• Shine bright like a diamond (Three-Shot Pirates des Caraïbes (ft. MilenaWenham))

    AVANT QUE JE NE COMMENCE! Pour votre information, sachez que je ne considère pas cette histoire, ce RP, ce Three-Shot, comme étant canon avec mon 1er One-Shot sur Barbossa et Marina. Certes ça pourrait s'inscrire parfaitement dans sa continuité, mais depuis le début, je tiens à ce que mon O.S. soit SEUL, qu'il se suffise en lui-même.

    Considérez donc que l'histoire ci-présente est en fait un univers alternatif où le 1er O.S. est canon, parce que je tiens, je le rappelle, à ce que les deux soient séparés. Même si j'ai absolument adoré écrire avec Milena. Imaginez que je tienne dans ma main une petite boule, puis qu'avec de la magie, je crée exactement la même, mais qu'en plus je la fais grossir. Je me retrouve avec deux boules. La plus grosse, c'est ce Three-Shot.

    VENONS-EN AU RESTE.

    Cette chère Milena fait partie des gens à qui j'ai fait lire mon One-Shot sur Barbossa et Marina. C'est elle qui a émit l'idée de faire un RP Pirates des Caraïbes, notamment après avoir écrit son One-Shot à elle sur son OC Shelley. En fait, à la base, ce qui était prévu, c'est que Milena écrive la suite de son OS Norrington x Shelley, et c'est leur fille qui aurait été le perso principal. On voulait se baser sur ça... Mais le souci aurait été de devoir justifier des voyages dans le temps. Joanne aurait rencontré sa mère (sans révéler qui elle est, naturellement), et Marina aurait été rajoutée au récit... Mais non seulement ça n'aurait pas vraiment collé avec l'O.S. de Milena (puisque ça se déroule dans la continuité des films, contrairement à mon O.S. où Marina meurt bien avant le 1er), mais en plus ça aurait été trop bordélique... On a finalement abandonné cette idée et opté pour quelque chose de plus simple: créer un autre personnage pour Milena. (Même si Milena avait commencé à écrire un début de quelque chose qui était cool. Cependant, elle l'a recyclé pour cette histoire, donc quelque part, c'est pas plus mal, et la base était classe. ^^)

    Du coup ça permet de suivre la continuité des films en ajoutant nos personnages à nous. ^^ Après j'avoue que ça aurait été classe le coup du voyage dans le temps mais bon, on est dans Pirates des Caraïbes donc faut pas trop abuser... Lol.

    Bien sûr, notre but n'est pas de re-raconter le film en ajoutant quelques répliques à droite à gauche. Nan. Vous verrez... ;-) Même si on s'est revu les films pour rester un max dedans, on s'est permises des libertés tout de même.

    Milena l'a posté sur son compte fanfictions.net: https://www.fanfiction.net/s/14031551/1/Shine-bright-like-a-diamond-ft-AliceJigsaw

    Vous n'êtes pas obligés d'avoir lu mon O.S. Barbossa x Marina pour lire ce Three-Shot, mais il se peut que quelques détails vous échappent, donc si vous avez envie de le lire (avant ou après), vous êtes libres de le faire, ou pas. ^^

    Pour l'organisation, on a écrit, et fait un max de relecture pour que tout soit bien comme il faut. On a pris notre temps pour que les choses soient bien, on se pose, on discute, on élabore... Et vu que Milena écrit trop bien, ça valait grave le coup! :-D ^^

    Pas de contrôles stricts des personnages (contrairement à ce que j'ai pu faire jusqu'à ce Three-Shot), dans le sens où je pouvais un peu contrôler son OC et elle le mien, pareil pour les autres personnages, etc. ^^

    Je rappelle donc une dernière fois: cette histoire est À PART de mon 1er One-Shot même si j'avoue que ça aurait été cool que ce soit la suite, mais je veux que ça reste séparé.

    (26/04/2020: ça y est j'ai ENFIN (re)trouvé la formulation de la raison de pourquoi je veux pas que ce soit canon à mon 1er O.S. sur Barbossa et Marina: en fait, j'ai envie de me dire que mon O.S. que j'ai fait en solo serait une préquelle qui pourrait être canon aux films. Ouais c'est gros, ça peut paraître prétentieux, et ça n'arrivera jamais de toute façon (sauf si un jour un scénariste est ok mais je peux toujours rêver), mais justement, j'ai envie de rêver à ça, donc c'est pour ça. Ouais c'est une raison nulle je sais mais c'en est une comme une autre! Et même si je ne me disais pas cela, je maintiens que je veux absolument que ce Three-Shot et mon 1er One-Shot soient séparés comme expliqué avec l'image de la boule que je divise par magie.)

    (31/01/2022: Mimi poste sur son compte fanfictions.net le Three-Shot et il fallait un "VRAI" titre... Elle voulait partir sur une référence aux étoiles et aux pierres précieuses, et pour la déconne j'ai lancé les paroles de la chanson Diamonds (chantée par Rihanna) qui sont "Shine birght like a diamond", vu que ça m'évoquait ça... Et on était éclatées de rire. Milena a signé pour, du coup. XD Donc dès ce 31 janvier 2022, soit bieeeeeeeeeeeen longtemps après la fin de cette histoire, on a trouvé son titre! XD)

    D'AILLEURS! Ce Three-Shot a un peu changé mes habitudes et ça risque de changer les vôtres si vous lisez ce que j'écris en général... La façon d'écrire n'est pas la même. Au lieu d'avoir quelque chose style "théâtre" (comme dans tous mes écrits), on a quelque chose de plus "romancé". Milena préférait écrire comme ça, alors je me suis adaptée, et franchement je trouve que ça passe super bien! En plus ça change. ^^

    Ah et aussi... En parlant de changer les habitudes... Cette histoire sera un poil plus dure et moins... "Tout public", surtout concernant la partie 2, mais vous verrez à ce moment-là...

    J'ai fini, je vous lâche, maintenant. X)

    -Partie 1: Jusqu'au bout du monde

    -Partie 2: La Fontaine de Jouvence

    -Partie 3: Le Trident de Poséidon

    Vidéo de présentation (sortie en public le 31 janvier 2022): https://www.youtube.com/watch?v=cWK3sbDprHU

  • Three-Shot Pirates des Caraïbes, partie 1/3: Jusqu'au bout du monde (ft. MilenaWenham)

    Béryl naquit en France, sur la côte Bretonne, près de l'océan. Sa mère succomba à la tuberculose alors qu’elle n’était qu’un bébé, et depuis ce jour, elle vivait seule avec son père qui ne s’était jamais remarié.

    Enfant, elle faisait des rêves très étranges où elle retrouvait celui qu'elle surnommait "Le Capitaine" sur son bateau. Cet homme à l'apparence hors du commun, qui pouvait paraître terrifiant au premier abord, elle avait appris au fil du temps à l’apprécier et à le considérer comme son ami malgré son caractère colérique et autoritaire... C’était, à vrai dire, son seul ami, car Béryl ne s’entendait pas trop avec les enfants de son âge, elle les trouvait inintéressants. Le Capitaine n’avait jamais voulu lui dévoiler son identité, malgré toutes les tentatives de Béryl pour la découvrir. C’était un homme têtu.

    Elle se rappelait encore d’une de ses premières “rencontres” avec lui.

     

    Comme toujours, tout était blanc, immaculé et sec autour d’elle. La petite fille aux longs cheveux châtains se mit à courir aussi vite que ses petites jambes lui permettaient et trouva enfin le bateau échoué à la même place que d’habitude. Parfois, après s'être endormie, elle se retrouvait dans le bateau, parfois en dehors.

    Plus elle se rapprochait, et plus elle entendait une musique mélodieuse emplir ses oreilles. Alors elle grimpa à l’unique échelle en corde qui pendait du bateau incrusté de coquillages et se retrouva rapidement sur le pont. Elle se précipita jusqu’à l’endroit d’où elle savait pertinemment que la musique provenait.

    Il était là, de dos, assis devant son orgue, portant son tricorne sur la tête comme dans ses souvenirs.

    —Capitaine !

    La musique s’arrêta instantanément sur une fausse note.

    — Cesse de m'appeler comme ça, petite. Et cesse de me rendre visite.

    — Je vous appelle ainsi car vous refusez de me dévoiler votre identité ! Mon prénom est Béryl et non pas “petite” !

    Il ne lui répondit rien, visiblement agacé. La petite fille s’approcha du siège où il était assis, derrière son instrument impressionnant, et s’assit à côté de lui en lui souriant.

    — Est-ce que vous pouvez m’apprendre à en jouer ?

    — Tu n’écoutes donc rien, je ne veux plus te voir ici !

    Son visage était très expressif, ses yeux se rétrécirent et sa bouche se tordit dans un angle bizarre, comme à chaque fois qu’il s’énervait (c'est-à-dire assez souvent). Au début, Béryl avait un peu peur de son apparence, mais elle avait fini par s’y habituer, et ses tentatives d’intimidation, bien que très convaincantes, ne fonctionnaient presque plus sur elle maintenant. Le Capitaine n’avait jamais été méchant avec elle après tout. Enfin, même s’il s'efforçait de la repousser constamment, en le connaissant, Béryl le trouvait simplement très triste et très seul.

    — Je n’y peux rien si je suis ici, je ne contrôle pas mes rêves ! Parfois quand je m’endors et que je pense à vous je suis là, ou quand je m’endors et que je suis triste ou contrariée, pareil.

    — Quelle gamine dérangée es-tu pour penser à un monstre comme moi avant de dormir ?

    — Je ne suis pas dérangée, et vous n’êtes pas un monstre, vous êtes juste un peu bizarre. Et puis ce qui compte vraiment c’est ce qu’on est à l’intérieur, c’est ce que dis toujours mon père !

    — Si tu pouvais arrêter de rêver, cela règlerait mon problème.

    Il avait l’air très sérieux mais la seule réaction de la petite fille fut un rire franc et clair.

    — Personne ne peut arrêter de rêver enfin ! dit Béryl, quand elle parvint enfin à se calmer.

    — Moi, je ne rêve pas. Je me retrouve simplement coincé ici nuit après nuit.

    Son regard était à cet instant mélancolique et Béryl fronça les sourcils, n’aimant pas cela. Ce regard lui rappelait celui de son père lorsqu’il pensait à sa mère…

    — Bon, assez parlé, et si on s’entraînait à l’épée ? Mon père refuse de m’apprendre, il dit qu’une fille n’est pas censée se battre… Mais je ne comprends pas pourquoi, je ne suis pas moins agile ou moins capable qu’un garçon ! C’est stupide non ?

    — Je ne vais pas t’enseigner l’orgue et encore moins à manier l’épée, gamine. Je veux juste être seul, alors hors de ma vue ! lui crie t-il dessus.

    Ses yeux lancèrent des éclairs à nouveau, il eut même un autre toc nerveux avec sa bouche. La petite brune croisa les bras sous sa poitrine inexistante, comme pour lui montrer son désaccord.

    — Et où voulez-vous que j’aille au juste ? Je ne bougerais pas !

    Il grogna, excédé, et se dirigea de son pas claudiquant vers l’arrière du bateau.

    — Alors grand bien m’en fasse, reste donc ici ! C’est moi qui m’en vais !

    — Attendez !

    L’enfant courut jusque dans les quartiers du capitaine où elle savait pertinemment qu’il s’était volatilisé, mais fut stoppée par une épée lancée dans sa direction.

    — Je te préviens, si jamais tu pleures ou que tu oses penser à te plaindre, les leçons prennent fin avec effet immédiat. Est-ce bien clair ?

    Il approcha son visage très proche de celui encore juvénile de la fille pour lui faire peur et la fixa méchamment avec ses yeux bleus. Béryl cligna plusieurs fois des yeux, ayant un petit peu peur mais se reprit très vite, comprenant qu’il cherchait simplement à la tester.

    — Très clair, Capitaine !

    Après la leçon, la petite fille explora le bateau comme elle l’avait déjà fait des centaines de fois en rêve et finit par retrouver le Capitaine endormi sur son siège, il avait l’air plutôt paisible et il ronflait doucement, et ce fut son dernier souvenir avant de se réveiller.

    Béryl parlait souvent à son père du Capitaine, de son magnifique bateau, et du monde tout blanc, comme elle l’appelait, mais il ne l’avait jamais prise au sérieux et avait toujours cru que le Capitaine n’était autre que l’ami imaginaire de sa fille. Alors Béryl cessa d’en parler, mais elle continuait de rendre visite au Capitaine dans ses rêves, et ce phénomène étrange ne s’arrêta pas en grandissant.

     

    L’année de ses vingt-cinq ans, sur son lit de mort, son père confessa à Béryl un terrible secret. Il lui avoua qu’il n'était pas son père biologique et que sa mère ne l’était pas non plus. Béryl avait été adoptée lorsqu'elle n'était qu'un nourrisson. Il lui indiqua le nom d'une personne qui saura lui en dire plus sur ses vrais parents : Tia Dalma, la sorcière des Caraïbes.

    Déterminée à en savoir plus sur ses origines, Béryl prit la mer à bord d’un bateau de pêche en y passant toutes ses économies, direction les Caraïbes. La jeune femme parvint finalement à rencontrer la fameuse Tia Dalma au bout de deux ans de recherches. La sorcière avait bien daigné lui avouer que les parents de Béryl étaient des pirates et qu'ils avaient conclu un marché avec une divinité nommée Calypso, marché qu'ils n'avaient jamais honoré. Calypso, folle de rage, avait donc maudit leur enfant en guise de punition : le bébé serait condamné à partager ses rêves avec ceux d’un démon jusqu’à la fin de ses jours.

    Béryl avait compris à ce moment-là que le démon en question n’était autre que l’homme avec qui elle partageait ses rêves depuis tout ce temps. Ce n’était pas un ami imaginaire, et elle n’était pas folle : le Capitaine était bien réel. Mais qui était-il et qu’avait-il fait pour être qualifié de démon ? Ne faisant pas confiance à la sorcière noire et se demandant quels liens elle pouvait bien avoir avec ses véritables parents, elle ne posa pas plus de questions à Tia.

    Tia lui proposa un marché : elle promit à Béryl de lui en dire plus au sujet de ses parents si elle acceptait de venir à la recherche du pirate Jack Sparrow avec elle et un équipage de pirates qui débarqueraient incessamment sous peu ici-même.

    C’est ainsi que Béryl se retrouva dans la cabane de la sorcière des Caraïbes, à siroter un thé douteux et à attendre le fameux équipage pirate afin de prendre part à une aventure qui la dépassait : se rendre au bout du monde.

    — On dirait que tu es pensive, ma belle… Tout va bien ? lui demanda Tia avec un grand sourire, dévoilant ses dents noires.

    — Si vous m’aviez simplement dit la vérité au sujet de mes parents, je ne serais pas obligée de vous accompagner au bout du monde pour un pirate que je ne connais même pas…

    La femme noire lui lança un regard énigmatique puis étendit son sourire un peu plus.

    — Mais tout a un prix voyons, surtout les informations précieuses comme celles-ci, ajouta-t-elle d’un air malicieux.

    Béryl leva les yeux au ciel et ne fit aucun commentaire, comprenant que la sorcière continuerait à la mener en bourrique et que cela l’amusait beaucoup.

     

    Béryl tenta par tous les moyens d'essayer d’en savoir plus au sujet de ses parents, en vain. La sorcière noire était catégorique : elle ne lui dirait rien tant que Jack Sparrow ne serait pas sauvé. Tia lui en apprit un peu plus au sujet de ce dernier et de son équipage en attendant leur venue qui devait avoir lieu le lendemain soir. Puis les deux femmes prirent le dîner en silence et partirent se coucher chacune de leur côté. Béryl parti se rafraîchir dans la salle de bain de la petite maison de la sorcière. Côtoyer cette femme et se lancer dans cette aventure dangereuse ne l’enchantait pas le moins du monde mais c’était le seul moyen pour elle d’en découvrir plus au sujet de ses parents décédés…

    Elle regarda son reflet dans le miroir, tenta tant bien que mal de démêler ses cheveux châtains qui étaient habituellement ondulés mais qui à cause de son long périple en mer étaient maintenant plutôt rêches. Elle ne savait tellement plus quoi faire de cette tignasse qu’elle avait dû la raccourcir jusqu’à l’épaule et portait un chapeau pour maintenir le tout. Elle passa de l’eau sur son visage qui présentait avec parcimonie quelques petites taches de rousseur et fixa ses yeux. En somme ils n’avaient rien d'extraordinaires, ils arboraient une couleur noisette plutôt banale, mais quand on les regardait avec plus d’attention, on pouvait voir que son œil gauche présentait une particularité étonnante : une hétérochromie de couleur verte sur une partie de l’iris. Béryl s’était toujours demandé ce qu’était cette tâche verte dans son œil marron. Maintenant, elle se disait que cela devait être l’héritage de ses parents biologiques. La brune partit ensuite se coucher, la tête pleine de questions.

     

    Le capitaine Jack Sparrow venait de disparaître avec le Kraken. Son équipage s’était réuni chez Tia Dalma. On a rendu hommage à cet homme, puis il fut décidé de le ramener, en allant jusqu’au bout du monde. Mais pour cela, il leur fallait un capitaine qui avait déjà navigué dans ces eaux. Béryl avait observé sans trop se mêler aux autres, étant donné que toutes ces personnes lui étaient inconnues.

    Des marches de l’escalier dans la demeure de la sorcière, quelqu’un descendait. Il ne s’agissait nul autre que de Barbossa, tout juste ramené à la vie, à la surprise de tout le monde.

    — Dites-moi, qu’est devenu mon navire ? demanda-il sur un ton amusé.

    Barbossa croqua dans une pomme, laissa couler le jus sur sa bouche, avant de faire un petit rire, tandis que son singe avait rejoint son épaule.

    Mais d’autres pas se firent entendre, du même endroit d’où venait Barbossa. Il se tourna lentement en finissant de dévaler les marches, les yeux rivés vers le haut de l’escalier, esquissant un petit sourire. Les autres ne virent pas tout de suite qui était-ce.

     

    Des pieds appartenant à une jeune femme commençaient à descendre tout doucement les marches. C’étaient forcément ceux d’une femme car on voyait une robe légèrement soulevée qui révélait les chaussures de la personne. Petit à petit, elle apparaissait. On vit ses mains, très blanches, très pâles, et à son annulaire gauche, on voyait qu’elle portait une alliance. Elle possédait également quelques jolies bagues sur ses autres doigts. Et sa robe n’était pas n’importe quelle robe : c’était une robe de mariée que la femme portait. Une magnifique robe blanche, qui était cependant quelque peu abîmée par endroits, notamment vers le bas. Il y avait par ailleurs une épée accrochée à la ceinture de sa robe, du côté où les gauchers dégainent, et de l’autre, un pistolet.

    Barbossa tendit une main vers la jeune femme pour l’aider à finir de descendre les marches. Elle avait les yeux baissés vers le sol, comme si elle était intimidée. Elle avait de jolis autres bijoux sur elle, mais ne portait pas de voile de mariée sur la tête. Cette jeune femme avait cependant une magnifique chevelure, longue, et rousse. Cependant, comme elle avait le regard baissé, on ne voyait pas très bien son visage.

    Tout le monde était stupéfait dans la pièce, exceptés Barbossa et Tia Dalma. Pintel et Ragetti, en voyant cette femme, ouvrirent de très grands yeux ronds tant ils étaient surpris. Ils échangèrent un regard de stupéfaction avant de se prononcer.

    — Pince-moi je rêve ! s’exclama Pintel.

    — Marina ! dit Ragetti.

    À son nom, la jeune femme releva la tête, révélant son visage. Elle était ravissante. Elle avait un visage fin, la peau toute aussi blafarde que le reste de son corps, et ses yeux étaient bleus comme ceux de Barbossa. Les pirates qui faisaient partie de l’équipage du capitaine Jack Sparrow n’avaient jamais vu pareille merveille.

    Pintel et Ragetti bousculèrent les autres pour aller enlacer ladite Marina, de joie. Un sourire commença à se dessiner sur le visage de la rouquine, un sourire aussi doux que son air, et elle enlaça elle aussi ses deux amis.

    — Qui est-ce ? demanda Gibbs.

    — Marina Barbossa, répondit Tia en souriant.

    — BARBOSSA ?! s’exclamèrent tous ceux qui ne connaissaient pas Marina.

    — Oui, ils sont mariés, dit Ragetti.

    Cela rendit les autres encore plus stupéfaits.

    Marina regarda Tia Dalma.

    — Je vous... Remercie... D’avoir accepté... La demande d’Hector... dit timidement Marina, d’une voix aussi élevée qu’un murmure.

    — Quelle demande ? interrogea Pintel.

    — De la ramener à la vie elle aussi, dit Tia Dalma avant de se tourner vers la rousse et de poursuivre. Remercie plutôt ton mari. Sans lui tu ne serais pas là.

    Marina sourit et regarda Barbossa avec reconnaissance avant de le remercier.

    — Mais… Marina… Quand tu es… Morte… Tu n’étais pas… ? commença Ragetti.

    — Enceinte, compléta Barbossa.

    — Et... Concernant... voulu ajouter Pintel, mais il n’osa pas finir sa phrase.

    — J’ai aidé à mettre au monde leurs enfants, répondit la sorcière.

    — « Leurs » ? Alors elle a donné naissance à... commença Ragetti.

    — Des jumeaux, dit Marina en glissant un petit sourire. Un garçon... Et une fille.

    — Ils sont dans un lieu sûr, entre de bonnes mains, dit Tia.

    — Nous aurons l’occasion de les voir prochainement, je te le promets, dit Barbossa à sa femme.

    — Oui, lui répondit-elle simplement.

    Puis les pirates décidèrent de ce qu’ils allaient ensuite faire, comment ils allaient procéder pour débuter ce long périple.

     

    L’équipage se rendit dans un premier temps à Singapour, afin de rencontrer le pirate Sao Feng, dans le but de réunir les neuf seigneurs pirates du Tribunal de la Confrérie.

    Ensuite, ils voguèrent  jusqu’à des eaux très froides, afin de trouver l’Antre de Davy Jones, à la recherche de Jack Sparrow.

     

    Marina était quelque peu perdue dans un premier temps, mais reprendre la mer la rendait heureuse. Elle avait échangé sa robe de mariée pour une tenue plus masculine et avait attaché ses cheveux lors du passage à Singapour. Sur le trajet elle avait pu faire connaissance avec les membres de l’équipage qu’elle ne connaissait pas. Elle parlait assez peu, que ce soit avec les hommes, ou même avec Elizabeth. Marina demeurait très discrète et timide, et préférait rester auprès de son mari. Même avec Béryl, elle n’avait pas énormément échangé jusqu’à présent.

    Arrivés à Singapour, elle avait été mise avec le groupe de Gibbs, Barbossa préférant qu’elle n’attire pas l’œil de Sao Feng.

    Puis, lorsqu’il fallut faire voile vers les eaux glacées, Barbossa avait pris soin de bien la couvrir, comme elle craignait le froid. Il ne voulait pas qu’elle retombe malade et que cela la tue de nouveau, comme lorsqu'elle était tombée à l’eau et avait manqué de se noyer. Tia Dalma lui avait garanti qu’elle ne risquait rien, mais Barbossa préférait jouer la sécurité.

    Béryl, de son côté, fut étonnée de découvrir les membres de l’équipage hauts en couleurs : Pintel, Ragetti, Elizabeth, Will, Barbossa, les autres, ainsi que la dénommée Marina. Cette dernière intriguait beaucoup Béryl, c’était la première fois qu’elle avait envie d’en savoir plus sur une inconnue. Rien à voir avec les filles insipides du village d’où elle venait.

    Béryl avait appris que Marina restait aussi souvent que possible à l’abri, dans le petit intérieur du bateau, pendant qu’ils voguaient sur la mer glacée. La rousse n’était pas énormément sortie depuis qu’ils étaient entrés dans cet environnement hostile.

    La brune, poussée par sa curiosité, frappa à la porte de l’unique chambre du petit bateau pour se manifester, et en attendant qu’on lui ouvre, elle coiffa sa tignasse châtain un peu emmêlée pour avoir l'air plus présentable.

    Au bout de quelques minutes l’accès s'ouvrit légèrement, laissant apercevoir la jeune femme rousse.

    — Oh... C'est vous, mademoiselle Béryl... dit Marina avec un air timide, les yeux légèrement baissés vers le sol. Que puis-je faire pour vous?

    Béryl avait remarqué que les quelques fois où Marina avait pris la parole, elle était plus familière avec Barbossa et ses hommes qu'avec les autres. Elle connaissait mieux ces pirates que Will Turner, Elizabeth Swann, ou les hommes de Sao Feng. Marina était très timide, mais pourtant, il semblait y avoir quelque chose d'autre... Par exemple, elle avait toujours l'air de chercher à se défiler du regard de ceux qu'elle ne connaissait pas.

    Béryl tenta de capter le regard de Marina, en vain. Elle comprit que la rousse n'était pas à l'aise avec les inconnus et n'insista donc pas.

    — Vous pouvez simplement m'appeler Béryl. Et vous vous nommez Marina c'est bien cela ? Je me demandais si vous aviez un moment pour, euh... discuter ?

    Devant l'air hésitant de l'autre jeune femme, Béryl ajouta :

    — Mais si vous êtes trop occupée, je peux repasser...

    — Oh non, non, ne vous en faites pas... Béryl... Je dois avouer... Que... Un peu de compagnie... Ne me ferait pas de mal. Hector veille simplement à... Ce que je ne retombe pas malade... Et Pintel et Ragetti, tous, ont leur poste à tenir. Mais s'il y a quoi que ce soit... Je suis prête à... À intervenir.

    Malgré le fait que Marina ne regardait pas directement Béryl, elle avait l'air de sourire un peu.

    — Entrez donc, si vous le souhaitez, poursuivit-elle.

    Elle fit entrer Béryl à l'intérieur. Il ne faisait pas spécialement plus chaud qu'à l'extérieur, mais c'était déjà un peu mieux. Au moins il n'y avait pas de neige et le vent ne fouettait pas le visage.

    — De quoi voudriez-vous parler? dit Marina avec le même ton que précédemment.

    Béryl sourit amicalement, comprenant que Marina était quelqu'un de gentil et d'aimable malgré sa grande timidité. Les mots de la rousse l'avaient presque autant intriguée que son attitude.

    — Je vous remercie, dit la brune en entrant. Qu'est-ce qu'il fait froid... ajouta-t-elle en se frottant les bras énergiquement pour se réchauffer.

    Si Tia l'avait prévenue, elle aurait mis autre chose qu'un pantalon, une chemise et une veste fine.

    Béryl pris place à côté de Marina sur le semblant de lit bancal. C’était là que Marina dormait, avec son mari. Il y avait suffisamment de place pour eux deux, car ils se serraient l’un contre l’autre quand ils se reposaient.

    — Et bien, juste apprendre à se connaître, tout simplement, pour faire passer le temps. Vous disiez avoir été malade ? De quelle maladie souffriez-vous ?

    — Vous voulez qu'on partage mes couvertures ? Je crains énormément le froid, je sais à quel point c'est désagréable...

    Béryl prit une des couvertures qui était sur le dos de la jeune rousse et la remercia par un sourire.

    — Et... Quand j'ai été malade... C'était... D'après le docteur, au départ, ce n'était pas quelque chose de grave. Mais... Il parait que parce que mes maîtres nettoyaient absolument tout, tout le temps, moi y comprise, par peur d'attraper des maladies, je n'étais donc pas préparée... Et c'est... Après avoir failli mourir noyée... Que je suis finalement morte de maladie...

    Elle avait l'air de ne pas avoir l'habitude d'en raconter autant. Elle reprit son souffle avant de poursuivre.

    — Au début... J'avais de la fièvre... J'étais fatiguée... J'avais des courbatures... Liée à ma grossesse, ce n'était pas très... Agréable... Puis je me suis mise à tousser... J'étais clouée au lit... J'avais encore plus de fièvre... Et je finissais par tousser du sang...

    En prononçant ces dernières paroles, la rousse regarda le creux de sa main gauche, comme si elle vérifiait quelque chose, puis la remit sous les couvertures.

    Béryl prit le temps d'écouter avec attention l'histoire de Marina. Ce qu'elle entendait lui fendait le cœur : en plus d'avoir eu une vie difficile, cette dernière semblait avoir la santé fragile. Sa curiosité mais également son empathie la poussait à essayer d'en savoir plus.

    — Je suis sincèrement désolée d'apprendre par quelles épreuves vous avez dû passer... Mourir a dû être une expérience affreuse... Et je n'ose même pas vous poser des questions au sujet de votre enfance, cela a l'air d'être un sujet très douloureux, aussi vous m'en parlerez lorsque vous serez prête.

    La brune posa une main amicale dans le dos de l'autre fille pour lui montrer son soutien, mais elle l'enleva en voyant que Marina n'était pas habituée au contact physique.

    Marina tourna légèrement la tête vers Béryl, sans pour autant la regarder dans les yeux, mais elle semblait un peu plus à l'aise à présent. Elle lui fit un petit sourire.

    — Ne vous en faites pas... lui dit la rousse. Hector m'a offert la liberté et le bonheur. Les autres pirates du Black Pearl aussi. Je me dis bien que... Pour mon mari... Ça a dû être une dure épreuve pour lui... De me perdre, avec les enfants en plus.... Mais grâce à Tia Dalma... Au final... Tout est rentré dans l'ordre. Et... Nous sommes en route pour de nouvelles aventures.

    Il y eu un petit moment de silence. La rousse inspira avant de poursuivre.

    — Je n'ai... Jamais eu l'occasion de parler à d'autres femmes... J'ai surtout été entourée d'hommes, durant la période où j'étais sur le Black Pearl. Dommage qu'il y ait si peu de femmes pirates. Mais, au moins... Actuellement... Nous sommes quatre femmes sur ce bateau... Ça m'apporte un peu de nouveauté.

    Elle reprit de nouveau son souffle.

    — Une vie de pirate... Quelle chance. Moi je n'ai jamais rien connu de tout ça, et cette aventure en mer est nouvelle pour moi. Je suis heureuse que Tia ait pu vous ramener à la vie ainsi que votre époux.

    Béryl lui fit un nouveau sourire, remarquant que la jeune femme se détendait un peu à son contact.

    — Vous êtes quelqu'un d'intéressant, Marina, et j'aime parler avec vous. Pour ma part, je ne m’entends habituellement pas avec les femmes et je vous avoue ne pas trop apprécier Tia, je ne lui fais pas confiance. Elizabeth a l'air dans ses pensées... Elle est plutôt proche de Will, vous ne croyez pas ?

    Béryl avait toujours aimé observer les gens et s'est vite rendue compte qu'il se passait quelque chose entre les deux tourtereaux. Ces couples autour d'elle lui faisaient penser au Capitaine, pour une raison qu'elle ignorait ou qu'elle préférait plutôt ignorer. Sans qu'elle s'en soit rendue compte, un air triste apparu sur son visage et elle soupira, laissant de la vapeur sortir de sa bouche.

    Marina remarqua l'air triste de sa camarade, et elle prit à son tour un air maussade, comme si elle ressentait ce qu'elle ressentait. Elle soupira, laissant elle aussi échapper de la vapeur, puis regarda le sol.

    — ... Moi j'aime bien mademoiselle Tia Dalma... Et concernant Will et Elizabeth... Je crois bien qu'ils sont amoureux.

    Un autre silence. Marina se leva.

    — Le Black Pearl me manque... Ce bateau... Est... Trop petit, je trouve... ajouta la rousse.

    — Ils sont sans aucun doute amoureux. Comme vous et Barbossa... Il a l'air de beaucoup tenir à vous. Je dois dire que je vous envie, j'aimerais comme vous et Elizabeth avoir quelqu'un à aimer...

    Béryl secoua la tête, comme pour s'enlever une idée saugrenue de celle-ci et changea de sujet.

    — Parlez-moi du Black Pearl, comment est-il ? Je vous avoue que lorsque Tia m'a parlé de bateau pirate, je m'attendais à autre chose que ce vieux rafiot !

    Béryl se mit à rire et cela fit sourire Marina.

    — C'est un magnifique navire... dit Marina avec une voix un peu plus audible que jusqu'à présent. Il est noir dans son entièreté, même ses voiles. L'extérieur est époustouflant... Et l'intérieur... Je le décrirais comme... Chaleureux.

    Jusqu'à présent la voix de Marina était proche d'un murmure, mais plus elle s'ouvrait doucement à Béryl, plus sa voix devenait "normale". Elle semblait commencer à lui faire confiance.

    Toutes les deux discutèrent encore longtemps à propos du Black Pearl, que Marina décrivit parfaitement, tant elle le connaissait par cœur.

     

    L'équipage continuait à faire voile. Ils sortirent bientôt de la mer glacée. Il faisait nuit noire, le ciel était aussi obscur que de l'encre. Tout le monde était à l'extérieur, même Marina, qui avait un peu abandonné les couvertures. Elle avait fait tresser ses cheveux et les avait cachés dans un chapeau. Elle ressemblait à présent à un homme efféminé, avec sa tenue.

    — Nous sommes égarés ! s'exclama Barbossa qui dirigeait le navire.

    Marina se tenait à ses côtés, comme d'habitude.

    — Égarés? demanda Elizabeth.

    — Il faut se perdre pour trouver l'introuvable, répondit le capitaine. Sinon chacun saurait où ça se trouve.

    — On va plus vite ! dit Gibbs.

    Barbossa confirma, et Will ordonna à ce que tout le monde aille à son poste. Chacun s'exécuta rapidement, mais l'équipage se rendit compte que droit devant eux se trouvait... Une gigantesque cascade.

    — Vous nous avez condamnés ! dit Elizabeth à Barbossa.

    — Ne soyez pas désobligeante, lui répondit-il. Vous pourriez ne pas survivre et ne plus entendre de paroles amicales.

    Tandis que le petit bateau se dirigeait vers la cascade, Tia Dalma avait en main ses dés, qu'elle avait l'air de prier, et elle les lança ensuite. Marina commençait à avoir peur, elle, mais elle essayait de le cacher.

    "Fais confiance à ton mari... Il sait ce qu'il fait!" se disait-elle pour se rassurer.

    Alors que les chutes d'eau entraînaient le bateau, Barbossa éclata de rire, tandis que chaque membre cherchait à s'accrocher à quelque chose pour ne pas tomber dans le vide.

    — Vous êtes sûre que votre mari sait ce qu'il fait ? demanda Béryl à Marina, prise de panique.

    Puis, voyant Tia Dalma avec un petit sourire en coin, elle s'approcha d'elle.

    — Vous saviez où nous allions... Pourquoi n'avoir rien dit ?

    La femme noire lui fit un petit sourire dont elle seule avait le secret.

    — Tu comprendras bien assez vite, fut sa seule réponse.

    Alors que le bateau penchait dangereusement vers le bas, Béryl s'accrocha de toutes ses forces au mât du bateau, en priant pour ne pas mourir sans même avoir pu découvrir qui étaient ses parents.

     

    Ce fut le noir total pendant un petit moment, mais lors du "réveil", il faisait jour et plein soleil. Tout le monde marchait, voire rampait, vers la grève, vers la plage.

    Barbossa aidait Marina car elle ne savait pas nager. Elle avait recraché un peu d'eau, et ses cheveux étaient totalement détachés, en plus d’être trempés.

    — Comment te sens-tu ? lui demanda-t-il un peu inquiet.

    — J'ai bien cru qu'on allait y passer ! lui répondit-elle avec  un petit sourire amusé, comme si elle n'avait pas eu peur de mourir une deuxième fois.

    Béryl, après avoir bu la tasse, se mit à tousser de façon incontrôlable. Puis, après avoir nagé, elle s’était retrouvée sur la plage avec tout le monde. Son enfance au bord de la mer lui avait au moins appris à nager, se dit-elle.

     

    Les pirates de Sao Feng formèrent un groupe, Elizabeth et Will un autre, Tia et Pintel et Ragetti encore un autre. Et Béryl aperçut avec soulagement Marina et son mari, elle se décida à les rejoindre.

    — Vous voyez, Béryl ? dit la rousse avec un sourire amusé.

    — En effet, je crois que je vous dois des excuses ainsi qu'à votre mari. Désolée de mon manque de confiance !

    Marina répondit par un petit sourire, et il sembla à Béryl que leurs regards se croisèrent même un court instant, mais la rousse l'avait bien vite détourné.

    — C'est bien là un endroit maudit, dit Gibbs.

    — Je ne vois ni Jack, ni personne d'autre, dit Elizabeth.

    Barbossa fit quelques pas en avant.

    — Il est ici. Davy Jones n'a jamais rendu ce qu'il a pris.

    — Quelle importance? demanda Will en le rejoignant. Nous sommes piégés par votre faute, comme Jack.

    Alors que tous les pirates gagnaient la plage, des crabes blancs, qui faisaient penser à des pierres, étaient en train de rejoindre Tia Dalma. Personne ne les remarqua à part le singe de Barbossa... Ainsi que Marina et Béryl.

    "Quels jolis crabes... Mais... Pourquoi vont-ils rejoindre Tia Dalma?" se demanda Marina.

    — Le plaisant Jack... dit la sorcière en caressant un de ces crustacés tout en regardant vers une immense dune de sable, est plus près que vous ne le pensez.

    Et dans la direction où elle regardait, des voiles noires commencèrent à apparaître, puis un navire, qui voguait sur le sable. Au sommet, on pouvait distinguer une silhouette humaine.

    — Le Black Pearl! s'écria Marina toute contente.

    Le navire continua sa course jusqu'à gagner l'eau de la mer, guidé par des milliers de petits crabes blancs.

    Béryl et Marina regardaient les crabes marcher de leur drôle de façon sur le côté.

    — Vous avez raison, et pourquoi diable cette femme à toujours d'air de savoir à l'avance ce qu'il va se passer ?! s'énerva quelque peu la brune. Attendez... ajouta Béryl en regardant autour d'elle. Je connais cet endroit... C'est...

    Elle n'osa pas le dire à voix haute mais cela ressemblait comme deux gouttes d'eau au monde tout blanc de ses rêves. À l'exception que le bateau au loin posé sur l'étendue blanche et plate n'était pas celui de son Capitaine mais le Black Pearl.

    — Où sommes-nous exactement, Barbossa ? demanda Béryl.

    — Ma chère Mademoiselle Leroux, nous nous trouvons dans l'antre du terrible pirate Davy Jones.

    — Davy Jones... dit Béryl d'un air pensif.

    Pourquoi ses rêves se déroulaient dans un lieu similaire à l'antre d'un pirate légendaire ? Trop de questions se bousculaient dans son esprit.

     

    Le pirate nommé Jack Sparrow, que l'équipage était venu secourir, mis pied sur la plage en débarquant d'une chaloupe. Il marchait en direction du groupe. Ceux qui étaient en tête, notamment Gibbs, avaient l'air ravis de le retrouver.

    Jack se mit à le sermonner, mais ses paroles demeuraient fort étranges.

    — Cet homme a l'air... Un peu fou... susurra Marina à Béryl.

    — Il a l'air très étrange en effet... répondit Béryl d'un air distrait.

    Quand il arriva au niveau de Béryl, le dénommé Jack approcha son visage du sien et finit par s'exclamer :

    — On se connaît, nan ?

    — Je ne crois pas. Je suis Béryl Leroux, enchantée Monsieur Sparrow. Comment vous êtes-vous retrouvé ici ?

    — Croyez-moi vous ne voulez pas savoir, ma jolie. Mais bon, je vous accepte sur mon bateau étant donné que vous n'y êtes pour rien... Ni vous ni votre charmante amie... Hum, Mademoiselle ?

    Jack s'approcha de Marina d'un air charmeur sous le regard noir de Barbossa.

    Marina avait l'air totalement gênée, elle ne savait pas quoi répondre. Son regard était baissé, vers le sable. Elle voulut faire une petite révérence, mais quand elle le fit, elle se rappela qu'elle ne portait pas de robe.

    — Barbossa... Marina Barbossa, Monsieur... Sparrow, dit-elle d'une voix aussi élevée qu'un murmure.

    Elle détourna ensuite les yeux et se déplaça doucement vers son mari en cherchant à se mettre un peu en retrait, derrière lui, comme si elle était intimidée.

    — Hein ?! Tu m'avais pas dit que t'avais une fille mon vieil Hector ! Ça me rappelle de vieilles histoires tout ça...

    — C'est ma femme, Jack, l'interrompit Barbossa avant que Jack n'en dise plus.

    Puis il passa un bras autour de la taille de la rousse, comme un avertissement.

    Jack fit une tête très bizarre, son visage passa de la surprise, au choc, mêlé avec un peu de dégoût. Béryl pouffa de rire au vu de sa réaction, on pouvait déchiffrer toutes ses émotions. Cet homme était décidément loufoque et original. Béryl se dit qu'elle l'apprécierait sans doute.

    La réaction adoptée par Jack fit également quelque peu rire Marina.

    — Tu es un petit cachottier Hector. Mais je comprends que tu aies gardé un tel secret... Bref.

    Puis Jack continua son petit numéro avec Will, Elizabeth et tout le reste des personnes présentes comme si de rien n'était.

    S'en suivit, après une petite discussion, de l'embarquement sur le Pearl. Barbossa et Jack se disputaient la place de capitaine, ce qui ne manqua pas de faire rire Marina et Béryl.

    — Je ne comprends pas pourquoi ils ne sont pas capitaines tous les deux ?... Sans doute une histoire de fierté masculine, demanda Béryl à la rousse.

    — Mais il ne peut pas y avoir deux capitaines sur un navire, on n’a jamais vu ça enfin ! lui dit Pintel, outré.

    — Et pourquoi pas ? Ils ont l'air qualifiés tous les deux, insista Béryl.

    — Ce n'est pas une histoire de qualifications... intervint Ragetti. C'est une vieille rancœur qu'ils entretiennent, Monsieur Barbossa et Monsieur Sparrow.

    — C'est-à-dire ? Vous connaissez cette histoire, Marina ? J'imagine que oui.

    —Oui... Je la connais. Quand j'ai... Rencontré Hector et les autres, bien après qu'ils aient été maudits... On me l'a racontée... dit Marina. Et… Quand on s'est mariés... Bien que je fusse vue comme égale à Hector, je ne commandais absolument pas, et je ne me voyais même pas comme... Capitaine.

    Elle fit un petit sourire gêné, puis elle prit un air pensif. Elle repensait à des souvenirs.

    — Une malédiction hein ? répondit Béryl, pensive à son tour. Heureusement, ils ont l'air tirés d'affaire maintenant.

    Marina lui sourit en guise de réponse.

    Les pirates continuèrent à voguer encore longtemps.

     

    Au crépuscule, Marina était allée admirer le coucher du soleil, les mains posées sur la barrière du bateau. Le pont était quasiment désert. Barbossa l'avait rejointe. Elle était dos à lui. Il posa ses mains sur celles de la jeune fille, et se rapprocha d'elle, en respirant le parfum de ses cheveux.

    — Il y a longtemps que nous ne sommes pas allés au septième ciel, toi et moi... lui murmura-t-il. Et je ne suis plus maudit...

    Marina répondit par un petit soupir de satisfaction.

    — En as-tu envie? lui demanda Barbossa.

    Elle se tourna lentement vers lui et l'embrassa, puis il passa un bras autour de sa taille et tous deux marchèrent en direction des chambres. Ils se rendirent dans celle où Marina avait pour habitude de dormir, avant qu’elle ne s’unisse à Barbossa. Ce dernier la fit entrer en premier et s’assura de refermer soigneusement la porte derrière eux.

    Marina commença à se déshabiller, face au lit, dos à son mari. Elle avait déjà défait son haut, révélant qu’elle ne portait absolument rien en-dessous, à part de très nombreuses cicatrices et brûlures au niveau des côtes et des hanches. Alors qu’elle allait défaire ses bas, son mari, qui avait lui aussi commencé un peu à se dévêtir, se rapprocha d’elle. Il l’embrassa dans le cou puis sur l’épaule. Marina répondit par un baiser sur la joue et s’assit sur le rebord du lit, tandis que son mari finissait de se déshabiller.

    Un peu plus tard, leurs deux corps étaient étendus sur le lit. Ils se faisaient face et se regardaient, tandis que Barbossa caressait doucement les hanches de Marina. Cette dernière se laissait faire volontiers.

    — Es-tu satisfait ? demanda Marina d’un air innocent.

    — On ne peut mieux, lui répondit-il avec un petit sourire.

     

    Le Black Pearl était assurément un bateau magnifique, entièrement noir et avec une allure unique en son genre, tous nos protagonistes se préparaient à passer une nuit en son bord.

    Pintel et Ragetti, eux, étaient à l'extérieur, au clair de lune. Ils furent surpris en voyant les âmes qui nageaient dans la mer où le Black Pearl voguait. Ils eurent même envie, pour s'amuser, de leur jeter quelque chose pour voir ce qui allait se passer, mais en voyant Tia Dalma, apparue comme par magie vers la proue du bateau, ils ne firent au final pas ce qu'ils avaient en tête. De plus, la sorcière n'avait pas l'air très contente.

    Béryl, qui était à ce moment-là en train de regarder tristement les âmes voguer dans l'océan en pensant à ses parents adoptifs, ne pût s'empêcher d'écouter la conversation de Tia, Pintel et Ragetti non loin de là. Elle arriva au moment où la sorcière mentionna Davy Jones et écouta attentivement son récit, curieuse.

    — Ils devraient être aux soins de Davy Jones ! dit-elle en parlant des âmes. C'est le devoir qui lui a été confié par la déesse Calypso ! Accompagner ceux qui ont péri en mer de l'autre côté... Et tous les dix ans... Il pouvait revenir à terre... Rejoindre celle qui l'aime réellement...

    Ces dernières paroles étaient prononcées avec un sourire triste.

    — Mais l'homme est devenu un monstre... poursuivit-t-elle.

    — Alors... Il n'a pas toujours été... Tentaculaire ? demanda Ragetti en faisant un geste de la main pour imiter les tentacules dudit pirate.

    — Non, répondit la sorcière. C'était un homme, jadis…

    Béryl nota le regard mélancolique de la sorcière et la vit caresser doucement son collier en argent en forme de cœur, pensive. Puis les mots de Ragetti la firent tiquer.

    — Attendez, des tentacules ? les interrompit Béryl.

    — Bah oui, Davy Jones est monstrueux, il a un bras en forme de pince de homard et des tentacules en guise de barbe, tu peux me croire sur parole, il est terrifiant, inhumain !

    Pintel hocha de la tête, pour approuver les paroles de son ami et ces deux-là partirent sur un débat sur l’anatomie des poissons. Béryl, de son côté, se figea, puis se tint la poitrine, juste au niveau du cœur, et partit s’isoler à l’autre bout du bateau, pour cacher son trouble aux autres. Elle tenta de retrouver une respiration normale, en vain. La description physique que Ragetti avait faite correspondait parfaitement à celle de son Capitaine… Celui qui avait partagé ses rêves depuis toujours. Il n’y avait plus de doutes… C’était sans doute pourquoi il avait toujours caché son identité.

    Tout le monde connaissait la légende du terrible Davy Jones, le pirate sans cœur. Celui qui avait été maudit par la déesse Calypso.

     

    On remarqua alors des dizaines de chaloupes se diriger vers le Black Pearl. C'étaient des morts, tout simplement. Tout l'équipage était revenu sur le pont. Ils admiraient le passage de ces petits bateaux éclairés par une lanterne qui se trouvait sur chacun d'eux.

    Marina trouvait ce spectacle à la fois beau et lugubre, mais aussi un peu inquiétant. Elle agrippa légèrement le bras de son mari, pour se rassurer un peu, bien qu’elle demeurait envoûtée par ce qui se déroulait devant les yeux de tous.

    C'est alors qu'Elizabeth reconnu son père parmi les passants. Elle l'appela, contente, pensant que l'équipage était sorti de l'Antre. Mais Jack lui affirma le contraire, ce qui commença à inquiéter la blonde, qui appela de plus belle son défunt père. Celui-ci tourna la tête en direction de la voix de celle-ci.

    — Elizabeth! Es-tu morte? lui demanda-t-il.

    Elle lui répondit de manière négative et inquiète.

    — Je crois l'être, ajouta-t-il.

    — Non, c'est impossible! dit Elizabeth.

    — Il y avait ce coffre... C'est étrange. Ça me semblait tellement important...

    — Monte à bord! insistait sa fille, désespérée.

    — ... Et un cœur... Si tu l'embroches, le tien doit prendre sa place. Et tu écumeras les mers à jamais. Le Hollandais doit avoir un capitaine. C'est idiot de mourir pour ça.

    Mais Elizabeth n'écoutait pas, elle était déterminée à ce que son père monte à bord du Pearl. Elle fit lancer un filin mais son père ne l'attrapa même pas. La chaloupe et le Black Pearl commençaient à s'éloigner petit à petit. Elizabeth était en train de paniquer, et elle faillit sauter à l'eau, mais Tia Dalma avait, juste à temps, crié qu'il ne fallait surtout pas qu'elle quitte le navire. Son père lui fit ses adieux, et Elizabeth fondit en larmes dans les bras de Will.

    Marina fut profondément touchée par ce qui venait de se passer. Elle versa une petite larme mais tâcha de l'essuyer au plus vite, elle ne voulait pas que ça se voit.

    « La pauvre... » pensa la rouquine.

    — Y a-t-il un moyen? demanda Will à Tia, qui lui répondit par un hochement de tête.

    — Qu'il repose en paix, ajouta-t-elle.

    Béryl se mit un peu de côté, bouleversée par le dialogue qu'Elizabeth venait d'avoir avec son père. Cette scène lui rappelait ses adieux avec son père adoptif et une petite larme menaça de tomber du coin de son œil. Mais au-delà de ses souvenirs, Béryl repensa aux paroles du père d'Elizabeth... Quelle était cette histoire de coffre et de cœur ? La jeune femme n'osa même pas imaginer la lugubre explication derrière tout ça… Comment était-il possible de retirer son propre cœur ? C'était inhumain…

     

    Cette nuit-là, ses rêves la menèrent vers un certain bateau bien connu. Des questions plein la tête, elle alla quérir le Capitaine, assis derrière son bureau, concentré sur la lecture de son carnet de notes.

    — Capitaine… Je dois vous poser des questions, tenta-t-elle.

    — Que je dise oui ou non, tu les poseras quand même, répondit-il, comme fatigué d’avance. Alors fais-donc, je n’ai pas toute la nuit ! la pressa t-il.

    Béryl hésita un instant puis se lança.

    — Vous êtes Davy Jones, n’est-ce pas ?

    Il avait l’air fortement contrarié d’avoir été percé à jour.

    — Cela vous étonne que je le sache n’est-ce pas ? Pourquoi me l’avoir caché ? lui dit-elle d'un air de reproche.

    — Car je ne te dois rien et que le fait de se retrouver ici ensemble ne signifie pas que nous sommes des amis. Plus de questions personnelles, gamines. Laisses-moi.

    Béryl grogna et s’en alla, c’était toujours la même chose avec lui : sa méchanceté refaisait vite surface pour éviter les questions pénibles. La brune passa le reste de son rêve à errer sur le Hollandais, loin des quartiers du capitaine, ne voulant plus retourner auprès du cruel Davy Jones. Elle qui avait toujours voulu connaître son identité, maintenant elle le regretterait presque…

     

    L'aube pointait, à présent, et les vivres étaient déjà épuisées.

    — Si le vent ne se lève pas avant ce soir, nous risquons de voguer sur des mers inconnues, condamnés à errer aux frontières des mondes pour l'éternité, annonça Tia Dalma.

    — Sans eau, l'éternité arrivera trop tôt, commenta Gibbs, défaitiste.

    Marina tremblait un peu à cette idée. Béryl remarqua qu'elle n'avait pas l'air de se sentir très bien. Elle s'approcha de la rouquine.

    — Comment allez-vous Marina ? Vous n'avez pas l'air bien.

    — ... Je suis un peu inquiète... Si nous restons bloqués ici... Revenir à la vie aura été très court... répondit la rousse.

    — Ne vous en faites pas Marina, je suis sûre que tout ira très bien... tenta de la rassurer la brune.

    Mais tandis que les deux femmes parlaient, un manège bizarre se déroulait sous leurs yeux : les membres de l'équipage commençaient à courir à droite et à gauche, suivant Jack. Barbossa avait remarqué le petit numéro de Jack et avait descendu les marches, intrigué. Sa femme le regarda avec incompréhension, comme si des yeux, elle lui demandait s'il savait ce que Jack avait en tête. Puis tout l’équipage, petit à petit, se mit à rejoindre Jack dans son aller-retour bâbord-tribord du navire.

    — On fait rouler le navire! lança Gibbs, ayant soudain un semblant de gaieté.

    Barbossa descendit à l’intérieur du Pearl pour trancher les cordes des canons afin d'aider le bateau à se retourner, car c'était l'objectif. Béryl et Marina se prêtèrent à leur tour au jeu, jusqu'à ce que le Pearl penche suffisamment. Tout le monde s'accrocha fermement aux barrières et prit une grande inspiration avant de passer sous l'eau.

    « Pas ça... » se dit Marina en son for intérieur.

    Elle restait accrochée de toutes ses forces et retenait son souffle comme elle pouvait, maintenant les yeux fermés car le sel de la mer les lui piquaient.

    Et, enfin, le bateau se remit à l'endroit. L'eau se mit à couler en grande quantité, laissant tout l'équipage à l'air libre. Pour la deuxième fois en peu de temps, Béryl manqua de se noyer et maudit intérieurement Tia Dalma. Fort heureusement, ses réflexes lui permirent de s’en sortir indemne encore une fois.

    Marina cracha un peu de liquide et prit de grandes bouffées d'air. Une fois que le Pearl refit surface, Béryl vit Marina en difficulté et l’aida à se relever puis lui tapota dans le dos.

    — Vous allez bien Marina ? …Quelle idée de faire subir ça à quelqu’un qui a la santé si fragile ! pesta la brune un instant.

    — Ne vous inquiétez pas… lui répondit la rousse.

    Marina lui fit signe qu’elle allait bien, alors Béryl se calma quelque peu. Mais à peine eurent-ils tous aperçu l’aurore à l’horizon, que Barbossa pointa son arme vers Jack. Puis lui, Elizabeth et Will sortirent eux aussi les leurs.

    Barbossa expliqua qu’il voulait en réalité que Jack et lui aillent au Tribunal de la Confrérie des pirates afin de combattre Lord Beckett. Elizabeth et Will semblaient d’accord avec Barbossa et ils se liguèrent tous contre Jack. L’histoire faillit bien virer au vinaigre, mais la poudre mouillée leur évita le drame. Il fût convenu que Will garderait le bateau pendant que tout le monde mettrait pied à terre sur une petite île non loin de là afin de se réapprovisionner et poursuivre cet échange plus tard.

    Ils y découvrirent le cadavre du Kraken, la bête de Davy Jones. Béryl regarda cette bête monstrueuse en ayant une pensée pour son propriétaire, se demandant pourquoi il avait fait ça.

    — À votre avis, pourquoi… Pourquoi avoir tué son principal atout ? demanda Béryl à Marina.

    — ... C'est une bonne question... Il n'avait peut-être pas le choix ? répondit la rousse. Pourtant... D'après la description qu'on m'a faite de monsieur Jones... Il me semble difficile de trouver un moyen de pression sur lui... À moins que... Ce moyen de pression ne soit...

    — Mais oui, vous avez raison ! C'est Beckett, il doit avoir son cœur en otage, c'est évident. Sinon le Capitaine... Heu je veux dire, Davy Jones, n'aurait jamais obéit à qui que ce soit.

    Béryl regarda attentivement le visage de Marina... Peut-être qu'elle en avait trop dit et que sa nouvelle amie se doutait de quelque chose ? Après tout, Marina était quelqu'un d'intelligent...

    — Vous avez sûrement raison, Béryl, répondit Marina.

    Les regards des deux jeunes femmes se croisèrent. La jeune rousse lui sourit, et la brune se rendit compte que Marina avait entendu, mais qu'elle se taira. Béryl compris son regard et ne rajouta rien. Elle savait qu'elle pouvait faire confiance à la jeune femme pour garder son secret bien qu'elle la connaissait à peine, son intuition ne la trompait jamais.

     

    La petite troupe fut rejointe par des hommes de Sao Feng, et tous partirent à l'intérieur de la jungle.

    — Marina, j'aurais quelque chose à te dire, mais pour l'instant nous ne pouvons pas en parler, dit Barbossa pendant le trajet.

    — D'accord, répondit-elle simplement.

    Ils parvinrent à une source, dans laquelle se trouvait un corps humain. Barbossa "goûta" l'eau avant de la recracher.

    — Empoisonnée par le cadavre, conclut-il.

    En voulant connaître le visage du mort, Pintel le reconnut, et c'est alors que Ragetti appela en faisant de grands signes.

    — On a de la compagnie! criait-il d’un ton paniqué.

     

    De retour à bord du Pearl, l’agitation était à son comble. En effet, les pirates de Sao Feng avaient envahi le bateau et ne se gênaient pas pour crier leur victoire.

    Visiblement, Sao Feng connaissait bien Jack et avait lui aussi une dent contre lui. Il lui mit son poing dans la figure. Puis Will débarqua en demandant à ce que l’on relâche Elizabeth. Tout le monde comprit qu’il avait passé un marché avec le Capitaine asiatique et qu’il les avait donc trahis.

    — Ce rat perfide a monté une mutinerie contre nous ! s’exclama Gibbs.

    — Il me faut le Pearl pour libérer mon père… tenta de se justifier le brun.

    La douleur d’avoir été trahie pouvait se lire sur le visage d’Elizabeth. Jack fut mené au bateau de Lord Beckett qui venait de se poster non loin des deux autres bateaux. Le sous-fifre de Becket, nommé Mercer, annonça que le Pearl était le seul bateau à pouvoir distancer le Hollandais Volant, et annonça également la réquisition du navire sous le regard furieux de Sao Feng à qui on avait promis le Black Pearl en récompense.

    Barbossa s'adressa alors à Sao Feng.

    — Dommage qu'ils n'aient pas à honorer le Code des Pirates. L'honneur se fait rare de nos jours, le nargua-t-il.

    — Il n'y a pas d'honneur du côté des perdants, rétorqua Sao Feng. Rejoindre le camp des vainqueurs, c'est de bonne guerre.

    — Le camp des perdants?

    — Ils ont le Hollandais. Et le Pearl! Que possède la Confrérie?

    — Nous avons Calypso, répondit Barbossa.

    À ces mots, il y eut un silence et Sao Feng tourna légèrement les yeux en direction d'Elizabeth. Il rétorqua d'un ton moqueur.

    — Une légende antique!

    — Non, lui répondit Barbossa. La déesse elle-même, emprisonnée sous forme humaine. Imaginez les pouvoirs de l'océan déchaînés contre notre ennemi. Je compte la libérer... Mais il me faut le Tribunal... Au complet, ajouta-t-il en prenant entre ses doigts le collier que portait Sao Feng.

    Sao Feng avait l'air ouvert à la négociation, à présent.

    — Que proposez-vous, capitaine? demanda le pirate asiatique.

    — Qu'accepteriez-vous, capitaine? demanda à son tour Barbossa.

    Finalement, Sao Feng fût d’accord avec le fait de libérer Calypso, et il semblait lui vouer une grande admiration. Il croyait visiblement que son enveloppe charnelle n’était autre que la belle Elizabeth, et Barbossa ne fit rien pour l’en dissuader.

    — La fille, susurra le chauve en regardant Elizabeth avec intérêt.

    Elizabeth accepta finalement de suivre le capitaine asiatique à contrecœur afin de libérer tout le monde. Feng hurla des ordres à ses hommes afin d’escorter Elizabeth sur son bateau. Mais Béryl vint se placer à côté d’elle pour la protéger.

    — Laissez-la tranquille !

    — Mais qu’avons-nous là ? demanda Sao Feng visiblement mécontent.

    Alors qu’il s’approcha dangereusement de Béryl dans le but de la frapper, Elizabeth lui sauva la mise.

    — Une déesse a besoin d’une dame de compagnie, prenons cette humaine avec nous, tenta la blonde in extremis.

    — Vous aurez besoin de plus d’une servante pour subvenir à vos besoins, annonça Sao Feng en cherchant du regard l'autre femme qu’il avait vue tout à l’heure. Toi, viens ici ! ordonna-t-il à Marina qui se cachait derrière Barbossa.

    Sao Feng lui agrippa le bras et l'attira vers lui. Marina ne se défendit pas, elle était trop apeurée. Elle lança un regard désespéré à son mari. Ce dernier lui indiqua du regard l'épée qu'elle portait, mais la demoiselle n'eut pas le temps de réagir. De plus, Sao Feng lui avait attrapé le bras gauche et Marina était gauchère, elle ne pouvait donc pas dégainer.

    — Lâchez-moi s'il vous plaît... demanda-t-elle d'une voix à peine audible.

    — Si vous lui faites du mal, je vous jure que je… siffla Béryl entre ses dents.

    — Laissez-la, Sao Feng, lui ordonna Elizabeth.

    — Oh, mais je vois que vous avez l’air de beaucoup tenir à celle-ci, Barbossa, dit le capitaine singapourien d’un air vicieux. Je l’embarque sur mon bateau, comme gage de votre bonne volonté à honorer notre marché, poursuivit-il avec un petit sourire en coin.

    — Ne vous en faites pas Barbossa, nous prendrons soin d’elle, assura Elizabeth.

    Marina avait envie de protester, ça se lisait sur son visage, mais rien ne sortit. Tandis qu'elle se faisait embarquer avec Béryl et Elizabeth, elle regardait tristement vers son mari, qui lui, l'observait s'éloigner d'un air fâché.

     

    Un peu plus tard, à bord du bateau pirate singapourien, la nuit était tombée. Elizabeth, Béryl et Marina étaient enfermées dans la cabine qui avait été attribuée à la présumée déesse. La jeune anglaise faisait les cents pas, ne tenant pas en place.

    — Merci de m’avoir sauvée tout à l’heure, lui dit Béryl.

    — Merci à vous d’avoir voulu m’aider, mais j’ai bien peur que Sao Feng pense que je suis Calypso à cause de ce que lui a dit votre mari, Marina…

    — Calmez-vous Elizabeth, la rassura Béryl. Je vous conseille de continuer à jouer son jeu.

    — C’est ce que je compte faire, même si je n’ai pas la moindre idée de comment doit agir une déesse…

    — Ayez l’air sûre de vous, et votre charme naturel fera le reste. Nous resterons ici avec Marina et nous essaierons de trouver un plan pour nous échapper. Courage.

    Marina acquiesça silencieusement, puis deux pirates vinrent chercher Elizabeth pour l'emmener dans les quartiers personnels du capitaine Sao Feng.

     

    Une heure plus tard, Béryl était occupée à fouiller toute la pièce afin de trouver ce qui pourrait ressembler à une arme, tandis que Marina était assise sur le lit, l’air pensive et triste.

    — Marina, ne vous en faites pas, je suis sûre que nous allons nous en sortir et vous reverrez votre mari très vite.

    — Oui...

    — Vous êtes sûre que ça va aller ?

    À peine une fraction de seconde plus tard, un bruit tonitruant perturba le calme, un bruit de canon. Les deux jeunes femmes tombèrent au sol. Le bateau était attaqué. Un boulet de canon avait par chance explosé la porte de la chambre où les deux femmes étaient retenues.

    — Venez, c’est l’occasion de s’enfuir ! dit Béryl.

    Dans le couloir, Béryl et Marina croisèrent un pirate asiatique qui fonçait droit vers elles. Béryl esquiva son coup de poing et lui fit un croche-pattes. L'homme tomba au sol inconscient. La brune en profita pour récupérer son épée qu’elle donna à Marina et elle récupéra une dague qui était à sa ceinture.

    — J’ai toujours préféré les dagues, expliqua Béryl. Allons retrouver Elizabeth.

    Une fois sur le pont du bateau, les jeunes femmes se rendirent compte qu’il était envahi par des hommes-poissons et Béryl se dépêcha de dégainer sa dague. L’ironie du sort avait voulu que la même personne qui lui avait appris à se battre soit celle dont l’équipage voulait lui faire la peau à ce moment-là. Car un détail ne manqua pas à son attention, le Hollandais Volant était posté juste à côté du bateau de Sao Feng.

    Un homme au visage mi-crabe, mi-poisson l’attaqua en hurlant et Béryl se défendit comme elle put. Grâce à son agilité et aux quelques tours que le Capitaine lui avait appris, elle put mettre son adversaire à terre et fuir en esquivant les autres monstres qui tentaient de la découper en morceaux ou de la capturer. Elle courut si vite qu’elle ne vit pas l’homme devant elle et le heurta de plein fouet avant de retomber par terre en grimaçant.

    Avant même qu’elle ait pu comprendre ce qu’il se passait, Béryl se retrouva relevée par une pince de homard gigantesque autour de son cou. L’individu la força à le regarder dans les yeux. Elle tomba sur deux iris bleu glacé qu’elle reconnut immédiatement.

    — C… Capitaine ?

    — Petite ? Qu’est-ce que…

    Davy Jones, pour la première fois depuis fort longtemps, eut l’air humain. Le choc et la surprise pouvaient aisément se lire sur son visage ou du moins ce qu’il en restait. Immédiatement, il relâcha sa prise et laissa respirer Béryl. Il semblait l’espace d’un instant complètement perdu, déboussolé. Puis, il remit en place son habituel masque froid et menaçant pour s’adresser à la jeune femme. Il était avant tout le Capitaine Davy Jones et devait maintenir sa réputation, surtout devant ses hommes qui le regardaient d’un air étrange. Il devait inspirer la crainte et la peur. Alors il hurla des ordres à son équipage.

    — Qu’on l’envoie dans mes quartiers, sur-le-champ !!!… Puis il déambula sur le pont en intimidant les membres de l'équipage chinois comme si rien ne s’était passé. Lequel d’entre vous est le Capitaine ?! poursuivit-il.

    Elizabeth et ses hommes furent envoyés dans les prisons des cales du Hollandais. Et Béryl fût emmenée de force par un homme au visage rappelant celui d’un requin marteau en direction des quartiers personnels du Capitaine Jones. Cette chambre, elle la connaissait très bien, tout comme le reste de ce bateau, étant donné qu’elle y avait passé du temps, en rêve.

    — Capitaine, qu'est-ce qu'on fait de celle-ci? demanda un des hommes-poissons qui tenait en otage la jeune Marina.

    La rousse avait l'air d'une petite enfant terrifiée. Elle avait un objet tranchant sous la gorge et était tenue par les cheveux, la tête légèrement inclinée vers le haut. Pourtant elle essayait désespérément de regarder vers le bas, elle craignait de croiser le regard de ces monstres.

    — Aux cellules, comme les autres, annonça le terrible Davy Jones avec dédain.

    Puis il fit volte-face et se dirigea vers ses quartiers avec sa démarche inégale.

     

    Dans la cellule, Marina s'était mise en boule dans un recoin, tandis que les hommes d'Elizabeth restaient immobiles, et que la blonde, elle, cherchait un certain Bill Turner.

    La rousse semblait s'être un peu calmée, elle respirait à fond et tâchait de se détendre.

    "Mieux vaut me trouver ici que d'être à nouveau... Esclave..." se disait-elle. "Ces créatures sont terrifiantes... Et leur capitaine... Il me fait encore plus peur que mes anciens maîtres..."

     

    Ce lit à baldaquin, ce bureau, cette armoire et même la fenêtre... Le tout était incrusté de coquillages et d’algues en tous genres, le bois avait cette apparence abîmée et usée. Tout était comme dans ses rêves. Mis à part que le Capitaine était encore plus froid et colérique que d’habitude. Alors ses soupçons étaient vrais, le Capitaine et Davy Jones étaient bel et bien la même personne. Béryl, au fond d’elle, avait espoir que ce ne soit pas le cas… Qui sait de quoi un homme capable de s’arracher le cœur était capable. Béryl sentit le bateau se remettre en mouvement et quelques minutes plus tard, la porte s’ouvrit si fort à la volée qu’elle en sursauta, une main sur le cœur.

    — Qu’est-ce que tu fiches ici ?!

    Il avait l’air furieux, bien plus que dans n'importe lequel de ses rêves… Plus que la fois où Béryl avait tenté d’armer un des canons du Hollandais Volant, ou même que la fois où elle lui avait tiré la langue. Si bien qu’elle recula de quelques pas, de peur.

    — Capitaine… Pourquoi ne m’avoir rien dit au sujet de votre coeur ?

    L’incompréhension pouvait se lire dans les yeux noisette de la jeune femme, et aussi la déception. On aurait dit que Davy Jones allait répondre quelque chose de sincère, car l’espace d’un instant, il eut un regard triste. Puis il remit son habituel masque de colère, ses tentacules bougèrent dans tous les sens et il cria.

    — Cela ne te concerne en aucun cas, espèce de petite sotte, je te le répète nous ne sommes pas amis ! Et cesse de m’appeler ainsi, je ne suis pas ton Capitaine, combien de fois je devrais te le dire ?!

    Mais au lieu de reculer à nouveau, Béryl avança et serra les poings de colère, défiant du regard le Capitaine.

    — Alors c’est tout ce que je représente pour vous ? Après tout ce temps ?

    — Tu n’es rien à mes yeux.

    L’homme poulpe eut un rictus puis grogna de colère et repartit aussi vite qu’il était arrivé. Béryl ne laissa rien paraître devant Davy Jones, mais dès que la porte fut fermée, elle éclata en sanglots. Elle avait été une sotte en effet, de croire que cet homme sans cœur tienne à elle.

     

    Un peu plus tard, quelqu'un vint ouvrir la porte de la cellule. C'était un homme de la Compagnie des Indes, qui connaissait Elizabeth : l’amiral Norrington. Il fit sortir celle-ci et ses hommes, ainsi que Marina.

    Alors qu'ils étaient en train de s'échapper, Marina s'adressa à la blonde:

    — Mlle Elizabeth, on ne peut pas abandonner Mlle Béryl!

    — Tu as raison...

    — Je vais... La chercher, dit Marina sans attendre de réponse de la part de la blonde.

    — Vous êtes folle, jeune fille! dit Norrington.

    — On ne peut pas... Partir sans elle... répondit Marina.

    — Je n'ose imaginer ce que Davy Jones lui a fait dans ses quartiers... frissonna l'amiral. Hâtez-vous Mademoiselle, dit-il à l'encontre de Marina.

     

    Plus tard, Béryl se réveilla les yeux encore gonflés, et la mine pitoyable. Elle se rendit vite compte qu’elle n’était pas seule dans la chambre et se redressa sur le lit pour faire face au Capitaine en train de lire un carnet tout en fumant la pipe. Elle prit tout de suite une mine renfrognée et se leva.

    — Si je ne suis rien à vos yeux, pourquoi suis-je ici et non en bas dans les cellules avec les autres ?

    En une fraction de seconde, Davy Jones se retrouva à quelques centimètres d’elle, furieux.

    — Je te conseille de ne pas jouer à ce petit jeu avec moi, gamine.

    — Répondez-moi ! le défia-t-elle, soutenant son regard.

    Voyant qu’il restait silencieux, Béryl le contourna et se dirigea vers la porte.

    — Très bien, je n’ai plus rien à faire ici, dit-elle.

    Mais une main tentaculaire lui retint le poignet fermement.

    — Si tu descends sur le pont, je ne pourrais garantir ta sécurité. Le bateau est sous le commandement de ce sale sous-fifre de Beckett.

    — Vous vous êtes réellement arraché le cœur, n’est-ce-pas ? Répondez-moi !

    Davy Jones se figea et la brune poursuivi.

    — Maintenant ils l’ont et c’est pour cela que vous leur obéissez au doigt et à l’œil ?

    Béryl sentit les tentacules se resserrer dangereusement autour de sa main et grimaça de douleur. Elle commençait à être réellement effrayée. Pourrait-il lui faire du mal ?

    — Comment es-tu au courant de cela ? s’énerva-t-il de plus belle.

    — Je l’ai compris toute seule en voyant votre bête échouée sur cette plage. Vous n’auriez jamais obéit à qui que ce soit autrement. Lâchez-moi, vous me faites mal !

    Semblant légèrement reprendre ses esprits et se rendre compte de son comportement, Davy Jones relâcha la jeune femme mais ne s’excusa pas pour autant. Béryl regarda sa main en grimaçant, on pouvait voir des traces rouges en forme de ventouses remonter jusque sur son poignet. Cela lui faisait mal rien que de passer sa main sur sa peau.

    — Je peux vous aider… À le récupérer.

    Mais Davy Jones n’écoutait plus ce que lui disait Béryl car il sembla soudain furieux et passa à travers la porte pour se diriger d’un pas décidé vers l’arrière du bateau. Il manqua la jeune femme rousse cachée derrière un meuble.

    — Béryl... Nous devons partir au plus vite... murmura la voix familière de Marina.

    Elle se montra discrètement.

    — Un ami d'Elizabeth nous a libérés... Partons au plus vite, avant qu'on se fasse tuer... poursuivit Marina.

    — Marina ! s'écria Béryl en la prenant dans ses bras. Je n'ai jamais été aussi heureuse de voir quelqu'un. Merci d'être revenue me chercher...

    La brune se recula et soupira.

    — Je crois que le Capitaine Jones est déjà au courant de cette tentative d'évasion, il sait tout ce qui se passe sur ce navire... Partez pendant qu'il en est encore temps, Marina...

    — Mais je ne veux pas partir sans toi! Tu ne peux pas rester ici... Reviens sur le Pearl! C'est bien plus accueillant que ce bateau-ci... supplia Marina, au bord des larmes.

    Béryl ne répondit pas.

    — Retournons sur le Pearl, et vite... redemanda Marina sur le même ton mais d'une voix plus faible.

    — Je te dois des explications Marina... Je suis en quelque sorte liée à Davy Jones. Depuis ma plus tendre enfance, la déesse Calypso m'a maudite à partager mes rêves avec les siens... Je... Je me suis attachée à lui. Je dois l'aider, tu comprends ? Ou je m'en voudrais toute ma vie. Je suis désolée de t'avoir caché tout ça...

    Béryl tenta de cacher sa main derrière son dos, en vain. Les yeux de la rousse s'agrandirent de surprise en voyant sa blessure.

    — Ne t'inquiètes pas pour moi, ça ira. Je t'en supplie, va-t’en pendant qu'il en est encore temps.

    Marina enlaça Béryl à son tour, en pleurant silencieusement.

    — Fais attention à toi... Pourvu qu'on se revoit au plus vite, dit la rousse avant de s'enfuir du bateau avec les autres.

    — Toi aussi, répondit la brune avant que son amie s’en aille.

    Les larmes coulèrent d'elles-mêmes sur les joues parsemées de taches de rousseur de Béryl. Dire adieu à son amie ainsi lui brisait le cœur, mais ce même cœur lui disait qu'elle prenait la bonne décision.

    Béryl se reprit et décida de chercher le fameux coffre afin de venir en aide à Davy. Elle se fit la plus silencieuse possible et se faufila sur le bateau en ouvrant des portes à la recherche d'indices. La plupart des hommes-poissons étaient à l'arrière du bateau mais les hommes de Beckett étaient encore à leur poste.

    Soudain, alors qu'elle avait localisé un rassemblement de soldats dans la cabine du Capitaine, Béryl sentit une lame sur son cou et sursauta.

    — On dirait que le Capitaine Jones a un faible pour vous, ma chère. J'ai bien vu son regard tout à l'heure. Dans ses quartiers hein ? Se pourrait-il qu'il vous garde pour ses besoins personnels ?

    Béryl reconnu la voix du perfide Mercer pour l'avoir déjà entendue un peu plus tôt.

    — Lâchez-moi espèce de porc. Le Capitaine n'est pas comme ça.

    Mais Mercer ne l'entendait pas de cette oreille et il appuya sa lame contre la peau de Béryl, suffisamment pour faire couler quelques gouttes de sang.

    — Qu'est-ce que vous faites là ? Il vous envoie récupérer son précieux coffre ?

    Béryl grimaça de douleur et retint sa respiration, terrifiée. La brune était toujours entre les mains de Mercer et commença à paniquer, quand une voix bien connue retentit non loin de là.

    — Monsieur Mercer, je vous conseille de relâcher tout de suite cette femme.

    — Ou sinon ? Dois-je vous rappeler mon moyen de pression ?

    Davy Jones s'approcha, il était furieux, ses tentacules frémissaient tout autour de lui et son visage était fermé.

    — Ou sinon, vous aurez affaire à moi, insista-t-il malgré la menace pesant sur son cœur.

    Finalement, Mercer relâcha Béryl qui vint se poster à côté de Davy Jones en se tenant le cou. Quelques gouttes de liquide carmin s'échappaient de ses doigts.

    — Tss reprenez donc votre animal, Jones, et tenez-le en laisse la prochaine fois.

    Jones ne répondit rien mais fulminait, sa bouche se tordit en un rictus mauvais et il fit signe à Béryl de le suivre. Il la repoussa contre un des murs en bois incrusté de coquillages et approcha son visage très près du sien.

    — Je t'avais ordonné de ne pas sortir.

    Le ton employé par le capitaine Jones n'était pas aussi méchant qu'avant, bien qu'autoritaire.

    — Je voulais vous aider...

    — Tu ne peux pas m'aider. Viens, cette blessure est problématique.

    C'était peut-être se façon à lui de s'inquiéter pour sa santé, mais il la mena au médecin du bateau, un certain Wheelback. Celui-ci était plutôt petit, possédait des algues en guise de cheveux et un coquillage incrusté à la place de l'œil gauche. Il était effrayant, comme tous les autres, mais obéit aux ordres de son capitaine et fit asseoir Béryl.

    — Ramenez-là dans mes quartiers une fois votre tâche terminée, ordonna Jones.

    Puis il quitta la pièce de son pas claudiquant sans un regard pour Béryl.

     

    Pendant ce temps, sur le Pearl, l'équipage était arrivé à l’île des Naufragés, là où le Tribunal devait avoir lieu. Barbossa se tenait un peu à l'écart des autres, il était inquiet à propos de Marina. Un peu plus tôt il avait enfermé Tia Dalma en cellule, afin qu’elle ne s’échappe pas et qu’on puisse lui rendre sa forme originelle : celle de la déesse Calypso.

    Le Tribunal fut enfin réuni. Elizabeth arriva après tout le monde, accompagnée de ses hommes ainsi que Marina, qui avait l'air un peu triste.

    Elizabeth fut finalement élue roi des pirates, grâce à Jack, et il fut décidé de se battre contre Beckett et ses hommes.

    Lorsque ce fut terminé, il faisait nuit noire, il était tard. Barbossa avait attrapé sa femme par le bras et l'avait entraînée à l'écart à la fin de la réunion, l’entraînant sur l'un des ponts qui se trouvaient à l'extérieur du repère des pirates.

    — On a à parler toi et moi, lui dit-il.

    Ils étaient debout au bout du pont. Il lâcha le bras de Marina.

    — Pourquoi cette agressivité, Hector? demanda Marina un peu inquiète.

    — Pourquoi tu continues à te laisser faire? Je te rappelle que tu n'es plus une esclave! Tu es parfaitement capable de te défendre et te protéger, tu as appris à te battre. Tu n'as pas besoin d'une surprotection de ma part!

    Le ton employé par Barbossa contenait une pointe de colère. Marina n'aimait pas ça.

    — Je... Ne comprends pas, Hector... dit-elle, l'air troublée.

    — Tu n'es pas assez fougueuse. J'aimerais que tu fasses moins preuve de soumission, que ce soit avec les autres ou même avec moi. Tu es capable de bien des choses mais tu n'en as pas le courage! On dirait une enfant... J'aimerais que tu sois plus mature.

    Ces paroles peinaient la jeune rousse.

    — J'ai bien cru que j'allais mourir ou devenir esclave de ses monstres... On se retrouve... Et... Tu...

    Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'elle se mit à pleurer.

    — Pourquoi tu me fais ces reproches, Hector? demanda-t-elle toujours en larmes.

    Barbossa ne donna pas de réponse à Marina. Elle n’essaya pas de parler davantage et s'enfuit sur le Black Pearl en cachant son visage plein de larmes, sous les yeux de son mari. Marina grimpa au poste de vigie. Elle ne voulait pas qu'on la voie ni qu'on l'entende pleurer. Elle était sûre de pouvoir être tranquille et qu'on ne viendrait pas lui parler. Au milieu de ses sanglots, elle repensa à Béryl.

    "J'espère qu'elle... S'en sort mieux que moi..." pensait la rousse.

    Puis elle se rendit compte qu'elle avait besoin de Béryl. Elle n'avait jamais encore réellement éprouvé le besoin de se confier à quelqu'un, mais Marina sentait que si elle devait le faire, c'était vers son amie brune qu'il fallait se diriger. Mais Béryl n'était pas là. Marina était seule, pleurant comme une enfant dans la nuit noire, éclairée par les quelques lumières du repère des pirates, qui allait bientôt être quitté pour livrer bataille contre Beckett et le Hollandais Volant.

     

    Le médecin s'occupa en premier lieu de désinfecter et panser la plaie au niveau du cou de Béryl. Ensuite, il appliqua un onguent sur la main et le poignet de la jeune femme et banda le tout. Béryl avait un petit peu peur de l'apparence de cet homme, mais elle était également extrêmement reconnaissante pour son aide.

    — Vous êtes Wheelback n'est-ce pas ? dit la jeune femme en tentant de faire la conversation.

    — Oui.

    Visiblement, le médecin n'était pas un bavard.

    — Je suis Béryl, je suis enchantée de faire votre connaissance, et je vous remercie pour votre aide.

    Wheelback sembla confus qu'on s'adresse à lui avec autant de politesse, son seul œil cligna plusieurs fois. Puis il grommela un « y'a pas de quoi » un peu bourru à l'encontre de la brune et l'escorta dans les quartiers du Capitaine Jones. Personne ne répondit alors ils se mirent à attendre tous les deux devant la porte.

    — Vous... Faites partie de cet équipage depuis longtemps ?

    — Cinquante ans Mam'zelle. Et vous, vous comptez nous rejoindre ?

    — Je... Ne sais pas trop. Je ne pense pas que ce soit le souhait du Capitaine Jones.

    — C'est dommage, une femme à bord... Pourquoi pas, si cela peut adoucir le caractère du Capitaine. Il a l'air différent avec vous.

    — Comment ça ?

    — Moins... Cruel.

    — Oh... Je vois.

    — Mais ne lui dites pas que j'ai dit ça, d'accord ? s’empressa-t-il d’ajouter.

    — C'est promis, lui sourit Béryl.

    Ils restèrent ici pendant quelques temps encore, à discuter de tout et de rien. Visiblement, Béryl s'était fait un ami sur ce bateau hostile. À un moment donné, Béryl fit rire Wheelback en lui racontant l'épisode du retournement de bateau et la porte s'ouvrit violemment.

    — Ce maudit bateau n’est-t-il pas assez grand pour que vous veniez derrière ma porte pour rire comme des baleines ? hurla Jones.

    — Désolé Capitaine... s'excusa immédiatement le médecin de bord, penaud.

    — Nous avons frappé, vous n'étiez pas là ! lui répondit Béryl sans se laisser faire.

    — Ne hausse pas le ton avec moi, petite. Entre, tout de suite ! lui cria-t-il dessus.

    — Alors vous pouvez me crier dessus mais pas moi !!! s'énerva Béryl.

    Pour toute réponse, Jones l'attrapa par le col et la balança sur le lit. Puis il claqua la porte au nez de Wheelback et se tourna vers Béryl.

    — Vous êtes complètement fou. Donc quand je n'agis pas comme vous le souhaitez, vous me violentez? C'est ça ?

    — N'oublies pas ce que j'ai fait pour toi tout à l'heure.

    — J'aurais pu m'échapper vous savez ? Mon amie Marina était venue me chercher mais j'ai préféré rester ici et vous aider.

    Jones eut l'air un peu choqué de cette révélation. Même s’il remit vite en place son masque renfrogné et tourna le dos à Béryl.

    — Je dois rendre visite à quelqu'un, murmura-t-il.

    Puis il passa au travers de la porte et partit.

     

    De retour à la baie des naufragés, dans une des cellules du Black Pearl, Tia Dalma était en train d'écouter la douce mélodie de son collier… Une mélodie à la fois mélancolique et tragique qui lui rappelait un certain Capitaine.

    — Tu espérais me voir, n’est-ce pas ?

    C’était Davy Jones en personne qui la tira de ses pensées.

    — Oh, j’ai souffert atrocement… Enfermée dans cette enveloppe mortelle, privée du monde marin… Et de tout ce que j’aime, lui répondit-elle d’une voix mielleuse. Même de toi... poursuivit-elle avec un petit sourire aux lèvres.

    — J’ai consacré dix ans de ma vie à la tâche que tu m’avais confiée… Dix longues années à veiller ceux qui avaient péri en mer, et finalement quand nous aurions pu être enfin réunis… Tu n’étais pas là.

    Il insista lourdement sur ces derniers mots.

    — Pourquoi n’étais-tu pas là ? enchaîna-t-il.

    On pouvait sentir toute sa haine dans ces mots.

    — Parce que c’est dans ma nature. M’aimerais-tu s’il fallait que je ressemble à n’importe quelle femme ?

    Elle avait l’air sûre d’elle, confiante et lui fit même un petit sourire charmeur. Mais Jones se détourna d’elle, fatigué d’affronter son regard.

    — Tu n’es pas la seule femme au monde, Calypso.

    — C’est cette petite créature insignifiante qui t'a détourné de moi ?... Béryl.

    Elle cracha son nom, comme dégoûtée. Jones sursauta légèrement à l’entente de ce prénom.

    — Comment...

    — Tu as changé, Davy Jones. Saches que si je ne peux pas avoir ton cœur, alors personne ne l’aura et encore moins cette maudite enfant. C’est MOI qui l’ai placée sur ton chemin et c’est MOI qui vais la détourner de toi.

    On pouvait sentir que l’idée de perdre l'amour de Davy Jones la terrifiait, mais pas parce qu’elle l’aimait, plutôt parce qu’elle le considérait comme une chose qui devait lui appartenir. Telle était la vraie nature de la déesse égoïste Calypso.

    — Qu’est-ce que cela veut dire ? l'homme-poulpe cligna des yeux plusieurs fois.

    — Il y a bien longtemps, son père, un pirate, vint me trouver en me suppliant de soigner sa femme, mourante, qui portait leur unique enfant. Je le fis en échange de quoi ils devraient me donner ce même enfant afin qu’il me serve pendant vingt ans. À la naissance de l’enfant, ils n’ont jamais honoré leur part du marché et sont partis à l’autre bout du monde avec leur progéniture. Alors j’ai maudit leur enfant, il serait condamné à partager ses rêves avec le pire démon que la terre ait porté… Toi mon cher Davy.

    Elle passa sa main à travers les grilles de la cellule et caressa sa joue. Elle parut douce un instant et changea le visage monstrueux de l’homme-poulpe en humain aux traits fins et à la barbe tressée et blanche.

    — Je pensais ainsi mener la vie dure à l’enfant de ceux qui m’ont trahie et à celui qui n’a pas honoré son marché… poursuivit-elle. Mais au lieu de cela, voilà que tu t’es entiché de cette petite ! cracha-t-elle, furieuse. TON CŒUR M’APPARTIENT, DAVY.

    Jones, toujours sous la forme d’humain, passa son bras autour du cou de Calypso qui ouvrit de grands yeux. Elle retira vivement sa main et Jones redevint le monstre tentaculaire qu’il était. En effet, sous sa forme humaine, elle était plus faible que lui.

    — On va me libérer, et quand je serais libre, je ferais en sorte que personne ne t’enlève à moi. La dernière chose que cette fille apprendra, c’est que ma cruauté est sans limites.

    — Je serais en travers de ton chemin, Calypso. Je ne t'appartiens plus.

    Et Davy Jones s’en alla enfin, allant retrouver son cœur et Béryl par la même occasion.

     

    Quand le Capitaine Davy Jones revint sur le Hollandais Volant, il ressentit à nouveau des émotions, de par la proximité avec son cœur. Il s’attendait à avoir mal à celui-ci, à être effondré d’avoir rejeté celle qu’il avait toujours aimé. Mais au lieu de ça, il se sentait simplement soulagé, libéré d’un poids, en un mot, libre. Il n'était plus sous l’emprise de cette déesse malfaisante. Il avait enfin ouvert les yeux.

    Il rejoignit ses quartiers, encore un peu perturbé par sa conversation avec Calypso. Mais avant de rentrer dans sa chambre, il regarda discrètement par le hublot depuis l'extérieur. Il vit Béryl, assise sur son siège, les pieds sur son bureau, en train de lire son carnet de notes en sifflotant. Et Davy Jones se mit à sourire. Il ne l’aurait jamais avoué, même sous la torture, mais il aimait bien cette vision. Néanmoins, il pensait que punir Béryl pour cet affront était nécessaire, alors il passa silencieusement au travers de la coque du bateau et se posta derrière la brune pour lui parler dans l’oreille.

    — Je ne te dérange pas, j’espère ? lui susurra-t-il à l’oreille.

    La réaction de la jeune femme ne se fit pas attendre, elle sursauta et cria avant de tomber les fesses par terre. Jones sourit de façon mesquine, fier de sa méchante blague.

    — Je ne pensais pas vous revoir si tôt, dit Béryl, les joues rouges de honte.

    — La lecture était divertissante ?

    — Oui… Et vous avez vu la personne que vous deviez voir ?

    — En effet. C’était une conversation enrichissante.

    Jones n’avait pas l’air aussi renfrogné qu’avant et Béryl remarqua ce changement d’humeur, aussi tenta-t-elle de lui parler.

    — Capitaine… Pourquoi ne pas vous allier à Barbossa et Jack afin de vaincre Beckett ?

    — Ce sale traître de Jack Sparrow ?!

    Il cracha ces derniers mots.

    — J’ai passé un moment avec lui, il ne m’a pas semblé désagréable bien qu’un peu étrange…

    — Et bien, libre à toi de le rejoindre si tu l’aimes tant ! s’énerva-t-il un peu plus que prévu, sa bonne humeur définitivement envolée.

    — Davy… Tu ne comprends pas…

    Béryl tentait pour la première fois d’utiliser le tutoiement.

    — Je comprends parfaitement bien. Ne t’avise plus de t’asseoir sur mon siège.

    Béryl aurait tellement voulu lui faire comprendre qu’elle se souciait de lui et qu’elle avait peur pour sa vie à lui, et non pas celle de Jack Sparrow. Son intuition lui disait que de rester allié à Beckett, même sous la contrainte, n’était pas une bonne idée du tout… Elle s’allongea dans le lit de Davy Jones, seule, et s'endormit en respirant son odeur.

     

    Marina fut réveillée par un membre de l'équipage, qui lui demanda si ça allait. Elle répondit un petit oui avant de rejoindre les autres. Elle s’était endormie recroquevillée sur elle-même. Et sans rien pour se couvrir. Certes les nuits n’étaient pas spécialement glacées dans les Caraïbes, mais Marina avait la santé fragile et pouvait facilement attraper des maladies. Cependant elle semblait se porter comme un charme, et de toute façon, il aurait fallu d’autres conditions pour se sentir mal.

    La rousse descendit rejoindre tous les autres, cependant elle se tenait éloignée de son mari, la mine basse. Elle sentait qu'il regardait vers elle, mais elle le fuyait du regard et ne voulait pas que leurs yeux se croisent.

    Les pirates attendaient la venue de leurs adversaires, et ils virent qu'ils étaient bien plus nombreux qu'eux. On se tourna vers Jack, qui proposa des pourparlers avec l'ennemi.

    Jack, Barbossa et Elizabeth allaient négocier auprès de lord Beckett. Barbossa avait essayé de proposer à Marina de venir avec eux, mais elle ne répondit pas. À la place elle lui tourna le dos, silencieusement, et s’écarta.

    « Je croyais que j’étais trop souvent dans tes jupes, Hector... » pensa-t-elle à ce moment-là.

    Barbossa n’insista donc pas, au vu du silence de sa femme, mais c’était comme s’il avait deviné ses pensées. Lui, Elizabeth et Jack se rendirent sur un banc de sable. Là, Beckett et Jones les attendait, en compagnie de Will. La blonde conclut un accord avec les ennemis: Will revient sur le Black Pearl, et Jack est échangé contre lui.

     

    Béryl, de son côté, au petit matin, vit qu'elle était toujours seule dans la chambre du Capitaine. Elle regarda par la fenêtre et vit l'Interceptor au loin, ainsi que le Pearl et le bateau de Sao Feng. À la nage, le Pearl n'était vraiment pas loin, alors elle ouvrit la fenêtre et s'échappa sans plus attendre. Non pas que la présence du Capitaine la dérange, elle y était habituée depuis fort longtemps, mais elle devait absolument parler aux autres pour trouver une solution à son problème, chose qu'elle ne pourrait pas réussir seule, elle s’en rendait maintenant compte.

    L'équipage du Pearl était en train d'organiser la libération de Calypso au moment où Béryl regagna le navire. Marina se tenait un peu à l'écart de son mari, encore une fois, et avait l'air triste et perdue dans ses pensées. Béryl la repéra immédiatement grâce à sa chevelure unique. La brune s'approcha donc de Marina et l'appela, cette dernière se retourna et Béryl la prit dans ses bras.

    — Marina, tu m’as manqué !

    — Toi aussi Béryl... Je croyais ne jamais te revoir! répondit Marina.

    En se dégageant, Béryl se rendit compte que son amie pleurait, mais Marina essuya rapidement ses larmes avec sa manche.

    — Merci de m'avoir fait confiance... Tout s'est bien passé... Ou presque, précisa-t-elle en désignant son bandage au cou et celui à la main. Ne pleures pas Marina, tu as été une amie exceptionnelle.

    Béryl lui sourit amicalement.

    À la vue de Béryl toute sourire, Tia vit rouge. Elle cracha entre ses dents.

    — Toi... Espèce de...

    — Moi ? Qu'est-ce que je vous ai fait Tia ? S’étonna Béryl. Si je dois vous le rappeler, c'est plutôt moi qui aie des raisons d'être en colère contre vous ! Vous m'aviez promis de m'en dire plus au sujet de mes parents, poursuivit-elle, furieuse.

    — Tu proviens d'une lignée de traîtres du nom de Brand. Voilà ta réponse.

    — Béryl, je dois vous prévenir que la véritable identité de Tia Dalma est la déesse Calypso, ne vous approchez pas, précisa Barbossa.

    — Depuis tout ce temps ! C'est vous qui m'avez maudite ! s'exclama Béryl. Qu'est-ce que vous avez fait à mes parents ?!

    Barbossa fit signe à Pintel de retenir Béryl pendant qu'il préparait le rituel à l'aide de Ragetti. Des milliers de questions se chevauchaient dans l’esprit bouleversé de la jeune brunette. Pourquoi Tia/Calypso avait l’air de lui en vouloir à mort ? Pourquoi la déesse lui avait-elle caché l’identité de ses parents jusqu’à maintenant et pourquoi avoir voulu qu’elle participe à cette quête aux côtés de Barbossa, Jack Sparrow et tous les autres ? Mais surtout : qui étaient Monsieur et Madame Brand, ses parents ?

    Alors que l’époux de Marina expliquait comment procéder, cette dernière murmura quelque chose à Béryl, sans la regarder directement.

    — Ce n'est pas seulement parce que tu m'as manquée aussi que je pleure, Béryl...

    Béryl sortit alors de ses pensées et remarqua que son amie observait tristement son mari. Et lorsque Barbossa annonça que l'incantation devait être prononcée comme si on s'adressait à sa bien-aimée, il regarda rapidement dans la direction de Marina, mais la rousse détourna le regard. Béryl comprit qu'il avait dû se passer quelque chose. Alors qu'elle allait questionner Marina, le rituel fonctionna : c'était Ragetti qui avait prononcé l'incantation correctement. Tia Dalma, Calypso, se mit alors à grandir, grandir. Tout le monde se prosterna à ses pieds. Barbossa lui demanda des faveurs, mais Calypso répondit simplement par un sourire moqueur, et se mit à prononcer d'étranges paroles avant de se changer en milliers de petits crabes qui s'abattirent en raz-de-marée sur tout l'équipage. Ils passèrent sur absolument tout le monde. Marina cru d'ailleurs sentir un très vif pincement au niveau du cœur et avait l'impression qu'un des crustacés était rentrée dans son corps, mais lorsque ce fut passé, elle était parfaitement intacte. Les crabes avaient rejoint l'eau. Et le vent s'est mis à se lever.

    Béryl, ayant remarqué le trouble de la jeune femme rousse, prit à part son amie, laissant les autres décider de la suite de la bataille.

    — De quoi voulais-tu me parler ? Cela concerne Barbossa c'est bien cela ? demanda Béryl, inquiète.

    — Hector... Voulait me dire quelque chose... Il me l'a dit... commença la rousse.

    Marina inspira à fond et se retenait de pleurer malgré le picotement dans ses yeux.

    — Écoutes, tu peux tout me dire. Que t'as dit ton mari qui t'as à ce point bouleversée ?

    — Je dois aussi te montrer quelque chose... ajouta Marina. Quelque chose que seuls Hector, Ragetti et Pintel ont vu...

    Elle releva un peu son haut, dévoilant sur ses côtes et ses hanches d'horribles cicatrices et brûlures à Béryl. Quand Marina fit cela, Béryl fronça les sourcils puis ouvrit grand les yeux et mis une main sur la bouche, complètement choquée par ce qu'elle vit.

    — Mon dieu... Ce n'est quand même pas Barbossa qui t'a fait ça ?

    Lorsque la rousse fit non de la tête, Béryl se demanda d'où pouvaient provenir ces horribles marques.

    — Qui t'a fait ça ? Qu'est-ce que c'est ? s'inquiéta la brune.

    — J'ai été esclave... De ma propre famille... Ce sont eux qui me faisaient ça... Pour me punir...  Ces marques sont anciennes...  Elles remontent à ce temps-là... dit la rousse. Hector ne m'a jamais traitée comme telle... C’est même lui qui a décidé que je me nommerai Marina, et ce... Depuis le premier jour où je suis montée sur le Pearl...

    — Ce que j'entends est affreux, je n'ose même pas y croire... Je suis tellement désolée pour toi. Et je comprends mieux maintenant certains de tes comportements...

    — Et... Concernant... Ce qu'il m'a dit... Hier soir...

    Elle n'eut pas la force de le dire à voix haute alors elle murmura tout à l'oreille de son amie. Béryl l’écouta attentivement puis se recula et la regarda dans les yeux.

    — Je ne sais pas quoi faire... ajouta Marina sur un ton désespéré. Il ne m'a jamais reproché de telles choses avant... C'est... Je crois... Depuis qu'on est revenus de l'antre que... Son comportement a changé... Ou plutôt, depuis que monsieur Feng nous avait embarquées...

    — Marina, je pense qu'Hector est jaloux. Tu me dis qu'il aimerait que tu t’affirmes... C'est parce qu'il craint que si quelqu'un te l'ordonnait, tu... Serais capable de le quitter.

    — Alors ce serait ça... dit Marina d'un air à la fois étonné et innocent.

    Mais les deux jeunes femmes n'eurent pas le temps d’échanger davantage. Elles entendirent les autres pirates pousser des cris d'excitation.

    — Ah, vous êtes là toutes les deux! fit la voix de Barbossa.

    Marina et Béryl se tournèrent en direction de celui-ci.

    — J'espère que vous êtes prêtes à vous battre, mesdemoiselles, ajouta-t-il.

    Marina était à nouveau au bord des larmes, mais, à la surprise de Barbossa, elle se jeta dans les bras de celui-ci et le serra le plus fort possible contre elle. Puis elle le regarda un instant dans les yeux avant de se dérober. Il l'observa s’éloigner, un peu confus.

     

    Quelques minutes plus tard, Béryl angoissait dans son coin à l'idée de devoir se battre contre l'équipage Davy Jones et qu'elle pensait à sa réaction en voyant qu'elle avait quitté le navire. Elle devait trouver Will et lui parler.

    — Will, je pense que nous pouvons trouver un moyen de libérer votre père et tout l'équipage sans tuer Davy Jones...

    — Le Hollandais doit toujours avoir un capitaine Mademoiselle Leroux, et je ne changerais pas d'avis.

    — Vous voulez prendre sa place n'est-ce pas ? Embrocher le cœur et ainsi libérer votre père ? Il doit y avoir un autre moyen ! Ne faites pas ça, je vous en prie...

    — Il n'y a pas d'autre moyen...

    Alertée par les bruits de voix, Marina s'approcha des deux individus.

    — Peut-être... Que Béryl a raison, monsieur Turner, dit Marina. Pensez à mademoiselle Elizabeth si vous preniez la place de monsieur Jones!

    — Elle a raison, imaginez-vous ne pas voir votre bien aimée pendant 10 ans... Le Capitaine Jones... Il n'est pas aussi mauvais que vous le pensez... S'il vous plaît.

    — Qu'est-ce que vous proposez au juste ?

    — D'essayer de négocier. La vie de votre père contre la mienne. Qu'en pensez-vous ?

    — Vous êtes sérieuse ? s'exclama Will.

    — Oui, répondit simplement Béryl.

    — Béryl... Tu... Tu n'y penses pas..! dit Marina d'un air choqué.

    Mais il n'y eu pas le temps d'en dire plus qu’une violente pluie était en train de s'abattre et qu'un maelstrom se formait dans la mer. Barbossa dirigeait le Pearl droit en direction des ennemis, sans avoir peur de mourir. Les pirates étaient à leurs postes, et bientôt, ce fut l'abordage. La bataille faisait rage de partout. Elizabeth et Will se battaient en restant à proximité l'un de l'autre. C'était la même chose pour Marina et Barbossa, bien qu'ils maintiennent encore une certaine distance entre eux. La rouquine croisait le fer avec son habituel style remplit de grâce et de légèreté, tout en restant concentrée face à ses adversaires. Cela les perturbait un peu par ailleurs, et Marina n’hésitait pas à exploiter ce qu’elle avait appris ni même à tricher si besoin, pour vaincre ses adversaire.

     

    Le Hollandais Volant s’avança avant tous les autres bateaux en prenant soin d’éviter le maelstrom, et par la même occasion la fureur de Calypso. Jones savait que la déesse serait sans pitié.

    Les deux bateaux, le Pearl et le Hollandais, étaient côte à côte. La tempête faisait rage. L’ordre de faire feu fut annoncé. Les boulets de canon volèrent dans tous les sens puis l’abordage s’en suivit. Juste avant, Jones tua Mercer dans le plus grand des sadismes et récupéra sa précieuse clé. Mais au même moment, Jack Sparrow lui avait volé son coffre. Les deux capitaines se lancèrent dans un combat au sabre sans merci tandis que les hommes-poissons envahissaient le Pearl.

    Barbossa maria Will et Elizabeth au beau milieu de la bataille, tandis que Béryl cherchait des yeux Marina et s'approcha d’elle afin qu’elles se battent dos à dos.

    — Marina, je dois y retourner… Sur le Hollandais. Je n’ai pas le temps de t’expliquer pourquoi mais je dois le sauver… Jones. Ce que je ressens pour lui c’est... Si je meure je veux que tu saches que tu es une vraie amie à mes yeux.

    Béryl ne laissa pas le temps à Marina de répondre et se mit à virevolter dans tous les sens en donnant des coups de dagues à ses assaillants pour se dégager un passage, tandis que la rousse l’observait partir. Béryl n’avait qu’une idée en tête : retourner sur le Hollandais Volant, aussi elle voulut se munir d’une corde mais quelqu’un l’arrêta.

    — Wheelback ? s’exclama-t-elle en reconnaissant le médecin de bord qui l’avait soignée.

    — Je suis désolé, mais je ne peux pas vous laisser faire, Béryl.

    Déterminée, Béryl fut plus rapide et enroula la corde autour de Wheelback puis le repoussa avec son pied.

    — C’est moi qui suis désolée…

    Elle se munit ensuite d’une autre corde et s'élança vers le Hollandais sans plus attendre. L’atterrissage fut violent et mal contrôlé mais elle se releva tant bien que mal pour découvrir Jack et Davy en train de se battre sur le mât. C’était la pagaille sur le pont, tous les pirates se battaient. Jack parvint à faire lâcher le coffre des tentacules de Davy et il tomba à quelques mètres de Béryl qui se précipita dessus. C’était sans compter sur la rapidité de Will Turner qui avait eu la même idée et s’empara du coffre avant elle.

    — Laissez-moi le coffre, Will !

    — Je ne peux pas, Béryl !

    Will se mit à courir avec le coffre et Béryl se lança à sa poursuite. Mais tous les hommes-poissons étaient furieux contre Will et lui barraient la route. Finalement, Will fut assommé par un pirate et lâcha le coffre. Au même moment, un homme-poisson s’en prit à Béryl et elle dut se battre férocement pour sa vie.

    Non loin de là, Will s’était relevé mais n’avait toujours pas récupéré le coffre car il croisait le fer avec son père, Bill le bottier, qui semblait ne pas le reconnaître.

    Jack virevoltait dans les airs et se retrouva sur le pont à l’aide d’une pirouette dont lui seul était capable. Jones redescendit aussi sur le pont et pourchassa Jack. Les deux capitaines se battirent à nouveau et Jones envoya Jack au tapis sans trop d’efforts. Mais Elizabeth arriva sur le Hollandais et se battit contre un Jones fou de rage.

    Béryl parvint finalement à se débarrasser de son assaillant et analysa la situation : Jack était au sol et ses yeux fixaient une petite tentacule qui avançait sur le pont trempé. Cette tentacule appartenait sans aucun doute à Davy et tenait une clé, que Béryl comprit être la clé du coffre…

    Elle fit une roulade pour récupérer la clé sous les yeux de Jack au moment où Jones mit au tapis Elizabeth.

    — Laisses-la tranquille, s’écria Béryl qui vint se placer lui et Elizabeth.

    — Qu’est-ce que tu fais ici petite ? Va-t’en.

    — Je suis là pour t’arrêter…

    — Tu ne peux rien contre moi !

    Il eut un rire mauvais.

    — C’est ça que tu veux, n’est-ce pas ?

    La jeune femme brandit la clé devant lui afin de le provoquer. Jones poussa un cri de colère et Béryl se mit à courir autant que ses jambes le lui permettaient, talonnée de près par un homme-poulpe fou de rage. Finalement, Jones fit un croche-pattes à Béryl avec sa jambe de crabe et celle-ci roula sur le pont du navire trempé avant de s'écraser contre un tonneau. Avant même qu’elle ait pu comprendre ce qu’il se passait, elle fut soulevée dans les airs. Davy approcha son visage à quelques centimètres du sien pour l’intimider.

    — Espèce de sale petite ingrate, après tout ce que j’ai fait pour toi, voilà comment tu me remercie.

    — Jack voulait embrocher ton cœur. Mais j’ai récupéré la clé avant lui.

    — Pourquoi ? Je croyais que toi et Sparrow…

    Ne lui laissant pas le temps de répondre, Béryl approcha son visage du sien et écrasa ses lèvres sur les siennes. Le contact n’était pas dégoûtant, juste un peu étrange, sa peau était douce et mouillée. Jones cligna plusieurs fois des yeux, complètement déboussolé par son geste et la relâcha un peu sans s’en rendre compte. Alors Béryl profita de cette diversion pour le repousser et courut au bord du bateau pour jeter la clé aussi loin que possible dans l’eau.

    — Ainsi plus personne ne pourra te faire du mal… murmura-t-elle.

    Davy regarda Béryl avec surprise, encore sous le choc du baiser donné par cette dernière. Puis il donna l'ordre d'éliminer tous les hommes de Beckett présents sur le Hollandais, et il alla se mettre aux commandes de son navire pour échapper au maelstrom. Elizabeth, Jack et Will profitèrent de cette occasion pour retourner sur le Black Pearl. Et sur ce navire, on prit la même décision que celle de Davy. D'un tir de canon vers le haut, les mâts des deux bateaux furent séparés, et ils tentèrent tant bien que mal d'échapper à la tempête. Ce fut la victoire totale pour les pirates. Beckett et ses hommes avaient perdu. Tout le monde était fou de joie. La pluie torrentielle continuait à battre, mais les navires s'éloignaient petit à petit de la tempête.

     

    Barbossa chercha Marina du regard sur le pont et laissa quelqu'un d'autre commander à sa place pour aller la retrouver. Il l'attrapa par la taille et l'embrassa fougueusement, pendant un long moment. Ils se regardèrent pendant un instant. Marina posa sa main sur la joue de son mari et ils se firent un sourire. Mais c'est alors que la rousse fut prise d'une violente douleur au niveau du cœur, ce qui la fit se courber et pousser un cri.

    — Marina, qu'est-ce qui t'arrive? demanda Barbossa, inquiet.

    La jeune rousse avait l'air d'être prise de spasmes et se tenait le cœur, elle courut jusqu'au bord du bateau comme si elle avait besoin de recracher quelque chose, puis cela se calma. Les pirates approchèrent doucement, mais Marina se retourna brusquement et l’expression qu'elle avait sur le visage fit se figer tout le monde : les yeux de Marina étaient devenus blancs et elle avait une mine terrifiante, comme si elle allait tuer quelqu'un. Elle lança son regard vide droit dans les yeux de Barbossa, et on remarqua au niveau de son cœur une étrange forme, comme si elle avait un crabe sous sa peau. Elle dégaina son épée et se jeta sur lui en l'attaquant, puis elle lui donna un coup de pied dans le buste pour le faire tomber à terre. Elle arracha le sabre d'un pirate qui était près d'elle, et ni une ni deux, elle courut puis sauta jusque sur le Hollandais Volant, cherchant quelque chose, ou plutôt quelqu'un, du regard, jusqu'à ce qu'elle trouve Béryl. "Marina" serra les dents et fonça sur elle avec les deux sabres qu'elle avait.

    — Marina!! appela Barbossa depuis le Pearl.

    La rousse ne tourna même pas le regard en direction de son prénom.

     

    Alors que Béryl voulu s'approcher de Davy qui se trouvait derrière sa barre, elle vit Marina lui barrer la route. Son apparence était terrifiante, et ce qui choqua Béryl, c'était que les yeux de son amie étaient blancs comme neige, et elle la regardait dans les yeux, un air mauvais sur le visage.

    — Marina ?

    — Non, pauvre idiote. Ton amie m’appartient.

    La jeune femme rousse se jeta sur Béryl avec ses deux sabres et celle-ci para l’attaque soudaine à l’aide de ses deux dagues comme elle put…

    — Qui êtes-vous ?

    — Calypso !!! hurla Davy Jones en s'approchant.

    Mais Marina lui lança une épée tellement fort dans l’abdomen qu’il resta coincé contre le mât du bateau.

    — Reste tranquille, je m'occuperais de toi plus tard, dit sournoisement "Marina".

    — Davy ! cria Béryl en courant vers lui, mais elle fut retenue par la rousse.

    — Reviens ici, menaça celle-ci.

    "Marina" ramassa une deuxième épée auprès d’un cadavre de pirate à terre et se plaça en position de combat.

    — Calypso ? Tia ? Comment dois-je t’appeler ? cracha Béryl. Laisse mon amie tranquille !

    — Je dois te punir pour ton affront… Davy Jones est à moi, répondit Calypso dans le corps de Marina.

    — Il n'appartient à personne !

    La rousse et la brune croisèrent le fer dans une bataille sans merci. Elles furent rejointes par un Barbossa en colère.

    Marina/Calypso le vit arriver du coin de l'œil, et sans cesser de se battre contre Béryl, d'une main, avec son autre sabre, elle attaqua Barbossa également.

    Les attaques étaient très agressives, ça n'avait rien à voir avec le style de combat habituel de Marina, c'en était même l'opposé total.

    — Hector, vous ne sauriez pas par hasard quoi faire?! demanda Béryl à Barbossa sans cesser de se battre.

    Barbossa ne répondit pas, ou plutôt, il avait l'air de ne pas vouloir répondre.

    — Dites-moi Hector ! Il faut sauver Marina !!!

    — Il faut transpercer le crabe. Mais seulement le crabe! Sinon son cœur serait touché aussi, et elle mourrait! lui dit le pirate.

    — Je ne vous laisserai pas faire! cria Marina.

    Elle redoubla de violence et de rapidité avec ses sabres, et fit un croche-pieds à Béryl avant de lui asséner un coup de pied dans la tête, puis essaya d'empaler Barbossa sur un de ses sabres mais celui-ci parvint à esquiver. Il tenta de percer le crabe mais ce fut l'épaule de Marina qu'il toucha. La rousse hurla de douleur tandis que son sang se répandit sur son vêtement, mais Barbossa n'abandonna pas. Il était en train de l'occuper pour que Béryl puisse agir à son tour.

    Béryl était groggy, sa tempe était en sang à cause du coup de pied. Mais elle n'abandonnerait pas son amie, alors elle se releva et serra les dents. Elle profita de la diversion offerte par Barbossa pour se rapprocher derrière lui. Calypso était trop occupée par Barbossa, ainsi elle ne comprit pas quand il se recula au dernier moment, laissant la place à Béryl qui s'élança et planta sa dague en plein dans le crabe, qui se fissura et se mit à briller. Heureusement, la brune n'avait pas enfoncé son arme trop profondément. Marina/Calypso fit quelques pas en arrière, en regardant Davy qui était toujours entravé au mât.

    — Je commence à comprendre ce que tu vois en elle...

    Puis Marina cria et le crabe tomba à terre, il tressaillit quelque peu et finit par tomber en poussière.

    — Marina ! s'écria Béryl en la rattrapant en même temps que Barbossa.

    Sa plaie était en train de saigner beaucoup, les vêtements de la rousse étaient tâchés de sang. Marina ouvrit les yeux, voyant Béryl et Barbossa penchés sur son corps.

    — Je suis... Désolée... murmura-t-elle. Je... Je voyais tout... Mais je ne contrôlais rien... Je ne voulais pas... Vous blesser...

    La rouquine était totalement épuisée physiquement. Elle essaya de marcher mais ses pas étaient chancelants, et elle avait mal dans les bras et les poignets, bien plus qu'au cœur. Elle avait aussi mal à l’épaule à cause de la blessure accidentelle causée par son mari. Un peu de sang coulait de la bouche de la rouquine.

    — Chut, ce n'est rien mon amie, va te reposer.

    Béryl caressa ses cheveux dans un geste amical et protecteur.

    — Je vais m'occuper de toi... lui murmura Barbossa. Merci Béryl, dit-il à la brune.

    Puis il prit Marina dans ses bras avec toute la délicatesse dont il était capable et la ramena sur le Pearl dans le but de la faire soigner de toute urgence.

    Béryl soupira et aida Davy à se dégager en décrochant l'épée de son abdomen. Cette épée avait sans doute été ensorcelée par Calypso afin qu’il ne puisse pas passer au travers.

    — Capitaine, tout va bien ?... demanda Béryl, inquiète.

    — La malédiction m'empêche de mourir, se contenta-t-il de répondre, l'air passablement énervé.

    — Alors c'est tout ? Chacun va retourner de son côté comme si de rien n'était ?

    — Qu'est-ce que tu veux, petite ? Je ne me rabaisserais plus devant aucune femme.

    — Mais ce n'est pas... Tu ne comprends toujours pas.

    — Je comprends parfaitement tes petites manipulations perfides.

    — Mes manipulations ? Te sauver la vie était une manipulation peut-être ?! Je retourne auprès de mes amis, adieu Davy.

    Béryl fit demi-tour pour cacher ses yeux d'où menaçaient de tomber des larmes. Elle ne voulait pas se montrer faible devant lui. Cet homme ne serait plus jamais capable d'aimer. Elle ne savait pas ce qu'il s'était passé entre lui et Calypso mais elle avait bien vu leur échange de regards et s'en doutait fortement. Tout s'entrecoupait dans son esprit… Était-ce possible qu’il se soit arraché le cœur à cause d’elle ? Béryl regagna le Pearl à son tour, sans un regard en arrière.

     

    Marina était en train de se faire soigner. On lui avait mis un bandage autour d'elle pour sa plaie, pareil pour la blessure à son épaule. La rousse se tenait assise. Barbossa lui tenait les mains et les regardait. Marina aussi regardait ses mains. Ils ne disaient rien. C'était comme un moment suspendu entre eux. Et Marina décida de rompre le silence.

    — Hector... murmura-t-elle.

    Il ne releva pas les yeux mais Marina savait qu'il l'écoutait.

    — ... Allons retrouver Andromeda et Sirius... poursuivit-elle.

     

    Béryl se sentait comme une coquille vide, son corps était là mais son esprit était resté sur le Hollandais. On avait soigné et pansé ses blessures. Et maintenant elle était seule dans une des chambres, à vrai dire elle se sentait plus seule que jamais. Jack devait lui en vouloir d'avoir contrecarré ses projets d'immortalité, et les autres ne devaient pas comprendre pourquoi elle avait agi de la sorte. Jeter la clé dans l'océan revenait à rendre Jones invincible, ou du moins plus qu'il ne l'était déjà. Les autres devaient la prendre pour une traîtresse... Tia Dalma était en fait Calypso, elle lui avait menti depuis le début. Quel genre de lien entretenait-elle avec Davy ? Et à quel point lui a-t-elle brisé le cœur pour qu'il en vienne à se l'arracher ? Béryl n'en saurait sans doute jamais plus vu comment il ne cessait de la rejeter. Et Marina qui avait bien faillit y laisser la vie à cause de cette déesse complètement folle...  Béryl repensa encore à Davy et se laissa aller. Elle pleura, recroquevillée sur son lit, en se détestant d'être tombée amoureuse de lui. Elle ne savait plus quoi faire, avait l'impression que son existence n'avait plus aucun sens. Certes, elle connaissait l'identité de ses parents, mais ils étaient morts et elle était seule. Alors à quoi bon ?

     

    Plus tard, Marina décida d'aller voir son amie.

    — Tu devrais rester te reposer, lui dit Barbossa.

    — J'ai la nuit pour me reposer, lui dit-elle doucement en souriant.

    Elle l'embrassa sur la joue et marcha jusqu'à la chambre où dormait Béryl. Marina dût s'appuyer contre les murs pour pouvoir marcher car elle n'avait pas encore récupéré toute son énergie. Elle frappa presque silencieusement à la porte.

    — Béryl? C'est Marina...

    Béryl se releva instantanément, elle avait passé un long moment à pleurer et avait encore les yeux rouges. Mais elle ne voulait pas que son amie s'en rende compte, aussi elle s'essuya le visage.

    — Marina ?!

    Elle ouvrit la porte.

    — Qu'est-ce tu fais là ? Tu devrais te reposer ! s'inquiéta la brune.

    — Je sais. Mais je voulais venir aux nouvelles. Je sens que... Tu vas mal, mon amie... dit Marina.

    Béryl s'apprêta à nier tout en bloc, mais la sincérité du regard bleu en face d'elle l'en empêcha. Elle fronça les sourcils, se mordit la lèvre inférieure dans le but de se retenir... Puis les larmes se mirent de nouveau à couler sur ses joues et elle se mit à sangloter.

    — Je crains avoir été une bien piètre amie... Je n'ai pas été honnête avec toi, je suis désolée.

    — Qu'est-ce que tu racontes? Tu as finis par m'avouer les choses, et... Même si tu les avais gardées pour toi... Quelle importance? Moi... Je te fais confiance... Depuis que nous avons... Discuté ensemble, sur la mer gelée... Et.. Hector et toi... Vous m'avez sauvée...

    Le ton de Marina était chaleureux, et elle parlait d'une voix normale. Elle finit par poser les mains sur les épaules de Béryl.

    — Je suis sûre que tu le reverras... ajouta la rousse.

    — Depuis ma plus tendre enfance, je partage mes rêves avec Davy Jones. Je n'ai su que très récemment qui il était... Mais qu'importe, les sentiments étaient déjà là... Enfant, j'étais terrifiée par lui, puis j'ai fini par l'admirer énormément, et enfin, j'ai fini par apprendre à le connaître et à l'apprécier. Ces quelques moments passés à bord du Hollandais m'ont fait comprendre mes sentiments. Malgré son apparence monstrueuse, malgré tous ses mauvais choix... C'est avant tout un homme seul et triste. .. J'aurais dû t'en parler plus tôt, mais je n'étais pas sûre de mes sentiments. Maintenant ils sont plus forts que jamais et... C'est trop tard. Et les autres doivent me haïr...

    La jeune femme se remit à pleurer de plus belle. Marina prit Béryl dans ses bras.

    — Je sais ce que ça fait... D'être haïe par les autres... Mais moi... Moi je ne te hais pas, dit Marina d'une voix douce. Tu as agis... Par amour, parce que tu voulais son bien... Je peux comprendre si les autres t'en veulent... Mais sache que... Sur ce bateau... Il y a au moins une personne qui ne te déteste pas. Si les autres viennent te gêner... J'essaierai de te défendre comme je peux... Sans trahir ton secret.

    — Merci Marina, de ne pas me haïr... Et d'être là pour moi. Je sais que je peux compter sur toi... Je vais essayer de traverser cette épreuve... Tu penses que je pourrais rester avec toi et Hector ? Je n'ai personne d'autre...

    — Moi je pense que oui, et si Hector n'est pas d'accord... Je saurais le convaincre, dit Marina en faisant un petit clin d'œil. De toute façon, il a prévu de subtiliser le Black Pearl à monsieur Sparrow quand nous arriverons à terre, ajouta la rousse d'un ton innocent comme s'il s'agissait d'une information tout à fait banale.

    — Tu ne cesseras de m'étonner Marina, finit par sourire Béryl. J'ai hâte de rencontrer ta famille...

    — Tu parles de Sirius et Andromeda, nos enfants à Hector et moi? demanda Marina.

    — Oui, j'aimerais les rencontrer. Quel âge ont-ils ?

    — Eh bien... Ils sont nés quand Tia Dal... Je veux dire, Calypso, nous a ressuscités... Depuis que nous sommes allés chercher monsieur Sparrow... Cela fait plusieurs mois. Le même nombre que depuis ce jour, dit Marina. Hector et moi... Allons retourner les chercher là où ils sont... Et nous allons les emmener en mer avec nous.

    — Ils doivent terriblement vous manquer à Hector et à toi...

    — Oui... approuva Marina.

    La rousse inspira.

    — Je vais te laisser... Je vais aller me reposer. Et je pense que toi aussi tu en as besoin, ajouta-t-elle.

    Béryl fit un signe de tête en guise de réponse, et les deux amies se séparèrent.

     

    L'on déposa d'abord Will et Elizabeth à terre en premier lieu, puis, un peu plus tard, ce fut au tour de Jack, et comme l'avait dit Marina, une fois débarqué avec son ami Gibbs, le Black Pearl reprit la mer sans eux.

    Barbossa communiqua leur prochain objectif qu'ils poursuivraient après avoir été récupérer les enfants : la Fontaine de Jouvence. Mais en dépliant les cartes nautiques, il vit que Jack avait découpé le centre, soit l'essentiel de cette carte. Les pirates firent halte sur une île où une nourrice s'occupait des petits Sirius et Andromeda, qui furent ramenés à bord.

    À suivre...

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    ALOOOOOOOOOOOOOOORS? Je vous avais dit que le style avait changé pour cette histoire! ^^ Bon j'ai déjà énormément développé concernant la naissance de ce "Three-Shot" dans la présentation de la rubrique donc je ne vais pas trop m'étaler dessus...

    J'espère en tout cas que cette première partie vous a plue et que vous aurez envie de lire la suite! J'avais gardé au secret la production de cet écrit car je ne voulais le révéler qu'une fois la publication commencée. En fait avec Milena on a écrit d'une traite quasiment sur les films 3 et 4, et vu que pour le 5 va y avoir max de changements, bah on se pose un peu pour réfléchir, et on a décidé de diviser en 3 du coup cette histoire, ce qui semblait logique, parce que tout lire d'un coup ça allait être beaucoup et oon voulait pas vous faire attendre. ^^ J'avais quand même teasé Marina possédée, sans contexte, en avant-première dans une convo FB que j'ai créée pour le partage de fanfics et fanarts(et autres bricoles) Pirates des Caraïbes ainsi que sur mon mur FB, avec pour seule phrase: "J'vous tease, p*tain!". (Oui je reprends la phrase des Tutos Xp) Du coup ouais, "Marina possédée" sera publiée peu après cet écrit. ^^

    Et en plus on a passé beaucoup de temps à relire, à corriger, rajouter/changer des trucs, etc, parce qu'on voulait tout faire bien! Perso j'ai adoré écrire tout ça avec Milena, je suis super contente de pouvoir vous le montrer, ENFIN!!! ^w^

    Comme avec mon One-Shot - je rappelle que le Three-Shot ci-présent n'est pas canon, je sais que j'ai beaucoup insisté dessus et j'ai expliqué pourquoi dans la présentation, mais il me semble important de bien le rappeler quand même - j'attends vos avis détaillés au max si possible car ça m'intéresse (et je pense que Milena sera aussi intéressée ^^). L'écriture est selon moi suffisamment OK pour que cette histoire en trois chapitres, cette petite trilogie donc, puisse être lue sans qu'on ait forcément pris connaissance de mon O.S.

    MAIS! Un peu à l'opposé/contrairement à mon One-Shot, j'ai envie de dire, comme là l'histoire est plus longue, il faut bien sûr que les personnages évoluent. Et vous l'avez remarqué, vous le saviez pour ceux qui avaient déjà lu le One-Shot, Marina c'est comme une petite fille. Et cette histoire, pas seulement le 1er "volet" de ce Three-Shot, mais le second aussi (car à l'heure actuelle, au moment où j'écris ces lignes, Milena et moi n'avons pris que quelques maigres notes et nous n'avons encore rien commencé à écrire concernant l'ultime partie), en tout cas je pense que le 2e rentrera dans ce que je vais dire: finalement, cette histoire, là, c'est, je trouve, une histoire de passage à l'âge adulte. Je tenais à le souligner, et franchement, je suis super contente de ça. Mon personnage évolue, même si elle reste elle-même, elle "grandi". Je trouve que c'est super classe que j'ai pu écrire une histoire comme ça, avec de l'aide bien entendu. ^^ Je n'aurais jamais pensé faire cela un jour, vu que selon moi ça relève du génie (Parasite: la maxime, mais aussi la trilogie Spiderman de Sam Raimi, et pour citer Linksthesun tout en restant dans Spiderman "une bonne histoire de Spiderman c'est une histoire de passage à l'âge adulte". En tout cas il avait balancé une phrase comme ça dans son let's play sur Spiderman sur PS4, et il parlait de l'histoire du jeu (tout est excellent dedans au passage ^w^))... (Cette histoire de passage à l'âge adulte, je remarque c'est un peu métaphorique, surtout dans Parasite, et du coup bah dans ce Three-Shot, c'est un peu pareil je trouve, puisque techniquement Marina est djéà une adulte "physiquement", mais elle a encore à grandir et apprendre un peu plus... ^^)^Je trouve d'ailleurs que Marina est le meilleur de mes personnages pour ce genre d'histoire. Parce que, si on prend Nicole par exemple, bah elle on la suit déjà depuis son enfance, et je me concentre plus sur sa jeunesse (bien que j'ai prévu de m'intéresser à quand elle sera adulte aussi), donc même si elle apprend des choses, etc, etc, ce n'est pas exactement pareil et je ne communique pas les mêmes valeurs avec Nicole qu'avec Marina. Un autre exemple: Miyuki. Elle aussi est une femme pirate, mais elle est "déjà adulte", bien qu'elle ait une âme d'enfant elle aussi (comme tous mes OCs principaux en fait j'ai envie de dire). Et elle n'est pas aussi développée et complexe que Marina... Bon après y'a la différene entre la fic pirate et le school fiction, où ça peut se discuter, mais là encore, elle n'a pas les mêmes valeurs à transmettre. Marina est vraiment un personnage qui a énormément souffert, pas comme Miyuki, Nicole ou même Sofia qui ont perdu des proches mais qui n'ont pas subi de "tortures" physiques et psychologiques (bon Miyuki j'avais écrit dans un 1er temps que sa tante lui avait fait max de cicatrices sur la poitrine mais j'ai décidé de jeter cette idée, donc ça ne compte pas, et Nicole, son "ensorcelement", bah ça relève de la magie et si elle ne force pas, elle ne souffre pas. Sofia, elle, a juste vu ses proches mourrir, et sa brûlure au froid était bien évidemment accidentelle), du moins, pas aussi dramatiques que Marina.

    Enfin bref, tout ça pour dire que c'est une histoire de passage à l'âge adulte et que je suis contente d'avoir fait ça. ^^

    Le Three-Shot sera aussi disponible sur fanfictions.net sur le compte de Milena, lien que j'ajouterai bien sûr.

    Merci d'avoir lu et rendez-vous dans la partie 2! ^^

    -12/04/2020: rajout de l'illustration de cette partie. ^^

    -13/04/2020: article détaillé sur l'illustration enfin disponible! :-)


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