérez que dans la version canon, c'est pareil. Dans les deux versions, ce couple a deux fils: Aiden et Nathaniel. Point.

    -notez qu'Anna (et sa famille) existe(nt) dans la version canon, même si elle (ils) n'est (ne sont) jamais mentionnée (mentionnés).

    -2e version de l'illu par Coleen/Õshan:

    Scary Love (One-Shot épouvantail x Susan, version alternative)


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